Message n°243
 
L’enseignement de la grâce quant à notre marche et à notre conduite dans ce monde.

Ce texte reprend intégralement l'étude de Henri Rossier sur l'épître à Tite (chapitre 2 v.11 à 14)

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Car la grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue à tous les hommes, nous enseignant que, reniant l’impiété et les convoitises mondaines, nous vivions dans le présent siècle sobrement, et justement, et pieusement, attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ, qui s’est donné lui-même pour nous, afin qu’il nous rachetât de toute iniquité et qu’il purifiât pour lui-même un peuple acquis, zélé pour les bonnes œuvres. Annonce ces choses, exhorte et reprends, avec toute autorité de commander. Que personne ne te méprise.

(Tite 2 versets 11 à 14)

Nous trouvons dans ce merveilleux passage :

  1. Ce qu’est la grâce.
  2. Ce qu’elle apporte.
  3. À qui elle s’adresse.
  4. Ce qu’elle enseigne.

En rapport avec tout le contenu de cette épître, c’est sur ce dernier point, sur l’enseignement (*) de la grâce que ce passage insiste tout particulièrement. Il est du reste d’une telle richesse, qu’il nous sera difficile, non de l’épuiser, car la Parole est inépuisable, mais même d’en présenter les grandes lignes, sans nous exposer à d’importantes omissions. Bornons-nous donc à présenter humblement ce que l’Esprit de Dieu apporte à nos coeurs quant aux paroles que nous venons de citer.

La mention du Dieu Sauveur au verset 10(*) , si remarquable dans cette épître, amène nécessairement avec elle la mention de la grâce et lui donne la première place.

Ce qu'est la grâce
La grâce n’est pas la bonté de Dieu, ni même son amour ; elle est cet amour, s’abaissant jusqu’à des pécheurs perdus pour les sauver. La grâce est ici une personne (comme en Jean 1, la Parole faite chair), une personne pleine de grâce. Elle n’est ni un principe, ni une abstraction ; elle est le Dieu Sauveur dans la personne d’un homme, apparaissant de telle manière que tout homme a pu la voir et la recevoir. Elle n’est pas apparue pour exiger quelque chose de l’homme, mais pour lui apporter une chose inestimable, le salut !

Ce qui donne à la grâce cette valeur, c’est qu’elle est la grâce de Dieu. Elle est donc souveraine et parfaite ; une grâce inférieure à celle de Dieu, ne pouvant être qu’imparfaite et temporaire.

La grâce de Dieu est éternelle comme Lui. La grâce de Dieu apporte le salut. Elle ne demande ni n’exige rien de l’homme pour le sauver, comme fait la loi ; elle lui apporte, sans rien lui demander en échange. Et que lui apporte-t-elle ? Le salut !

Avant de considérer ce qu’est le salut, ce «grand salut», notons que ce passage nous parle de deux apparitions :

  1. D’abord de l’apparition de la grâce, descendue ici-bas pour apporter le salut.
  2. ensuite de l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ.
La première apparition nous apporte le salut en grâce, la seconde le salut en gloire. Le salut en grâce a été parfaitement accompli dans le passé, le salut en gloire le sera parfaitement dans un avenir si prochain qu’il est déjà comme présent pour la foi (*) .

Ce que la grâce apporte

Le caractère de la grâce est absolu. Il n’est pas dit qu’elle apportera, ni même qu’elle a apporté,mais qu’elle apporte. Cela fait du salut, parfaitement accompli, une chose actuelle, immuable, qui ne peut être changée ni révoquée. Mais de plus, elle est apparue à tous les hommes. Sa portée est universelle et personne n’en est exclu.

Cette gratuité du salut contredit toutes les pensées de l’homme depuis la chute.

Jamais son orgueil ne voudra accepter que le don de Dieu ne lui coûte rien. Il acceptera facilement un Dieu Sauveur qui lui commanderait de conquérir le salut, ou lui offrirait son aide pour l’obtenir, ou enfin lui enseignerait les divers moyens de l’acquérir. Il comprendra un salut, résultat de son zèle pour les bonnes oeuvres, mais jamais un salut entièrement gratuit. L’homme voudrait offrir quelque chose, ne fût-ce que très peu, afin de l’obtenir et de pouvoir s’en vanter ensuite. En effet, où est l’homme qui, ayant acheté à bas prix quelque chose de très précieux, ne s’en vante ?

