Message n°257
 
AU SEUIL DE L'ETERNITÉ

« … il est réservé aux hommes de mourir une fois, — et après cela le jugement … »

(Hébreux 9 v.27)

« En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie. »

(Hébreux 9 v.27)

Qu'il est solennel d'arriver au terme de sa vie — au seuil de l'éternité — sans être réconcilié avec Dieu ; et d'avoir passé son temps uniquement occupé des choses de la terre qui ne peuvent jamais rendre heureux.

Tout en restant actuel dans son message, ce récit raconte la fin de vie d’un vieillard de 85 ans, qui habitait un village agricole de la Suisse romande, à la fin du 19ème siècle.

Il avait une nombreuse famille, et s’était fixé pour objectif, non seulement de pourvoir à l’entretien des siens, mais aussi d’accroitre sa fortune. C’est ainsi qu’il se distinguait de ses voisins, tout aussi laborieux que lui, par un très grand engagement dans son travail, oubliant que : « homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Deutéronome 8 v.3; Matthieu 4 v.4).

Chose remarquable, malgré cet exemple d'indifférence à l'égard des choses d'en haut, de son avenir éternel, presque tous ses enfants avaient été amenés à la connaissance du Seigneur Jésus. Etant nés de nouveau et ainsi participants au salut par la foi, ces enfants s'appliquaient à marcher selon les enseignements des saintes Ecritures, auxquelles ils s'attachaient de tout leur cœur.

Mais cela ne plaisait pas du tout au chef de famille. Il s’est alors montré hostile à l’égard de ses enfants, ce qu’il n’avait jamais fait auparavant. Il voulait les voir marcher dans le chemin qu'il suivait lui-même, et que son propre père lui avait tracé. La paix qui régnait à l’intérieur de cette famille était alors perturbée, ce qui attristait ses enfants. Ils expérimentaient ce verset de la Parole de Dieu : « … Ne pensez pas que je sois venu mettre la paix sur la terre ; je ne suis pas venu mettre la paix, mais l’épée : car je suis venu jeter la division entre un homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère … » (Matthieu 10 v.34-35). Mais ceux-ci, tout en implorant la grâce du Seigneur en faveur de leur père, réclamaient aussi pour eux-mêmes la sagesse nécessaire, afin de pouvoir honorer le Seigneur et le servir dans les circonstances difficiles où ils se trouvaient. Leurs prières ferventes et réitérées ne furent pas vaines.

Voyant qu’il ne pouvait rien changer dans la détermination de ses enfants, le père a alors pris une attitude morne. Il ne disait plus rien à ses enfants, malgré que chacun d'eux cherchait à lui faire plaisir en accomplissant ponctuellement les différents devoirs qui leur incombaient.

Comment interpréter ce silence qui avait fait suite à une humeur du vieillard difficile à vivre ? L’explication n’a pas tardé. Si on lui adressait un seul mot à propos de l’état de son âme, il répondait : « Laissez-moi donc tranquille, avec vos folies, je suis aussi bien chrétien que vous ! ».

Bien que de nos jours, l’état de la médecine allonge la durée biologique de la vie, ce que Dieu permet, la Parole divine nous dit : « Les jours de nos années montent à soixante-dix ans, et si, à cause de la vigueur, ils vont à quatre-vingts ans, leur orgueil encore est peine et vanité ; car notre vie s’en va bientôt, et nous nous envolons. » (Psaume 90 v.10). Ce campagnard particulièrement robuste avait dépassé la limite assignée aux vigoureux et les infirmités de la vieillesse semblaient vouloir l'épargner.

Subitement il fut atteint d’une faiblesse qui allait en augmentant. En peu de temps il est devenu entièrement dépendant des siens. Sans aucun doute, il allait devoir quitter les choses de la terre, qui, durant toute sa vie, avaient été les objets de toutes ses préoccupations et de toutes ses activités. Malgré cela son cœur restait toujours fermé aux choses qui concernaient sa paix ! Ce n’est en effet pas en vain qu’il est écrit : « Souviens-toi de ton créateur dans les jours de ta jeunesse, avant que soient venus les jours mauvais, et avant qu'arrivent les années dont tu diras : Je n'y prends point de plaisir » (Ecclésiaste 12 v.1).

