L'autre Consolateur

De la méditation « Le don du Saint Esprit »

de Brockhaus R. -  ME 1908 page 17  -  ME 1909 page 16

 

Contenu de l’ensemble de la méditation :

0.  Préface

1.  La personne du Saint Esprit

2.  Le baptême du Saint Esprit et de feu 

3.  L'autre Consolateur

4.  La venue de l'autre Consolateur

5.  Des différents modes de communication du Saint Esprit

6.  Le Saint Esprit, comme sceau et gage

7.  Le temple du Saint Esprit

8.  Un seul corps et un seul Esprit

9.  Le Saint Esprit dans le livre de l'Apocalypse

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L'autre Consolateur

Dans le cours de notre méditation, nous avons déjà une fois indiqué que la descente du Saint Esprit sur cette terre est le signe caractéristique du christianisme. Ce point est si important, et il est si souvent négligé, que je ne puis faire autrement que d'y revenir encore une fois.

Il y avait deux choses dont Jean le baptiseur rendait témoignage quant à Jésus, le Fils de Dieu: 1) «Voilà l'agneau de Dieu qui ôte le péché du monde», et 2) «C'est lui qui baptise du Saint Esprit». Christ était l'Agneau pur et sans tache préparé par Dieu pour victime expiatoire (comparez Genèse 22: 8), convenable et acceptable sous tous les rapports et qui devait ôter le péché, tout comme le premier homme l'avait introduit dans le monde. Un nouveau ciel et une nouvelle terre, dans lesquels il n'y a plus trace de péché, dans lesquels, au contraire, la justice habite, seront le glorieux résultat de la mort expiatoire de Christ. Nous avons eu un monde innocent, à la vérité pour un temps très court seulement; puis un monde pécheur, dans lequel la grâce agit; et nous aurons un monde juste, une création, toute nouvelle basée sur une oeuvre qui ne peut jamais perdre sa valeur et son efficace. Le Fils de Dieu a accompli cette oeuvre, et, après l'avoir accomplie, il a pris sa place à la droite de Dieu. Il est maintenant là, assis, caché à l'oeil humain jusqu'à ce qu'il prenne en mains le pouvoir et la domination et qu'il règne d'un des bouts du ciel à l'autre bout.

Mais, pour pouvoir faire tout cela, pour accomplir cette oeuvre, il fallait qu'il devînt homme. Seul, un homme véritable pouvait mourir à la place de l'homme et glorifier Dieu quant au péché. «Puis donc que les enfants ont eu part au sang et à la chair, lui aussi, semblablement, y a participé» (Hébreux 2: 14). Il mourut, il ressuscita d'entre les morts, et, comme homme ressuscité et glorifié, il est retourné au Père. Et maintenant, par suite de cette ascension, le Saint Esprit est descendu. La présence du Saint Esprit est donc une conséquence de l'élévation de Christ à la droite de Dieu (Jean 7: 39). Elle met un homme ici-bas, qui a le Saint Esprit, en relation avec un Christ glorifié dans le ciel en haut. En outre, cette présence démontre que Dieu lui-même habite maintenant sur la terre. C'est une vérité d'une immense portée. Aussi longtemps que l'oeuvre de rédemption n'était pas accomplie, Dieu ne pouvait pas habiter avec l'homme. Il n'a jamais habité avec Adam et Abraham, bien qu'il les visitât par moments. Ce n'est que lorsqu'Israël fut racheté d'Egypte, que Dieu dit: «Et j'habiterai au milieu des fils d'Israël et je leur serai Dieu: » (Exode 29: 45, 46).

Maintenant, après la mort de Christ et son retour auprès du Père, Dieu le Saint Esprit est descendu ici-bas et habite dans le croyant individuellement, aussi bien que dans l'Assemblée ou l'Eglise, temple du Dieu vivant. La conséquence de ce fait est que le croyant connaît, non seulement toute l'oeuvre qui a été accomplie pour lui en Golgotha, mais qu'il sait aussi, comme il a déjà été remarqué, qu'il est introduit dans une relation intime avec Christ, là où celui-ci est maintenant, et il se glorifie dans l'espérance de la gloire de Dieu. Jusqu'à ce que cette gloire soit la part de ceux qui croient en Christ, Dieu habite déjà en eux, et Christ, l'homme glorifié à la droite de Dieu, est l'objet de leurs affections. C'est là ce qui caractérise le christianisme et constitue la position chrétienne: Christ en haut, le Saint Esprit sur cette terre. Le chrétien est un homme placé entre la première venue de Christ (et l'oeuvre qu'il a alors accomplie), et le retour de Christ pour l'introduire dans la gloire; et, entre ces deux points extrêmes, il possède le Saint Esprit, «l'autre consolateur», ainsi que l'appelle le Seigneur Jésus.

Nous trouvons cela déjà indiqué dans des types. Le lépreux, par exemple, lors de sa purification, était lavé avec de l'eau, aspergé de sang, et, finalement, oint d'huile, image du Saint Esprit (Lévitique 14). Ainsi, la parole de Dieu (l'eau) nous est appliquée, dans la puissance de l'Esprit, le sang de la réconciliation est aspergé sur nous, et, après, l'onction devient notre part. La nouvelle naissance d'eau et d'Esprit (Jean 3) doit précéder; après vient le sang; mais, en outre, l'Esprit nous est donné, et ainsi l'amour de Dieu est versé dans nos coeurs.

