Un si grand Salut
(Hébreux 2:3)
F.B. Hole -
Traduit et adapté de The Great Salvation
Le texte est
extrait du site de bibliquest
Chapitre 4 — LA
RÉCONCILIATION
Chapitre 6 — LA
SANCTIFICATION
Chapitre 7 — LA
NOUVELLE NAISSANCE
Chapitre 9 — LE
DON DU SAINT ESPRIT
Chapitre 10 — LA NOUVELLE
CRÉATION — 2 Cor. 5:17
CONCLUSION : La grandeur du
salut (Héb. 2:3)
La Bible présente
le «si grand salut, qui, ayant
commencé par être annoncé par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l’avaient
entendu, Dieu rendant témoignage avec eux par des signes et des prodiges, et
par divers miracles et distributions de l’Esprit Saint, selon sa propre volonté» (Héb. 2:3-4).
Les croyants qui
jouissent de ce «si grand salut» connaissent
pratiquement quelque chose de sa valeur. Pourtant, ce n’est qu’en étudiant avec
soin la Parole de Dieu que nous pouvons entrevoir sa véritable grandeur. Aussi,
le but de cette brochure est-il de présenter l’enseignement de la Parole sur le
salut vu dans son côté individuel, les bienfaits collectifs liés au salut étant
seulement touchés ici ou là.
Le salut a une
portée très large. Il comprend toutes les bénédictions qu’apporte l’évangile,
non seulement le pardon des péchés, mais également tous les conseils d’amour de
Dieu pour ses enfants et pour la gloire du Seigneur Jésus. C’est une à une
qu’il convient d’approfondir ces bénédictions. Pour cette raison, chacun des
chapitres qui suivent développe un aspect particulier du salut afin d’en
permettre une meilleure compréhension.
De la même
manière que nous ne pouvons voir simultanément les différents côtés d’un
bâtiment, il nous est impossible de saisir l’ensemble du plan divin en une
seule fois. Nous devons nous contenter de considérer un élément après l’autre.
Mais, chaque fois, l’étude détaillée d’un aspect du salut nous réjouira et nous
permettra un progrès spirituel.
Après cette étude
de détail, nous pourrons mieux entrevoir comme un ensemble les bénédictions que
Dieu nous a réservées. Ainsi serons-nous gardés dans un sain équilibre en ne
favorisant aucune vue partielle. Nous avons à distinguer les différentes
vérités sans les diviser, car elles sont toutes liées entre elles.
Puisse cette
brochure nous aider à croître dans la connaissance du salut et de son Auteur.
Ainsi nos coeurs seront-ils
toujours davantage portés aux actions de grâces et à la louange envers Dieu.
Quelle joie
d’être pardonné ! Un enfant éprouve cela très jeune lorsque sa conscience
s’éveille. De même, le besoin du pardon de Dieu, résultant du sentiment de
culpabilité devant lui, est souvent le premier signe que l’Esprit a commencé
d’agir en quelqu’un.
Nous espérons que
notre lecteur possède l’assurance de ce pardon par la foi au Seigneur Jésus
Christ. Le texte qui suit est écrit pour l’affermir sur ce point et lui
permettre ensuite de se réjouir pleinement dans ce pardon qui est une
bénédiction fondamentale de l’évangile.
Écoutons d’abord
ce que l’épître aux Romains dit au sujet du pardon des péchés, car c’est dans
cette épître que sont exposés les premiers principes de l’évangile.
Après avoir
déclaré, dès l’introduction, que l’évangile est la «puissance de Dieu en salut à quiconque croit» (Rom. 1:16) l’apôtre Paul commence
son développement doctrinal en parlant de «la colère de Dieu» et de la culpabilité des hommes.
Nombreux, hélas,
sont ceux qui ne veulent pas reconnaître cette culpabilité personnelle. Ils
essayent de détruire les bases sur lesquelles repose leur responsabilité devant
Dieu. D’une part, ils font valoir une prétendue bonté naturelle chez l’homme
qui conduirait l’humanité à un progrès moral continu et, d’autre part, ils
rejettent toutes les normes reçues concernant le bien et le mal.
Pour ces
raisonneurs, le bien et le mal seraient tout à fait relatifs, puisque
déterminés dans le passé par les personnes les plus influentes et de nos jours
par les sondages d’opinion. Selon eux, la pensée humaine resterait seul arbitre
dans ces questions. C’est pourquoi l’unique culpabilité qu’ils reconnaissent
est le non-respect des usages et des lois en vigueur dans un pays à une époque
donnée, autrement dit une culpabilité devant leurs semblables et devant la
société en général.
Cette manière de
voir néglige un point capital : l’homme n’est pas indépendant de tout et
devra rendre des comptes à son Créateur. C’est pour cela que la colère de Dieu
est déclarée contre toute impiété — le fait de vivre sans Dieu — et contre
toute iniquité — le fait de commettre ce que Dieu désapprouve. Sa Parole
affirme que nous sommes tous coupables devant Lui, même si cette culpabilité
varie de l’un à l’autre.
L’épître aux
Romains présente le sujet en divisant l’humanité en trois catégories :
d’abord les peuples idolâtres, puis les hommes les plus cultivés et enfin les
juifs.
Un temps assez
long peut être nécessaire pour convaincre un homme de péché. Aussi l’apôtre
commence-t-il par décrire le triste état des peuples idolâtres et dépravés
(Rom. 1:18-32).
La Parole de Dieu
les déclare coupables, «inexcusables» parce
qu’ils n’ont pas gardé la connaissance du Dieu suprême donnée
initialement à tous les peuples. Ils n’ont pas rendu gloire à leur Créateur et
ne l’ont pas remercié pour sa bonté. Pis encore, ils ont pratiqué l’idolâtrie,
honorant et servant la créature plutôt que celui qui l’a créée. Comme
conséquence, ils sont tombés dans une dégradation morale épouvantable, ruinant
et leur âme et leur corps. L’apôtre ne cherche pas à établir leur culpabilité,
mais se limite à énumérer leurs caractères dépravés. Cela suffit pour
comprendre que la colère de Dieu est révélée contre eux.
Après avoir
présenté le cas des peuples qui semblaient les plus éloignés de Dieu, l’épître
aux Romains s’intéresse aux hommes qui constituaient alors une élite, tous ceux
qui s’estimaient bien placés pour juger les autres (Rom. 2:1-16). Ce pouvait
être autant des moralistes que des Grecs versés en philosophie. L’apôtre les
interpelle par ces termes : «ô homme, qui que tu sois qui juges».
Eux aussi sont déclarés «inexcusables» car sous les beaux
habits de l’enseignement moral et de la pensée philosophique se cachaient des moeurs les plus impures. Cependant, un raisonnement bien
construit est nécessaire pour les amener à la conviction de péché. Trois faits
appuyant la démonstration de l’apôtre rendent impossible toute échappatoire au
jugement de Dieu.
D’abord ce
jugement est «selon la vérité». Ces
hommes qui condamnent les autres et relèvent la tête ne trompent pas Dieu. Son
jugement est selon l’exacte vérité. Dieu ne s’arrête pas à l’apparence, mais
considère le véritable état moral de chacun et connaît les pensées secrètes des
hommes.
Ensuite son
jugement est juste : une justice absolue et inflexible prévaudra. Non
seulement les fautes manifestes seront jugées, mais aussi l’esprit raisonneur
de ces hommes et leur refus de se soumettre à la volonté de Dieu.
Enfin ce jugement
est sans partialité car «il n’y a pas d’acception de personnes auprès de Dieu». Il tiendra compte de la responsabilité de chacun. Les uns
n’auront eu que la voix de leur conscience pour les retenir, alors que d’autres
auront bénéficié d’une connaissance étendue de la loi divine.
Toutes ces
déclarations sont suffisantes pour fermer la bouche des hommes les plus
civilisés et les convaincre, eux aussi, qu’ils sont «coupables devant Dieu».
La troisième et
dernière catégorie de personnes est nettement désignée comme étant les juifs
(Rom. 2:17 à 3:20). Ils possédaient une culture non seulement riche d’une
longue histoire mais, qui plus est, d’origine divine.
Si les hommes les
plus instruits se permettaient de critiquer les peuples idolâtres tout en
pratiquant les mêmes péchés, les juifs religieux allaient plus loin encore. Ils
se vantaient de posséder la loi de Dieu, ils l’enseignaient aux autres avec un
esprit de supériorité, mais ne la pratiquaient nullement de telle sorte que le
nom de Dieu était blasphémé à cause d’eux.
Pour démontrer la
culpabilité des juifs, l’apôtre s’appuie sur leurs propres écrits. Les
citations de l’Ancien Testament qui présentent la méchanceté profonde de la
nature humaine leur sont appliquées puisque «tout ce que la loi dit, elle le dit à ceux qui sont sous
la loi», c’est-à-dire aux juifs.
Ces accusations
décisives de la loi n’avaient pas en vue les autres nations, civilisées ou non,
mais bien les Juifs imbus d’eux-mêmes, afin que leur bouche soit également
fermée et qu’ainsi tout le monde soit reconnu «coupable devant Dieu».
Ayant vu comment
l’apôtre envisage tous les hommes d’alors, nous devons remarquer que la
culpabilité de l’homme moderne se lie aux trois cas considérés.
Par certains
côtés, en laissant tomber toute morale, l’homme moderne rejoint le camp des
peuples idolâtres. D’ailleurs, les caractères moraux de ces peuples ressemblent
beaucoup à ceux décrits prophétiquement pour les derniers jours (voir 2 Tim.
3:1-5). Par sa brillante civilisation scientifique, il fait également penser
aux Grecs qui étaient les intellectuels de l’époque. Enfin, l’homme moderne se
rapproche des Juifs par sa culture judéo-chrétienne. Il est fier d’un passé
religieux des plus riches, mais a perdu la force de la piété et dans son
ensemble a renié pratiquement la foi chrétienne.
La culpabilité de
l’homme étant démontrée, le pardon devient une nécessité pressante. Il est
d’ailleurs mentionné tout au début des instructions données par le Seigneur
ressuscité. En Luc 24:45 à 48, le Seigneur dit aux apôtres que la repentance et
la rémission des péchés — c’est-à-dire le pardon — devaient être prêchées en
son nom à toutes les nations. Dès sa conversion, l’apôtre Paul entendit dans
une vision céleste la même instruction de la bouche de l’Homme glorifié. Jésus
Christ l’envoyait vers les nations «pour qu’ils reçoivent la rémission des
péchés» (Actes 26:16-18). Le livre des Actes montre comment furent exécutés
ces ordres.
Lors de la
première prédication publique, le jour de la Pentecôte, l’apôtre Pierre annonce
la repentance et la rémission des péchés à la multitude assemblée à Jérusalem
(Actes 2:38). Devant les autorités religieuses, il rend témoignage à propos du
pardon des péchés (Actes 5:31). Lorsqu’il commence d’annoncer l’évangile aux
nations, devant Corneille et ses amis, il déclare que «par son nom,
quiconque croit en lui, reçoit la rémission des péchés» (Actes 10:43).
Quant à Paul, dès son premier voyage missionnaire, il proclame : «par
lui vous est annoncée la rémission des péchés» (Actes 13:38).
