La personne du Saint Esprit

De la méditation « Le don du Saint Esprit »

de Brockhaus R. -  ME 1908 page 17  -  ME 1909 page 16

 

Contenu de l’ensemble de la méditation :

0.  Préface

1.  La personne du Saint Esprit

2.  Le baptême du Saint Esprit et de feu 

3.  L'autre Consolateur

4.  La venue de l'autre Consolateur

5.  Des différents modes de communication du Saint Esprit

6.  Le Saint Esprit, comme sceau et gage

7.  Le temple du Saint Esprit

8.  Un seul corps et un seul Esprit

9.  Le Saint Esprit dans le livre de l'Apocalypse

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La personne du Saint Esprit

Le Saint Esprit n'est pas une simple influence, par laquelle on est conduit ou animé, comme on devrait le penser, d'après la manière d'écrire ou de parler de bien des croyants; ce n'est pas non plus une émanation de la divinité, qui, comme Esprit du Père et du Fils, serait, sans doute, divine, mais n'aurait aucune existence propre et personnelle. Non, le Saint Esprit est une personne divine, la troisième personne de la Trinité, comme telle, présente partout, et qui, à la fête de la Pentecôte, sur la base de l'oeuvre parfaite de la rédemption et de l'exaltation de Christ à la droite de Dieu, est descendue du ciel pour habiter ici-bas dans les saints, les baptiser pour être un seul corps et demeurer éternellement avec eux; une personne qui, depuis ce temps-là, demeure sur cette terre, et y restera jusqu'à ce que (comme autrefois Eliézer conduisait Rebecca) elle amène du pays lointain l'épouse, l'Assemblée de Christ, à la rencontre de son Epoux et de son Seigneur. L'habitation du Saint Esprit sur cette terre, comme Esprit d'adoption, sceau et gage dans le croyant, est donc une note caractéristique du christianisme.

Tenons ferme, tout premièrement, ce point. Aussi longtemps qu'un croyant ne comprend pas cette vérité fondamentale, la différence entre les saints de l'Ancien Testament et ceux du Nouveau lui reste cachée, et il perd beaucoup de la joie et de la jouissance, de la grâce et de la force, que l'oeuvre d'expiation a apportée.

Le Saint Esprit est un en essence, en qualités et en pensée avec le Père et le Fils, mais cependant entièrement distinct d'eux. On peut dire du Saint Esprit, comme du Père et du Fils: Il est Dieu. C'est pourquoi Pierre pouvait adresser à Ananias ces sérieuses paroles: «Pourquoi Satan a-t-il rempli ton coeur, que tu aies menti à l'Esprit Saint?… Tu n'as pas menti aux hommes, mais à Dieu» (Actes des Apôtres 5: 3, 4). Le Saint Esprit est donc une personne à qui l'on peut mentir, et il est Dieu. Dans plusieurs passages, il est nommé sur la même ligne, et en liaison avec le Père et le Fils (Comparez Matthieu 28: 19; 2 Corinthiens 13: 13; comparez aussi: 1 Corinthiens 12: 4-6). Il est le Saint Esprit, l'Esprit éternel (Hébreux 9: 14), l'Esprit de vérité (1 Jean 5: 6); c'est poussés par Lui que les saints hommes de Dieu de l'Ancien Testament ont parlé (2 Pierre 1: 21); oint par lui, le croyant sait toutes choses (1 Jean 2: 20); il est présent partout (Psaumes 139: 7 et suivants); sachant tout, il sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu (1 Corinthiens 2: 10); il prouve sa toute-puissance, par toutes sortes de signes et de miracles, et en vivifiant continuellement des pécheurs morts; par lui, Jésus, chassait les mauvais esprits (Matthieu 12: 28, etc.), et c'est lui qui agit dans l'assemblée et distribue des dons, comme il veut (1 Corinthiens 12: 4 et suivants), lui qui qualifie pour le service et envoie (Actes des Apôtres 13: 2-4, etc.).

