Traduction de réunions tenues sur le thème :
L’épître à Philémon
Conférences bibliques par Arend
Remmers
Traduction depuis réunions
1 & 2 audio diffusées par le
site www.audioteaching.org
Par Arend Remmers
Lecture : La lettre à Philémon, versets 1 à 7
1 Paul, prisonnier de Jésus Christ, et le frère
Timothée, à Philémon, le bien-aimé et notre compagnon d’œuvre, 2 et à la sœur Apphie,
et à Archippe notre compagnon d’armes, et à
l’assemblée qui [se réunit] dans ta maison : 3 Grâce et paix à vous, de la part de Dieu notre Père et du
seigneur Jésus Christ !
4
Je rends grâces à mon Dieu,
faisant toujours mention de toi dans mes prières, 5 apprenant l’amour et la foi que tu as envers le seigneur Jésus et
pour tous les saints ; 6 en sorte
que ta communion dans la foi opère en reconnaissant tout le bien qui est en
nous à l’égard du christ Jésus. 7
Car nous avons une grande joie et une grande consolation dans ton amour, parce
que les entrailles des saints sont rafraîchies par toi, frère.
Il y a dans le Nouveau Testament, outre les épîtres adressées à des
assemblées, 6 épîtres envoyées à des personnes particulières par l'apôtre Paul
à Timothée, Tite et Philémon et par Jean à la dame élue et à Gaius, qui se
différencient des autres. L'apôtre a un certain sujet devant lui sur lequel il
désire attirer l'attention de son interlocuteur. Par exemple dans Timothée, il
veut en tout 1er lieu insister sur le juste comportement du croyant
dans la maison de Dieu, colonne et soutien de la vérité, puis dans l'état de
décadence, dans Tite, il s'agit de l'ordre à l'intérieur de l'assemblée, des
services des anciens.
L'épître à Philémon a un but privé : Paul, emprisonné à Rome écrit
à son ami et frère qui habitait Colosses, on peut le déduire en lisant les
salutations qu'il nomme des frères que nous retrouvons à la fin de l'épître aux
Colossiens.
Philémon avait un esclave qui s'était enfui, s'était converti à Rome et
que Paul renvoie à son maître. Pourquoi une telle épître, inspirée par l'Esprit
de Dieu nous a-t-elle été conservée ? Parce que nous apprenons mieux par
des exemples pratiques et concrets que par la théorie. Les vérités de la Parole
de Dieu ne sont pas théoriques, elles doivent être traduites dans la pratique.
La Parole de Dieu est la vérité, indépendamment de la façon dont je la mets en
pratique. La grande question est celle-ci : comment je la réalise, quelle
est la valeur de la Parole qui m'expose tout ce qui a trait à la piété pour
moi. Si nous lisons l'épître aux Ephésiens ou aux Colossiens, écrites au même
moment, l'apôtre place devant nos yeux des choses des plus merveilleuses, les
conseils éternels de Dieu, qui a donné Son Fils à la croix pour notre salut,
qui voulait nous avoir dans Sa présence pour l'éternité, qui nous a tout donné
pour attirer nos cœurs en haut. Qu'en faisons-nous ? Nous connaissons
beaucoup de choses, mais si cela n'a pas de prix pour nous, que c'est triste !
Nous admettons bien que les pensées de Dieu sont merveilleuses, toutes
ces vérités concernant l'assemblée, que nous sommes membres du corps de Christ,
ce corps lié à la Tête d'où tout part et que chaque membre prend sa place dans
ce corps avec une unité à la gloire du Seigneur et en témoignage au monde...
elles ne sont pas seulement incompréhensibles pour nous mais aussi impossible à
réaliser ici sur la terre. Sommes-nous parfois tentés de penser ; ce
serait alors pure théorie, mais c'est le diable qui veut nous persuader que
cela est impossible.
Ici dans cette épître, nous voyons comment ces vérités sont
réalisées ; jeunes ou vieux, si nous nous remettons au Seigneur, nous
pouvons mettre la Parole en pratique dans notre vie de tous les jours. C'est
aussi la raison pour laquelle le Saint Esprit nous la donnée pour que nous ne
pensions pas que nous sommes trop faibles et que ces vérités seront réalisées
au ciel. Nous sommes toujours enclins à descendre le niveau auquel le Seigneur
veut nous avoir. On parle d'incapacité et au fond, il s'agit de non vouloir.
C'est pourquoi, cette épître est un témoignage de ce que ces merveilleuses
vérités peuvent être réalisées. Des personnes nées de nouveau, possédant le
Saint Esprit peuvent recevoir journellement la force pour les mettre en
pratique.
Paul était à Rome en prison, mais ici, il n'écrit pas comme apôtre, il
se présente comme un frère parmi d'autres. Dans les épîtres aux Éphésiens et
Colossiens, écrites depuis sa prison, il s'adresse aux croyants en tant
qu'apôtre avec l'autorité qu'il avait reçue du Seigneur. Aujourd'hui, personne
ne peut prétendre être apôtre, il fallait avoir vu le Seigneur et Paul l'avait
vu sur le chemin de Damas.
Il s'appelle le prisonnier de Jésus Christ, car il n'était pas en prison
pour sa conduite, mais seulement à cause de son témoignage pour le Seigneur.
Dans cette lettre qui avait un but privé, il associe Timothée qui,
quoique jeune, a toujours été un fidèle collaborateur de l'apôtre. C'est dire
que ce n'était pas une affaire personnelle qui ne regardait que l'apôtre et
Philémon. Et nous, comment réagissons-nous ? Disons-nous : c'est moi
qui suis responsable de ce qui se passe dans ma famille, les frères n'ont pas à
s'en mêler, c'est une affaire privée ; d'un côté, ce n'est pas faux, car je
suis responsable chez moi, mais c'est souvent une demi vérité, car d'autre
part, je ne suis pas indépendant des autres, je ne peux pas dire que l'un ou
l'autre frère n'en est pas concerné. Evidemment, cela ne veut pas dire qu'il
faut tout dire à chaque frère, mais je suis un membre du corps de Christ et
voilà le côté pratique ; si je pense qu'il y a des choses qui ne
concernent que moi, je n'ai pas compris la position que le Seigneur m'a donnée.