Avant d'aller plus loin, jetons encore un coup d'oeil sur la manière en laquelle le Saint Esprit est placé sous nos yeux, dans les chapitres 3, 4 et 7 de l'évangile de Jean. Cela nous aidera à mieux comprendre ce que le Seigneur en dit dans les chapitres qui suivent. Au chapitre 3, il est parlé, nous le savons, de notre naissance de l'Esprit. Par cette naissance, nous recevons une nouvelle nature, une nouvelle vie. «Ce qui est né de l'Esprit est esprit», c'est-à-dire tient sa nature de l'Esprit. Cela n'était rien de nouveau. Nicodème, un docteur d'Israël, aurait dû le comprendre. Si Dieu, dans l'Ancien Testament, ne s'était pas révélé dans la plénitude où cela a lieu maintenant, il était pourtant connu de tout temps que, pour être en relation avec Dieu et pour jouir de ses promesses en vérité, il fallait que l'homme reçût une vie nouvelle; il fallait que, par la puissance de son Saint Esprit, Dieu agît en l'homme en le purifiant et en le vivifiant par le moyen de la Parole. Ainsi, en Ezéchiel 36: 25, 26, il dit, par la bouche de son prophète: «Et je répandrai sur vous des eaux pures, et vous serez purs… et je vous donnerai un coeur nouveau, et je mettrai au-dedans de vous un esprit nouveau, etc.». Eau et esprit — exactement comme dans notre chapitre (Comparez Ezéchiel 11: 19, 20, et Esaïe 44: 3).

Remarquons donc qu'il ne s'agit pas ici de recevoir l'Esprit, mais de communiquer une nouvelle nature par la puissance de l'Esprit. La nouvelle naissance ne consiste pas à être oint ou scellé. Par la communication de cette nouvelle nature, la croyant est capable de jouir des choses divines, ce dont est incapable l'homme naturel. C'est donc avec raison que l'on a dit souvent qu'un homme naturel, même le plus honorable et le plus religieux, ne trouverait rien dans le ciel qui réponde à ses désirs et à ses penchants. Quand on pourrait le transporter dans le ciel, il le quitterait aussi rapidement que possible.

Dans le chapitre 4 de notre évangile, nous faisons un pas de plus. Ici, il ne s'agit pas de communiquer une nouvelle nature, mais du don de Dieu, qui devient dans le croyant une source d'eau vive, qui jaillit en vie éternelle. Dieu donne non seulement la nouvelle nature, mais aussi la force correspondante qui doit agir, elle, une source de force et de joie propre à cette nouvelle nature, animant et dirigeant son activité. Ce n'est pas seulement une vie sainte dans sa nature, mais une puissance divine pour l'homme et en l'homme, une force qui l'élève directement là où Christ est maintenant, le fait jouir de tout ce qui appartient à un homme né de Dieu, et l'introduit comme un véritable adorateur dans la communion avec le Père et avec le Fils. «Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l'adorent, l'adorent en esprit et en vérité». (Comparez versets 19 à 24). C'est en un mot le Saint Esprit que donne le Fils de Dieu apparu ici-bas en abaissement et en grâce, non pas comme personne, mais comme vie et comme puissance de communion avec les sources de la grâce.

Au chapitre 7 de notre évangile, nous arrivons, en rapport avec la révélation progressive ou le développement de la personne de Christ, à une nouvelle division de l'enseignement divin sur notre sujet. Dans ce chapitre, Jésus parle de son prochain retour auprès de son Père. Déjà, à la fin du chapitre 6, il avait parlé de sa mort et de la nécessité pour l'homme de manger sa chair et de boire son sang, c'est-à-dire d'entrer dans une vrai union de foi et de vie avec lui, le crucifié. Au commencement du chapitre 7, nous lisons que les Juifs cherchaient à le faire mourir, et maintenant il est prêt à mourir et à aller où l'homme ne peut pas le suivre. On célébrait à Jérusalem la fête des Tabernacles (*). Jésus était monté au milieu de la fête, et maintenant, «en la dernière journée, la grande journée de la fête, Jésus se tint là et cria, disant: Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive. Celui qui croit en moi, selon ce qu'a dit l'Ecriture, des fleuves d'eau vive couleront de son ventre. Or il disait cela de l'Esprit qu'allaient recevoir ceux qui croyaient en lui, car l'Esprit Saint n'était pas encore, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié» (versets 37-39).

(*) La dernière en rang, comme on le sait, des fêtes juives. Elle était célébrée en mémoire du fait que le peuple de Dieu, qui avait marché jadis çà et là dans le désert, se trouvait dans le bon pays de la promesse. Tout le cycle des fêtes était clôturé par elle; mais avaient-elles pu apaiser la soif de l'âme, satisfaire les besoins du coeur et de la conscience? Non! «Si quelqu'un a soif», crie Jésus à la fin de cette fête.

Si le Seigneur parle ici de l'Esprit Saint, c'est manifestement dans un tout autre sens que précédemment. Ce n'est pas la vivification d'une âme, la naissance de l'eau et de l'Esprit, comme au chapitre 3; ce n'est pas non plus l'Esprit de Dieu, comme vie ou comme puissance de communion avec le Fils de Dieu révélé dans son abaissement ici-bas, comme au chapitre 4, mais une bénédiction dont aucun coeur humain ne pouvait jouir, aussi longtemps que le Seigneur Jésus n'était pas mort, ressuscité et monté au ciel; et ceux-là devaient recevoir cette bénédiction, qui croyaient déjà en lui. C'est ici aussi le Fils de Dieu qui parle; mais il parle d'un temps futur, quand il serait glorifié comme Fils de l'homme. Alors il enverrait du ciel le Saint Esprit pour former un lien divin entre lui, l'homme glorifié à la droite de Dieu dans les lieux célestes, et le croyant accomplissant son pèlerinage sur la terre pour que, triomphant en son Maître haut élevé, il puisse jouir des fleuves de bénédictions qui rompent toutes les barrières, et les faire découler de lui sur d'autres. Un ordre de choses tout nouveau devait commencer par là. Le croyant, pèlerin ici-bas, devait, par le Saint Esprit, faire connaissance avec les choses d'en haut, et tous ses intérêts, ses inclinations, ses pensées et son attente, devaient se rattacher à Lui qui demeure en haut.