Il règne souvent, parmi les croyants, de singulières idées sur la notion d'une personne. Beaucoup pensent qu'une personne doit nécessairement avoir aussi un corps, qu'un être incorporel ne peut donc pas être appelé une personne. Mais, un instant de réflexion seulement, montrera au lecteur que c'est une erreur. Si cette opinion était juste, Dieu le Père ne serait pas une personne, un ange non plus, même le Fils, avant son incarnation, ne l'aurait pas été. Une personne est un être vivant qui (en contraste avec un objet sans volonté et sans vie) a la conscience de son existence, pense, veut et agit. Notre personnalité est liée de la manière la plus intime avec notre corps; c'est pourquoi le croyant décédé, bien qu'il soit auprès du Seigneur, n'est pas complet; il se trouve dans un état transitoire, et ne parvient à la perfection, que lorsqu'il reçoit un nouveau corps, dans la résurrection. Lorsque le Saint Esprit descendit du ciel, il n'a pris aucune forme corporelle. Mais aussi vrai que le Fils est venu sur la terre, aussi vrai l'Esprit y est descendu, avec la différence seulement que le Fils revêtit la chair et le sang, et fut trouvé en figure, comme un homme, tandis que ce ne fut pas le cas du Saint Esprit (*), qui, par conséquent, ne pouvait ni être vu, ni être considéré. Le Seigneur dit aussi: «Le monde ne peut pas le recevoir, parce qu'il ne le voit pas, et ne le connaît pas» (Jean 14: 17). Mais, néanmoins, la troisième personne de la Trinité vint certainement et véritablement dans ce monde, après que le Fils l'eut quitté, et fut retourné vers son Père (Lisez Jean 14: 16, 26; 15: 26; 16: 7-15). Quoique invisible, l'Esprit agit, parle, envoie, dirige, instruit, témoigne, convainc, avertit, exhorte, prie, distribue des dons, appelle au ministère; il peut être déshonoré par des mensonges, être attristé, étouffé, éteint; il demeure dans les croyants pris individuellement, et dans un sens plus large, il demeure dans l'Assemblée, la maison de Dieu.

(*) S'il est descendu sur le Seigneur Jésus sous une forme corporelle, comme une colombe, et, le jour de la Pentecôte, sur les têtes des disciples rassemblés, sous la forme de «langues divisées comme de feu», c'étaient seulement des apparitions passagères qui, bien qu'ayant une profonde signification, comme nous le verrons plus tard, ne changent cependant rien à ce qui a été dit plus haut.

Nous répétons donc, Le Saint Esprit n'est nullement une influence, bien qu'il exerce une influence; il n'est pas non plus une émanation de Dieu, bien qu'il soit envoyé par le Père et par le Fils. Il est une personne. C'est ainsi qu'il s'est fait connaître déjà dans l'Ancien Testament par son action, quoiqu'il ne fût pas manifesté de la même manière, et, qu'avant tout, il n'habitât pas sur la terre.

Rassemblons maintenant, brièvement, quelques témoignages de l'Ancien Testament concernant son action. Déjà, à la première page de la Parole divine, nous lisons: «Et il y avait des ténèbres sur la face de l'abîme, et l'Esprit de Dieu planait (ou couvait) sur la face des eaux». Plus loin, au chapitre 6 de la Genèse, Dieu dit: «Mon Esprit ne contestera pas à toujours avec l'homme, puisque lui n'est que chair», et ainsi l'Esprit de Dieu contestait avec les hommes, pendant cent vingt ans avant le déluge. C'était lui, aussi, qui rendait Moïse capable de remplir son difficile ministère, qui remplissait Betsaléel de sagesse et d'intelligence, qui opérait en Josué. C'était lui qui donnait aux chantres consacrés des psaumes et des cantiques de louange, qui inspirait les saints prophètes et auteurs des écrits de l'Ancien Testament, de sorte qu'ils pouvaient dire: «Ainsi dit l'Eternel», ou, comme David. «L'Esprit de l'Eternel a parlé en moi, et sa Parole a été sur ma langue» (2 Samuel 23: 2). En un mot, l'Esprit de Dieu a manifestement rendu témoignage et opéré dans l'Ancien Testament. Son action était si claire et connue d'une manière si précise, que Dieu pouvait dire à Moïse: «J'ôterai de l'Esprit qui est sur toi, et je le mettrai sur eux» (les soixante-dix anciens) (Nombres 11: 17); que nous lisons au sujet de Josué, qu'il était «rempli de l'esprit de sagesse, car Moïse avait posé ses mains sur lui» (Deutéronome 34: 9); que David pouvait demander: «Ne me renvoie pas de devant ta face, et ne m'ôte pas l'esprit de ta sainteté» (Psaumes 51: 11), et qu'enfin le prophète Aggée pouvait crier au résidu du peuple juif, en ses jours, en le consolant de la part du Seigneur: «La parole selon laquelle j'ai fait alliance avec vous, lorsque vous sortîtes d'Egypte, et mon Esprit, demeurent au milieu de vous; ne craignez pas» (Aggée 2: 5).