On pouvait penser que cette affaire entre l'apôtre et Philémon ne
concernait pas Timothée. Il s'agissait d'un esclave, et à l'époque, les
esclaves n'avaient pas grande valeur. En associant son fidèle collaborateur
depuis bien des années, l'apôtre montre que ce n'était pas faire prévaloir sa
pensée personnelle.
« … Philémon,
le bien-aimé » : quel amour dans cette expression ! Ce n'était pas
seulement le fait que celui-ci était un ami, un frère dont l'apôtre avait sans
doute joui de l'hospitalité lors de son passage à Colosses. La raison de ce
qualificatif c'est que Philémon était aimé du même amour du Seigneur et de Dieu
le Père que lui. Nous devons être conscients que chaque frère, que je le
connaisse ou non est un bien-aimé de Dieu. Ce sont des choses toutes simples de
la vie de tous les jours et pourtant combien peu nous les réalisons, avec
quelles lunettes regardons nous souvent nos frères et sœurs. Paul aimait
Philémon non pas parce qu'il lui était sympathique mais parce que le Seigneur
avait payé le même prix pour chaque racheté. Cela ne nous interpelle pas ?
D'où viennent les guerres et querelles parmi vous, disait l'apôtre Jacques. Y
a-t-il quelque part une assemblée où ces choses n'existent pas ?
L'origine, c'est que nous ne considérons pas nos frères avec les yeux du
Seigneur.
« … et
notre compagnon d'œuvre » : encore une
raison de l'appeler « bien-aimé », car
Philémon avait collaboré à l'œuvre du Seigneur, il avait le même intérêt que
l'apôtre ; à la fin de l'épître (v.24), il cite d'autres compagnons
d'œuvre. Tous n'avaient pas participé à l'œuvre de la même façon, il ne faut
pas nécessairement jouer un rôle public ni avoir un don particulier. Combien de
collaborateurs qui prient journellement ou soutiennent l'œuvre selon leurs
moyens sans qu'on le sache !
Nous avons quelques éléments concernant la personne de Philémon où l'on
peut voir comment se réalise la plénitude de grâce dans un croyant et ainsi, le
Seigneur est glorifié.
Extérieurement, Philémon était un homme considéré à Colosses ; il
recevait l'assemblée dans sa maison et devait être à l'aise, car il avait au
moins un esclave qui s'était enfui, peut-être plusieurs, car à l'époque un
quart de la population était libre, le reste était des esclaves ; chaque
guerre amenait des prisonniers vendus comme esclaves. Il était donc normal
d'avoir des esclaves dans une maison et d'avoir une main d'œuvre qui ne coûtait
pas. Mais qui était-il réellement ? Nous le lisons ici : il était un
chrétien pieux, dévoué entièrement au Seigneur. Les doctrines développées dans
les épîtres aux Éphésiens, Philippiens, Colossiens, nous les trouvons réalisées
dans la personne de Philémon : il réalisait qu'il avait dépouillé le vieil
homme et ses convoitises et revêtu le nouvel homme, renouvelé selon l'image de
celui qui l'a créé.
La lettre est aussi adressée « à la sœur Apphie », sans doute
la femme de Philémon. Dans la Parole, il est peu parlé des sœurs, à part
l'épître de Jean à la dame élue, parce que leur service ne se passe pas en
public. L'apôtre la mentionne simplement ainsi que « Archippe », cité également dans
l'épître aux Colossiens (chapitre 4 v.17: « … dites à Archippe : Prends garde au
service que tu as reçu dans le Seigneur, afin que tu l'accomplisses ») ,ici, il est
appelé « notre compagnon d'armes »,
c'est-à-dire qu'il devait avoir été au côté de l'apôtre dans des circonstances
difficiles et avait été capable de déployer de l'énergie dans le combat de
l'apôtre pour l'évangile et où celui-ci rencontrait beaucoup d'adversaires.
Il adresse aussi la lettre, quoique privée, à l'assemblée : au
fond, elle concernait aussi l'assemblée ; c'était comme une lettre de
recommandation pour Onésime qui s'était enfui inconverti et maintenant revenait
converti, dont Paul dit qu'il est « maintenant utile à toi et à moi » (v.11)
Ensuite viennent les salutations que nous retrouvons si souvent dans les
épîtres : « Grâce
et paix à vous de la part de Dieu notre Père et du seigneur Jésus Christ ! ». La
grâce de Dieu est intervenue à notre égard, s'est manifestée dans le seigneur
Jésus par qui nous sommes sauvés, nous sommes sauvés par la grâce, par la foi,
nous avons accès à cette grâce. Combien peu nous mettons tout cela en
pratique !
Et la paix : chaque enfant de Dieu a la paix avec Dieu par la foi au Seigneur Jésus ; en
jouissons-nous ? Avons-nous ce repos dans notre cœur pour traverser
combats et douleurs ? N'est-ce pas nécessaire que l'apôtre souhaite aux
croyants grâce et paix ? Et si nous avons intérieurement la paix avec Dieu en ce qui concerne
notre conscience, jouissons-nous de la
paix de Dieu qui surpasse toute connaissance et qui garde nos cœurs et
nos pensées ? Si nous ne l'avons pas, comment vivre en paix avec nos
frères et sœurs et nos semblables ? Romains 12 nous invite à vivre en paix
avec tous, autant qu'il dépend de vous. La grâce et la paix de la part de Dieu,
nous en avons besoin pratiquement tous les jours comme nous avons besoin du
pain quotidien.