Mais revenons au salut lui-même. Nous l’avons dit, c’est une chose immense dont nous ne pouvons prendre la mesure ici-bas : il nous faudra l’éternité bienheureuse pour en parcourir l’étendue.

Pour le croyant, le salut n’est pas seulement le pardon des péchés qu’il a commis. Dans leur immense majorité, les chrétiens s’arrêtent à cette vérité première et passent leur vie sans avoir connu la véritable délivrance. Cette dernière est, non pas le pardon des péchés, mais l’absolue délivrance du péché, de la racine même qui est en nous, qui s’appelle aussi la chair et le vieil homme, et qui porte tous ces mauvais fruits : les péchés. Cette délivrance est opérée en ce que Christ, ayant été fait péché à notre place, notre vieille nature, «le péché dans la chair» a été condamnée et crucifiée dans sa personne. Nous pouvons donc désormais nous tenir pour morts au péché et «il n’y a maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus». Et de ce fait, toutes les conséquences du péché : l’esclavage de Satan, la mort et le jugement, ont été réduits à néant pour toujours !

Mais, quelque grande que soit cette délivrance, le salut est encore bien plus que cela. Il n’est pas seulement la délivrance du péché et de toutes ses conséquences passées, présentes et futures ; il est l’introduction actuelle du croyant dans la présence de Dieu, sa réception, selon l’entière acceptation de Christ, en vertu de son oeuvre, par Dieu lui-même — acceptation publiquement déclarée en ce que Dieu a ressuscité Jésus d’entre les morts et l’a fait asseoir à sa droite. Les résultats de cette introduction du croyant devant Dieu nous sont décrits dans des passages tels que Jean 20:17 ; Rom. 5:1-2 ; Éph. 1:2-6, etc.(*)

Enfin le salut est l’introduction encore future dans la jouissance parfaite et ininterrompue de toutes les choses que nous ne possédons encore qu’en espérance et qui vont être manifestées dans la gloire (*).

Tel est le salut que la grâce nous apporte. N’avons-nous pas raison de dire qu’il est sans limites ?

Ce que la grâce nous enseigne

... 12 nous enseignant que ...

La grâce a commencé par apporter le salut à tous les hommes ; elle nous enseigne ensuite.

Le croyant se trouve désormais, non pas comme Israël sous l’enseignement de la loi, mais sous celui de la grâce.

La grâce étant apparue en Christ a remplacé le premier conducteur ou instituteur qui est mis de côté (*).

Ce nouvel instituteur n’est en aucune manière donné au monde. Il faut d’abord que les hommes soient sauvés par la foi et ce n’est qu’alors qu’ils peuvent être enseignés.

Ceux qui ont été sauvés forment désormais une nouvelle famille qui a besoin d’éducation. La grâce s’en charge ; aussi nous trouvons ici ce petit mot : nous enseignant, qui est de toute importance.

Dieu n’enseigne pas le monde, mais les justes.

Sans doute il «enseigne le chemin aux pécheurs» (Ps.25 v.8), c’est-à-dire à ceux qui, reconnaissant leurs transgressions font appel à sa grâce et à son pardon. Lorsque, dans cette qualité, ils s’approchent de Dieu et mettent leur confiance en Lui, il les compte parmi les «débonnaires» (v.9 du même Psaume).

Jamais il ne pourra exister un terrain d’entente entre le péché et la grâce, car ils sont entièrement opposés l’un à l’autre.

La grâce n’améliore pas le pécheur, elle le sauve.

Le péché sépare l’homme de Dieu, la grâce l’amène à Dieu. Le péché asservit l’homme à Satan, la grâce le libère de cet esclavage. Le péché produit la mort, la grâce donne la vie éternelle. Le péché conduit l’homme au jugement, la grâce lui apporte la justice. Le péché a pour conséquence la condamnation, la grâce ôte cette dernière pour toujours.