Dans chacun des six
récits rapportés ci-dessus, c’est le même mot grec qui est traduit
indifféremment par «rémission» et «pardon». Ce terme signifie
simplement «renvoi» ou «libération». C’est exactement ce qu’il
faut à un pécheur dont la conscience est chargée et qui se repent. Il faut que
ses péchés soient «renvoyés» par celui vis-à-vis de qui il s’est rendu
coupable. Quelle heureuse libération, quel repos pour la conscience de se
savoir pardonné ! Voilà quelle est la part de chaque enfant de Dieu.
L’apôtre Jean disait : «Je vous écris, enfants, parce que vos péchés
vous sont pardonnés par son Nom» (1 Jean 2:12).
Comme nous venons
de le voir, c’est dans l’épître aux Romains que l’Esprit Saint prononce le
verdict : «coupable devant Dieu». Nous aurions pu nous attendre à
trouver, immédiatement après, le développement de la doctrine du pardon.
Pourtant, la mention du pardon ne se trouve qu’une seule fois dans toute
l’épître. C’est une citation d’un verset du Psaume 32 : «Bienheureux ceux dont les
iniquités ont été pardonnées»,
qui montre le bonheur de l’homme à qui Dieu impute la justice sans oeuvres. Ceci confirme que l’imputation de la justice,
c’est-à-dire la justification, implique et contient le pardon dans ce passage.
Les termes «justice» et «justification» si
fréquemment employés dans l’épître aux Romains sont empreints d’une
grande plénitude et répondent à la culpabilité générale démontrée au début de
l’épître. On ne peut pas être pardonné sans être justifié ni inversement.
Cependant le pardon a plutôt un caractère négatif — nous sommes déchargés de la
culpabilité de nos péchés — alors que la justification est positive : nous
acquérons la justice.
Un homme inquiet
au sujet de ses péchés ne trouvera pas de repos s’il ne voit pas clairement
quel est le fondement du pardon. On peut avoir certaines pensées vagues au
sujet de la miséricorde et de la bonté de Dieu, de sa disposition à recevoir
les pécheurs, mais il faut aussi savoir que le pardon se fonde sur la justice
divine. Christ est mort pour porter les péchés des rachetés ; il en a subi
le châtiment complet. Aussi Dieu est-il maintenant juste en recevant comme
pardonnés ceux qui viennent à lui par Christ. Sa justice est satisfaite à
propos de leurs fautes.
Dieu ne pardonne
pas à la manière des hommes. Il ne passe pas avec indulgence par-dessus les
péchés, mais, dans son amour, il a envoyé son Fils pour être la «propitiation pour nos péchés» (1 Jean 4:10). C’est ainsi que Dieu
peut être juste et justifier celui qui est de la foi de Jésus (Rom. 3:26 ;
voir aussi 1 Jean 1:9).
Que la
reconnaissance lui en soit à jamais rendue !
On entend dire parfois que tous les hommes sont
pardonnés. Cette pensée est-elle juste ?
Non, elle n’est
pas selon l’Écriture. Le fait que «Dieu
était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas
leurs fautes» (2 Cor. 5:19) est évidemment
merveilleux. Pourtant les offres de grâce faites par Dieu quand le Seigneur
Jésus était sur la terre, furent rejetées. C’est alors un fait plus merveilleux
encore que Dieu se soit servi de la mort et de la résurrection de Christ pour
adresser aux hommes coupables un message de pardon (voir Luc 24:46-47).
Ainsi le rejet de
Christ n’a pas été suivi d’une déclaration de guerre et d’un jugement immédiat
sur un monde rebelle. Dieu a plutôt conclu un armistice de longue durée,
pendant lequel une amnistie est offerte à chacun. Si quelqu’un s’humilie, se
repent et se tourne par la foi vers le Sauveur, il reçoit le pardon.
Le pardon est
donc bien en faveur de tous les hommes, mais il n’est pas exact de dire que
tous les hommes sont pardonnés.
Est-il vrai
que lorsqu’un homme croit et se repent, il reçoit le pardon une fois pour toutes ?
C’est vrai, Dieu
en soit béni. Dans l’exposé concernant le sacrifice de Christ en Hébreux 9:6 à
10:18, ce fait est l’un des plus importants. Ce passage capital affirme six
fois que le sacrifice de Christ est unique et a été offert une seule fois. Il
affirme également que ceux qui s’approchent de Dieu sur la base de ce sacrifice
sont «rendus parfaits à perpétuité» (Héb.
10:14). Cette perfection est fondée sur l’unique et parfaite purification que
les rachetés ont obtenue et en vertu de laquelle ils s’approchent de Dieu en
n’ayant plus «aucune conscience de péchés» (Héb.
10:1-2). Nous nous tenons devant Dieu dans un état de pardon éternel.
Si l’on
enseigne au croyant qu’il obtient à sa conversion le pardon de ses péchés
passés, présents et futurs, ne risque-t-il pas d’être poussé à l’insouciance et
au péché ?
Nous aurons
l’occasion de voir dans les chapitres suivants que le pardon est lié à un
changement de position devant Dieu : nous devenons, par la foi, enfants de
Dieu et nous sommes acceptés devant Lui comme étant en Christ. Du fait de cette
acceptation, nos péchés passés, présents et futurs sont pardonnés et il en
résulte une joie profonde : «Bienheureux
l’homme à qui l’Éternel ne compte pas l’iniquité..» (Ps. 32:2 ; voir
aussi Héb. 10:17-18).
Par contre, si
les fautes commises depuis notre conversion ne modifient en rien notre position
d’enfants de Dieu, elles interrompent notre communion avec le Père et nous
ôtent notre joie. En effet, l’Esprit Saint en nous est attristé et la nature
divine, que nous avons acquise à notre conversion, est comme refoulée car elle
a en horreur le mal.
Nous avons donc à
confesser rapidement nos péchés pour jouir à nouveau du pardon de Dieu : «Si
nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos
péchés» (1 Jean 1:9).
Mais il s’agit là
du pardon gouvernemental qui nous restaure dans la communion du Père et non du
pardon fondamental acquis dès le début de la vie chrétienne.
Dans sa grâce,
Dieu nous pardonne ; même plus, il nous justifie.
Être justifié,
c’est être dégagé de toute accusation qui pourrait être portée contre nous.
C’est le contraire d’être condamné, de même qu’être coupable est opposé à être
pardonné.
La justification
libère donc le croyant de toute accusation et de toute sentence que devrait
prononcer contre lui le tribunal divin. Mais ce n’est pas tout : la
justification n’a pas seulement le caractère négatif d’être libéré de la
condamnation. Elle enrichit le croyant d’une justice à la fois positive et
divine.
Nous avons vu que
le début de l’épître aux Romains établit la culpabilité de l’homme. Comme une
conclusion, le verset 19 du chapitre 3 déclare que tout homme est coupable
devant Dieu. Le verset suivant constate que la loi n’apporte aucun secours. Au
contraire, au lieu de justifier l’homme, elle le convainc de péché et fait
venir sur lui une juste condamnation. Devant ces tristes constatations,
l’apôtre Paul expose à partir du verset 21 la glorieuse doctrine de la
justification.
L’apôtre commence
par proclamer que la justice de Dieu est manifestée. En déclarant l’homme
pécheur, Dieu avait déjà montré sa justice et établi qu’il ne peut faire aucun
compromis avec le péché. Mais maintenant, cette justice est manifestée avec un
éclat incomparable par l’oeuvre de Jésus Christ.
Christ a parfaitement
glorifié Dieu sur la terre. En particulier, il a laissé sa vie volontairement.
Il a été une offrande agréable à son Dieu qui a été apaisé à l’égard du péché
et même glorifié. Dieu l’a alors ressuscité et l’a fait asseoir à sa droite.
Christ glorifié est une première manifestation de la justice divine (Jean
10:17 ; 17:4-5 ; 16:10).
D’autre part,
Christ s’est livré pour nous. Il a subi la condamnation du péché (Rom. 8:3) et
a expié tous les péchés des croyants. Par conséquent Dieu est parfaitement
juste en recevant comme justifiés ceux qui viennent à lui par Jésus Christ (2
Cor. 5:21).
Ainsi ces deux
aspects de l’oeuvre de Christ, la propitiation pour
la satisfaction parfaite de Dieu et la substitution du croyant sous le
jugement, manifestent pleinement la justice de Dieu.
Cette justice
sera bientôt visible lors du jugement et de la condamnation éternelle des
hommes qui auront refusé la grâce. Elle sera alors manifestée publiquement,
mais d’une manière moins profonde qu’à l’heure solennelle où Dieu accabla de
douleur son propre Fils, victime parfaite, fait péché pour nous. La croix de
Christ demeurera durant l’éternité la manifestation la plus grandiose de la
justice de Dieu et de son amour insondable (Rom. 5:8).
La justice de
Dieu ainsi manifestée se déploie «envers» tous les hommes. La grâce de Dieu est offerte à tous. C’est un
de ses aspects merveilleux. Elle met tous les hommes à égalité étant donné que «tous
ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu» (Rom. 3:23). Cependant, si cette justice est en faveur de
tous, elle n’est imputée qu’à ceux qui croient. Elle est jetée sur eux comme
une robe pour les couvrir en la présence de Dieu. C’est la justification
positive du croyant qui est non seulement dégagé de toute accusation, mais
divinement revêtu de justice.
Bien sûr, l’amour
de Dieu est à la source de tout : nous sommes justifiés par sa grâce (Rom.
3:24). Mais le moyen de nous rendre justes est le sang de Christ, c’est-à-dire
sa mort. Nous sommes justifiés par son sang (Rom. 5:9 ; Rom. 3:25).
La mort de Christ
a montré la justice de Dieu autant en faveur des croyants de l’Ancien Testament
que pour nous-mêmes. Avant la venue du Seigneur, Dieu pouvait supporter les
péchés parce qu’il regardait par avance au sacrifice de Christ qui était
typifié par toutes les ordonnances de la loi. Ainsi, le sang de Christ est le
seul moyen de rendre juste un pécheur. Cependant, les croyants d’alors ne
pouvaient le comprendre et n’avaient pas une pleine assurance du salut.
«Jésus notre
Seigneur... a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre
justification» (Rom. 4:25). Il faut bien saisir les deux parties de ce
verset pour jouir d’une assurance totale concernant notre justification. Sur la
croix, Christ a porté nos péchés et leur châtiment, mais la preuve de notre
libération de ces péchés est établie par sa résurrection. Si cette seconde
vérité est méconnue, on ne peut goûter la paix.
Parce que Christ
est ressuscité, je sais que mes péchés sont tous expiés. Je suis tout à fait
libre vis-à-vis du Juge suprême qui a montré sa satisfaction en glorifiant le
Seigneur. C’est Dieu qui justifie (Rom. 8:33). Il avait prononcé notre sentence
comme pécheurs, il nous déclare maintenant totalement libérés. Notre
justification est complète, elle est définitive. Personne ne peut nous
condamner.
La foi est le
maillon qui nous unit au Seigneur Jésus et nous rend participants aux
bénédictions que sa mort procure. La foi est donc nécessaire ; seuls les
croyants sont justifiés. Dans ce sens, nous sommes «justifiés sur le
principe de la foi» (Rom. 5:1).