Mais pour tous ceux qui l'entouraient, quel exercice de foi cela a été que l'état d'âme de ce père de famille ! Ils n'osaient plus lui parler des choses de Dieu ! Et pourtant ils l‘avait tant à cœur ! Le Seigneur, qu'ils invoquaient, était leur seule ressource.

C’est précisément à ce moment qu’un évangéliste était dans la région en vue de tenir des réunions. Ayant eu connaissance des circonstances dans lesquelles se trouvait le malade, il a eu à cœur de d'aller lui faire une visite. Craignant l’accueil qu’il lui serait réservé, ses enfants étaient dans une grande anxiété lorsque le visiteur entra. Cette crainte s’est avérée justifiée ! Malgré sa faiblesse, le vieux paysan ne fut pas déconcerté à la vue du nouveau venu : il répondit à son affectueux « bonjour » par trois questions d'une brièveté glaciale.

Et le vieillard continuant :

Au moment où, plein de bienveillance, le visiteur allait commencer sa lecture, le vieillard se mit à tousser de telle façon qu'il semblait vouloir ne pas finir. Mais alors, gagné par la fatigue occasionnée par ce manège peu agréable pour son entourage, il s’est enfin résigné à écouter :

A peine l'étranger a-t-il tourné le dos, que le vieillard fait des reproches a ses enfants d’avoir laissé ce visiteur entrer sous son toit.

Mais il ne savait pas alors que la parole du Seigneur est « vivante et opérante, et plus pénétrante qu'aucune épée à deux tranchants, et atteignant jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit, des jointures et des moelles » (Hébreux 4 v.12). Elle trouva en effet le chemin de la conscience du pauvre malade ; et celui-ci fut réveillé à salut.

Quatre jours après cette visite et un jour et demi avant sa fin, il a été amené à jouir de l'heureuse certitude d'être délivré du jugement qu'il méritait, étant lui-même aussi passé de la mort à la vie par la foi au Seigneur Jésus, « livré pour nos fautes, et ressuscité pour notre justification » (Romains 4 v.25). Quel changement subit venait de se produire dans cette âme aux dispositions si tristes ! C'était, à n'en pas douter, l'œuvre de Dieu, dont la miséricorde se glorifie vis-à-vis du jugement, et une réponse touchante de sa part aux prières nombreuses et ferventes qui lui furent adressées principalement par ses enfants. Aussi quel encouragement à « toujours prier et à ne pas se lasser » (Luc 18 v.1). Le Seigneur Jésus a dit à Marthe : « … si tu crois … » alors « … tu verras la gloire de Dieu … » (Jean 11 v.40). Ainsi croyons et nous verrons aussi la gloire de Dieu !

Le malade, maintenant heureux, donnait des preuves évidentes de sa conversion, car il éprouvait une ardente soif de cette parole qu'il avait méprisée. Il se l’a fait lire pendant les dernières heures qui lui restaient à passer sur la terre, aimant surtout le chapitre 10 de l'évangile de Jean, qui parle de l'amour du Seigneur Jésus, le bon berger, pour ses chères brebis, dont il était maintenant du nombre.

« … En vérité, en vérité, je vous dis : Celui qui n’entre pas par la porte dans la bergerie des brebis, mais qui y monte par ailleurs, celui-là est un voleur et un larron. Mais celui qui entre par la porte, est le berger des brebis. À celui-ci le portier ouvre ; et les brebis écoutent sa voix ; et il appelle ses propres brebis par leur nom, et les mène dehors. Et quand il a mis dehors toutes ses propres [brebis], il va devant elles ; et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix ; mais elles ne suivront point un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers.

