Vous parlez de
cœur, mais de quel cœur parlez-vous ?
« Nos cœurs » par Paul Fuzier
paru dans le Messager Evangélique de
1949 p. 316
Remarque
préliminaire de l’éditeur
Lorsque l’on parle de cœur,
il en s’agit pas d’expressions émotives de notre cœur naturel, mais du secret
le plus profond de nous-mêmes (comme le cœur d’un arbre), et c’est à ce
niveau-là, dans le cœur alors renouvelé, celui du nouvel homme, lors de sa
naissance (forcément la nouvelle) que se développent de vraies et sincères
affections pour le Seigneur Jésus !
Beaucoup de
prédicateurs ne font pas cette différence importante, ce qui conduit les âmes
dans une légèreté coupable ! Cette méditation du frère Paul Fuzier aidera
les âmes à mieux comprendre le message divin, et non seulement le comprendre,
mais le laisser pénétrer dans le fond du cœur, afin de produire du fruit pour
Dieu.
« Le cœur est trompeur par
dessus tout, et incurable : qui le connaît ? Moi, l’Éternel,
je sonde le cœur, j’éprouve les
reins ; et cela pour rendre à chacun selon ses voies, selon le fruit de
ses actions » (Jérémie 17 v.9-10).
L’homme ne connaît pas son cœur. Il constate le mal qui règne autour de lui dans ce monde ; il ira
parfois jusqu’à discerner, dans une certaine mesure, celui qu’il accomplit
lui-même, mais il ne comprend pas que tout cela provient d’une
source mauvaise et corrompue :
le cœur. Alors qu’Il
était sur la terre, le Seigneur l’a enseigné à ses disciples : « Car du cœur viennent les mauvaises pensées, les
meurtres, les adultères, les fornications, les vols, les faux témoignages, les
injures... » — sept manifestations de ce qu’est le cœur de l’homme (Matthieu. 15:19 ; voir aussi Marc 7:21-22). L’homme acceptera d’accomplir les rites d’une religion, de se soumettre
à toutes sortes de cérémonies, mais
il n’aime pas qu’on lui dévoile
l’état de son cœur. À plus
forte raison ne peut-il accepter de reconnaître que son mauvais cœur est
« incurable » ! S’il veut bien convenir, généralement, que tout
n’est pas parfait en lui, il est convaincu cependant qu’il y a de bonnes
choses dans son cœur et il déploie souvent de méritoires efforts pour
essayer de les mettre en valeur, pour améliorer le « vieil
homme ».
Dieu s’adresse à
celui qui est ainsi aveuglé quant à son état, mais désire pourtant se bien
conduire. Il parle à
la conscience : « Jetez loin de vous toutes vos transgressions dans
lesquelles vous vous êtes rebellés,
et faites-vous un cœur
nouveau et un esprit
nouveau » (Ézéchiel
18:31). Ce n’est pas encore
l’appel de la grâce. Dieu déclare, en quelque sorte, à celui qui espère devenir
meilleur, que son cœur étant mauvais
et incurable, il ne pourra faire le bien qu’avec un cœur nouveau et Il
le met à l’épreuve : fais-toi un cœur nouveau !
Hélas ! la chose est impossible à
l’homme le plus honnête et le plus décidé à plaire à Dieu. Il
faut une œuvre divine opérée
dans le cœur !
Des épreuves sont parfois dispensées afin
que l’homme devienne accessible
au message de la grâce :
« Le cœur est rendu meilleur par la tristesse du
visage » (Ecclésiaste 7:3). Cela ne veut pas dire que le cœur de l’homme peut
être amélioré, mais que l’on peut parler plus facilement à celui qui est
affligé ; dans « la maison de deuil » on est, la plupart du
temps, disposé à écouter. Le cœur a été préparé par Dieu pour recevoir sa Parole : ce ne
sont plus les trois premiers terrains de la parabole — chemin, roc ou épines —
dans lesquels la semence ne peut produire aucun fruit, c’est « la bonne
terre », préalablement labourée. « Ce qui est dans la bonne terre, ce sont ceux qui, ayant
entendu la parole, la retiennent dans un cœur honnête et bon,
et portent du fruit avec patience » (Luc 8 v.4 à 15). Dieu prépare, puis
Il ouvre le cœur pour que la Parole soit reçue, comme Il le fit
autrefois pour Lydie : « Et une femme, nommée Lydie... écoutait ;
et le Seigneur lui ouvrit le cœur, pour
qu’elle fût attentive aux choses que Paul disait » (Actes 16:14).