... en quoi consiste l’enseignement de la grâce ...

Elle nous enseigne quant au passé, quant au présent, quant à l’avenir :

Cet enseignement de la grâce est, comme on le voit, entièrement pratique, ce qui, du reste, caractérise toute la «doctrine ou enseignement» de cette épître. Il y a des enseignements qui placent devant nous notre position céleste et les richesses insondables de Christ, sujets si souvent appelés «la foi», mais nous trouvons ici ce que la grâce nous enseigne quant à notre conduite ici-bas.

Considérons de plus près les trois objets de cet enseignement :
  1. Reniant l’impiété et les convoitises mondaines.
    • Renier, c’est déclarer ne plus connaître une personne ou un objet que l’on connaissait autrefois. Pierre reniant Jésus en est un exemple. Pratiquement, le chrétien, instruit par la grâce, a rompu avec ces choses du passé, avec le mépris qu’il montrait envers Christ et l’indifférence au sujet de ses relations avec Dieu.
    • L’impiété c'est être sans Dieu dans ce monde
    • les convoitises — celle des yeux, celle de la chair, et l’orgueil de la vieappartiennent au monde et non à la nouvelle nature.

    La croix de Christ, aussi bien que la gloire de Christ, sont incompatibles avec ces choses. Or toute la marche chrétienne, enseignée par la grâce, se trouve comprise entre le point de départ du croyant (la croix), et son point d’arrivée (la gloire).

    Cette marche est désormais étrangère à tout ce qui avait caractérisé notre conduite loin de Dieu.

  2. Nous vivions dans le présent siècle sobrement, et justement, et pieusement.
    • Dans le présent siècle.
      Nous avons été «retirés du présent siècle mauvais» (Galates 4 v.1) par le fait que Christ est «mort pour nos péchés» (1 Corinthiens 15 v.3).
      Nous n’appartenons donc plus au monde, car nous sommes du ciel, une nouvelle création.
      Les choses vieilles sont passées, mais comme chrétiens nous sommes toujours en danger de nous conformer au présent siècle (Rom. 12:2) , même, hélas ! de l’aimer et d’abandonner ainsi, comme Démas, le témoignage de Christ (2 Tim. 4:10). Cela ne veut pas dire que nous n’ayons pas à «vivre dans le présent siècle» , mais, tout lien moral avec le monde étant rompu, nous y sommes laissés pour montrer, par notre conduite comme rachetés, que nous avons désormais de tout autres principes de marche et de conduite que lui.

    • Sobrement, justement et pieusement :
      Sobrement quant à nous-mêmes, justement quant à notre prochain, pieusement quant à Dieu. C’est ce qui doit caractériser toute notre vie, en tant qu’elle se déroule dans le présent siècle, jusqu’à ce qu’elle ait son plein épanouissement dans le siècle à venir.

      Les trois choses que la grâce nous enseigne ici, caractérisent au fond la vie pratique de toutes les classes de croyants dont cette épître nous entretient.
      • Sobrement.
        La sobriété ou sagesse, la modération en toutes choses, la retenue et la possession de soi-même, caractérisent, rien que dans notre chapitre, les vieillards, les femmes âgées, les jeunes femmes, les jeunes hommes (v. 2, 5, 6) ; en un mot tous ceux qui forment l’ensemble de la maison de Dieu.
      • Justement :
        Si la justice pratique consiste d’abord à ne pas laisser le péché s’introduire dans nos coeurs et dans nos voies, en un mot, si elle nous rend impitoyables à l’égard de nous-mêmes, nous devons aussi rendre par elle à chacun ce qui lui est dû.
        La justice doit régler nos rapports, soit avec nos frères, soit avec le monde, et c’est ici, je pense, la signification essentielle du mot «justement». Il en est de même en tout point dans cette épître.
        Le soin des autres, absent de tout égoïsme, l’honneur rendu à chacun, est ce qui garantit l’ordre dans toutes les relations des membres de la maison de Dieu entre eux.
      • Pieusement.
        Nous avons déjà vu, au premier verset de cette épître ce qu’est la piété, et comment elle est inséparable de la connaissance de la vérité.
        Ici la piété est le plus élevé de ces trois points.
        Vivre pieusement, c’est maintenir les relations habituelles de notre âme avec Dieu, dans l’amour, la déférence, l’obéissance, la crainte de Lui déplaire.
        Ces choses ont de tout temps caractérisé les fidèles.
        Combien de fois la piété n’est-elle pas recommandée dans les épîtres à Timothée ; combien de fois les avantages et les bénédictions qui s’y rattachent n’y sont-ils pas mis en lumière ! (Voyez 1 Tim. 2:2 ; 3:16 ; 4:7, 8 ; 5:4 ; 6:3, 5, 6, 11 ; 2 Tim. 3:5, 12)