Remarquons l'expression: «des fleuves d'eau vive». La puissance du Saint Esprit remplit le coeur, l'homme intérieur, de la gloire dans laquelle Christ est entré, tandis que le croyant traverse ce monde qui est devenu pour lui un désert aride. Il n'y a rien autour de lui que la plus extrême sécheresse. Point de source jaillissante, pas une petite place verte ne se montre aussi loin que s'étend le regard, pas un palmier pour donner une ombre sous laquelle le voyageur puisse trouver du repos. Et voici, au milieu de cette sécheresse générale, des fleuves d'eau vivent coulent de celui qui a trouvé sa patrie là où est Jésus, là où les sources de la grâce débordent en tout temps. Il a apaisé sa soif en lui; auprès de lui, il a satisfait tous les besoins de son âme, et maintenant l'Esprit est en lui non seulement une source d'eau vive qui jaillit en vie éternelle, mais de lui-même découle l'eau vive pour donner à boire à d'autres qui ont soif. Il n'est pas, cela se comprend, une source en lui-même, mais le fleuve découle de lui dans la puissance de l'Esprit Saint. Le coeur étant occupé de la gloire en haut, et surtout de Lui, qui forme le centre de toute cette gloire, il est rempli jusqu'à déborder, de telle sorte que sa bouche parle des gloires dont son coeur jouit et rend ainsi d'autres personne coparticipantes de cette riche bénédiction.

Je voudrais, de nouveau, rendre le lecteur attentif au fait que tout ceci ne dépend pas du plein abandon ou du dévouement d'un homme à Dieu, ou de ses prières, pour une telle bénédiction; non, c'est un don de Dieu, libre et sans condition, qui devient la part de quiconque croit simplement en son fils bien-aimé. «Or il disait cela de l'Esprit qu'allaient recevoir ceux qui croiraient en lui». Il n'est question d'aucune condition autre que de croire en lui. La promesse est pour tous les croyants sans distinction.

On demandera, peut-être: S'il en est ainsi, comment se fait-il que les fleuves de bénédictions découlent si pauvrement de maint croyant, que chez d'autres même, ils semblent faire totalement défaut? Le motif n'en est pas (sans parler du cas où le manque de connaissance de la vérité divine tient encore l'âme dans les ténèbres et l'esclavage) que ces croyants n'ont pas l'Esprit, mais qu'ils ne se laissent pas remplir par lui des choses d'en haut. Les choses visibles ont repris de la valeur pour eux. Le monde et ses principes influencent le coeur. Ils ne sont pas contents de n'être rien ici-bas, témoins d'un Christ rejeté, laissés ici-bas seulement pour faire la volonté de Dieu et apporter à un monde perdu la joyeuse nouvelle de l'amour de Dieu et du salut en Christ. Le moi, les inclinations et les désirs du vieil homme, qui devraient être tenus dans la mort, sont vivants et forts, et l'Esprit est ainsi contristé et empêché, les coeurs étant vides et desséchés, et comment les fleuves d'eau vive pourraient-ils couler?

Il y a de nos jours, pour le croyant, un danger spécial dans la tendance à chercher quelque chose dans ce monde, pour lui ou pour sa famille. Ce danger a, sans doute, toujours existé, mais, aujourd'hui, il est plus grand que jamais. Quel était et quel est maintenant, d'une manière prééminente, le désir des enfants de ce monde? De percer, d'être ou de faire quelque chose de grand. Ce que l'on gagne aujourd'hui, ne sert que de moyen et de base pour arriver demain à plus encore. Cette disposition, chez un croyant, est la négation complète de sa position comme chrétien; elle prouve qu'il nage avec le fleuve du monde, que Christ et les choses invisibles ont perdu leur valeur pour lui. Il est tout naturel, pour un homme de ce monde, de chercher une place, de gagner le plus possible, pour lui et pour sa famille; mais, quand un croyant le fait, où est alors sa fidélité pour Christ? Ne devons-nous être chrétiens que le dimanche? Ou bien notre coeur, notre force, notre tout, appartiennent-ils au Seigneur aussi les autres jours de la semaine? Où avons-nous le plus l'occasion de nous montrer comme une lettre de Christ? C'est dans nos rapports avec les enfants de ce monde, dans les affaires, à l'atelier, à la fabrique, au comptoir, au magasin, etc. C'est là que la lettre de Christ doit être connue et lue par les hommes. C'est là que les fleuves d'eau vive doivent couler pour les âmes altérées.

A quoi en es-tu à cet égard, bien-aimé lecteur? Sois persuadé que c'est seulement lorsque tu vis non pas pour toi-même ou pour le monde, mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour toi, que tu auras la force de l'Esprit avec toi. Ce n'est que lorsque tu envisages, avec l'oeil de Dieu, les personnes et les choses qui t'entourent, et que tu juges, sans réserve, tout ce qui est contraire à sa Parole, ou ce qui cherche à tirer parti de sa grâce pour ménager la chair et pour déshonorer le Seigneur, — ce n'est qu'alors, dis-je, que tu seras un canal convenable par lequel les fleuves d'eau vive pourront couler pour d'autres, à la louange de Celui qui demeure maintenant dans la gloire d'en haut, et qui nous a donné son Esprit pour être avec nous éternellement.