« Je rends
grâces à mon Dieu, faisant toujours mention de toi dans mes prières, … » (v.4). Avant
de parler de la personnalité de Philémon qu'il décrit en quelques traits,
l'apôtre souligne tout le bien qu'il reconnaît en lui (v.6). Pour louer le bien
chez une personne, il faut parfois le rechercher, et combien rapidement nous
faisons le contraire, nous ne reconnaissons pas le bien mais le mal. Alors,
impossible de faire comme l'apôtre ici : rendre grâces en priant toujours
pour lui. L'apôtre était à des km de Philémon et nous ne savons même pas si
Paul le connaissait bien. Pourtant, le grand apôtre des nations rend grâces à
Dieu en priant toujours pour Philémon. Dans 1 Thessaloniciens 1, nous
retrouvons une expression semblable : « Nous rendons toujours grâces à Dieu pour vous tous, faisant mention de
vous dans nos prières, … ». Là, c'est pour
l'assemblée de Thessalonique, ici, pour un croyant en particulier. Cela montre
son attachement, sa communion pratique. Ainsi d'un frère pour qui on prie tous
les jours, on ne parle pas si vite d'une façon négative. Le Seigneur veut nous
donner cela comme exemple, que nous exprimions pratiquement que nous sommes
liés les uns aux autres comme membres d'un seul corps en priant les uns pour
les autres.
Au verset 5, il dit pourquoi : « … apprenant l’amour et la foi que tu as envers le seigneur Jésus et pour
tous les saints ; … ». Les termes amour et foi sont inversés,
l'amour se rapporte aux saints et la foi au Seigneur, mais l'apôtre veut les
citer ensemble : Philémon ne faisait pas de différence, pensant seulement
à certains croyants, il montrait son amour pour tous en réalisant pratiquement
la vérité du seul corps. Il y a un grand danger concernant l'amour pour les
enfants de Dieu de ne penser qu'à ceux avec lesquels nous marchons, avec qui
nous sommes en communion pratique et nous oublions que tous les vrais enfants
de Dieu, où qu'ils soient, font partie de l'Assemblée du Dieu vivant. Il ne
faut pas que le terme « assemblée » soit pris dans un sens sectaire.
Évidemment aujourd'hui, dans la chrétienté on ne peut exprimer l'amour pour
tous les saints de la même manière et sans limites. Comme dans une famille,
l'amour pour un enfant désobéissant s'exprime d'une autre façon que pour un
enfant obéissant ; nous devons en tenir compte.
« La foi au seigneur Jésus », ce n'est pas la foi qui sauve à
la conversion qu'il s'agit, ni de la foi de 1 Corinthiens 13, foi donnée de
Dieu à certains croyants qui font confiance au Seigneur sans tenir compte des
difficultés extérieures. Ici, c'est la foi que nous trouvons chez Abraham qui
s'attendait à Dieu jour après jour ; tout le contraire de ce que Jacques
reproche « … nous
irons dans telle ou telle ville, et nous y passerons une année, et nous
trafiquerons et nous gagnerons, vous qui ne savez pas ce qui
arrivera le jour de demain ; … » (chapitre 4 v.13).
Cela n'est pas la foi, mais la foi, c'est la dépendance, l'obéissance à la
Parole de Dieu, la confiance que le Seigneur ne nous décevra pas. C'est ce que
nous voyons chez Abraham : quand Dieu lui a dit « sors de ton pays, de ta
parenté », toutes ses relations sont coupées. Hébreux 11
v.8 nous dit qu'il s'en alla ne sachant où il allait, il obéit confiant que
Dieu ne l'abandonnerait pas.
Faisons confiance au Seigneur, Il ne nous sera jamais redevable, s'Il
nous demande de renoncer à certaines choses qui ne conviennent pas pour Le
suivre.
« … en sorte
que ta communion dans la foi opère en reconnaissant tout le bien qui est en
nous à l’égard du christ Jésus. » (v.6). L'apôtre avait
appris l'amour et la foi de Philémon et cela le remplit de reconnaissance, il a
en même temps le désir d'une communion avec Philémon.
En remerciant Dieu de tout le bien qu'Il a produit en Philémon, l'apôtre
le loue, mais ce n'est pas une louange humaine, car celle-ci est dommageable et
parle à la chair ; il recherche une relation spirituelle entre croyants
qui ne conduit pas à l'orgueil, mais à une communion de foi.
Frères et sœurs, connaissons-nous encore aujourd'hui cette communion
entre croyants ? Actes 2 v.42 nous décrit ce qu'elle était au
commencement : les croyants se retrouvaient tous en un seul lieu, ils
n'avaient qu'une pensée, un sujet de conversation, un seul but commun,
c’est-à-dire le Seigneur Jésus. Rien ne peut être plus élevé qu'une telle
communion entre croyants. Mais nous, que savons-nous aujourd'hui d'une vraie
communion chrétienne ? Quand nous rompons le pain, symbole du seul
corps de Christ le dimanche matin, c'est l'expression la plus élevée de cette
communion, mais n'avons-nous communion entre nous qu'une fois par semaine, puis
chacun va son chemin. Comment pratiquons-nous cette communion qui devrait être
constante ? La communion, ce n'est pas rallier des croyants par intérêt
commun, mais parce que le Seigneur nous a tous rachetés par Son sang, nous
avons tous été baptisés en un seul corps, avons reçu un seul Esprit et ainsi
sommes amenés à la plus haute communion, celle avec le Père et Son Fils Jésus
Christ. L'apôtre Jean ajoute : « afin que votre joie soit accomplie ». C'est le
bonheur, la félicité de partager les délices du Père dans Son Fils, une
communion de toute éternité dans l'amour mutuel ; le Seigneur dit même
« tu m'as
aimé avant la fondation du monde ». Quand nous serons là-haut où plus rien
ne nous troublera, nous jouirons complètement de cette joie sans mélange, mais
nous devrions déjà maintenant l'apprécier. Que le Seigneur nous donne de penser
à la signification de cette communion et de la mettre en pratique selon les
pensées de Dieu.