Cette foi
consiste à recevoir simplement le salut que Dieu nous offre, à recevoir Jésus
Christ (Jean 1:12). C’est «l’obéissance de la foi» (Rom. 16:26 ;
voir aussi Jean 3:36). Jésus Christ est «l’auteur du salut éternel»
réservé seulement à «ceux qui lui obéissent» (Héb.
5:9).
Jusqu’à présent,
nous avons vu la justification en rapport avec nos péchés (les actes commis).
Un autre aspect du sujet concerne la justification de vie (Rom. 5:18) en
relation avec le péché, c’est-à-dire la racine du mal en nous.
Par nature tous
les hommes sont apparentés à Adam, chef d’une race pécheresse. Par grâce et en
vertu de l’oeuvre de la croix, nous appartenons, en
tant que croyants, à une race spirituelle dont Christ est le chef. Unis à lui,
nous participons à sa nature et à sa vie. Judiciairement nous sommes libérés de
toute condamnation en rapport avec notre première race et le péché qui s’y
rattache.
En exposant cette
doctrine de la justification de vie, l’apôtre s’écrie : «Il n’y a
maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus»
(Rom. 8:1). Béni soit Dieu pour une telle délivrance !
Comment
concilier l’affirmation de l’apôtre Paul : «l’homme est justifié par la
foi, sans oeuvres de loi» (Rom. 3:28) avec celle de l’apôtre Jacques :
«un homme est justifié par les oeuvres et non par la
foi seulement» (Jacques 2:24) ?
Il s’agit de deux
justifications différentes. L’apôtre Paul parle de notre justification devant
Dieu, alors que l’apôtre Jacques traite de notre justification devant les
hommes. La première est obtenue par la foi en l’oeuvre
de Christ, la seconde l’est par les oeuvres de foi,
c’est-à-dire par notre conduite qui est la conséquence de notre foi.
Voyons un
exemple : un petit garçon se vante devant ses camarades : «Moi je sais lire». Comment va-t-il être justifié dans son affirmation ? En
prenant un livre et en lisant à haute voix.
De la même
manière, il ne suffit pas d’affirmer que nous sommes justifiés, il faut que nos
actes prouvent à nos frères et au monde que nous avons réellement la vie de
Dieu.
Si l’évangile
proclame le pardon et la justification, il révèle aussi Dieu comme le
Rédempteur.
Dieu veut libérer
l’homme de toute les formes d’esclavage dans lesquelles il se débat. La liste
en est bien triste : passions qui le gouvernent, craintes diverses, en
particulier crainte de la mort, obligations religieuses ou mondaines, et
par-dessus tout, assujettissement à la puissance du diable par le biais des
idéologies comme des pratiques superstitieuses. Combien l’homme a besoin d’être
libéré !
Avec la
justification nous avions trouvé la notion de tribunal divin. Avec la
rédemption nous voyons apparaître celle de l’esclavage de l’homme. Des forces
adverses l’assujettissent et lui font perdre ce à quoi Dieu le destinait. Être
racheté, c’est être relevé d’un triste état duquel on ne peut sortir seul. Le
rédempteur, autrement dit le racheteur, est
celui qui nous délivre et nous permet de jouir des bénédictions divines.
L’Ancien
Testament parle souvent de la rédemption, en particulier dans les livres de
l’Exode, de Ruth et d’Ésaïe. Elle est souvent représentée par une libération
qui peut être obtenue soit par victoire soit par paiement. En effet, pour
libérer un prisonnier de guerre, il fallait vaincre celui qui le tenait
enfermé, alors que pour libérer un esclave, il fallait payer le rachat.
Le peuple
d’Israël avait été esclave en Égypte pendant plusieurs générations, mais
l’Éternel avait dit : «Je vous rachèterai à bras étendu et par de
grands jugements» (Exode 6:6).
Il s’agissait de tirer vengeance sur l’Égypte des outrages infligés par le
Pharaon à Israël. Effectivement, lorsque toutes les plaies se furent abattues
sur l’Égypte et que l’armée du Pharaon fut complètement détruite, nous trouvons
Israël chantant à l’Éternel : «Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté» (Exode 15:13).
La rédemption
contre paiement est davantage vue dans le livre de Ruth. Élimélec
avait quitté le pays d’Israël pour les terres de Moab où il mourut, lui et ses
fils. Dans ces circonstances, l’héritage d’Élimélec
risquait de passer à d’autres, et sa femme et sa belle-fille Ruth pouvaient
tomber dans la misère. Pareil désastre fut évité parce que Boaz, agissant comme
parent ayant droit de rachat, prit Ruth pour épouse en même temps qu’il acquit
l’héritage.
Dans le livre
d’Ésaïe la rédemption est présentée comme encore à venir. Israël est écrasé par
les nations, vu tel un «vermisseau», mais l’Éternel se présente à lui
comme son «Rédempteur, ... le Saint
d’Israël», «l’Éternel des armées», «le Puissant de Jacob» (És. 41:14 ; 47:4 et 49:26). Tout au long de
plusieurs chapitres, l’Éternel parle de rédemption jusqu’au moment encore futur
où, sortant en vainqueur du milieu de ses ennemis détruits, il s’écrie : «le jour de la vengeance était dans mon coeur, et l’année de mes rachetés était venue» (És. 63:4).
La rédemption finale d’Israël signifie la vengeance de tous leurs ennemis. Mais
elle n’aura lieu qu’après une période d’épreuve sévère pour le peuple (Luc
21:28).
Cependant au
milieu de ces chapitres d’Ésaïe qui parlent de rédemption future, nous trouvons
une extraordinaire prophétie sur une rédemption de nature plus profonde.
L’Éternel avait déclaré : «Vous vous
êtes vendus pour rien, et vous serez rachetés sans argent» (És. 52:3).
Alors est présenté le bienheureux Serviteur de l’Éternel qui souffre et meurt
pour le peuple et dont l’âme est une offrande pour le péché. «Le Rédempteur
viendra à Sion et vers ceux qui...
reviennent de leur rébellion» (És. 59:20), mais cela ne se réalisera que lorsqu’il les
aura d’abord rachetés sans argent comme fruit du travail de son âme. En effet,
la rédemption en puissance est basée sur l’amour de la croix. Cela était déjà
visible dans l’offrande de l’agneau pascal précédant la délivrance de l’Égypte
(Ex. 12 ; voir aussi 1 Pierre 1:18-20). Ces différents aspects de la
rédemption sont développés dans le Nouveau Testament.
L’homme est
esclave du péché, il est «vendu au péché» (Rom. 7:14 ; voir aussi
Jean 8:34). C’est le point fondamental qui nécessite sa rédemption.
Si le début de
l’épître aux Romains parle surtout de notre condamnation devant Dieu, il
contient aussi la pensée de notre esclavage au péché quand l’apôtre dit que les
juifs comme les Grecs sont «sous le péché» (Rom. 3:9). Être sous le
péché signifie lui être asservi, être sous son pouvoir. Plus loin, la
rédemption est mentionnée en liaison avec la justification : «justifiés
... par la rédemption qui est dans le Christ Jésus» (Rom. 3:24). En effet,
une seule oeuvre est à la base de toutes nos
bénédictions.
Christ a porté le
châtiment de nos péchés, la colère de Dieu est épuisée à leur égard, nous
sommes donc justifiés. D’un autre côté, Christ a donné sa vie en rançon pour
nous (Matt. 20:28 ; voir aussi 1 Tim. 2:6), il a payé pour nos péchés,
nous sommes donc ses rachetés.
Pour nos péchés,
nous aurions dû payer de notre vie, mais Christ a donné la sienne à notre
place. Étant sans péché, il n’avait pas à passer par la mort, mais il pouvait
mourir pour d’autres qui étaient pécheurs, c’est-à-dire donner sa vie comme une
rançon pour eux. C’est «la rédemption par son sang» (Éph.
1:7), le fondement de toutes les délivrances du croyant. Elle concerne à la
fois notre rachat de la triste dette de nos péchés (Tite 2:14) et notre
libération de l’assujettissement au péché, c’est-à-dire à la force de mal qui
habite en nous (Rom. 8:2-3).
L’oeuvre rédemptrice de Christ est également présentée dans
l’épître aux Galates : «Christ nous a rachetés de la malédiction de la
loi» (Gal. 3:13). Il y avait une malédiction prononcée contre celui qui ne
pratiquait pas la loi. Christ nous a rachetés de cette malédiction en payant à
notre place. Alors qu’il avait seul accompli la loi, il s’est laissé clouer à
la croix, devenant «malédiction pour nous» (Gal. 3:13).
Pourtant il nous
fallait encore autre chose. Non seulement nous gisions sous la malédiction,
mais, de plus, la loi nous tenait dans la servitude. En tant que juif, l’apôtre
dit : «nous étions asservis sous les éléments du monde» (Gal. 4:3).
Pour les Galates non juifs, il emploie une expression semblable : les «faibles
et misérables éléments auxquels vous voulez de nouveau être asservis» (Gal.
4:9). Les Juifs comme les hommes des nations étaient également sous la
servitude des principes du monde. Les uns essayaient de respecter la loi de
Dieu, les autres une religion idolâtre, mais tous étaient sous le même principe
légal, principe entièrement du monde, qui consiste à acquérir par soi-même la
faveur de Dieu. Christ nous a rachetés de ce joug légal en nous donnant
gratuitement ce que nous ne méritions pas : la position de fils de Dieu
(Gal. 4:5). Plus d’effort à faire, tout est grâce. Dans cette nouvelle
position, la loi n’a plus de force sur nous car, associés à Christ, nous sommes
morts à la loi (Gal. 2:19).
Satan est le chef
de ce monde. Pour lui, tous les moyens sont bons pour régner sur l’homme. Il
utilise les obligations religieuses comme les obligations mondaines derrière
lesquelles il se cache. Ne pas prendre, ne pas goûter, ne pas toucher (Col.
2:21), ou au contraire suivre le «train de ce monde» (Éph. 2:2, voir aussi Col. 2:8), toutes ces
obligations ont en réalité une même source dans celui qui est l’usurpateur
impitoyable. Pour mieux dominer, il s’appuie également sur le sentiment de peur
qui habite le coeur de l’homme depuis la chute, en
particulier cette crainte de la mort qui, pendant toute la vie, assujettit
l’homme à la servitude (Héb. 2:15).
Mais Christ nous
a délivrés de toutes ces formes d’esclavage en étant le vainqueur de toutes les
forces adverses. Quand il était sur la terre, il guérissait «tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance» (Actes 10:38) et à la croix, il a
triomphé publiquement de toutes les puissances spirituelles (Col. 2:15). De
plus, il nous a délivrés de la crainte de la mort en rendant «impuissant
celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable» (Héb. 2:14).
La rédemption
acquise par Christ a des résultats éternels (Héb.
9:12) qui ne sont visibles que par la foi. Quoique vaincu à la croix, Satan
domine encore sur le monde et la création est toujours sous la «servitude de la corruption» (Rom. 8:21). Le croyant lui-même garde sur la terre son corps
d’abaissement assujetti aux maladies et à la mort ; il soupire en
attendant la délivrance finale.