La Parole, ainsi reçue dans le
cœur, agit pour y accomplir
une œuvre divine. C’est une Parole « vivante et opérante, et plus
pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants... » (Hébreux 4:12). Elle amène l’homme à discerner l’état de son cœur, à comprendre l’incapacité dans laquelle il se trouve de l’améliorer, de se faire
« un cœur nouveau », et, « rejetant toute
saleté et tout débordement de malice », il reçoit alors « avec douceur la parole implantée qui a
la puissance de sauver son âme » (Jacques 1:21).
L’œuvre
de la nouvelle naissance est
ainsi accomplie par la
Parole et l’Esprit de
Dieu : « et je répandrai sur vous des
eaux pures... Et je vous donnerai un cœur nouveau... et je mettrai mon
Esprit au dedans de vous » (Ézéchiel 36:25 à 27 ; cf. Jean 3:5 : « Si quelqu’un
n’est né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer
dans le royaume de Dieu », voir aussi Ézéchiel 11:19).
Avec ce cœur nouveau, Dieu est véritablement
connu : « Et je leur donnerai un cœur pour me connaître... » — et craint :
« et je leur
donnerai un seul cœur, et une seule voie, pour me craindre tous les jours... » (Jérémie 24:7 ; 32:39).
C’est alors
que commence la vie chrétienne.
Dans les jours
actuels — conséquence, peut-être, du développement des études — l’intellectualisme
fait çà et là d’inquiétants progrès : par sa propre intelligence, l’homme voudrait entrer dans les choses de Dieu, il
s’efforce à les comprendre et prétend les
expliquer, ignorant
que Dieu « a caché ces choses aux sages et aux intelligents » et que « personne ne connaît les choses de Dieu... si
ce n’est l’Esprit de Dieu » (Matthieu 11:25 ; 1
Corinthiens 2:11, lire tout ce chapitre).
Par l’œuvre de la nouvelle naissance, Dieu
renouvelle notre entendement (Romains 12:2) et nous donne une intelligence
orientée tout autrement que l’intelligence naturelle : la « pure intelligence » de 2
Pierre 3:1, par le moyen de laquelle le Saint Esprit nous fait entrer dans la
connaissance des « choses de Dieu » afin que nous
puissions vivre le christianisme. Remarquons bien que la « pure intelligence » nous
est donnée à la suite d’un travail opéré par Dieu dans le cœur et la conscience ;
ensuite, que son développement est lié à l’état du cœur.
Si,
par exemple, un croyant a le cœur rempli des choses de la terre, son intelligence spirituelle ne se développera guère ; s’il est dans un mauvais état, si son cœur
« s’égare » (cf. Psaumes 95:10), il pourra être, comme le peuple d’Israël,
l’objet du gouvernement de Dieu (Ésaïe 6:9-10 ; Matthieu 13:13-15 ; Marc 4:11-12 ; Jean 12:39-40 ; Actes 28:26-27) et la Parole sera sans
doute un livre fermé pour lui
jusqu’à ce qu’il soit restauré.
Le christianisme, s’il est affaire d’entendement, est donc par-dessus
tout affaire de cœur (cf. Romains 10:10). Il faut le souligner, car la chair agissant en lui peut
conduire le croyant lui-même à s’occuper des choses de Dieu sans que son cœur soit vraiment exercé. C’est un état très dangereux : les
vérités de la Parole sont alors connues par l’intelligence, mais n’opèrent
pas dans le cœur. Une connaissance intellectuelle des Écritures ne suffit pas, c’est la
connaissance du cœur qui enrichit et dont les fruits sont manifestés
dans la vie pratique.
Pour tout ce qui
concerne le chemin du croyant ici-bas,
c’est le cœur qui doit être en exercice, ce sont les
affections pour Christ qui
doivent être le mobile de
toutes les actions. Christ est mort pour nos péchés,
Il a été ressuscité pour notre justification, Il est maintenant glorifié dans
le ciel. Morts et ressuscités avec Lui, nous sommes
exhortés à « chercher les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu », à « penser aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui
sont sur la terre » (Colossiens 3:1-2). Nous le réaliserons pratiquement si
Christ est l’objet de nos cœurs, notre seul
trésor. « Car là où est votre trésor, là sera aussi votre cœur » (Luc
12:34 ; voir aussi Matthieu
6:21).