C'est l'action du Saint Esprit de nous lier les uns aux autres et de
nous tourner vers ce qu'Il a produit, c 'est-à-dire reconnaître le bien chez
l'autre ; ne recherchons pas les fautes des uns et des autres, je ne parle
pas de péché, mais de faiblesses, de traits de caractères, nous devons
reconnaître le bien pour avoir communion. On pourrait avoir l'impression qu'un
frère a un sens spirituel élevé quand il discerne les fautes, mais il ne s'agit
pas alors de communion. Comme les enseignements de la Parole sont simples et
pourtant sérieux ! Pour rechercher la communion avec un frère, recherchons
ses qualités, en suivant l'exemple de l'apôtre, et ne critiquons pas.
« … à
l'égard du christ Jésus ». Tout bien produit a
le Seigneur pour mobile, pour objet, c'est au fond ce qui vient du nouvel
homme. Mettre ma personne en avant, ce n'est pas cela le bien, Jean Baptiste
disait : « il
faut que Lui croisse et que moi, je diminue ». Un service
qui ne glorifie pas le Seigneur, aussi beau soit-il, c'est une cymbale
retentissante ; cela sonne bien, mais quand on sort, il ne reste rien, car
cela ne nous a pas amenés plus près du Seigneur ni appris quelque chose de Lui.
Puis, l'apôtre conclut : « … nous avons une grande joie et une grande consolation dans ton amour,
parce que les entrailles des saints sont rafraîchies par toi, frère. »
Philémon était un vrai croyant que nous pouvons bien prendre comme exemple,
quoique nous n'ayons pas à imiter un homme. J'ai dit au début que l'apôtre
appelle Philémon son collaborateur ; nous ne savons pas en quoi cela
consistait, il ne s'agit pas de ce qui a été fait ou comment, mais du
résultat : il a rafraîchi les cœurs des saints, en cela le Seigneur est
glorifié. Certains travaillent beaucoup, mais en finale, il n'en reste rien.
Nous pouvons nous demander comment nous pouvons rafraîchir les frères et
sœurs. Nous n'avons pas besoin d'un don particulier, rien qu'un cœur qui désire
servir le Seigneur, qui désire mettre en pratique l'amour pour les saints et ne
pas rester dans son coin, mais demander au Seigneur ce qu'Il place devant
nous ; ainsi, les frères et sœurs seront certainement réconfortés. Par
contre, vouloir faire plus que ce qu'Il nous demande, n'apportera pas le
résultat escompté.
Lisons les passages concernant les membres du corps (1 Corinthiens 12,
Romains 12, Ephésiens 4) où nous voyons comme il est important d'être là où le
Seigneur nous a placés pour accomplir ce qu'Il désire. Un jeune converti, un
frère âgé ou une vieille sœur peuvent le faire de la même façon.
Que le Seigneur nous donne de ne pas oublier ce verset, il est important
pour notre vie commune comme membre du corps ; pensons que nous sommes ici
pour rafraîchir, encourager les saints, pour que le corps croisse à la gloire
du Seigneur.
Lecture : La lettre à Philémon, versets 8 à 28:
8 C’est pourquoi, tout en ayant une grande liberté
en Christ de te commander ce qui convient 9
— à cause de l’amour, je te prie plutôt, étant tel que je suis, Paul, un
vieillard, et maintenant aussi prisonnier de Jésus Christ 10 je te prie pour mon enfant que j’ai engendré dans les liens,
Onésime, 11 qui t’a été autrefois
inutile, mais qui maintenant est utile à toi et à moi, 12 lequel je t’ai renvoyé, — lui, mes propres entrailles. 13 Moi, j’aurais voulu le retenir
auprès de moi, afin qu’il me servît pour toi dans les liens de l’évangile ; 14 mais je n’ai rien voulu faire sans
ton avis, afin que le bien que tu fais ne fût pas l’effet de la contrainte,
mais qu’il fût volontaire. 15 Car
c’est peut-être pour cette raison qu’il a été séparé [de toi] pour un temps,
afin que tu le possèdes pour toujours, 16
non plus comme un esclave, mais au-dessus d’un esclave, comme un frère
bien-aimé, spécialement de moi, et combien plus de toi, soit dans la chair,
soit dans le Seigneur. 17 Si donc tu
me tiens pour associé [à toi], reçois-le comme moi-même ; 18 mais, s’il t’a fait quelque tort ou s’il te doit quelque chose,
mets-le moi en compte. 19 Moi, Paul,
je l’ai écrit de ma propre main ; moi, je payerai, pour ne pas te dire que tu
te dois toi-même aussi à moi. 20
Oui, frère, que moi, je tire ce profit de toi dans le Seigneur : rafraîchis mes
entrailles en Christ. 21 Ayant de la
confiance dans ton obéissance, je t’ai écrit, sachant que tu feras même plus
que je ne dis. 22 Mais en même
temps, prépare-moi aussi un logement, car j’espère que, par vos prières, je
vous serai donné.
23 Épaphras, mon compagnon
de captivité dans le christ Jésus, 24
Marc, Aristarque, Démas, Luc, mes compagnons d’œuvre,
te saluent. 25 Que la grâce de notre
seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit!
Hier, nous nous sommes occupés des 7 premiers versets de cette courte
épître et si Dieu nous la gardée dans le canon des Écritures, c'est pour nous
donner par un cas pratique de la vie de croyants un enseignement profond, un
exemple vivant des pensées de Dieu exposées ailleurs. N'entendons-nous pas
souvent des réflexions telles que celles-ci : « le christianisme, c'est
un idéal, mais qui peut le mettre en pratique ? » Frères et sœurs,
dans cette épître, nous avons la preuve que cela est possible ; les
pensées de Dieu modifient toute la vie de l'homme, pas seulement peu à peu ou
dans une certaine mesure, mais complètement en produisant une toute nouvelle
vie et peuvent être mises en pratique.