Nous arrivons maintenant aux déclarations du Seigneur Jésus, quant à «l'autre Consolateur». Elles se trouvent dans les chapitres 14, 15 et 16 de notre évangile, et elles nous introduisent dans une partie toute nouvelle, de la vérité quant au Saint Esprit. Il ne s'agit plus d'une nouvelle nature, comme au chapitre 3, ni de la puissance qui opère dans cette nature, ou qui découle du dedans au dehors pour rendre témoignage au Seigneur rejeté ici-bas, mais glorifié dans les lieux célestes, comme aux chapitres 4 et 7; mais nous rencontrons, maintenant, une personne divine, qui doit désormais prendre la place du Seigneur Jésus avec les siens, Jésus allait quitter cette terre. Sa mort, dans laquelle Dieu devait être parfaitement glorifié, allait avoir lieu, et, comme seule juste récompense, comme son résultat immédiat, il allait être glorifié à la droite du Père. Rien moins que cela ne pouvait répondre à la valeur de son oeuvre. La croix a glorifié Dieu d'une manière inconnue jusque-là, et qui ne peut jamais avoir lieu de nouveau; en réponse à cela, Dieu a ressuscité son Bien-aimé d'entre les morts et l'a couronné d'honneur et de gloire à sa droite.

Cela donne occasion aux merveilleux enseignements de Jean 14. Jésus parle de son départ pour la maison du Père, afin d'y préparer une place pour les siens, comme aussi de son retour. Aussi certainement qu'il s'en est allé, aussi certainement il reviendra. Mais ce n'est pas tout: pour le temps de son absence dans la maison du Père, il compte, d'une part, sur l'amour des siens, se manifestant non pas en plaintes et en soupirs, mais en gardant ses commandements (verset 15), et, de l'autre, il a fait pour eux une provision digne de son amour et de la croix, il a préparé une bénédiction qui n'avait jamais été connue auparavant des hommes sur la terre. «Et moi», dit-il, «je prierai le Père, et il vous donnera un autre Consolateur pour être avec vous éternellement, l'Esprit de vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu'il ne le voit pas et ne le connaît pas, mais vous le connaissez, parce qu'il demeure avec vous, et qu'il sera en vous». Et ensuite: «Mais le Consolateur, l'Esprit Saint, que le Père enverra (*) en mon nom, lui, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites» (versets 16, 17, 26).

(*) Il n'est pas dit ici «donner», comme auparavant. Il faut remarquer cette différence, en tant qu'elle fait ressortir plus clairement la personnalité du Saint Esprit. Une simple source de pouvoir ou de bénédiction, on peut la donner; une personne, on l'envoie. Le reste du verset rend la chose plus claire encore.

En d'autres passages, il nous est parlé d'une «effusion» du Saint Esprit; ici, d'un «don» et d'un «envoi». Ces expressions indiquent déjà la personne divine de l'Esprit, plutôt que la plénitude ou la puissance de bénédiction et de grâce qui nous est donnée en lui. J'insiste spécialement sur ce fait parce qu'il est oublié de tant de manières. Cela nous rappelle, en même temps, la différence entre la présence du Saint Esprit au jour d'aujourd'hui et sa seconde effusion, à la fin des jours, «sur toute chair». Je puis bien supposer qu'il est connu que celle-ci aura lieu, et que la citation de Joël 2: 28-32, par Pierre, le jour de la Pentecôte, n'est qu'une explication de ce qui venait d'avoir lieu et ne devait pas présenter cette prophétie comme pleinement accomplie. Tout comme l'entrée de notre grand souverain sacrificateur dans le sanctuaire, était accompagnée d'un témoignage correspondant du Saint Esprit, ainsi de même sa sortie pour son peuple terrestre présentera un témoignage semblable (Comparez le type, en Exode 28: 33-35). La pluie de l'arrière-saison suivra la pluie de la première saison. Dieu s'occupera de nouveau de son peuple d'Israël et le visitera dans sa surabondante grâce; et de lui aussi découlera, sous le règne du Prince de paix, la bénédiction sur tous les peuples de la terre.

«Et il arrivera, après cela (c'est-à-dire après que Dieu se sera retourné vers son peuple terrestre, donc à la fin des jours), que je répandrai mon Esprit sur toute chair» (Joël 2: 28). Des jugements terribles atteindront la terre et ses habitants, mais alors un fleuve de bénédictions se répandra sur Israël, plus profond et plus étendu qu'il ne l'a jamais été. Mais, bien qu'il en soit ainsi, nous n'entendons nulle part parler d'un envoi du Saint Esprit pour ce temps-là. Tel n'est le cas que lorsqu'il est parlé de la période actuelle du christianisme. Pour ce temps-ci, seulement, il est dit que le Père enverra aux siens un autre Consolateur au nom de son Fils. Cette présence personnelle du Saint Esprit pour habiter dans les croyants et les baptiser pour être un seul corps (bien qu'il n'en soit pas encore parlé ici), est liée de la manière la plus intime avec l'absence personnelle de Christ, après l'accomplissement de l'oeuvre de rédemption et est basée sur elle. Le jour à venir de la gloire de Christ sera caractérisé par sa présence ici-bas, et qui pourrait décrire la plénitude d'une telle bénédiction? Mais il n'est parlé nulle part d'une présence personnelle de l'Esprit. Ce n'est pas que le Saint Esprit ne sera pas là, et que le même déploiement de puissance et d'opérations miraculeuses, et même dans un sens de plus grandes encore que dans la période chrétienne, n'auront pas lieu — l'univers entier, dans un sens, connaîtra la puissante portée de l'affranchissement opéré par Christ; mais l'état de choses sera tout autre qu'aujourd'hui. Il faut aussi remarquer qu'en ces jours-là la Pâque et la fête des Tabernacles seront encore célébrées, mais qu'il n'est plus fait aucune mention de la Pentecôte. Ce qui est représenté typiquement dans cette fête, est accompli.