Heureusement,
Dieu en soit loué, l’oeuvre de Christ a des résultats
complets : il y aura une rédemption finale, rédemption en puissance qui
s’accomplira quand le Seigneur reviendra. Pour nous ce sera alors «l’adoption, la délivrance de notre corps» (Rom. 8:23). L’Esprit Saint nous a
déjà scellés pour ce «jour de la
rédemption» (Éph.
4:30) et il nous permet de l’anticiper par la foi (Éph.
1:14).
Toute la création
profitera aussi de cette rédemption en puissance et jouira de «la liberté de la gloire des enfants de Dieu» (Rom. 8:21). Une libération
générale sera publiée par toute la terre, réalisation glorieuse du type
qu’était l’année du jubilé en Israël (Lév. 25).
Cette rédemption
en puissance nous est présentée comme une liberté acquise par victoire
puisqu’il est dit : «Je les
rachèterai de la mort. Ô mort, où sont tes pestes ? Ô shéol, où est ta
destruction ?» (Os.
13:14 ; voir aussi 1 Cor. 15:55). Dans cette heureuse journée, les corps
de tous les saints seront libérés de l’étreinte de la mort, le dernier ennemi.
Tout ce que
Christ a acheté par sa mort sera arraché à la domination de l’usurpateur ;
ce sera alors la pleine «rédemption de la possession acquise» (Éph. 1:14).
Aussi précieuse
que soit la rédemption, elle n’est pas une fin en soi. Elle est plutôt un moyen
pour que le Seigneur puisse achever en nous son propos d’amour.
Dieu voulait que
les fils d’Israël soient sa nation particulière, un peuple de sacrificateurs
pour le servir sur la terre qu’il leur avait donnée. Pour cela, il a dû les
racheter hors d’Égypte afin que ce propos se réalise. Ils ne pouvaient pas le
servir tant qu’ils étaient les esclaves du Pharaon.
En ce qui nous
concerne, le but visé est d’un ordre plus élevé. Dieu désire que nous soyons
des fils, devant lui parfaits en amour. La rédemption était nécessaire comme
moyen pour atteindre ce but (Éph. 1:5-7 et Gal. 4:5).
Elle était encore nécessaire afin que nous soyons «rendus capables de participer au lot des saints dans la
lumière» (Col. 1:12). Le
Père cherche des adorateurs et nous sommes «une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices
spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ» (1 Pi. 2:5). Mais avant cela, il a d’abord fallu que nous
soyons «rachetés de notre vaine
conduite... par le sang précieux de Christ» (1 Pi. 1:18-19).
Dieu a de riches
pensées en notre faveur, mais leur réalisation n’est possible que sur la base
de la rédemption. Nous devons d’abord être rachetés de toute puissance ennemie
pour que Dieu soit libre de réaliser ses sages conseils pour notre bien et à sa
gloire.
Puisqu’il existe un aspect futur de la rédemption,
est-il juste d’affirmer que nous sommes rachetés ? Ne devrions-nous pas
plutôt dire que nous sommes en voie de l’être ?
L’Écriture
affirme que «nous avons la rédemption
par son sang» (Éph.
1:7 et Col. 1:14). Par conséquent, nous pouvons dire avec une pleine
assurance que nous sommes rachetés. Notons cependant qu’il s’agit de la
rédemption «par son sang», et sous cet aspect elle appartient au
passé. La rédemption de nos corps est encore à venir.
Seulement, soyons
sûrs que Dieu ne laissera jamais son oeuvre
inachevée. Dieu ne racheta pas les enfants d’Israël par le moyen de l’agneau
pascal, pour les oublier ensuite et les abandonner au pouvoir des oppresseurs
égyptiens. Chacun, même le plus petit enfant, devait partir ; ni personne
ni bien ne devait rester en arrière. De la même manière, Dieu achèvera son oeuvre en notre faveur. Tous ceux qui sont rachetés par le
précieux sang de Christ, auront bientôt leurs corps transformés pour être
semblables à celui du Seigneur. Tout n’est pas achevé, mais nous pouvons déjà
nous réjouir d’être rachetés.
Comment faut-il comprendre l’expression
d’Éphésiens 1:14 : «la rédemption de la possession acquise» ?
Il faut d’abord
faire la distinction entre l’acquisition et la rédemption. On peut dire que la
rédemption comprend l’acquisition alors que très souvent l’acquisition
n’implique malheureusement pas la rédemption.
Les corps des
croyants sont «achetés à prix»
(1 Cor. 6:20). Mais les faux docteurs sont également achetés par le
Maître qu’ils renient (2 Pi. 2:1). Christ a d’ailleurs acheté le monde pour le
trésor que représentent les croyants (Matt. 13:44). Par sa mort, le Seigneur a
obtenu un droit de possession sur tout, mais tous les hommes ne sont pas
rachetés.
Cependant
l’expression «la rédemption de la
possession acquise» a un
sens plus restreint. Il s’agit de la rédemption en puissance de ce que le
Seigneur a acquis et qui se trouve au bénéfice de la rédemption par son sang.
Ce que le Seigneur a acquis par sa mort doit être encore délivré avec puissance
du pouvoir de toute force adverse.
Une illustration
peut être trouvée dans le champ acheté par Jérémie (Jér.
32). Ce champ a été acquis alors qu’il était une désolation et livré aux
Chaldéens. Il devait donc être libéré, restauré, c’est-à-dire faire l’objet
d’une rédemption, avant d’être à nouveau cultivé par ceux que l’Éternel devait
rétablir.
Le livre de Ruth montre qu’en Israël, seuls
certains parents avaient le droit de rachat. Cela a-t-il une signification pour
nous ?
En Israël,
acheter un champ était une transaction que chacun pouvait faire. Il n’en était
pas ainsi pour le racheter quand il risquait de passer à une famille étrangère.
Il fallait être parent pour avoir un droit quelconque de rachat et une priorité
était accordée au plus proche parent.
D’une manière
similaire, aucun ange ne peut racheter un seul homme. Aussi, le Seigneur Jésus
ne devint pas un ange, mais un homme et fut ainsi notre parent rédempteur. Pour
effectuer la rédemption, Dieu a pris un homme, «la semence d’Abraham» (Héb. 2:14-16). Combien est donc importante la
parfaite humanité de notre Seigneur. Il a participé «au sang et à la chair» afin de nous racheter de la puissance du diable.
Un enfant a-t-il
fait une fugue ? Il est coupable, il a besoin de pardon. Éloigné du foyer
paternel, est-il tombé en de mauvaises compagnies ? Il doit en être
délivré, être racheté. Sous ces tristes influences, a-t-il pris en dégoût la
maison paternelle ? Il faut le réconcilier.
De la même
manière, si le pardon et la justification nous sont nécessaires à cause de
notre culpabilité ainsi que la rédemption à cause de notre asservissement au
péché, la réconciliation nous est indispensable parce que nous étions devenus
ennemis de Dieu. Le péché nous avait éloignés de Lui et nous étions dans une
complète indifférence à son égard, ou même en opposition ouverte. La
réconciliation répond à ce triste état en nous ramenant dans la présence de
Dieu, goûtant une paix parfaite et jouissant de son amour. C’est une des
bénédictions les plus positives de l’évangile. Il faut attendre le Nouveau Testament
pour qu’elle soit présentée, principalement dans quatre passages des écrits de
l’apôtre Paul (Rom. 5 ; 2 Cor. 5 ; Col. 1 et Éph.
2).
Pour comprendre
la réconciliation, il est nécessaire de bien saisir d’abord tout le drame de
l’éloignement de Dieu. En Colossiens 1:21, la réconciliation est effectivement
mise en opposition avec le fait que nous étions «étrangers et ennemis quant
à notre entendement». Le terme
grec traduit ici par «étrangers» pourrait être également rendu par «éloignés»
de Dieu. Dans l’épître aux Éphésiens, nous trouvons décrit le triste état de
l’homme naturel qui est profondément séparé de Dieu : il est «étranger
à la vie de Dieu» (Éph. 4:18 ; voir aussi Éph.
2:2, 3). Plusieurs notions se rapportent à cet état, par exemple la vanité, les
ténèbres, l’ignorance, l’aveuglement, la volupté, l’impureté. Toutes ces choses
sont exactement opposées à la vie selon Dieu, car en nous éloignant de Dieu, le
péché nous a séparés de toutes les vertus qui viennent de Dieu. Dans cet état
nos désirs ne se portent pas vers Dieu, nous ne désirons pas la lumière et la
vie qu’apporte sa présence.
C’est dès la
chute que cet éloignement se produisit. Le comportement d’Adam et d’Ève le
montre clairement. Aussitôt que la voix de l’Éternel se fit entendre dans le
jardin, ils se cachèrent, ne pouvant supporter sa présence. Entre Dieu et eux,
ils avaient élevé une barrière qu’ils ne pouvaient franchir et que Dieu
confirma par le moyen des chérubins et de l’épée pour garder le chemin de l’arbre
de vie.
Cette barrière
était d’ailleurs dans les deux sens : l’homme avait peur de Dieu et le
Dieu saint ne pouvait plus supporter l’homme dans sa présence. C’est ainsi que
le péché détruisit le plaisir que Dieu pouvait trouver dans sa plus belle créature.
Les choses s’aggravèrent encore, car l’homme continua de montrer sa tendance au
péché qui le plongea dans un état tout à fait insupportable. Alors «l’Éternel
se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre et il s’en affligea dans son coeur» (Gen. 6:6). Avant la
chute, l’homme, associé au reste de la création, avait été déclaré «très bon» ;
maintenant Dieu ne pouvait le regarder qu’avec une profonde tristesse.
L’épître aux
Romains nous expose la bien triste histoire de l’éloignement des hommes à
l’égard de Dieu. D’abord «ils n’ont pas eu de sens moral pour garder la
connaissance de Dieu», ensuite,
l’ayant perdu, il n’y a eu «personne qui recherche Dieu» et enfin ils sont devenus
positivement «ennemis» de Dieu (Rom. 1:28 ; 3:11 ; 5:10). Quel
triste état ! L’homme ne veut absolument aucune relation avec Dieu, sa
nature profonde est inimitié contre lui (Rom. 8:7) et il est prêt à se révolter
ouvertement contre lui et contre le Seigneur Jésus (Ps. 2).
La rupture était
totale entre Dieu et l’homme pécheur. Comment rétablir la relation ?
L’évangile répond : Par la réconciliation. Mais qui doit être
réconcilié ? Assurément, c’est l’homme parce que sa volonté est opposée à
Dieu. L’Écriture ne parle pas de réconcilier Dieu, car il est amour et ne
change pas. Rien ne peut arrêter son dessein d’amour, pas même le péché de
l’homme. Alors que nous haïssions Dieu, lui nous aimait toujours. Par contre,
la relation était bien interrompue. Dieu avait caché sa face, le péché était un
obstacle à la manifestation positive de son amour.
La réconciliation
doit donc porter sur deux plans. D’abord il fallait une oeuvre
divine pour ôter le péché et permettre à Dieu qui est saint de recevoir l’homme
en justice. C’est le fondement de la réconciliation. Ensuite il est nécessaire
que l’homme perdu se laisse réconcilier et qu’il reçoive une nouvelle nature
tournée vers Dieu et capable de répondre à son amour.