Nous l'avons vu dans la personne de Philémon : il était un vrai
croyant, membre du corps de Christ, né de nouveau et animé de l'amour pour le
Seigneur Jésus et tous les saints et cela se réalisait dans sa vie. Le résultat en était, que d'autres croyants
étaient rafraîchis. Rien n'est plus beau que ce désir de rafraîchir les cœurs
pour que les croyants soient de plus en plus remplis de la foi.
À partir du verset 8, nous arrivons au véritable sujet de
l'épître : qu'était-il arrivé ? Pourquoi cette lettre ? Nous
n'avons que quelques indications, mais bien claires : l'apôtre écrit à son
ami et frère Philémon au sujet de son esclave Onésime.
Nulle part dans l'Écriture, il n'est dit que les maîtres croyants
devaient libérer leurs esclaves convertis ; ni l'esclavage, ni la
polygamie, ne sont selon les pensées de Dieu, mais la Parole ne le présente pas
comme devant être modifié, cela ne veut pas dire que Dieu approuve le péché et
la volonté propre de l'homme. Cette pensée est très importante pour nous
aujourd'hui. Les chrétiens ne sont pas sur la terre pour changer le monde régi
par Satan, non, la foi chrétienne change les cœurs. Cela cause parfois problème
à certains croyants qui pensent devoir intervenir dans les affaires de ce
monde. Il est bien écrit que nous devons être lumière ! Si nous tous, qui,
par la grâce de Dieu, sommes nés de nouveau, qui étions autrefois ténèbres mais
qui, maintenant, sommes lumière dans le
Seigneur, nous éclairions là où Dieu nous a placés ! N'est-ce pas honteux
que ce soit si peu le cas ?
Mais jamais le christianisme ne sera une révolution ; la seule
révolution a lieu dans le cœur, sans ce changement, on ne devient pas enfant de
Dieu. C'est ce que le Seigneur a dit à Nicodème « … Si quelqu’un n’est né d’eau
et de l’Esprit, [né de nouveau] il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. » C'est ce que
nous allons voir ce soir.
Philémon était donc un croyant et je suis sûr qu'il s'en est tenu à ce
qui est demandé aux maîtres pour leurs esclaves. « … accordez à vos esclaves ce qui est juste et équitable, sachant que
vous aussi vous avez un maître dans les cieux. » (Colossiens 4
v.1). Philémon a sûrement montré de la bonté envers son esclave.
Aujourd'hui, il n'y a plus d'esclaves, c'est un grand privilège de
pouvoir travailler dans une atmosphère de liberté, en tant que croyants, dans
nos relations sur la terre. Entre employeurs et employés ce principe est
toujours valable. Aux serviteurs
croyants, il est dit d'obéir.
Donc, cet esclave Onésime s'était sauvé de chez son maître, il était
incrédule et son sort ne lui convenait plus. Si nous pensons à la situation de
ce temps-là, on était esclave, soit provenant du butin de guerre et vendu sur
le marché ou on était né esclave, on n'avait rien à dire, tout droit était
entre les mains du maître. Comment se contenter d'une telle situation ? Un
homme qui n'est pas né de nouveau peut vite se révolter de son sort, qu'il
s'est peut-être attiré lui-même, combien de gens souffrent des conséquences de
leurs actes ?
Nous comprenons bien qu'un jour Onésime en a eu assez et s'est sauvé
emportant quelque bien de son maître. Peut-être quelqu'un s'est trouvé dans une
situation semblable et a pensé que les biens de ce monde devraient être
répartis avec plus de justice.
À l'époque, il devait y avoir environ un quart de la population libre,
le reste était esclaves et considérés comme des machines. Il y avait même une
police spéciale chargée d'arrêter ces esclaves en fuite qui partaient le plus
loin possible pour se fondre dans cette métropole qui pullulait de différentes
nations et où il était facile de disparaître.
Aujourd'hui, maintes personnes s'imaginent devoir échapper à ses
circonstances et partir n'importe où, Amérique, Canada, Australie, couper les
ponts et tenter sa chance ailleurs pour connaître une meilleure vie. C'est ce
qu'Onésime avait sans doute pensé : « à Rome, je pourrai commencer
une nouvelle vie ». Il lui manquait la paix avec Dieu, la foi au Seigneur
qu'il avait entendu prêcher et peut-être était-ce là la raison de sa fuite. On
peut vouloir échapper à la voix de Dieu ! Cette nouvelle vie, était-elle plus
heureuse ? Devoir travailler jour après jour, faire ce qui ne plaît pas et
cette inquiétude, ce mécontentement… Impossible d'échapper à Dieu, Son regard
nous suit toujours.
Lisons le Psaume 139, 1 à 10 ! David qui a écrit ce magnifique
psaume connaissait Dieu et par l'Esprit Saint nous montre qu'il est impossible
de fuir loin de Dieu.
Tous, nous connaissons l'histoire de Saul qui est devenu l'apôtre Paul
et se nomme le plus grand des pécheurs, car il persécutait les saints. Mais un
jour, Dieu l'a arrêté. Nous ne devons pas penser que nous pouvons faire comme
bon nous semble, Dieu nous conduit parfois par une longue corde, mais il arrive
un moment où celle-ci est tendue et nous devons céder. Paul a vu une lumière
plus brillante que le soleil (la lumière la plus forte que nous pouvons
imaginer), la lumière du Seigneur éclairant dans sa nuit et a dû demander
« qui es-tu, Seigneur ? » considérant la personne du Seigneur.