Occupons-nous, maintenant, un instant du nom ou du titre que le Seigneur donne ici au Saint Esprit. Il l'appelle l'autre «avocat», ou l'autre «consolateur». Le mot grec a ces deux significations: une personne qui s'identifie avec les intérêts des autres, qui défend leur cause, les assiste, s'emploie de toute manière pour eux, comme aussi quelqu'un qui console, encourage, exhorte. C'est donc là ce qu'est le Saint Esprit pour nous. Précieux privilège! Quels que soient les besoins qui se manifestent sur notre route, quelques difficultés et quelques épreuves que nous rencontrions, de quelle grâce que nous ayons besoin, le Saint Esprit est là, et non seulement il est capable de faire, mais aussi il est prêt à faire tout ce qui est nécessaire pour notre avantage et notre bien. Le sentiment de la présence de cette personne divine venue ici-bas pour être avec nous à la place du Seigneur glorifié, ne devrait-il pas, en tout temps, remplir et vivifier les coeurs des enfants de Dieu? Nous ne voyons sans doute pas notre autre Consolateur, mais nous le connaissons. Le monde ne le voit pas et ne le connaît pas; mais nous le connaissons et nous savons qu'il est avec nous et en nous, d'abord à cause de la parole de notre bien-aimé Seigneur, et ensuite parce que nous éprouvons et goûtons vraiment et réellement sa présence. Elle n'est pas seulement une affaire de foi, mais aussi de sainte expérience, soit quant au croyant personnellement, soit quant à l'Assemblée de Dieu comme ensemble. «Ne savez-vous pas», demande l'apôtre en 1 Corinthiens 6: 19, «que votre corps est le temple du Saint Esprit, qui est en vous et que vous avez de Dieu?» Les Corinthiens croyants avaient richement expérimenté les puissantes opérations de l'Esprit habitant en eux; et Dieu le veut ainsi. S'il en est autrement, si un chrétien ne sait que peu ou rien de ces aimables et puissants effets de la présence du Saint Esprit, il est dans une triste condition.

 «Et moi je prierai le Père, et il vous donnera un autre Consolateur pour être avec vous éternellement». Au chapitre 15, le Seigneur envoie lui-même le Saint Esprit; ici, c'est à sa demande qu'il vient du Père vers les siens. Là, le Fils de l'homme glorifié l'envoie comme témoin de sa gloire et de sa position céleste; ici, le Père l'envoie au nom de Jésus, parce qu'il s'agit plutôt des rapports personnels des disciples avec Lui.

«Pour être avec vous éternellement». C'est une vérité d'une immense portée. Non seulement le Saint Esprit nous est donné, mais il doit rester pour toujours avec nous; non pas comme Jésus, qui ne resta que peu de temps avec les siens, non pas comme un visiteur en passage; non, il doit rester avec nous «éternellement», ne plus jamais nous quitter. Que cette précieuse vérité a été vite et totalement oubliée! Dieu soit loué de ce qu'en nos jours il a de nouveau dirigé sur elle l'attention de beaucoup de coeurs chrétiens.

Mais non seulement le Saint Esprit doit demeurer avec nous, comme le Messie avait demeuré avec son peuple (bien que pour quelques années seulement); il doit aussi être en nous. La nouvelle et intime présence de Dieu dans les siens, par opposition au monde qui a rejeté Christ et ne peut recevoir le Saint Esprit, est ainsi devenue un fait. C'est une seconde vérité d'une très haute portée. L'effet s'en montre tout de suite. «Je ne vous laisserai pas orphelins», dit le Seigneur; «je viens à vous. Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez» (versets 18, 19). Par la présence du Saint Esprit, la contemplation de Christ est communiquée aux coeurs des croyants bien plus réellement que ce n'avait jamais été le cas précédemment. A la vérité, nous ne le voyons plus de nos yeux naturels maintenant, mais, par les enseignements et les instructions de l'Esprit, nous le connaissons bien plus profondément et plus réellement que les disciples n'ont jamais pu le faire dans les jours de sa chair. Mais plus encore: «Parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez. En ce jour-là, vous connaîtrez que moi le suis en mon père, et vous en moi, et moi en vous» (verset 20).

Remarquez bien ces paroles, cher lecteur! Réfléchissez-y avec prière! Elles parlent d'une communauté de vie et de nature. Notre vie est dans le Fils. Parce qu'il vit, nous aussi nous vivrons. Et parce que le Saint Esprit habite en nous, nous savons aussi que nous sommes unis avec Christ, que nous sommes en lui. Il ne s'agit pas ici de l'unité du corps (nous trouvons celle-ci dans les épîtres de l'apôtre Paul), mais d'une union personnelle avec Christ. Mais quelle chose merveilleuse! Christ est dans le Père, nous sommes en lui, qui est élevé à la droite de Dieu, et il est en nous, qui marchons ici-bas. Quels précieux liens, quelles relations intimes! Il était impossible qu'ils fussent connus aussi longtemps que Jésus marchait ici-bas; ils ne sont devenus une réalité, au moins en tant qu'il s'agit de nous, que par la descente du Saint Esprit et son habitation en nous. Il est la puissance de ces relations ou de cette union. Christ est en nous selon la puissance de la présence du Saint Esprit.