Dieu a envoyé son
Fils parmi les hommes dans un esprit de réconciliation : «Dieu
était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas
leurs fautes» (2 Cor. 5:19).
Le Seigneur n’apportait pas le jugement, mais le pardon. Il n’a pas imputé la
culpabilité, même quand celle-ci était manifeste. Il a dit à la femme
adultère : «je ne te condamne pas» (Jean 8:11), et sur la croix il a
prié pour ses meurtriers : «Père, pardonne-leur» (Luc 23:34). Dieu a fait tout ce
qui était possible pour que l’homme revienne à Lui, mais cela n’a fait que
mettre en évidence l’inimitié foncière de la race humaine. Dieu a envoyé son
Fils bien-aimé pour proposer la paix, mais il a été rejeté et crucifié.
C’est alors que
l’amour de Dieu, en fondant la réconciliation sur «la mort de son Fils» (Rom. 5:10) a triomphé. «Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous, afin que nous
devinssions justice de Dieu en lui»
(2 Cor. 5:21). Le péché étant jugé, plus rien d’odieux ne subsiste en
nous devant Dieu. Il n’éprouve plus aucune tristesse à nous considérer, mais au
contraire nous reçoit avec bonheur en Christ.
Dans l’épître aux
Colossiens, il est précisé que nous avons été «réconciliés dans le corps de sa chair, par la mort» (Col. 1:21-22 ; voir des
expressions analogues en Rom. 7:4 ; Éph.
2:15 ; Héb. 10:10, 20). Notre changement de
condition par rapport à Dieu s’est opéré dans le corps du Seigneur. Par son
humanité, il a pu s’identifier sur la croix avec notre position, celle d’Adam
déchu. En somme, il a porté notre éloignement et notre inimitié quant à Dieu,
puis en a subi le jugement avant de reprendre sa vie en résurrection.
Maintenant, toujours identifiés à lui, nous nous trouvons dans sa nouvelle
position d’homme ressuscité. Si notre ancienne position était détestable pour
Dieu, rien ne lui est plus agréable que notre nouvelle position, celle de
Christ ressuscité des morts.
Tel est le côté
de Dieu dans la réconciliation. C’est une oeuvre
parfaite, absolue. C’est l’oeuvre qui introduit la
nouvelle création (2 Cor. 5:17). Comme fruits de la réconciliation, nous nous
tenons devant Dieu dans une condition de parfaite acceptation : «Il
nous a rendus agréables dans le
Bien-aimé» (Éph.
1:6) ; L’acceptation de Christ est la mesure de la nôtre. Cette
mesure se discerne dans ce titre significatif de «Bien-aimé».
Dieu a fait le
nécessaire pour que notre réconciliation soit possible sur une base de
sainteté. Maintenant, une oeuvre doit s’accomplir en
chacun de nous puisque nous étions «étrangers et ennemis» dans toutes nos
pensées envers Dieu. Il faut donc un changement fondamental dans nos
dispositions. Notre coeur doit être tourné vers Dieu.
C’est pour cela que l’évangile a été confié aux apôtres comme «la parole de la réconciliation». Ils accomplissaient leur service
en qualité «d’ambassadeurs pour
Christ», suppliant les
hommes : «Soyez réconciliés avec
Dieu !» (2 Cor. 5:19-20).
Notons bien qu’il
ne s’agit pas de se réconcilier soi-même avec Dieu. Cela nous est tout à fait
impossible. Il n’est pas dit : «Réconciliez-vous
avec Dieu», mais «Soyez
réconciliés». L’oeuvre de la réconciliation est accomplie, il suffit
d’en être bénéficiaire en croyant l’évangile. Alors le ministère de la
réconciliation devient efficace envers nous. II peut être dit : «Nous
avons maintenant reçu la
réconciliation» (Rom. 5:11). Nous
sommes dans une nouvelle position et nos pensées à l’égard de Dieu sont
entièrement modifiées. L’inimitié qui précédemment remplissait nos coeurs est ôtée et nous nous réjouissons en Dieu. II est
notre sujet de joie et de gloire (Rom. 5:11).
Pour nous amener
heureux dans sa présence, Dieu n’a pas amélioré notre état naturel. Il nous a
donné une nouvelle nature semblable à la sienne en pureté et en amour. «Si
quelqu’un est en Christ, c’est une
nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes
choses sont faites nouvelles ; et toutes sont du Dieu qui nous a
réconciliés avec lui-même par Christ»
(2 Cor. 5:17-18). Un jour nouveau
s’est levé ; Dieu peut maintenant abaisser ses regards sur nous
avec plaisir ; nous pouvons en retour élever les nôtres avec amour vers
lui.
Non seulement
nous nous trouvons justes devant Dieu — nous sommes justifiés — et libres pour
le servir — nous sommes rachetés — mais nos coeurs
sont rendus capables de l’aimer. Étant réconciliés, nous entrons pleinement
dans les richesses de sa faveur. C’est l’introduction dans la bénédiction de
l’ordre le plus élevé. C’est l’accomplissement de ses conseils d’amour qui
n’ont jamais été modifiés, même par l’introduction du péché.
Au début de
l’épître aux Colossiens, la Parole déploie en quelques mots l’excellence de la
personne du Seigneur et l’étendue de son oeuvre :
«en lui, toute la plénitude s’est
plu à habiter, et par lui, à réconcilier toutes choses avec elle-même» (Col. 1:19-20). La réconciliation
envisagée ici a une très grande portée. Elle inclut certainement celle des
croyants, mais elle est beaucoup plus large et ses résultats sont encore
futurs.
La réconciliation
de toutes choses concerne «les choses
qui sont sur la terre» et celles
«qui sont dans les cieux». Les «êtres infernaux» (Phil. 2:10) qui fléchiront les
genoux au nom de Jésus, ne sont pas mentionnés. En effet, le moment vient où
tout ce qui est mauvais sera rejeté dans le lieu du jugement éternel pour y
être maintenu sous l’ardente indignation de Dieu, sans réconciliation possible.
Par contre, toutes choses dans les cieux et sur la terre seront purifiées et
réconciliées. Toutes choses ont été créées pour Christ (Col. 1:16) ; elles
trouveront alors leur juste place par rapport à lui. Elles seront dans l’ordre
voulu de Dieu, elles feront ses délices et se délecteront en lui.
Cette
réconciliation est nécessaire partout où le péché a été introduit et a produit
une souillure ou un désordre. Cela est manifeste sur la terre où tout est
moralement désorganisé et plus généralement pollué, mais c’est également vrai
dans certaines parties des cieux à cause de la chute d’êtres angéliques. Le
sang de la croix de Christ, qui procure déjà la réconciliation aux croyants,
est la base sur laquelle s’accomplira la réconciliation de toutes choses. Alors
quelle gloire pour Christ, quels glorieux résultats de ses souffrances
passées !
L’apôtre Paul explique que la réjection des juifs «est
la réconciliation du monde» (Rom.
11:15). Que signifie cette
expression ?
L’Apôtre expose
les voies de Dieu envers Israël, en montrant comment ce peuple a été mis de
côté pendant la période de la grâce pour que l’évangile puisse atteindre toutes
les nations. Avant cette période, sous la loi, Dieu limitait ses rapports et sa
faveur à Israël. Les nations restaient dans les ténèbres qu’elles avaient
initialement choisies (Rom. 1:21). Elles étaient dans un état d’éloignement de
Dieu, n’ayant plus de relations établies avec Lui.
À la suite de la
venue de Christ et de son rejet par Israël, un grand changement se
produisit ; Israël fut déchu de sa place comme peuple privilégié, et
l’évangile de la grâce fut annoncé à tous les peuples : la réjection
d’Israël a été la réconciliation du monde. Jusque là,
Dieu s’occupait d’Israël et laissait les nations dans leur aveuglement.
Maintenant tout est inversé : Dieu se tourne vers les nations, une
relation est à nouveau possible sur une nouvelle base.
L’apôtre Paul
déclare : «Le salut de Dieu a été
envoyé aux nations ; et eux écouteront» (Actes 28:28). Cette réconciliation du monde
est dispensationnelle c’est-à-dire qu’elle concerne les relations particulières
avec Dieu à une époque donnée. Quand Dieu fit don de son Fils unique, il avait
en vue le monde entier. Aussi, actuellement, le salut est pour tous les peuples
sans distinction.
«Que faut-il que je fasse pour être
sauvé ?» (Actes
16:30). Question fondamentale pour l’homme qui comprend soudain qu’il
est perdu. «Être sauvé»,
résume bien souvent tout ce dont une âme a besoin et, Dieu en soit béni,
tout ce que l’évangile vient lui offrir. Le salut a une portée très
large ; il implique tout à la fois le pardon, la justification, la
rédemption et la réconciliation. C’est pour cela que la Parole de Dieu parle
d’un «si grand salut» (Héb. 2:3).
Cette expression réunit les différents aspects de la puissante
intervention de Dieu en faveur de l’homme. Pour cette raison, elle a été
choisie comme titre de ce livre.
Le Seigneur
lui-même a commencé d’annoncer ce salut merveilleux, puis les disciples ont
confirmé le message, Dieu lui-même rendant témoignage avec eux par les miracles
variés du Saint Esprit (Héb. 2:3-4). L’évangile est
ensuite parvenu jusqu’à nous, les nations, et l’apôtre Paul l’a appelé : «l’évangile
de votre salut» (Éph. 1:13) ou
encore «la parole de ce
salut» (Actes 13:26).
«Seigneur, sauve-nous ! nous périssons» (Matt. 8:25). Ce cri de détresse
des disciples dans la tempête montre bien que le salut répond à la perdition,
comme cela est confirmé par plusieurs autres passages. En 1 Corinthiens 1:18,
le contraste est fait entre «ceux qui périssent» et «nous qui
obtenons le salut». Plus loin
l’apôtre Paul divise les hommes entre «ceux qui sont sauvés» et «ceux qui périssent» (2 Cor.
2:15). Le message de l’évangile affirme également : «le Fils de l’homme est venu chercher et
sauver ce qui était perdu» (Luc 19:10).
En tant que
coupables, nous avons besoin du pardon. Comme condamnés, il nous faut la
justification. Esclaves, nous devons être rachetés. Ennemis, nous devons être
réconciliés. Enfin si nous sommes perdus, en train de périr, nous avons besoin
de salut.
Pourtant être
perdu signifie tout à la fois être coupable, condamné, esclave et ennemi. Le
salut répond à tous ces états d’une manière générale. Quand la Parole parle du
salut, il ne s’agit pas d’un point particulier de doctrine mais d’une notion
très large et d’une grande richesse. Ainsi nous verrons que le salut de Dieu
est la délivrance de tout danger qui pourrait nous menacer dans le présent ou
l’avenir.
Si Dieu nous
sauve ainsi, c’est par amour, par pure grâce (Éph.
2:5), afin de nous introduire dans les bénédictions les plus positives.