Toute la vie du
croyant montrera si les affections du cœur sont dirigées vers Christ ou vers
d’autres objets. Combien
donc est essentielle l’exhortation si souvent rappelée : « Garde ton
cœur plus que
tout ce que l’on garde, car de
lui sont les issues de
la vie » (Proverbes 4:23). Si notre cœur est gardé pour Christ, si nos affections sont concentrées
sur sa Personne, les « issues » ou les « résultats » de notre vie seront à sa gloire. Une vie ruinée, des «résultats» désastreux, ne sont-ils pas la conséquence du fait que le
cœur n’a pas été gardé ? Les versets qui
suivent celui que nous venons de citer, dans le chapitre 4 du Livre des Proverbes, se rapportent à la
marche. Certes, pour marcher fidèlement, le croyant a besoin d’être
attentif à ces exhortations : « que tes yeux regardent
droit en avant, et que tes paupières se dirigent droit devant toi. Pèse le chemin de tes pieds, et que toutes tes voies
soient bien réglées. N’incline ni à droite ni à gauche ; éloigne ton pied du mal » (v. 25 à 27). Mais
n’est-il pas remarquable qu’en premier lieu la Sagesse dise au fils qu’elle a engendré : « Garde ton
cœur... » ? Avant de regarder à
nos pieds, il est nécessaire
de regarder à notre cœur ! Si nous perdons cela de
vue, nous serons en grand danger de broncher ou de nous écarter du droit chemin.
La prospérité matérielle — que Dieu peut nous accorder
afin que nous ayons le privilège d’employer pour Lui ce qu’Il nous a confié — est
souvent un piège pour
le croyant. Le cœur s’attache
facilement aux richesses et souvent à un point tel qu’il en devient l’esclave. Quand toute la vie du
chrétien est gouvernée par l’acquisition, la conservation et l’accroissement
des richesses, les « issues » ne seront guère à la gloire du
Seigneur. « Si les biens augmentent, n’y mettez pas votre cœur » (Psaume 62:10). Christ est « notre richesse, notre seul vrai bonheur », Il est
le seul objet digne de
captiver et de remplir nos cœurs !
Ne nous fions pas aux apparences ! Nous nous en contentons trop souvent. Elles peuvent tromper nos frères, les hommes qui
nous entourent, peut-être nous illusionner nous-mêmes, mais ne tromperont
jamais Celui qui regarde au cœur. Le vrai christianisme n’est pas fait d’apparences et ne
s’en satisfait pas. « L’homme regarde à l’apparence extérieure, et l’Éternel regarde au cœur » (1 Samuel 16:7). C’est à Dieu que
nous avons affaire et, avant tout, c’est devant Lui qu’il faut marcher, avec
un cœur droit.
Un chrétien fidèle hait
ce que Dieu hait et aime ce qu’Il aime. Pour le réaliser pratiquement, il rencontre deux obstacles, l’un extérieur, l’autre intérieur : le monde et son propre cœur. Le monde n’est pas
toujours hostile, il présente ce que le cœur convoite
et désire ; il offre
parfois un caractère attirant ; mais celui dont le cœur est attaché à Jésus le considérera — quel que soit l’aspect
qu’il revête — comme le monde
qui a rejeté Christ et l’a crucifié. Notre cœur
naturel est toujours
le même, car la chair est
toujours en nous et son
caractère n’a jamais changé et ne
changera jamais. Aussi
avons-nous besoin de demander sans cesse : « Sonde-moi, Ô Dieu,
et connais
mon cœur... » (Psaume 139:23-24). Dieu seul connaît
notre cœur, nos pensées les plus secrètes, les mobiles de nos actes, et peut nous arrêter s’il y a en nous « quelque
voie de chagrin » et nous conduire « dans la voie éternelle ».