Mais, quoique tout cela soit vrai, les croyants de l'Ancien Testament ne connaissaient cependant pas le Saint Esprit comme une personne particulière de la divinité, différente du Père et du Fils, aussi peu que la seconde personne de la divinité (le Fils) leur était connue comme telle. Ils connaissaient seulement le Dieu unique, et l'Esprit était pour eux l'Esprit de Dieu, l'Esprit de l'Eternel, la force qui opérait en Dieu et sortait de lui; ils ne savaient rien non plus d'un envoi ou d'une effusion du Saint Esprit.

De même, lorsque l'heure de la naissance du Seigneur Jésus approchait, et même pendant que Jésus était sur cette terre, «dans les jours de sa chair», l'Esprit de Dieu ne demeurait pas ici-bas, excepté dans le sens qu'il descendit sur le Fils de Dieu, pour l'oindre et le sceller, comme celui qui avait été engendré du Saint Esprit, dans le sein de Marie, et qui était né d'elle (Voyez Actes des Apôtres 10: 38; Matthieu 3: 16, 17; Jean 3: 34; 6: 27, etc.). Il opérait comme dans l'Ancien Testament, dirigeait les croyants, les remplissait quelquefois, parlait par eux, etc., mais il ne demeurait pas en eux. Cela était impossible, comme nous lisons: «L'Esprit n'était pas encore, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié» (Jean 7: 39).

Voici, mon cher lecteur, en peu de mots, la raison pour laquelle la merveilleuse bénédiction de laquelle Jésus avait parlé — «or, il disait cela de l'Esprit qu'allaient recevoir ceux qui croyaient en lui» — ne pouvait pas venir encore: Jésus n'était pas encore glorifié. Il n'était pas encore parti; et tant que cela n'avait pas eu lieu, le Consolateur ne pouvait pas venir vers les siens (Jean 16: 7). Le Fils de l'homme devait premièrement descendre dans les profondeurs de l'abaissement, il devait souffrir et mourir, il devait ressusciter et retourner au Père. L'oeuvre d'expiation devait d'abord être accomplie, et celui qui l'avait accomplie, devait avoir pris sa place là-haut, dans le sanctuaire, couronné de gloire et d'honneur. Alors, seulement, le Saint Esprit pouvait descendre pour faire sa demeure dans le croyant, et l'introduire dans la communion avec le Père et avec le Fils.

L'Esprit Saint pouvait venir sur Jésus, parce qu'il était l'Etre pur, sans tache et saint. Dieu le Père pouvait le sceller et l'oindre «du Saint Esprit et de puissance», à cause de la gloire immaculée de sa personne. Mais il n'en est pas ainsi de nous. Dieu ne peut pas nous donner son Saint Esprit sur la base de quoi que ce soit en nous ou de nous. Il le donne à ceux qui croient en Jésus Christ, qui sont lavés de leurs péchés dans le précieux sang de Christ. Il ne pouvait, assurément, déposer ce don — n'oublions pas que c'est un don! — dans des vases impurs. C'est pourquoi il les purifia et les rendit propres à recevoir un tel don. Le Père n'attacha pas non plus sa promesse à l'accomplissement de quelque condition que ce soit du côté de ses enfants; elle était inconditionnelle, son nom en soit béni éternellement! «Voici», leur dit Jésus, «moi, j'envoie sur vous la promesse de mon Père. Mais vous, demeurez dans la ville, jusqu'à ce que vous soyez revêtus de puissance d'en haut» (Luc 24: 49). A une autre place, nous lisons: «Il leur commanda de ne pas partir de Jérusalem, mais d'attendre la promesse du Père, laquelle, dit-il, vous avez entendue de moi; car Jean a baptisé avec de l'eau, mais vous, vous serez baptisés de l'Esprit Saint dans peu de jours». Et lorsque la promesse eut été exécutée, nous entendons Pierre dire: «Ce Jésus, Dieu l'a ressuscité, ce dont nous, nous sommes tous témoins. Ayant donc été exalté par la droite de Dieu, et ayant reçu de la part du Père l'Esprit Saint promis, il a répandu ce que vous voyez et entendez» (Actes des Apôtres 1: 4, 5; 2: 32, 33).