Il s'est converti réalisant qu'il avait voulu échapper à l'école de Dieu. Le
Seigneur lui avait dit qu'il serait un vase d'élection pour porter ce nom
devant les nations et les rois et maintenant le moment était arrivé où il se
tiendrait devant l'empereur, non pas libre mais prisonnier.
Nous ne savons pas comment Onésime est entré en contact avec l'apôtre:
déjà il avait voulu échapper à Dieu en s'enfuyant à Rome et le voici de nouveau
confronté avec l'évangile qu'il rejetait. Quand, par la grâce de Dieu, nous
jetons un regard en arrière sur le moment où Il nous a parlé, n'avons-nous pas
eu aussi ce désir d'échapper ? Des jeunes de familles chrétiennes, et que
les parents voulaient les élever sous la discipline et les enseignements du
Seigneur… Mais personne ne peut échapper au Seigneur ! Pensons-y ! Il
est donné à l'homme de mourir une fois, et après vient le jugement. C'est
pourquoi, Onésime a encore entendu cette invitation d'accepter la vie offerte
par le Seigneur et se convertir et trouver la paix avec Dieu, par le moyen de
l'apôtre qui l'a engendré dans les liens (v.10). Tout dans ce monde passe, mais
la paix avec Dieu est ce qui a de plus élevé à atteindre sur cette terre. Paul
et Philémon la possédaient et mon souhait est que tous ici en jouissent
aussi ! On peut alors rencontrer les problèmes de la vie de la bonne
manière et on a un but, un sens pour sa vie !
C'est ainsi qu'Onésime est devenu un enfant de Dieu : il a compris
que non seulement il avait fait des choses mauvaises mais toute sa vie passée était loin de Dieu.
Qu'est-ce que le mal ? On peut avoir une vie moralement correcte, mais
sans Dieu, c'est une vie perdue, aucune de nos œuvres ne subsistent à la
balance de Dieu : pesées, elles sont trouvées manquant de poids. D'où la
nécessité de se convertir, de venir au Seigneur Jésus qui s'est donné lui-même
pour nous.
Onésime pouvait maintenant être
d'accord avec Paul, avec son maître Philémon et commencer une nouvelle vie
(« les
choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles »). La
vraie lumière l'éclaire, il voit sa vie passée, son injustice, sa fuite de chez
son maître, tout cela doit être mis en ordre. Il le confesse devant Dieu. Paul
ne connaissait rien des circonstances, mais il voit par sa confession la
profondeur de sa conversion. Quand nous venons dans la lumière du Seigneur
après notre conversion, nous sommes capables de mettre notre vie en ordre selon
Dieu.
Que faut-il faire maintenant ? Selon la loi, l'esclave était
épargné de la punition qu'il devait normalement recevoir de son maître.
Deutéronome 23 v.15-16 : « Tu
ne livreras point à son maître le serviteur qui se sera sauvé chez toi d’auprès
de son maître ; il habitera avec toi, au milieu de toi, dans le lieu qu’il
choisira en l’une de tes portes, là où bon lui semble : tu ne l’opprimeras pas. » De
fait, sous la loi c'était une « punition de grâce ». Mais maintenant,
sous la grâce, on agit différemment : du point de vue humain, c'est plus
dur, mais nous voyons ce que Dieu peut accomplir dans l'âme de quelqu'un de
régénéré. Ce qui était interdit sous la loi, à cause de réactions incontrôlées
du maître, devient une rencontre normale sous la grâce, l'esclave ne devait
avoir aucune crainte de son maître. Onésime devait donc retourner chez son
maître, demander pardon à Philémon de s'être enfui et reconnaître ses torts.
Quelle image de la grâce ! La vie d'Onésime est complètement
changée ; plus d'ombre entre l'esclave et son maître : il
accomplirait son travail comme un croyant fidèle, comme l'apôtre l'avait
encouragé et Paul désirait que Philémon se conduise en chrétien.
Désirons-nous entre croyants régler toutes choses de cette manière dans
notre vie de tous les jours ? Que le Seigneur nous l'accorde ; c'est
le but de cette épître en voyant par un exemple pratique comment des hommes ont
agi comme Dieu le désire. C'est pour notre joie, la gloire du Seigneur et en
témoignage dans ce monde.
L'apôtre écrit cette lettre à Philémon, non pas en tant que possédant
une certaine autorité : « …
tout en ayant une grande liberté en Christ de te commander ce qui
convient, … » (v.8). Car il avait tout à fait le droit de dicter
le comportement d'un maître chrétien ; il n'exige pas son obéissance, mais
il le prie. Parfois nous posons la question de la
mauvaise manière « dois-je vraiment faire cela ? »
Demandons-nous plutôt « que convient-il à un chrétien ? Quel est le
comportement qui plaît au Seigneur ? » Ce qui devrait déterminer
notre comportement, c'est l'amour. L'amour nous porte l'un vers l'autre et
c'est ce que Paul voulait obtenir.
Il n'y avait pas de plus grande différence sociale qu’entre un esclave
et un maître. Que signifie ce verset de Colossiens 3 « ayant dépouillé le vieil homme
… et ayant revêtu le nouvel homme» ? C'est agir, comme le Seigneur le fait,
voilà le nouvel homme ! Dans ce cadre, il n'y a ni juif, ni grec
(différence nationale et religieuse), ni esclave ni homme libre, mais tous un
en Christ. Voilà la pratique de ces versets.
Onésime s'était enfui comme esclave, il revient comme frère en Christ.
Philémon, même comme chrétien, avait tous les droits de punir son esclave
fugitif qui avait agi injustement, mais il revient comme frère et l'apôtre
voulait les amener l'un vers l'autre, d'où l'expression « … je te prie plutôt, étant tel
que je suis, Paul, un vieillard, et maintenant aussi prisonnier … »
Il avait commencé la lettre en ces termes « prisonnier de Jésus Christ ». Philémon
aurait pu penser qu'on pouvait bien craindre l'apôtre, dans le passé, mais
maintenant, il n'avait plus aucune autorité pour imposer sa volonté. Sachant
que Dieu avait opéré dans le cœur de Philémon, il le prie pour son enfant Onésime,
son enfant dans le sens spirituel, puisqu'il était venu à la foi par l'apôtre.