Pour le faire, Il nous discipline. Alors
qu’Israël allait atteindre le pays de la promesse. Moïse lui déclara :
« Et tu te
souviendras de tout le chemin par lequel l’Éternel, ton
Dieu, t’a fait marcher ces quarante ans, dans le désert, afin
de t’humilier et de t’éprouver, pour connaître ce
qui était dans ton cœur, si tu garderais ses commandements ou
non. » (Deutéronome 8:2). Dans un désert, il n’y a ni chemin ni ressources. Ce monde est tel pour le croyant. Mais il expérimente que
Dieu y a pour lui un chemin et des ressources mises à sa
disposition. Ce sont les soins variés de sa grâce ! — La discipline en fait partie. Elle est dispensée pour manifester l’état de notre cœur ! — Ce chemin, dans lequel Israël avait à marcher,
devait montrer s’il garderait les commandements de l’Éternel ou non,
et par conséquent mettre au jour ce
qu’il y avait dans son cœur. Nous retrouvons
ici la même pensée que celle contenue dans d’autres passages : l’obéissance
pratique manifeste l’état
du cœur — et il faut d’abord veiller
sur son cœur afin de pouvoir ensuite marcher fidèlement. La discipline que Dieu nous envoie a
un autre résultat : elle nous
conduit à nous rejeter sur Christ, elle
nous le fait désirer ; Dieu a humilié le peuple, lui a fait avoir faim, afin de lui faire manger la manne...
(Deutéronome 8:3).
Pour garder ses
commandements, il faut d’abord les
connaître, et cette
connaissance est liée à l’état du cœur. Le roi Salomon
n’avait pas demandé une oreille qui écoute, mais « un cœur qui écoute » (1 Rois 3:9).
Si
la Parole entendue ne pénètre pas jusqu’à notre cœur pour y opérer et y former nos affections
pour Christ, il n’y aura pas de résultats produits
dans notre marche. « Mon fils, n’oublie pas mon enseignement,
et que ton
cœur garde mes commandements
... que la bonté et la
vérité ne t’abandonnent pas ; lie-les
à ton cou, écris-les sur la tablette de ton cœur » (Proverbes 3:1-3). Pour que nous puissions entrer dans la connaissance de ce que Dieu veut
nous révéler, il est nécessaire que « les yeux de notre cœur soient éclairés » (Éphésiens 1:18). Il serait facile de multiplier les passages qui nous
montrent que, pour comprendre la Parole et pour la mettre en pratique, il faut
qu’elle ait pénétré dans le cœur. « Et ces paroles que je te
commande aujourd’hui seront sur ton cœur... » (Deutéronome 6:6). Ce que cherche l’oreille, c’est le cœur qui l’acquiert : « Le cœur de l’homme
intelligent acquiert la connaissance, et l’oreille des sages cherche la
connaissance » (Proverbes 18:15).
Bien des faux
docteurs essayent de séduire les âmes (cf. 2 Timothée 2:16 à 18 ; 4:3-4). Ils y réussissent souvent lorsqu’il
n’y a qu’une connaissance
intellectuelle des Écritures,
car elle fait en réalité obstacle
au vrai développement spirituel
et maintient l’âme dans un
état d’enfance ; les
« petits enfants » sont « ballottés et emportés çà et
là par tout vent de doctrine
dans la tromperie des hommes,
dans leur habileté à user de voies détournées pour égarer... » Tandis qu’au contraire,
leurs efforts sont vains chaque fois qu’il y a la connaissance du cœur :
« ... mais que, étant
vrais dans l’amour, nous croissions en toutes
choses jusqu’à lui qui
est le chef, le Christ » (Éphésiens 4:14-15). Israël était
invité à refuser d’écouter les faux prophètes et songeurs de songes qui
engageaient le peuple à aller « après d’autres
dieux », et il est ajouté :
« car l’Éternel,
votre Dieu, vous éprouve, pour savoir si
vous aimez l’Éternel, votre Dieu, de tout votre cœur et de
toute votre âme » (voir Deutéronome 13:1 à 5). Ne le perdons pas de vue, la présentation de fausses doctrines — soit
par des orateurs après lesquels on
court parce qu’ils parlent bien,
soit par tant de ces « bonnes
lectures » qui contiennent un peu de bon mais beaucoup de mauvais — est une épreuve pour nos cœurs. Un cœur
fidèle s’en
détournera résolument, refusera d’aller entendre ou de lire ce qui n’est
pas « le sain enseignement »,
tandis qu’un christianisme
purement intellectuel recherchera un peu partout ce qui peut séduire l’esprit et sera en
grand danger d’aller ainsi « après d’autres dieux ».