Cependant la plupart des passages qui parlent du salut le présentent en rapport
avec ce dont nous avons été délivrés. Lorsqu’il est question de savoir vers
quoi nous sommes conduits, l’Écriture emploie les termes «vocation» ou «appel». Dieu nous a sauvés d’un état fâcheux et nous a appelés pour
un état bienheureux (voir 2 Tim. 1:9). Le salut est donc à mettre en liaison
avec les périls qui nous menacent, plutôt que les bénédictions auxquelles il
nous permet d’accéder.
Le salut est
mentionné très fréquemment dans l’histoire du peuple d’Israël. Il s’agit
presque toujours d’un salut en rapport avec des ennemis ainsi que l’exprime
Zacharie, le père de Jean le Baptiseur : «le Seigneur, le Dieu d’Israël,... a visité et sauvé son
peuple et nous a suscité... une délivrance de nos ennemis et de la main de tous
ceux qui nous haïssent» (Luc 1:68-71).
Dans l’Ancien
Testament la révélation divine est encore partielle. Les relations avec Dieu
concernaient avant tout les choses matérielles. Le péché était plutôt vu dans
ses conséquences sur la terre, résultat du juste gouvernement de Dieu. Quand
Israël péchait, l’Éternel le livrait en la main de ses ennemis ; quand
Israël se repentait, il le sauvait en lui donnant la victoire (Néh. 9:27).
De la même
manière, les maladies, les famines et les bêtes sauvages étaient envoyées en
discipline pour Israël. Là aussi, l’Éternel était leur sauveur dès que leur
condition morale le permettait.
Toutefois, dans
les prophètes la notion de salut s’élève au-dessus du cadre légal d’Israël.
Ésaïe annonce le Messie auquel l’Éternel dit : «je te donnerai aussi pour être une lumière des nations, pour être mon
salut jusqu’au bout de la terre» (És. 49:6).
C’est déjà le message de l’évangile. Si le salut a une portée très large, il
est pourtant issu de la seule personne de Jésus Christ. Lui est ce salut de
l’Éternel dont parle Ésaïe, «l’auteur du salut éternel» (Héb. 5:9), «le Sauveur du monde» (Jean 4:42), le salut de Dieu (Luc 2:30
et Actes 28:28 ; dans ces versets le terme salut signifie plutôt «ce
qui sauve»).
Étant donné que
le péché se trouve à la racine de tous les périls qui nous menacent, le Nouveau
Testament, avec à-propos, commence par le salut relativement aux péchés. Dès le
premier chapitre de Matthieu, il est parlé de Jésus comme de celui qui «sauvera
son peuple de leurs péchés» (Matt. 1:21). Cela situe la question à un
niveau bien plus élevé que celui de délivrances temporelles. En effet, il faut
surtout considérer les conséquences éternelles du péché, à savoir le jugement
que Dieu prononce sur chaque homme pécheur et le châtiment que doit lui
infliger la colère du ciel. Nous sommes sauvés par rapport à cette colère.
Le salut dans son
sens le plus profond est une dispense ou une délivrance de la colère de Dieu,
quelle que soit la forme qu’elle prenne. «L’évangile... est la puissance de
Dieu en salut à quiconque croit... car la colère de Dieu est révélée du ciel
contre toute impiété et toute iniquité...» (Rom. 1:16, 18). Un peu plus loin, nous lisons que nous sommes
«sauvés de la colère par lui» (Rom. 5:9) et «Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à l’acquisition du salut
par notre Seigneur Jésus Christ» (1 Thes. 5:9).
Le péché nous
avait aussi plongés dans toutes sortes de misères, d’esclavages et d’inimitiés,
mais le Seigneur nous a sauvés de tout cela. En effet «nous étions, nous
aussi, autrefois, insensés,
désobéissants, égarés, asservis à diverses convoitises et voluptés, vivant dans
la malice et dans l’envie, haïssables, nous haïssant l’un l’autre. Mais... il
nous sauva» (Tite 3:3-5).
Que l’on
considère notre culpabilité devant Dieu le juge, ou l’état déplorable où nous
avait conduit le péché, le salut que nous avons accepté en croyant est une
chose passée et accomplie. Avec reconnaissance nous pouvons affirmer que nous
sommes sauvés (voir par exemple 2 Tim. 1:9). Bien que ce soit déjà un grand
privilège, le salut a une portée plus étendue encore.
Nous sommes dans
un monde plein de séductions. Au-dedans la chair veut agir, au-dehors le diable
nous tend toutes sortes de pièges. Que de dangers entourent le croyant !
Nous avons besoin d’en être sauvés chaque jour, un salut pratiquement continuel.
Heureusement, l’Écriture parle clairement de ce salut présent. Le Seigneur
Jésus est vivant dans le ciel pour nous le communiquer en tant que Souverain
Sacrificateur. «Il peut sauver
entièrement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour
intercéder pour eux» (Héb. 7:25).
Le salut présent
que l’on peut appeler salut de la course chrétienne, concerne exclusivement les
croyants. Bien qu’il soit fondé sur la mort de Christ, nous ne l’obtenons que
grâce à son service sacerdotal dans le ciel où il est vivant et actif en notre
faveur. Nous sommes «sauvés par sa
vie» (Rom 5:10) et nous le serons
jusqu’au bout de notre course parce que son service ne s’arrête pas et
qu’il est sacrificateur pour l’éternité.
Afin de pouvoir
jouir de ce salut pratique, nous bénéficions des instructions nécessaires dans
la Parole de Dieu. L’apôtre Paul dit à Timothée : «les saintes lettres... peuvent te rendre sage à salut par la
foi qui est dans le Christ Jésus». Puis il ajoute que l’Écriture est «utile
pour enseigner, pour convaincre, pour
corriger, pour instruire dans la justice» (2 Tim. 3:15-16 ; voir aussi 1 Tim. 4:16).
Ceci montre la
part importante qu’a la Parole de Dieu dans notre salut quotidien. Elle nous
rend sages, pondérés, nous fait éviter les pièges et surtout dirige nos regards
sur le Seigneur.
Quand Paul
écrivait ces paroles, il faisait allusion à l’Ancien Testament que Timothée
connaissait depuis son enfance et qui abonde en effet en avertissements
salutaires Il est à peine nécessaire d’ajouter que cela est également vrai pour
le Nouveau Testament que certains d’entre nous ont le privilège de connaître
dès leur jeune âge.
Pour notre salut
quotidien, un dernier élément s’ajoute à l’intercession du Seigneur et à
l’action de la Parole de Dieu. C’est la présence du Saint Esprit en nous. Le
Seigneur l’a envoyé pour être avec nous jusqu’au bout de la course (Jean
14:17). Il nous permet de comprendre la Parole de Dieu et nous fait jouir du
Seigneur dans la gloire.
Il nous reste à
considérer un autre groupe de passages qui parlent du salut comme d’une chose
que nous attendons (Héb. 9:28 ; Rom. 13:11). En
effet, nous devons encore être sauvés de la colère de Dieu dans son sens
terrestre, c’est-à-dire des jugements apocalyptiques. Nous avons aussi à être
sauvés de la mort physique de notre corps. Tout cela c’est l’espérance
chrétienne. Elle est comme un casque qui nous permet de redresser la tête
malgré l’adversité (1 Thes. 5:8).
Notre espérance
du salut se réalisera à la seconde venue de Christ. Pour le monde, il viendra
comme un juge mais pour nous il n’en est pas ainsi : «Nous attendons le
Seigneur Jésus Christ comme Sauveur,
qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa
gloire» (Phil. 3:20-21).
Bientôt il «apparaîtra une seconde fois,
sans péché, à salut à ceux qui l’attendent» (Héb. 9:28).
Ce salut futur
est le dernier acte de délivrance accompli par le Seigneur en notre faveur.
C’est comme le couronnement de sa miséricorde. Il ressuscitera ceux qui sont
morts en lui et enlèvera les croyants vivants, avant que la grande tempête de
la juste colère de Dieu ne se déchaîne sur la terre. Alors nous serons tous
avec le Seigneur à l’abri du danger pour toujours. Notre salut sera absolument
achevé.
L’apôtre Paul engageait les Philippiens à
travailler à leur «propre salut avec crainte et tremblement» (Phil. 2:12). Comment faut-il comprendre ce passage ?
Les Philippiens
étaient menacés de deux manières : des adversaires au-dehors (fin du
chapitre 1) et des dissensions au-dedans (début du chapitre 2). Il était
relativement facile de faire face aux premières menaces alors que les secondes
étaient tellement dangereuses qu’il était nécessaire de faire appel à l’exemple
incomparable de Christ. De plus, l’apôtre ne pouvait plus les aider car il
était prisonnier à Rome.
Dans ces
circonstances, les Philippiens devaient faire preuve d’une grande vigilance
spirituelle pour se maintenir dans un bon état malgré les dangers qui les
pressaient. Ils devaient travailler à leur propre salut, non pas au salut de
leur âme qui est obtenu une fois pour toutes, mais au salut de leur course
chrétienne.
Ce salut
quotidien doit être envisagé sous deux aspects. D’un côté, Dieu opère en nous «le
vouloir et le faire selon son bon
plaisir» (Phil. 2:13), et
de l’autre côté, nous avons à être diligents afin que la grâce de Dieu ait son
plein résultat en nous.
Le jour de la Pentecôte, l’apôtre Pierre exhortait
les foules en disant : «Sauvez-vous de cette génération
perverse» (Act
2:40). De quel aspect du salut
s’agit-il ?
Après la crucifixion
du Seigneur Jésus et plus encore après le rejet de la grâce lors du martyre
d’Étienne, la nation juive fut placée sous un jugement gouvernemental. Elle
devait être l’objet de châtiments solennels dont une partie fut accomplie lors
de la prise de Jérusalem en l’an 70.
En recevant
l’évangile, les croyants juifs devaient se séparer de ce peuple rebelle afin de
ne pas être jugés avec lui. Il fallait se «sauver de cette génération perverse».
Pour cela, ils devaient recevoir le baptême comme signe de cette
dissociation. Cela leur causa beaucoup de souffrances mais les sauva du
terrible sort réservé au peuple.
Bien que le
baptême ne soit qu’une ordonnance extérieure, il plaçait le croyant juif sur un
terrain de salut (1 Pierre 3:21) en ce qu’il rompait ses liens avec la masse
incrédule de la nation. Lorsqu’un grand navire sombre, on peut mettre à l’eau
les canots de sauvetage au moyen de cordes et s’y installer, mais cela ne
suffit pas. Si les cordes ne sont pas coupées, il n’y a pas de salut. Le baptême
coupe les cordes et c’est en cela qu’il sauve.
Celui qui persévérera jusqu’à la fin ... sera
sauvé» (Matt. 24:13). À la lumière de cette déclaration peut-on
être sûr de son salut avant le terme de la vie sur la terre ?
Dans ce passage,
il ne s’agit pas de la fin de la vie d’un homme sur la terre, mais de la fin
des temps avant le retour de Christ. Le Seigneur adressait ces paroles aux
disciples qui représentaient à ce moment-là le résidu futur d’Israël qui sera
sur la terre durant cette période de la fin. Par conséquent, le salut dont il
est question est un salut terrestre qui sera accordé à ceux qui auront traversé
avec persévérance la grande persécution d’alors.