1 Corinthiens 4 v.15 explique le verset 10 « mon enfant que j'ai engendré
dans les liens ».
Seulement au verset 11, Philémon apprend le but de cette lettre :
« Onésime,
qui t'a été autrefois inutile, … lequel je t'ai renvoyé ».
Maintenant qu'il s'était converti, les choses vieilles sont passées, tout est
nouveau, il servait l'apôtre dans les liens de l'évangile et sans doute
était-il aussi actif pour l'évangile (v.12). Ainsi que nous lisons dans
Philippiens 1, que des frères avaient plus de hardiesse pour annoncer
l'évangile depuis que l'apôtre était emprisonné.
Paul aurait bien aimé garder Onésime. Mais il ne veut pas s'imposer, il
voulait qu'il montre en pratique sa nouvelle vie en mettant en ordre son
contentieux avec son maître. C'est une démarche difficile : revenir là où
l'on est connu de tous, on peut se dire que c'est impossible ! Mais
quelles pensées sont-elles montées dans son cœur ?
Parfois n'avons-nous pas vu clairement ce qui était à faire ? Nous
y avons renoncé par peur des hommes, par honte, notre honneur en aurait été
atteint. Mais alors, il n’y a pas eu de croissance dans la foi.
Onésime ne s'est pas soucié de ce que d'autres pensaient, il avait
confiance dans le Seigneur pour qu'il trouve grâce et amour auprès des frères.
L'apôtre dépeint un tel portrait de Philémon que nous pouvons être certains que
celui-ci a accueilli son esclave de la bonne manière.
Il fallait qu'Onésime retourne à Colosses pour mettre les choses en
ordre. C'est une image de l'action de l'Esprit de Dieu dans les cœurs, alors
que nous, nous sommes souvent lâches parce que nous manquons de confiance dans
le Seigneur.
« … je n’ai
rien voulu faire sans ton avis, afin que le bien que tu fais ne fût pas l’effet
de la contrainte, mais qu’il fût volontaire. » (14) Paul
aurait aimé garder Onésime auprès de lui, il pouvait rendre bien des services à
l'apôtre qui était prisonnier. Et nous pouvons voir que après une période
relativement courte, Onésime est appelé le fidèle et bien aimé frère qui est
des vôtres (Colossiens 4 v.9). L'apôtre ne demande pas de lui céder
Onésime : « je
n’ai rien voulu faire sans ton avis » mais voulait le recevoir de son frère.
Quelle délicatesse de la part de Paul ! Nous exigeons souvent, estimant
avoir des droits, alors que nous devrions agir en amour et patience.
Par les versets 15 &16, certains ont pensé que Philémon aurait
affranchi Onésime ; cela n'est pas clair, bien sûr, s'il était libre, il
pouvait utiliser sa liberté, mais Paul ne fait aucune allusion à ce fait.
« … c’est
peut-être pour cette raison qu’il a été séparé [de toi] pour un temps, afin que
tu le possèdes pour toujours, non plus comme un esclave, mais au-dessus d’un
esclave, comme un frère bien-aimé, … »
Onésime par sa conversion était devenu un autre homme qui voulait
montrer en pratique qu'il réparait ce qu'il avait fait dans le passé.
Maintenant, il avait une double relation avec Philémon : comme esclave et
comme frère en Christ. Autrefois, il n'avait pas montré ce que Dieu attendait
d'un esclave, il revient aussi comme frère et là, pas de différence entre
maître et esclave, ce qui constitue des rapports où la plus grande différence
existait. Aujourd'hui, il n'y a plus d'esclavage, mais les différences sociales
existent ; les relations maître serviteur subsistent pour la terre, mais
devant Dieu tout cela disparaît : Onésime était un fidèle et bien aimé
frère, peut-être avait-il reçu un don du Seigneur pour annoncer l'évangile et
dans l'assemblée, le maître et l'esclave étaient frères en Christ.
Comme c'est parfois difficile de passer par-dessus des différences
sociales bien moins grandes ! Il est facile de dire « il n'y a ni
juif ni grec, ni barbare », mais comme nous avons du mal à passer
au-dessus de nos différences régionales et d'appliquer les vérités à
nous-mêmes. Quand Onésime est arrivé à Colosses, il a sans doute été reçu comme
un frère et ils ont rompu le pain le dimanche ensemble, comme membre d'un seul
corps. Nous voyons comment ces vérités peuvent être réalisées et, par la grâce
de Dieu, cela doit aussi être possible chez nous.
« Si donc
tu me tiens pour associé à toi, reçois-le comme moi-même ; … » (v.17) Quelle belle expression de l'affection
de Paul ! Évidemment, si l'apôtre en personne était venu, comment
aurait-il été reçu ?
On raconte une petite anecdote au sujet du frère Darby, qui ayant un peu
de temps entre deux voyages, voulut rendre visite à un frère influent. Il
demanda à la servante d'annoncer un frère en Christ ; ce qu'elle fit, mais
le maître désirait connaître le nom du visiteur et comme Darby ne se nomma que
comme frère en Christ, celui-ci dit qu'il n'avait pas le temps. Le frère Darby
continua son voyage et écrivit à ce frère qu'il était dommage qu'il n'avait pu
le recevoir. Celui-ci, bien étonné lui répondit que s'il avait su que c'était
le frère Darby, il aurait pris le temps de le recevoir.
Nous pouvons faire si facilement des différences entre nos frères !
Pourtant, nous avons tous été rachetés par le même prix, nous sommes membres du
corps de Christ. Nous ne pouvons jamais mélanger l'amour de Dieu qui a été
versé dans nos cœurs avec de la sympathie humaine ou un respect pour une
position terrestre. Ces choses n'ont pas leur place dans l'assemblée.