L’objet de notre
« recherche », ce n’est pas ce qui a pu être écrit ou ce qui peut
être dit, ici ou là, dans le but de trouver des pensées nouvelles, des
explications subtiles, une argumentation savante — l’objet de notre recherche, c’est Christ. Et c’est le cœur qui cherche Christ ! « Tu le trouveras, si tu le cherches de tout
ton cœur et de toute ton âme » (Deutéronome 4:29). « Bienheureux ceux qui gardent ses témoignages, qui
le cherchent de tout leur cœur » (Psaume 119:2). C’est là seulement qu’est le
secret du bonheur pour le croyant, le
secret de la joie : « que le cœur de ceux qui cherchent l’Éternel se
réjouisse ! » (Psaume 105:3). Le Saint Esprit nourrit
nos âmes de Christ, développe nos affections pour Lui, fortifie en puissance notre homme intérieur, afin que « le Christ habite, par la foi, dans nos cœurs » (Éphésiens 3:16-17). Le croyant fidèle s’attache à Lui parce qu’il a appris à le
connaître ; il l’a cherché
de tout son cœur et le Saint Esprit, pouvant
opérer sans qu’il y ait d’obstacle
à l’exercice de son activité, a placé cette Personne comme objet, dans le cœur de celui qui ne désirait que
cet objet. Barnabas exhortait les chrétiens d’Antioche — et
« les
exhortait tous » — « à demeurer attachés au
Seigneur de tout leur cœur » (Actes 11:23). Ce n’est pas l’intelligence naturelle qui attache au Seigneur,
ce sont les liens du cœur.
Nous l’avons déjà
remarqué, il faut d’abord un
cœur où tout est en ordre
et dans lequel il y a des affections
toujours fraîches pour Christ,
si nous voulons pouvoir réaliser une vie pratique qui plaise au Seigneur. En parlant de son peuple terrestre — il faut
souvent revenir à son histoire, car elle est riche d’enseignements pour nous — l’Éternel
disait à Moïse : « Oh ! s’ils avaient toujours ce cœur-là pour me craindre et pour garder tous mes commandements, afin
de prospérer, eux et
leurs fils, à toujours ! » (Deutéronome 5:29). La Parole, serrée
dans le cœur, et non dans la
tête seulement, la marche sera caractérisée par l’obéissance à la volonté de Dieu : « J’ai caché ta parole dans mon cœur, afin que je ne pèche pas contre toi » (Psaume 119:11). Le péché, c’est la propre volonté. Pour accomplir sa volonté en nous, Dieu est souvent obligé de briser la nôtre dans nos
cœurs. « Bienheureux... ceux dans
le cœur desquels sont les chemins frayés » (Psaume 84:5). Un chemin frayé est un chemin duquel tout obstacle a été ôté. Dieu opère
dans nos cœurs pour les débarrasser de tout ce qui nous empêcherait d’être
soumis à sa volonté, pour y « frayer des
chemins ». S’il faut alors traverser la vallée de Baca, l’âme, heureuse
au travers des larmes, pourra dire dans une mesure ce que
notre parfait Modèle a exprimé tandis qu’Il cheminait ici-bas :
« Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon devant toi ». — En Lui, il n’y
avait que des « chemins frayés » ! Prendre son joug, apprendre
de Lui, pour trouver le repos de l’âme, dans une soumission paisible et
confiante à la volonté du Père, sans qu’il y ait dans le cœur aucune propre volonté, permettra
au croyant éprouvé de faire de
la vallée de Baca une fontaine et d’y recueillir la pluie de
bénédictions (Psaume 84:6 ; Matthieu 11:26-29).