Je voudrais demander encore une fois à mon bienveillant lecteur: Pouvait-on jamais jouir de cela sous l'ancienne alliance, ou ces relations seront-elles connues dans le règne millénaire? Impossible. C'est une bénédiction d'une nature toute spéciale et propre à la chrétienté seule. «En ce jour-là», c'est maintenant, après que le Seigneur a pris sa place en haut, dans la gloire, et que le Saint Esprit est descendu pour former le lien invisible de l'union du croyant avec Christ. C'est le jour des bénédictions chrétiennes, des relations selon les principes de la nouvelle alliance entre les croyants d'un côté, et le Père et le Fils de l'autre. Au jour actuel seulement, il existe une telle union avec Christ en haut, par le moyen du Saint Esprit. Quand notre bien-aimé Seigneur régnera comme roi, tout sera changé. Nous avons vu que sa présence personnelle caractérisera le siècle à venir, et à cause de cela, l'activité du Saint Esprit devra être et sera tout autre qu'aujourd'hui.

Oh! puissions-nous prendre cette vérité plus à coeur, tant personnellement qu'en vue de notre témoignage collectif! Le Saint Esprit est avec nous et en nous, comme réponse à la grande vérité que Christ s'est assis en haut, à la droite de Dieu. Avec ces deux grandes vérités, subsiste ou tombe tout ce qui nous distingue, comme chrétiens, des autres croyants avant et après nous. Ces deux versets sont donc inséparablement unies, et l'on trouvera toujours que tous ceux qui ne croient pas à la présence personnelle du Saint Esprit ici-bas, ou y portent peu d'attention, ont aussi peu d'intelligence de Christ, comme Fils de l'Homme glorifié à la droite de Dieu, comme Tête de son corps, de l'Assemblée.

Le Saint Esprit est donc avec nous et en nous, comme celui qui glorifie Christ, qui nous assiste dans nos épreuves et nous fortifie contre les attaques et les ruses de Satan, qui nous procure la joie, la consolation et la force, et nous rend capables d'accomplir notre service fidèlement et simplement, en humilité et en débonnaireté, qui nous enseigne et nous reprend par la parole de Dieu, quand nous avons fait quelque chose de contraire à cette Parole, ou qui déshonore la personne de Christ. Oh! puissions-nous être plus sérieusement attentifs aux avertissements et aux directions de ce guide divin et réaliser sa présence avec une foi plus simple! On l'a souvent dit: si une personne haut placée, un prince ou un roi, entrait dans notre maison, nous aurions soin de tout arranger en harmonie avec la présence d'un hôte si élevé, de faire tout ce qui lui plairait, et d'écarter tout ce qui pourrait offenser ses yeux ou exciter sa désapprobation. Et combien plus ce devrait être le cas à l'égard de l'hôte céleste que Dieu nous a envoyé pour être avec nous et en nous. Dieu a appelé ses enfants à une place de haute dignité, mais aussi de grande responsabilité. Veillons donc avec prière et supplications à ce que toute notre conduite, nos sentiments, nos paroles, nos regards, nos vêtements, notre manger et notre boire, que tout soit toujours plus d'accord avec notre profession de la présence personnelle du Saint Esprit.

Ensuite, dans les versets 25 et 26 de notre chapitre, nous lisons: «Je vous ai dit ces choses, demeurant avec vous; mais le Consolateur, l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui vous enseignera toutes choses, et vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites». Les paroles de Jésus, pendant qu'il marchait et servait ici-bas, étaient des paroles dites par l'Esprit Saint qui habitait en lui sans mesure; et maintenant, le même Esprit devait habiter et agir dans les disciples, et rappeler à leur mémoire tous les enseignements du Seigneur, les faire souvenir de tout ce qu'il avait dit. Non seulement cela s'est accompli, ainsi que le prouvent les évangiles mais le Saint Esprit a conduit les disciples plus loin encore dans la connaissance de la vérité. «Il vous enseignera toutes choses». Ainsi que nous le verrons, cette pensée est développée plus loin; mais déjà, dans ce passage, une place lui est réservée.

A la fin du chapitre 15, le Saint Esprit est introduit comme témoin de la nouvelle position céleste de Christ. «Mais quand le Consolateur sera venu, lequel moi je vous enverrai d'auprès du Père, l'Esprit de vérité, qui procède du Père, celui-là rendra témoignage de moi. Et vous aussi, vous rendrez témoignage, parce que, dès le commencement, vous êtes avec moi» (versets 26, 27). Dans le passage cité auparavant, l'Esprit rappelle tout ce que Jésus avait dit; ici, il rend témoignage de Christ lui-même, de lui, l'homme glorifié à la droite de Dieu. Les disciples aussi étaient témoins de Jésus; ils l'avaient accompagné dans son pèlerinage terrestre; ils avaient été avec lui dès le commencement, ils avaient rendu témoignage de lui et devaient continuer à le faire. Leur témoignage traitait le côté terrestre, le Christ vivant ici-bas; le témoignage du Saint Esprit traitait le côté céleste, le Fils de l'homme glorifié en haut. A leur témoignage terrestre quant à Christ, était donc ajouté le nouveau témoignage céleste de l'Esprit. Nous trouvons historiquement l'accomplissement de ce passage dans les Actes des Apôtres (Actes des Apôtres 5: 32).