L'apôtre demande à Philémon de ne pas tenir compte de sa position
d'apôtre, mais de le tenir pour associé, c'est-à-dire de celui qui est sous le
même joug.
« … s’il
t’a fait quelque tort ou s’il te doit quelque chose, met-le moi en compte. Moi,
Paul, je l’ai écrit de ma propre main ; moi, je payerai, pour ne pas te dire
que tu te dois toi-même aussi à moi. » (v.18 & 19) Comment Paul aurait-il
pu payer ? C'était faire ressortir la grâce ; d'autre part, Philémon
avait une dette auprès de l'apôtre, probablement s'était-il converti par son
moyen, quand l'apôtre dit qu'il a travaillé nuit et jour pendant 3 ans à
Ephèse, la ville voisine, ne cessant d'avertir chacun avec larmes. Puisqu'il
était redevable envers l'apôtre, il pouvait bien remettre cette dette ;
quel amour entre ces 2 frères, où chacun s'estime redevable de l'autre !
Romains 13 nous dit : «Ne
devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres, … » C'est
la plus belle dette que nous pouvons avoir ! Toute autre dette, Dieu l'a
en horreur ! Nous vivons dans un temps où l'on fait facilement des dettes,
je sais bien que les magasins proposent des crédits, mais ne nous laissons pas
tenter, combien ont été pris et enlacés par des dettes, ce n'est pas un
témoignage pour le monde, le Seigneur peut venir aujourd'hui. « Ne devez rien à personne » : nos
ancêtres observaient cette règle de très près !
« Oui,
frère, que moi, je tire ce profit de toi dans le Seigneur : rafraîchis mes
entrailles en Christ. » (V.20). Au verset 7, il avait déjà souligné
que Philémon avait rafraîchi d'autres croyants, maintenant il le demande pour
lui-même. Voilà encore une indication très pratique. Dans bien des situations,
un frère, une sœur peuvent apporter un mot d'encouragement, réjouir un autre
croyant. Que le Seigneur nous l'accorde ! Que ce soit notre désir de
rafraîchir le cœur des croyants, nous en avons tous besoin et en sommes
reconnaissants pour un tel service que chacun, jeune ou vieux, peut effectuer.
Bien sûr, la parole d'avertissement a aussi sa place, mais combien
d'avertissements ne seraient-ils pas nécessaires, s'il y avait plus
d'encouragements.
« Ayant de
la confiance dans ton obéissance, je t’ai écrit, sachant que tu feras même plus
que je ne dis. » (v.21) En usant de son autorité d'apôtre, il
pouvait exiger l'obéissance de Philémon, mais Paul voulait toucher le cœur,
obtenir une obéissance qui n'était pas une contrainte extérieure mais agissant poussé par l'amour.
Au verset 22, suit la conclusion de l'épître : « … en même temps, prépare-moi
aussi un logement, car j’espère que, par vos prières, je vous serai donné. » Pour autant
que nous pouvons déduire des circonstances décrites dans le Nouveau Testament,
l'apôtre a été libéré et a pu encore une fois faire le voyage vers l'Asie
mineure et visiter quelques assemblées ; cependant, sa mise en liberté n'a
pas duré et il a été de nouveau emprisonné, cette fois définitivement. Dans
l'épître aux Philippiens qui a été écrite au même moment, il parle de la même
manière : « …
j’ai confiance dans le Seigneur que, moi-même aussi, j’irai vous voir … » (chapitre
2v.24), tandis que dans la 2ème épître à Timothée, il dit qu'il se
trouve face à la mort.
Viennent pour terminer les salutations de ses compagnons de
captivité : d'abord Epaphras, originaire de
Colosses (Colossiens 4 v.12 : « Épaphras
qui est des vôtres ») et qui était à l'origine de l'assemblée. Car Paul
n'était jamais allé à Colosses (Colossiens 1 v.7). Maintenant il était en
prison avec l'apôtre et quelques autres. Marc avait été tout d'abord un
serviteur infidèle mais par la grâce du Seigneur, il était revenu. Aristarque,
originaire de Thessalonique avait bien souvent accompagné l'apôtre dans ses
voyages et Démas, qui avait bien commencé s'est
détourné de l'apôtre, il a aimé le présent siècle lisons-nous ailleurs,
influencé par Satan, le dieu de ce monde. Ah, combien lui ressemblent !
Que le Seigneur nous garde de jeter d'autres regards sur les choses de ce monde
que ceux du voyageur et ainsi suivre fidèlement le Seigneur.
Luc, le médecin bien-aimé qui a rédigé l'évangile de Luc et les Actes a
accompagné l'apôtre dans de nombreux voyages et lors de sa 2ème
captivité, il était le seul auprès de Paul. Nous ne savons pas exactement quel
était son service, mais il était un collaborateur comme aussi Philémon.
Que le Seigneur fasse que nous soyons tous des collaborateurs dans
l'œuvre du Seigneur, comme il est écrit aux Corinthiens (1 Corinthiens 15 v.58)
« … abondant toujours dans l’œuvre du
Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur ». Le temps
qu'il nous reste pour travailler pour Lui est très court, car Il vient bientôt.
Que ces quelques considérations sur cette courte épître contribuent à nous
encourager l'un l'autre. Si nous suivons l'exemple de Démas,
nous ne serons pas une aide mais plutôt un obstacle. Il n'y a pas de neutralité
possible : c'est une aide ou alors une entrave. Posons-nous la question:
qu'est-ce-que je fais pour l'assemblée de Dieu dans ce monde ? Ma vie
est-elle mue par Son amour, fortifiée par Sa parole ? Que cela ne soit pas
seulement de la théorie, mais puissions-nous réaliser ces vérités à la lumière
de ces exemples entre autres.