Dans ce chemin, Christ, homme parfaitement dépendant, a été le parfait Serviteur (Matthieu. 11). Nous sommes aussi appelés à servir et un service fidèle ne
peut être rempli que dans la
dépendance, sans aucune
propre volonté et par un cœur qui aime. Samuel disait au peuple d’Israël :
« Servez l’Éternel de tout votre cœur...
craignez
l’Éternel, et servez-le en vérité,
de tout votre cœur ;
car voyez quelles grandes choses il a faites pour vous » (1 Samuel 12:20-24). La règle générale
du service chrétien demeure celle donnée par l’apôtre aux Colossiens : « Quoi que vous fassiez, faites-le de cœur comme
pour le Seigneur... : vous servez le Seigneur Christ » (Colossiens 3:23-24). Quel dévouement que
celui de Néhémie pour Jérusalem, pour rebâtir les murailles, pour surmonter les
obstacles que les ennemis du dehors et du dedans plaçaient devant lui, pour
continuer son service jusqu’au bout ! C’était
Dieu qui lui avait « mis au cœur » de le faire ! (Néhémie 2:12). La sainte activité
qu’il déploie, l’énergie qu’il manifeste en tant de circonstances découlent
de ses affections pour son Dieu !
Amour pour Dieu,
amour pour les enfants de Dieu ne sont pas le fruit d’une connaissance
intellectuelle de la Parole, mais d’un
cœur qui vibre pour Christ. La loi donnée
à Israël réclamait l’amour du
cœur : « Tu aimeras l’Éternel, ton
Dieu, de tout ton cœur... » (Deutéronome 6:5) et « la juste exigence de la loi » (Romains 8:4) est maintenant accomplie en nous, Dieu ayant donné son Fils pour nous
délivrer et ayant
opéré dans nos cœurs une œuvre
en vertu de laquelle nous sommes nés de nouveau et possédons une nature divine, la nature même du Dieu d’amour. « Ayant purifié vos âmes par l’obéissance à la
vérité,... aimez-vous l’un l’autre ardemment, d’un cœur pur, vous
qui êtes régénérés, non
par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la vivante et permanente
parole de Dieu » (1 Pierre 1:22-23). C’est cette
nouvelle nature qui peut
seule nous faire aimer
Dieu et les frères. C’est le cœur qui aime, et non la tête !
Une parenthèse.
Nous avons cité maints passages du livre du Deutéronome (et il en est bien
d’autres encore). Il vaut la peine de remarquer pourquoi il est si souvent
question du cœur, dans ce livre : le Deutéronome présente l’obéissance comme
la condition nécessaire pour entrer dans la jouissance des bénédictions
que Dieu veut accorder à son peuple ; cette obéissance n’est possible que si
le cœur est touché, si les
affections sont en exercice. Répétons-le encore : nous
marcherons fidèlement dans la mesure dans laquelle notre cœur sera rempli de Christ. Israël
devait le réaliser pour jouir de Canaan, nous devons le réaliser aujourd’hui pour jouir de la part céleste qui est la nôtre, pour vivre en ressuscités.
Cette marche fidèle est celle
d’un homme qui se confie en Dieu
et la confiance qui l’honore est celle
du cœur : « Confie-toi de tout ton cœur à l’Éternel, et ne t’appuie pas sur ton intelligence » (Proverbes 3:5). La confiance conduit à la dépendance, car on aime dépendre de
quelqu’un en qui on peut se confier sans réserve, de tout
son cœur. La dépendance s’exprime par la prière :
le cœur se tourne vers Dieu et, dans toutes les circonstances, même les plus difficiles, attend
de Lui la direction et le secours. « Je t’ai imploré de tout mon cœur : use de grâce envers moi selon ta parole ». — « J’ai crié de tout mon cœur ; réponds-moi, Éternel ! j’observerai tes statuts » (Psaume 119:58, 145). Quelle joie dans le cœur de celui qui dépend de Dieu et se confie en
Lui ! « Car notre cœur se réjouira en lui, puisqu’en son saint nom nous avons mis notre confiance » (Psaume 33:21). N’est-Il pas digne de notre confiance Celui dont la puissance est infinie (Psaume 33 :6 à 11) et l’amour insondable ?
(Psaume 33 :18 à 21). Il manifeste cette
puissance et cet amour
envers ceux « qui sont d’un cœur parfait envers lui » : « car les yeux de l’Éternel parcourent toute la terre, afin
qu’il
se montre fort en faveur de ceux qui
sont d’un cœur parfait envers lui » (2 Chronique 16:9). « Mon bouclier est par devers Dieu qui sauve ceux qui sont droits de cœur » (Psaume 7:10).