Jésus donc leur dit encore : En vérité, en vérité, je vous dis que moi je suis la porte des brebis. Tous, autant qu’il en est venu avant moi, sont des voleurs et des larrons ; mais les brebis ne les ont pas écoutés. Moi, je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; et il entrera et il sortira, et il trouvera de la pâture. Le voleur ne vient que pour voler, et tuer, et détruire : moi, je suis venu afin qu’elles aient la vie, et qu’elles l’aient en abondance. Moi, je suis le bon berger : le bon berger met sa vie pour les brebis ; mais l’homme qui reçoit des gages, et qui n’est pas le berger, à qui les brebis n’appartiennent pas en propre, voit venir le loup, et laisse les brebis, et s’enfuit ; et le loup les ravit, et il disperse les brebis. Or l’homme à gages s’enfuit, parce qu’il est un homme à gages et qu’il ne se met pas en souci des brebis. Moi, je suis le bon berger, et je connais les miens et je suis connu des miens, comme le Père me connaît et moi je connais le Père ; et je mets ma vie pour les brebis. Et j’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; il faut que je les amène, elles aussi ; et elles écouteront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger. À cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne. Personne ne me l’ôte, mais moi, je la laisse de moi-même ; j’ai le pouvoir de la laisser, et j’ai le pouvoir de la reprendre : j’ai reçu ce commandement de mon Père.

Les Juifs donc l’environnèrent … vous, vous ne croyez pas, car vous n’êtes pas de mes brebis, comme je vous l’ai dit. Mes brebis écoutent ma voix, et moi je les connais, et elles me suivent, et moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais ; et personne ne les ravira de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et personne ne peut les ravir de la main de mon Père. Moi et le Père, nous sommes un. …
 »

Aussi a-t-il désiré revoir le messager qui lui avait présenté la vérité d'une manière si fidèle, étant à son égard dans de tout autres dispositions.

Les voisins vinrent tour à tour faire leurs adieux au mourant, et celui-ci profita de l'occasion pour rendre témoignage à la grâce dont il venait d'être l'objet, et leur parler de Celui qui s'était donné en rançon pour un pécheur tel que lui. « Ne faites pas comme moi », leur disait-il aussi, « n'attendez pas pour vous convertir d'être au seuil de l'éternité ».

Comme exprimé dans la Parole de Dieu, « Le cœur joyeux égaie le visage, mais par le chagrin du cœur l’esprit est abattu » (Proverbes 15 v13), l’expression rude de son visage avait fait place à un air radieux. Son cœur était rempli de la joie du salut ; n’allait-il pas entrer dans le parfait et éternel repos réservé à ceux qui ont cru ? « … nous qui avons cru, nous entrons dans le repos … » (Hébreux 4 v.3). Quelle joie aussi à l’intérieur de cette maison ! que d’actions de grâces devaient monter au trône de Dieu, venant de cœurs reconnaissants ! Mais quelle joie encore dans le ciel à l'occasion de la conversion, quoique tardive, de ce pauvre pécheur : « … ayant cent brebis et en ayant perdu une, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf au désert, et ne s’en aille après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il l’ait trouvée ? et l’ayant trouvée, il la met sur ses propres épaules, bien joyeux ; et, étant de retour à la maison, il appelle les amis et les voisins, leur disant : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai trouvé ma brebis perdue. Je vous dis, qu’ainsi il y aura de la joie au ciel pour un seul pécheur qui se repent, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentance. … quelle est la femme, qui, ayant dix drachmes, si elle perd une drachme, n’allume la lampe et ne balaye la maison, et ne cherche diligemment jusqu’à ce qu’elle l’ait trouvée ? et l’ayant trouvée, elle assemble les amies et les voisines, disant : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai trouvé la drachme que j’avais perdue. Ainsi, je vous dis, il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent. » (Luc 15 v.4-10).

Cher lecteur bien-aimé, vous êtes peut-être, sans vous en douter, au seuil de l'éternité : Ne voulez-vous pas réjouir aussi le cœur du Sauveur en répondant à son invitation ? : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos » (Matthieu 11 v.28).

Ah! écoutez les dernières paroles du vieillard mourant à ses voisins : « N'attendez pas pour vous convertir, d'être au seuil de l'éternité ! »