  3. Attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ.
  4. Cela aussi fait partie de l’enseignement de la grâce.
    Elle nous apprend à attendre la venue du Seigneur pour nous enlever auprès de Lui. Comment ne pas appeler bienheureuse cette espérance ?
    Elle est sans aucun mélange de crainte ni d’appréhension ; aucun nuage ne la traverse ; elle est pour le racheté le triomphe et le couronnement de la grâce.
    Mais cette espérance ne se sépare pas de l’apparition de la gloire, pour celui qui est enseigné par la grâce.
    Toutes deux, quoique séparées comme deux actes, quant à leur époque,appartiennent à un même événement, la Venue, mais l’une est la venue du Seigneur en grâce, l’autre sa venue en gloire ; l’une sa venue pour les saints, l’autre sa venue avec les saints ; l’une sa venue visible aux yeux des rachetés, l’autre sa venue visible aux yeux du monde ; l’une sa venue pour la bénédiction ineffable des siens, l’autre sa venue pour le jugement sans miséricorde du monde ; l’une sa venue pour nous introduire dans les demeures célestes, l’autre sa venue pour établir sur la terre son règne de justice et de paix ; l’une sa venue pour nous prendre auprès de Lui, l’autre pour nous manifester dans la même gloire que Lui.

    L’apparition est celle «de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ» Notre grand Dieu ! De quelle dignité suprême, de quelle majesté Jésus sera revêtu, lors de son apparition !
    Le monde se lamentera et se frappera la poitrine en le voyant venir avec les nuées, mais nos coeurs seront remplis d’une joie ineffable, car nous dirons : Ce grand Dieu est notre Dieu, ce grand Dieu est notre Sauveur Jésus Christ ! (*)

    • Notez qu’il y a sept sujets dans l’enseignement de la grâce. C’est la plénitude de l’enseignement pour la vie pratique et la conduite des rachetés dans ce monde.

Dès qu’il a prononcé ce nom de Sauveur, l’apôtre se trouve transporté en présence des souffrances de Christ et considère le but pratique de l’oeuvre qu’il a accomplie :

Qui s’est donné lui-même pour nous, afin qu’il nous rachetât de toute iniquité et qu’il purifiât pour lui-même un peuple acquis, zélé pour les bonnes œuvres (v.14)

«Il s’est donné lui-même pour nous !» Voilà bien ce qu’est notre Sauveur et où l’a conduit son amour !
Il n’est pas seulement vrai que Dieu a donné son Fils unique, qu’il l’a livré pour nous tous, mais Jésus s’est donné, donné tout entier, donné Lui-même, pour nous.
Sa mort et ses souffrances ont encore d’autres buts, comme nous allons le voir ; mais ici, c’est nous qui sommes le but.
Merveilleux amour, pour celui qui a sondé devant Dieu la profondeur de sa dégradation !
C’est l’histoire du trésor et de la perle de grand prix (Matth. 13). Jésus a estimé que nous acquérir valait sa propre vie ; aussi nous a-t-il vus, non pas selon ce que nous étions, mais selon les perfections dont son amour voulait nous revêtir.

En se donnant lui-même pour nous, le Sauveur avait trois buts :