Le chapitre 16 nous fait faire un pas de plus. A la fin du chapitre 14, le Seigneur avait parlé de son départ pour être auprès du Père, et avait fait suivre cette communication de ces paroles affectueuses, bien qu'elles ne fussent pas exemptes de tout reproche: «Si vous m'aviez aimé, vous vous seriez réjouis de ce que je m'en vais au Père, car mon Père est plus grand que moi». Son départ signifiait pour lui un glorieux échange; il le conduisait hors de ce pauvre monde, dans une joie éternelle auprès du Père. Ici, au chapitre 16, il touche l'autre côté de la question, ce que ce départ apporterait aux disciples. Leurs coeurs étaient remplis de tristesse à la pensée que leur bien-aimé Seigneur allait les laisser; «toutefois», leur dit-il: «je vous dis la vérité: Il vous est avantageux que je m'en aille; car si je ne m'en vais, le Consolateur ne viendra pas à vous, mais si je m'en vais, je vous l'enverrai» (verset 7). Ces paroles prouvent de nouveau que l'accomplissement de l'oeuvre de la rédemption et l'entrée de notre grand souverain sacrificateur dans le sanctuaire céleste, étaient absolument nécessaires pour que le Saint Esprit vînt ici-bas. Il ne pouvait venir avant l'accomplissement de cette condition. Comment aurait-il pu, sans effusion de sang, sans annulation préalable de leurs fautes et l'enlèvement du péché loin des yeux de Dieu, sceller et oindre de puissance des créatures pécheresses et impures?

«Et quand celui-là sera venu, il convaincra le monde de péché, et de justice, et de jugement» (verset 8). La présence du Saint Esprit nous est présentée ici pour la première fois dans son effet et sa portée pour le monde. Cette présence est pour le monde la preuve convaincante de son péché. Il ne s'agit pas ici de l'opération du Saint Esprit sur des personnes et en des personnes individuellement, ou de convaincre la conscience de culpabilité personnelle (bien que le Saint Esprit agisse (*) certainement de cette manière), mais plutôt de convaincre le monde comme tel — qu'il soit respectable et religieux, ou impie et incrédule — du péché qui repose sur lui, parce qu'il a rejeté le Fils de Dieu: «De péché, parce qu'ils ne croient pas en moi». Le rejet de Christ a placé le monde entier sous le jugement.

(*) Que le lecteur remarque l'expression «convaincre». Elle ne signifie pas la même chose que «persuader». Si l'on ne remarque pas cette différence, l'intelligence du passage en est rendue bien plus difficile. Un pécheur, «convaincu» n'est pas encore un pécheur «persuadé». Un malfaiteur peut être convaincu de sa culpabilité, sans qu'aucun effet soit produit au dedans de lui, en sorte qu'il ne se plie pas sous le résultat de la sentence, ni ne reconnaît sa mauvaise action.

 «Maintenant est le jugement de ce monde». Christ est venu dans ce monde en grâce et en amour; la bonté et l'amour de Dieu pour les hommes sont apparus; Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même et ne leur imputant point leurs offenses. Mais l'homme n'a répondu à cette manifestation de l'amour de Dieu que par la haine et une amère inimitié; le monde a rejeté Jésus. La descente et l'habitation du Saint Esprit dans les croyants qui a suivi l'accomplissement de l'oeuvre de rédemption, est donc la preuve pleinement suffisante de l'affreux état dans lequel le monde se trouve; il a méprisé la grâce qui lui était apportée dans le Christ Jésus.

«De justice, parce que je m'en vais à mon Père et que vous ne me voyez plus» (verset 10). Où peut-on trouver la justice? Dans ce monde? dans la race humaine? Hélas, non! ici, il n'y a pas de justice, il n'y a point de juste, pas même un seul. Le seul juste qui ait jamais vécu, le monde s'est moqué de lui et l'a attaché à la croix. Le rejet de Christ a pleinement prouvé l'état de péché du monde. L'oeil de Dieu ne voit rien d'autre en lui que péché et iniquité. Où donc trouver la justice? En Lui qui, là-haut à la droite de Dieu, est couronné d'honneur et de gloire. Après avoir pleinement glorifié Dieu, notre bien-aimé Sauveur est retourné auprès du Père, et s'est assis sur son trône. Lui donner cette place était la justice divine, et cette même justice a retiré Jésus pour toujours de devant les regards du monde. Tout est maintenant fini pour le monde comme tel; il a perdu Christ pour toujours, et il ne reste pour lui que le jugement. Le Fils de l'homme assis à la droite du Père, ainsi que l'Esprit ici-bas, sont un témoignage constant de «justice», de justice divine en Lui dans les lieux célestes. Fait sérieux pour le monde, témoignage précieux pour tous ceux qui croient en Jésus!

«De jugement, parce que le chef de ce monde est jugé» (verset 11). Satan, le prince de ce monde, avait tout essayé pour faire sortir Jésus de son chemin. Le monde tout entier, Juifs et gentils, sacrificateurs et peuple, avait suivi volontairement son prince, lorsqu'il livrait le dernier combat décisif contre le Prince de vie et qu'en apparence il demeurait vainqueur, lorsque Christ mourut sur le bois maudit, pendu comme un malfaiteur. Mais en y mourant, il vainquit en réalité Satan et avec lui toutes les puissances des ténèbres. La croix et la résurrection qui l'a suivie, sont la preuve que Satan est vaincu, que toute la puissance de la mort est anéantie. Satan est jugé. La présence et la puissance du Saint Esprit, à laquelle tout le pouvoir de l'ennemi n'est pas capable de résister, en rendent un témoignage certain, et quand même le monde lui-même n'a pas encore été atteint par le jugement, son prince est néanmoins déjà jugé, et la présence du Saint Esprit est ainsi pour le monde (qu'il l'accepte ou ne l'accepte pas) la conviction du jugement sous lequel il est tombé.