Israël n’a pas su réaliser cette marche
dans la dépendance, se confiant en Celui qui l’avait délivré du pays
d’Égypte et voulait le conduire tout
le long du chemin jusqu’au moment où Il l’introduirait en Canaan. Aussi l’Éternel
dut dire de lui : « Quarante ans, j’ai eu cette génération en
dégoût, et j’ai dit : c’est un peuple dont le cœur s’égare, et ils n’ont point connu mes voies » (Psaume 95:10).
Nous l’avons vu, la
bénédiction promise avait pour condition l’obéissance, et pour que cette obéissance fût possible, le cœur du peuple devait être gardé. C’est parce que son cœur s’est égaré qu’Israël
n’a pas connu « les voies »
de l’Éternel et n’a pu entrer
dans son repos (v. 11). Le cœur est à la source ! Ces choses sont
écrites pour nous
servir d’instruction !
(Rom. 15. 4 ; 1 Cor. 10:11 : voir Héb. 3 et 4). Si même il
y avait quelque apparence, le Seigneur ne s’arrête pas aux apparences, Il
voit ce qui est dans le cœur. Ne le discernait-Il pas quand Il était ici-bas,
disant à son peuple : « Ésaïe a bien prophétisé de vous, disant : ce peuple m’honore des lèvres, mais leur cœur est fort éloigné de moi... » (Matthieu 15:7-8 ; Ésaïe 29:13).
Aussi, dans
l’œuvre de restauration qu’Il veut accomplir, c’est au cœur que le Seigneur s’adresse. Il le fera
plus tard à l’égard d’Israël, caractérisé par un cœur « fort éloigné de lui » : « je lui parlerai au cœur » (Osée 2:14 et suivants). Quand le
cœur du peuple sera touché, sa restauration s’accomplira, car le cœur est le chemin de la conscience.
Déjà, dans
l’histoire passée du peuple, lorsque l’arche était perdue, à Kiriath-Jéarim, dans la maison d’Abinadab
ensuite, Samuel avait parlé ainsi : « Si de tout votre cœur vous retournez à l’Éternel, ôtez du milieu de vous les dieux étrangers, et les Ashtoreths, et attachez
fermement votre cœur à l’Éternel, et servez-le lui seul. » (1 Samuel 7:3).
Plus tard, lors de la dédicace du temple. Salomon, considérant la
fin de l’histoire d’Israël comme peuple responsable, demandait à
l’Éternel « S’ils ont péché contre toi (car il n’y a point d’homme qui ne pèche), et que
tu te sois irrité contre eux, et que tu les aies livrés à l’ennemi,
et qu’ils les aient emmenés captifs dans le pays de l’ennemi... et s’ils
reviennent à toi de tout leur cœur et de
toute leur âme... alors, écoute...
leur prière et leur supplication... et pardonne à ton peuple... » (1 Rois 8 : 46 à 53). L’humiliation vraie
et sincère, c’est celle du cœur
et non celle des lèvres seulement.
« Ainsi, encore maintenant, dit l’Éternel, revenez
à moi de tout votre cœur, avec
jeûne, et avec pleurs,
et avec deuil ; et déchirez
vos cœurs et non vos
vêtements... » (Joël 2:12-13).
Ce qui
caractérisait, dans les premiers jours de l’histoire de l’Église,
« la multitude de ceux qui avaient cru », c’est qu’ils étaient
« un cœur
et une âme » (Actes 4:32). Leurs
affections étaient concentrées sur un même objet, c’est pourquoi — comme les Philippiens y seront
plus tard exhortés — ils avaient
« une même pensée... un même amour », étaient « d’un même sentiment, pensant à une seule
et même chose » (Philippiens 2:2). « Toutes choses étaient communes entre eux ». Quel est aujourd’hui, hélas ! l’état de la chrétienté ? La maison de Dieu sur la terre est devenue « une grande maison », dans
laquelle se trouvent des vases, « les uns à honneur, les
autres à déshonneur ». Le fidèle est
exhorté à se purifier de ceux-ci,
à fuir les convoitises de la jeunesse — c’est-à-dire à se séparer de tout mal doctrinal et moral —
et, sur ce terrain de séparation, à poursuivre le bien, « la justice, la foi,
l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un
cœur pur » (2 Timothée 2:19-22). Un cœur qui n’a
d’autre motif que plaire au Seigneur est un cœur « pur ». Il ne s’agit par
conséquent pas seulement d’avoir
compris, saisi par
l’intelligence, le caractère de la chrétienté aujourd’hui, la
position que doit observer le fidèle et le terrain sur lequel il peut se
joindre à d’autres, mais il importe essentiellement d’avoir des affections engagées avec le Seigneur, un « cœur pur ». Comment discerner
ceux qui ont un « cœur pur », avec
lesquels nous pouvons nous grouper ? D’aucuns
prétendent que la chose est impossible, qu’il ne nous appartient pas de juger
des cœurs... Mais Dieu nous donnerait-Il, dans sa Parole, une instruction que nous ne pourrions suivre ? Ce que nous avons déjà remarqué
nous permet de comprendre comment nous pouvons reconnaître ceux qui ont un
« cœur pur » : c’est par l’obéissance à Dieu, à sa Parole, qu’est manifesté
l’état du cœur fidèle.