Que le lecteur veuille donc bien sérieusement considérer que le don du Saint Esprit, l'onction et le sceau de l'Esprit, le revêtement de force d'en haut, le baptême du Saint Esprit, — quoi qu'on ait dit ou écrit, ou qu'on puisse encore dire et écrire là-dessus, — tout cela n'est pas, d'après les expressions claires et non équivoques de la parole de Dieu, qui est la seule autorité valable, une chose que l'on doit obtenir par une fervente prière, et dont on ne peut devenir participant qu'après l'accomplissement de certaines conditions, mais plutôt un libre don de Dieu sans condition, qui sera la part de tout pécheur croyant en Christ simplement et sincèrement; et cela, comme il a été déjà dit, sur la base de l'oeuvre accomplie d'expiation de l'exaltation et de la glorification de Christ à la droite de Dieu. Toute gloire et tout honneur appartient à Dieu seul, à cet égard comme à tous égards, par Jésus Christ. Celui donc qui le fait dépendre de quelque manière que ce soit, de conditions à remplir du côté de l'homme, élève l'homme aux dépens de la gloire de Dieu et de son Oint. Il prétend pouvoir établir un terrain que le Saint Esprit peut reconnaître, et même sur lequel il doit répondre à ses prières.

Ici, l'on pourrait cependant objecter: N'est-il donc pas écrit: «Si donc vous, qui êtes méchants, vous savez donner à vos enfants de bonnes choses, combien plus le Père, qui est du ciel, donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent?» Dans tous les cas, cela est écrit; le Seigneur lui-même a prononcé ces paroles. Mais, remarquons d'abord en quel temps cela a eu lieu. Les disciples ne possédaient pas encore le Saint Esprit. Evidemment, ils étaient convertis, nés de l'Esprit; mais c'est quelque chose d'autre, que d'avoir reçu le don de l'Esprit. La conversion, ou la nouvelle naissance, précède le fait d'être scellé du Saint Esprit. Le don de l'Esprit est un privilège qui est encore ajouté à la possession de la nouvelle nature; sans lui, la communion avec le Père et le Fils est aussi impossible que l'introduction dans les profondeurs des pensées et des conseils de Dieu, que nous trouvons révélés dans le Fils de l'homme glorifié à sa droite. Comme Christ, là-haut, la tête, avec laquelle nous sommes unis comme son corps, peut être appelé le trait caractéristique du christianisme, de même le don du Saint Esprit en est le signe caractéristique ici-bas. Aucun de ces privilèges n'était connu jusqu'alors; personne n'en avait joui, ou ne pouvait en jouir, depuis que le monde existait. Mais, maintenant, les disciples étaient encouragés à le demander à leur Père céleste qui, sûrement, donnerait le Saint Esprit à ceux qui le lui demanderaient. Le temps était proche; le don merveilleux devait être accordé. Les disciples ont donc aussi, sans doute, prié pour ce don, et ils persévéraient dans la prière (comme nous le savons par Actes des Apôtres 1: 14), et même après que le Seigneur était mort et ressuscité; ils attendaient toujours la promesse du Père, et cela jusqu'à ce que le jour de la Pentecôte fût accompli. Mais, dès cette heure, leur attente cessa; aussi, ils ne le demandèrent plus, excepté dans un cas particulier pour d'autres. Nous ne trouvons plus, dans tous les écrits du Nouveau Testament, aucune exhortation à demander le Saint Esprit. Le message des apôtres au peuple était simplement: «Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés; et vous recevrez le don du Saint Esprit», par grâce, sans autre condition.

Après donc que la promesse du Père fut accomplie, une demande du don du Saint Esprit n'était plus à sa place. Il était là, prêt à établir sa demeure dans chaque croyant. Serait-ce donc aussi une chose inconvenante de demander une plus grande énergie de l'Esprit? Assurément non. Je puis demander, même je devrais demander avec persévérance et sérieux, d'être plus rempli du Saint Esprit, afin qu'il prenne pleine possession de mon âme, que le pouvoir et l'influence des choses extérieures disparaisse et qu'il puisse opérer en moi avec une force qui ne soit ni troublée, ni entravée; mais, je le répète, ce n'est pas une demande du Saint Esprit, ce n'est ni un baptême de l'Esprit, ni une effusion de l'Esprit.

Mais, que veut dire Jean le Baptiseur, quand il dit, en montrant Jésus: «Il vous baptisera du Saint Esprit et de feu»? Nous en parlerons dans le chapitre suivant.

 

NB

Si quelque chose n’était pas clair pour le lecteur de ce message, qu’il n’hésite pas à poser des questions à ce sujet à l’adresse bible@beauport.eu

Claude Beauport