Pour terminer, encore un mot sur la dernière des merveilleuses déclarations de notre Seigneur quant au Saint Esprit. Elle est d'une beauté et d'un enseignement profonds.

 «J'ai encore beaucoup de choses à vous dire; mais vous ne pouvez les supporter maintenant. Mais quand celui-là, l'Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité; car il ne parlera pas de par lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et il vous annoncera les choses qui vont arriver. Celui-là me glorifiera; car il prendra de ce qui est à moi, et il vous l'annoncera. Tout ce qu'a le Père, est à moi; c'est pourquoi j'ai dit qu'il prend du mien et qu'il vous l'annoncera» (versets 12-15). Le Seigneur passe ici de l'opération de la présence du Saint Esprit quant au monde, à la bénédiction et au secours que cette présence procurera aux disciples. Non seulement l'Esprit devait leur rappeler tout ce qu'il leur avait dit, non seulement il devait rendre témoignage de lui, le Fils de l'homme glorifié en haut, mais il devait aussi les conduire dans toute la vérité; en un mot, il allait devenir leur docteur divin à la place du Seigneur qui s'en allait. Le Seigneur aurait eu encore beaucoup à dire aux disciples; mais ils ne pouvaient pas le «supporter», ne pouvaient pas le comprendre. Cependant, après le départ de Christ et ses conséquences bénies, ils seraient en état d'être introduits dans toutes les glorieuses vérités, les espérances et les bénédictions du christianisme. Les coeurs des disciples étaient tellement remplis de l'attente des bénédictions terrestres pour Israël, qu'ils ne pouvaient que peu à peu s'habituer aux vérités chrétiennes, qui pour eux étaient des choses toutes nouvelles. Ils n'étaient en aucune manière préparés à la révélation des conseils divins quant à un Christ glorifié, et à un troupeau introduit avec lui dans le sanctuaire céleste. L'Esprit «qui sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu» (1 Corinthiens 2), devait les enseigner sur ce sujet et les introduire dans toute la plénitude des vérités du Nouveau Testament. Il vous annoncera aussi «les choses qui vont arriver».

Les écrits des apôtres nous font connaître ces communications de l'Esprit Saint, même quant aux pensées de Dieu sur cette terre et son avenir. Ce n'est pas seulement dans le livre de l'Apocalypse, mais aussi dans les épîtres des apôtres, que la parole prophétique se trouve développée, et elle devrait certainement trouver chez nous la même estime que les autres communications divines. Le Saint Esprit n'a pas cessé d'être un esprit de prophétie. Mais sa tâche principale est de glorifier Christ, et pour l'accomplir, il ne parle pas de par lui-même (*), cela veut dire: pas comme s'il était une personne indépendante, subsistant et agissant par lui seul, «mais il dira tout ce qu'il aura entendu».

(*) Non pas «de lui-même», dans le sens de «touchant lui-même», comme cela a souvent été interprété. Le Saint Esprit parle beaucoup de lui-même, mais jamais de par lui-même. Il dit ce qu'il entend du Père et du Fils. Il lui plaît d'être le Serviteur des conseils du Père et de la glorification du Fils, comme le Fils était auparavant le Serviteur du Père.

Comme le Fils est venu jadis sur cette terre, non pas pour faire sa volonté propre et pour agir dans l'indépendance, mais pour faire tout ce qu'il avait vu faire au Père, pour accomplir comme serviteur la volonté de Dieu, bonne, agréable et parfaite, ainsi le Saint Esprit est descendu ici-bas pour glorifier le Fils et pour dire tout ce qu'il aurait entendu.

«Celui-là me glorifiera, car il prendra de ce qui est à moi, et il vous l'annoncera. Tout ce qu'a le Père est à moi». C'est là, comme il a été dit, le point central autour duquel tout se meut quant à l'activité du Saint Esprit: la glorification de Christ. Christ a pris sa place dans la gloire, en vertu de la perfection de son oeuvre et de la dignité de sa personne, et tout ce qu'a le Père, est maintenant à Lui: non pas seulement à Lui comme Fils éternel du Père, mais comme Fils de Dieu, tel qu'il a été révélé dans le temps actuel; et c'est pour cela que le Saint Esprit peut maintenant prendre de ce qui est à Lui et nous l'annoncer, il peut déployer devant nous Sa gloire quant à tout ce qui lui appartient à Lui comme glorifié auprès du Père. Sans doute, tout notre savoir et tout notre discernement, aussi longtemps que nous sommes dans ce corps, seront toujours défectueux, et ne pourront se produire qu'en partie; mais, oh! quelles hauteurs et quelles profondeurs de la grâce divine! — toute l'étendue de ce qui appartient à notre bien-aimé Seigneur, tout ce que le Père a, nous est ouvert, et c'est la joie du Saint Esprit de prendre de ce qui est à Lui et de nous le communiquer.

Bien-aimé lecteur, pensez sérieusement à ces choses, et demandez-vous dans quelle mesure il a jusqu'à aujourd'hui été possible au Saint Esprit d'atteindre en vous son but, la glorification de Christ, jusqu'à quel point la sérieuse et en même temps si précieuse vérité de la présence personnelle du Saint Esprit a trouvé sa réalisation dans votre coeur.

 

NB

Si quelque chose n’était pas clair pour le lecteur de ce message, qu’il n’hésite pas à poser des questions à ce sujet à l’adresse bible@beauport.eu

Claude Beauport