2 Timothée 2:22 réalisé, les joies du rassemblement autour du Seigneur sont alors
goûtées, malgré la ruine de
l’Église responsable, malgré notre si grande faiblesse. Nous pouvons nous approcher,
entrer par la foi dans le ciel même, « avec un
cœur vrai », pour adorer (Hébreux 10:19-22). C’est avec un cœur
vrai que le croyant s’approche, avec un cœur rempli qu’il adore ! Déjà, la chose était réalisée, au moins dans une
certaine mesure, sous l’ancienne alliance, par le peuple (Exode 35:21) — par David et le peuple (1 Chroniques 29:9 et 17) — par les lévites, lors du réveil d’Ézéchias (2 Chroniques 29:34). Ce dernier passage, en particulier, est plein
d’instruction pour nous. « Il y avait trop peu de
sacrificateurs... ». N’est-ce pas souvent le cas dans les réunions
d’assemblée pour le culte ? « De l’abondance du cœur la bouche parle » (Matthieu 12:34 ; Luc 6:45). Y aurait-il donc si peu
« d’abondance » dans le cœur qu’il y ait tant de bouches
fermées ? — Celle du Psalmiste ne l’était pas, parce que son cœur brûlait au
dedans de lui : « Mon cœur bouillonne d’une bonne parole ; je dis ce que j’ai composé au sujet du roi ; ma langue est le style d’un écrivain habile » (Ps.
45:1). Aux jours d’Ézéchias, les
sacrificateurs (ou adorateurs) étant trop peu nombreux, les lévites (type des
ministères ou dons dans l’assemblée) durent leur venir en aide ; ils furent
« plus droits de cœur que les sacrificateurs pour se sanctifier ».
Nous avons cité de
nombreux passages de la Parole qui suffisent certainement pour nous faire
comprendre l’importance du sujet que nous venons de considérer. Mais il en est
bien d’autres encore sur lesquels nous aurions pu nous arrêter avec profit.
Cherchons-les individuellement dans les Écritures. Dieu veuille que la lecture
et la méditation de ces diverses portions de sa Parole nous soient en
bénédiction, réveillent les affections de nos cœurs pour
Christ, nous fassent toujours mieux saisir et réaliser que le
christianisme est avant tout affaire
du cœur.
Nous
ne voudrions pas terminer autrement qu’en rappelant la parole de la Sagesse
à celui qu’elle a engendré et qu’elle veut instruire — ce que le Seigneur demande à chacun de nous à qui Il a tant donné
« Mon fils, donne-moi ton cœur » (Proverbes 23 v.26).
Rappel de la
remarque préliminaire de l’éditeur
Lorsque l’on parle de cœur, il en s’agit pas d’expressions
émotives de notre cœur naturel, mais du secret le plus profond de nous-mêmes
(comme le cœur d’un arbre), et c’est à ce niveau-là, dans le cœur alors
renouvelé, celui du nouvel homme, lors de sa naissance (forcément la nouvelle)
que se développent de vraies et sincères affections pour le Seigneur
Jésus !
Beaucoup de prédicateurs ne font pas cette différence
importante, ce qui conduit les âmes dans une légèreté coupable ! Nous
espérons, que la lecture de cette méditation du frère Paul Fuzier aura aidé le
lecteur à mieux comprendre le message divin, et non seulement le comprendre,
mais le laisser pénétrer dans le fond du cœur, afin de produire du fruit pour
Dieu.