Bien que ce passage
puisse avoir certaines applications morales pour nous, il ne nous concerne pas
directement. Il ne doit pas être utilisé pour enseigner que l’on ne peut pas
être sûr de son salut avant sa mort, ce qui est une fausse doctrine.
«Si tu confesses de ta bouche Jésus comme
Seigneur et que tu croies dans ton coeur que Dieu l’a
ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé» (Rom. 10:9). Pourquoi la
«confession de la bouche» est-elle liée au salut dans ce
passage ?
Comme nous
l’avons déjà expliqué, le mot «salut» a une signification très large. Il concerne le salut de l’âme,
mais il comprend aussi d’autres délivrances accordées par le Seigneur et en
particulier la délivrance du monde.
Lorsque nous
croyons dans nos coeurs que Dieu a ressuscité le
Seigneur mort pour nous, nous obtenons la justification devant Dieu, le salut
de notre âme. Cependant, cet aspect du salut n’est pas perceptible par les
hommes. Il s’agit davantage d’un acte juridique dans le ciel que d’un fait
visible sur la terre. Il conduit pourtant à ce que nous soyons sauvés ici-bas
du monde, de la chair et du diable. Le tout premier pas vers ce salut plus
visible est la confession de Jésus comme Seigneur. Il faut une confession de la
bouche, car une conversion secrète, sans témoignage extérieur, n’est pas
suffisante pour ce côté du salut.
Le verset suivant
précise : «car du coeur on croit à justice, et de la bouche on fait
confession à salut». La
distinction faite entre la foi du coeur pour être
rendu juste et la confession de la bouche pour être sauvé est très frappante.
Elle nous fait comprendre qu’être sauvé est une bénédiction plus étendue
qu’être justifié. Pour être juste devant Dieu il suffit de croire, alors que,
pour entrer dans tous les aspects du salut, il faut au moins ajouter à la foi,
la confession de Jésus comme Seigneur.
La sainteté est
un attribut essentiel de Dieu. Elle caractérise aussi les croyants puisque nous
sommes désignés comme les «sanctifiés dans le Christ Jésus» (1 Cor.
1:2). Pour ces raisons, la sanctification occupe une place importante dans
toute la Bible. Elle doit d’autant plus retenir notre attention que ses
différents aspects sont généralement peu connus.
Dans l’Ancien
comme dans le Nouveau Testament, la sanctification signifie dans son sens
initial : séparation, mise à part pour Dieu (voir par exemple 1 Chro. 23:13 et Jér. 1:5). Cela
suggère un détachement de la vie ordinaire afin que le croyant appartienne à
Dieu pour son service et sa satisfaction. En contraste avec le terme «sanctification»
nous avons celui de «profanation». Sous la loi chaque sacrificateur
était sanctifié pour l’Éternel. Il ne devait pas se souiller, c’est-à-dire se
profaner (Lév. 21:4). Pendant le millénium, les
sacrificateurs devront instruire le peuple «à distinguer entre ce qui est
saint et ce qui est profane, et lui feront connaître la différence entre ce qui est impur et ce qui est pur» (Éz. 44:23).
Le terme hébreu traduit par «profane» peut l’être également par «commun». Quand une chose est employée à l’usage
commun, elle devient souillée comme nous le constatons dans les affaires
ordinaires de la vie.
La première
mention de la sanctification dans la Bible est en rapport avec la création et
concerne un élément impersonnel. Dieu sanctifie le septième jour et se repose (Gen. 2:3). La deuxième mention est en rapport avec la
rédemption quand Dieu fit sortir Israël d’Égypte. Il s’agissait alors de la
sanctification de personnes. L’Éternel dit : «Sanctifie-moi tout premier-né»
(Ex. 13:2). Ceux qui
avaient été rachetés par le sang, étaient mis à part pour Dieu et formaient une
classe spéciale. Pour cette raison, un mode de vie particulier convenait aux
lévites qui leur furent substitués plus tard (Voir Nomb.
3:45 ; 8:5-19).
Le livre de
l’Exode contient un riche enseignement typique. Au chapitre 12, les fils d’Israël
sont protégés par le sang : c’est la justification. Au chapitre 15, ils
sont dégagés du pouvoir du Pharaon et retirés d’Égypte : c’est le salut,
l’ensemble de ces deux délivrances représentant la rédemption. Mais entre ces
deux chapitres nous trouvons la sanctification au chapitre 13 : Le peuple
justifié est mis à part pour Dieu. Personne ne pourra revendiquer un quelconque
droit sur lui. L’Éternel s’est acquis ce peuple pour lui-même, il le bénira
ensuite pleinement.
Ainsi, pour bénir
une personne, Dieu commence par la mettre à part pour lui-même afin qu’elle ne
soit plus associée au mal.
Dans l’Ancien
Testament, la sanctification concerne les choses et les personnes, alors
qu’elle est limitée à ces dernières dans le Nouveau Testament. La
sanctification des personnes possède deux significations différentes qu’il
convient de clarifier pour éviter les fausses interprétations courantes à cet
égard.
La sanctification
se rapporte d’abord à l’acte par lequel Dieu met à part pour lui-même, et une
fois pour toutes, un croyant lors de sa conversion. C’est un fait d’une nature
absolue. Chaque croyant est ainsi séparé pour Dieu. C’est la sanctification de
position.
Trois exemples de
sanctification de position peuvent être donnés pour en expliquer le sens.
a)
L’autel,
la cuve et les ustensiles étaient sanctifiés sous la loi. Il n’y avait, bien
sûr, aucun changement de nature dans ces choses. Toutefois elles étaient mises
dans une position séparée, entièrement consacrées au service de Dieu.
b)
Le
Seigneur Jésus lui-même fut sanctifié et envoyé ici-bas (Jean 10:36). Sa
sainteté personnelle était divinement parfaite et ne pouvait être accrue. Par
contre, le Seigneur pouvait être mis à part par le Père pour sa mission dans le
monde.
c)
Dans
l’expression «sanctifiez le Seigneur le Christ dans vos coeurs»
(1 Pi. 3:15), l’unique sens possible pour le terme «sanctifier» est
celui de mettre à part quant à la position. Dans nos coeurs,
nous devons mettre le Seigneur dans une position tout à fait unique. Là, il
doit être exalté, sans aucun rival. L’expression «que ton nom soit sanctifié»
(Matt. 6:10), s’explique de la même manière.
Dans son deuxième
sens, la sanctification concerne le processus par lequel un croyant est rendu,
d’une manière pratique, de plus en plus pur et séparé du mal. Dans son
comportement, il se met à part pour Dieu : c’est la sanctification
pratique. Sa nature est spirituelle mais elle est vécue par le croyant dans les
détails concrets de la vie.
Notre vie
chrétienne commence par la sanctification de position, conférée par une action
divine. Ensuite, nous avons à rechercher une sanctification pratique qui soit
conséquente avec cette position. La première est pour nous uniquement une
affaire de foi, alors que la seconde est liée à notre comportement journalier.
Pour la sanctification, comme pour beaucoup de bénédictions chrétiennes, la foi
doit précéder l’expérience. Tout se déforme et perd sa valeur dans le domaine
de la sanctification si nous ne tenons pas ferme ce principe.
Combien l’homme a
été profané par le péché ! Son esprit, son coeur,
son être tout entier ont été envahis par le mal. Heureusement la grâce
s’applique à le gagner. Pour cela, elle sépare pour Dieu, elle sanctifie, elle
donne aux croyants le titre de «saints».
Le cas des
Corinthiens fournit un exemple frappant. Parmi les croyants mentionnés dans le
Nouveau Testament, les Corinthiens semblent être ceux qui sont le moins marqués
par une sanctification à caractère pratique. Leur comportement donne lieu à
beaucoup de critiques sur les plans moral et doctrinal. Pourtant l’apôtre Paul
s’adressa à eux comme à des «saints» parce qu’ils étaient sanctifiés en
Jésus Christ (1 Cor. 1:2). Plus loin, après l’énumération des abominations des
hommes des nations sans Dieu, il affirme : «et quelques-uns de vous,
vous étiez tels ; mais... vous avez été sanctifiés..» (1 Cor. 6:11).
Ainsi est établi
le fait que nous sommes sanctifiés par Dieu indépendamment de notre niveau de
sainteté pratique. S’il en était autrement, nous serions sous un principe légal
qui n’apporte aucune paix et qui ne fait que manifester l’impuissance de
l’homme à mener par lui-même une vie exempte de mal. À l’opposé, rien n’est
plus stimulant pour croître dans la sainteté pratique que de se savoir mis à
part pour Dieu, sanctifié quant à la position.
Cette
sanctification de position est obtenue de deux manières : «Vous avez
été sanctifiés... au nom du Seigneur Jésus et par l’Esprit de notre Dieu»
(1 Cor. 6:11). Premièrement quand nous avons cru, nous avons été mis à part
pour Dieu au nom du Seigneur. Par Christ, notre sanctification est aussi
entière que notre justification. Les deux reposent sur son oeuvre
à la croix. «Par cette volonté (celle de Dieu)... nous avons été sanctifiés,
par l’offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes» (Héb. 10:10). Jésus, «afin qu’il sanctifiât le peuple par son propre sang, a souffert
hors de la porte» (Héb. 13:12). Dans ce premier sens, c’est Christ lui-même
qui a agi pour notre sanctification.
D’un autre côté,
nous sommes sanctifiés par le Saint Esprit. L’apôtre Paul écrit «Dieu vous a choisis dès le commencement pour
le salut, dans la sainteté de l’Esprit et la foi de la vérité» (2 Thes. 2:13).
L’apôtre Pierre écrit également : «Élus... en sainteté de l’Esprit» (1 Pierre 1:2). Cette sanctification de position est effective
à la nouvelle naissance où «ce qui est né de l’Esprit est esprit» (Jean 3:6). Le Saint Esprit est le
moyen de notre sanctification. Quand l’évangile est reçu par la foi, l’Esprit
vient habiter dans le croyant, le scellant pour le jour de la rédemption (Éph. 1:13-14). Par ce sceau le croyant est reconnu comme
appartenant à Dieu. II fait partie de «ceux qui sont sanctifiés par la foi»
en Christ (Actes 26:18).
Lorsque nous
avons compris notre position de «sanctifiés
dans le Christ Jésus» (1 Cor. 1:2),
nous sommes à même de faire face à nos responsabilités relativement à la
sanctification pratique. Ces responsabilités découlent de cette mise à part
pour Dieu. Dans l’épître aux Hébreux, les croyants sont appelés «frères
saints», c’est leur position,
mais ils sont aussi exhortés à poursuivre la sainteté (Héb.
3:1 ; 12:14). De même, l’apôtre Pierre dit : «Soyez saints», à ceux auxquels il affirme : «Vous
êtes... une nation sainte» (1 Pi. 1:15 ; 2:9). Étant
saints devant Dieu, nous avons à être saints ici-bas. Combien devons-nous être
attentifs à cette sanctification pratique ! Pour y progresser, il nous
faut user des moyens donnés par Dieu pour cela.
D’abord la
sainteté pratique est un résultat de notre libération de l’esclavage du péché.
La loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus nous a affranchis de la loi du péché
et de la mort (Rom. 8:2). Plus nous serons sous ce principe moteur de l’Esprit
de vie, plus nous serons dégagés de la tendance au péché. La marche par
l’Esprit est une condition primordiale de la sanctification pratique.
Que fait le Saint
Esprit pour notre sanctification ? Il élève nos pensées vers Christ dans
le ciel. Ainsi, «contemplant à face
découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de
gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit» (2 Cor. 3:18). Bientôt nous serons comme lui dans la gloire,
alors dès à présent nous nous purifions pour lui être moralement toujours plus
semblables (1 Jean 3:2-3). Le Seigneur s’est d’ailleurs mis à part dans cette
position céleste afin que nous soyons sanctifiés dans notre conduite (Jean
17:19 ; voir aussi Héb. 7:26). Du ciel, il
intercède pour nous et se révèle à nous, attire nos coeurs
et nous détache d’ici-bas.
La Parole de Dieu
a également un pouvoir sanctifiant. Le Seigneur priait : «Sanctifie-les par la vérité ; ta Parole
est la vérité» (Jean 17:17).
L’Esprit de Dieu — qui est aussi la vérité (1 Jean 5:6) — et la Parole de Dieu
sont intimement liés. Ils le sont à la nouvelle naissance de chaque croyant et
ils le sont pour le faire progresser dans la sainteté pratique. La Parole
l’instruit de la pensée de Dieu dans les choses de chaque jour et le Saint
Esprit lui donne la force de la réaliser.
Nous pouvons
également croître dans la sainteté pratique par l’amour : «Que le
Seigneur vous fasse abonder et surabonder en amour.. pour affermir vos coeurs sans reproche en sainteté» (1 Thes. 3:12, 13). À mesure que l’amour augmente, nos coeurs sont établis en sainteté. La sainteté pratique n’est
pas quelque chose de figé, de légal, mais une vie d’amour active comme celle de
Jésus le fut en perfection.
Enfin, la
sainteté pratique est évidemment liée à la séparation de tout ce qui est impur,
et à la crainte de Dieu (2 Cor. 7:1). Cette séparation s’exerce par rapport aux
actes incompatibles avec la présence du Seigneur et également par rapport aux
personnes qui pratiquent de telles actions ou enseignent de fausses doctrines
(2 Tim. 2:21).
Dieu désire notre
sanctification pratique : «C’est ici la volonté de Dieu, votre sainteté»
(1 Thes. 4:3). Il ne la considère pas comme quelque
chose de facultatif ou de passager, mais il travaille en nous pour que nous
progressions en elle constamment. L’apôtre exprime le désir que «le Dieu de
paix lui-même vous sanctifie entièrement» (1 Thes.
5:23). Le Seigneur priait pour que les siens soient sanctifiés (Jean 17:17) et
il sanctifie lui-même son assemblée. Il la purifie par la Parole afin de se la
présenter bientôt : «glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de
semblable» (Éph.5:27).
Les croyants
sont fréquemment appelés «saints» dans le Nouveau Testament. L’usage populaire
du terme «saint» répond-il à son usage scripturaire ?
Non, il s’agit de
deux sens différents. Il serait même utile d’employer deux termes différents
s’ils existaient.
Dans la pensée
populaire un «saint» est une personne d’une piété exceptionnelle qui
aurait atteint une prétendue perfection morale. Après sa mort, il peut être
vénéré et diverses représentations, peinture ou statue, peuvent en être faites.
Cela n’est pas spécifique au christianisme mais se retrouve dans d’autres
religions. Bien sûr, le croyant instruit de la pensée de Dieu doit se tenir
loin de ces choses.
Dans la Parole,
chaque croyant est un «saint» car il est séparé pour Dieu par le sang de
Christ et par le Saint Esprit qui habite en lui.
La pensée
populaire est très tenace, parce que nous avons tendance à croire que la
sainteté ne nous concerne pas tous personnellement mais s’adresse seulement à
un petit nombre de croyants supérieurs. Eux seuls auraient à poursuivre la
sainteté et cela nous servirait d’excuse pour nous contenter d’une vie
chrétienne d’un niveau inférieur. Rejetons avec énergie cette tendance, et
maintenons soigneusement la pensée scripturaire.
Certaines
personnes se prétendent entièrement sanctifiées dans la pratique, complètement
délivrées du péché. La Parole de Dieu confirme-t-elle ces affirmations ?
Aussi longtemps
que nous aurons nos corps naturels, issus d’Adam, le péché sera en nous.
Affirmer que l’on peut être déjà sur la terre complètement délivré du péché est
une erreur. L’apôtre Jean dit : «Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes» (1 Jean 1:8).
Nous n’avons
aucune excuse pour céder au péché, puisque nous avons un pouvoir suffisant à
notre disposition pour nous en préserver. Cependant l’Écriture affirme : «nous faillissons
tous à plusieurs égards» (Jac. 3:2). Nous en
faisons tous la triste expérience et nous le confessons facilement. S’il n’en est
pas ainsi, notre sens du péché est tristement émoussé.
Quand l’apôtre
Paul souhaite que «le Dieu de paix
lui-même vous sanctifie entièrement»
(1 Thes. 5:23), il ne fait pas allusion à une
sainteté pratique totale mais à l’homme tout entier dans sa nature
tripartite, esprit, âme et corps. Rien n’est partiel dans l’oeuvre
de Dieu. Son influence sanctifiante atteint toutes les parties de notre être et
se poursuit jusqu’à la venue du Seigneur. Alors, la sanctification de l’homme
tout entier sera complète et parfaite, mais pas avant.
Toutefois, une
vie de sainteté pratique croissante est la vie chrétienne normale. Celui qui
vit soigneusement une telle vie, en parlera le moins possible. Sa vie et ses
paroles se résumeront en un seul nom Christ.
«Il vous faut être nés de nouveau» (Jean 3:7). C’est le Seigneur
lui-même qui a présenté cette indispensable «nouvelle naissance», tout
au début de son enseignement. Elle n’est pas une oeuvre
extérieure au croyant, comme la justification, mais une opération intérieure,
impérative au début de la vie chrétienne. Nous verrons par la suite d’autres
opérations intérieures comme la vivification ou le don du Saint Esprit.
Plusieurs
expressions sont employées par le Seigneur pour évoquer la nouvelle
naissance ; il parle de «naître de
nouveau», de «naître d’eau et d’Esprit», de «naître de l’Esprit».
Les apôtres Pierre et Jean, qui avaient été certainement enseignés de la
bouche même du Seigneur sur le sujet, donnent d’autres compléments dans leurs
épîtres. Pierre parle de «régénération
par la Parole de Dieu», Jean de «naître de Dieu». Avant de considérer ces différentes expressions, nous regarderons
pourquoi cette nouvelle naissance est indispensable et les allusions qui y sont
faites dans l’Ancien Testament.
Nicodème faisait
partie de ceux qui étaient convaincus que Jésus était un docteur venu de Dieu.
Alors que certains se contentaient de croire superficiellement, il fit un pas
de plus et montra son sérieux en cherchant à s’enquérir personnellement de
l’enseignement du Seigneur (Jean 2:23-25 et 3:1-2). Nicodème était un chef des
juifs, un «docteur d’Israël».
Cependant malgré ses qualités, malgré ses titres et son appartenance à la
nation la plus favorisée, il dut s’entendre dire : «Si quelqu’un n’est
né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu».
L’expression
traduite par «né de nouveau» peut
aussi l’être par «né d’en haut» (même
terme qu’en Jean 3:31). La réponse de Nicodème montre toutefois qu’il a
compris selon le premier sens. Il avait besoin d’une naissance qui serait
entièrement nouvelle dans son origine, «depuis
le commencement» (l’expression est
la même en Luc 1:3). Rien de moindre que cela ne pouvait être
satisfaisant.
Nicodème, malgré
les avantages de son ascendance et de sa personne, ne pouvait par lui-même
satisfaire Dieu. Quand le Seigneur affirme que seule la nouvelle naissance est
suffisante, il condamne l’état naturel de l’homme. La nature d’Adam fut
corrompue par son péché, et toute l’humanité, génération après génération, a
reçu cette nature déchue. L’aveuglement spirituel est une des formes de cette
corruption. Nous sommes incapables de voir les réalités spirituelles et en
particulier le royaume de Dieu. Quand Jésus était sur la terre, ce royaume
était présent dans la personne du Roi, mais les hommes n’ont pas su le
reconnaître. En fait, ils ne pouvaient le voir sans la nouvelle naissance.
Nicodème n’avait vu en Jésus qu’un maître, il avait besoin de naître de nouveau
pour le discerner vraiment. De même, Jésus est un maître religieux pour les
hommes de notre époque, ils ne discernent pas Dieu en lui.
Si la nouvelle
naissance est indispensable pour voir le
royaume de Dieu, elle l’est encore davantage pour y entrer. L’homme naturel ne peut absolument
rien faire pour cela. C’est une question de nature et donc de naissance. Ce qui
est né de la chair est chair. L’éducation, la civilisation ou même la «christianisation» ne
changent rien au problème : la chair demeure encore là et ne peut
être transformée en esprit. Il n’y a que ce qui est né de l’Esprit qui est
esprit. On ne peut le trouver hors de la nouvelle naissance.
Quand Nicodème
montre qu’il ignore tout de la nouvelle naissance, Jésus lui fait remarquer que
cela est surprenant. En effet, cet enseignement plonge ses racines dans celui
des prophètes. En particulier, Ézéchiel montre ce que l’Éternel fera quand il
rassemblera son peuple Israël des lieux de leur dispersion. Il répandra sur eux
des eaux pures et ils seront purs. Toutes leurs souillures et leur amour des
idoles auront disparu. L’Éternel leur donnera un coeur
nouveau et un esprit nouveau.
Cette
purification par l’eau sera tellement radicale que leur nature entière sera
changée. Une complète rénovation morale s’opérera. Non pas une modification de
la nature existante, mais le don d’une nature entièrement nouvelle : un coeur nouveau et un esprit nouveau. Ils seront changés dans
leurs aspirations, ils désireront instinctivement ce qui est de Dieu. L’Éternel
mettra son Esprit en eux, ils marcheront dans l’obéissance et habiteront le
pays. Ils verront le royaume de Dieu et y entreront.
Cette prophétie d’Ézéchiel
concernant les eaux pures que l’Éternel répandra sur le peuple, nous ramène au
livre des Nombres où, par deux fois, il est question de répandre de l’eau.
Quand un Israélite s’était souillé, il devait être purifié avec «l’eau de
séparation» ; les lévites, eux, étaient purifiés avec «l’eau de
purification» (Nomb. 19:11-13 et 8:7). Cette eau
de séparation était préparée à partir des cendres d’une «génisse rousse», offerte en sacrifice pour le péché, sur lesquelles
était versée de l’eau vive (c’est-à-dire courante). Les cendres évoquent la
mort de Christ et l’eau vive l’Esprit Saint.
Après avoir
montré à Nicodème l’absolue nécessité de la nouvelle naissance, le Seigneur
précise par quels moyens elle s’opère : «Si quelqu’un n’est né d’eau et
de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu» (Jean 3:5).
Les discussions
sur la signification du terme «eau» ont été nombreuses. Nous pensons
qu’elle doit être trouvée dans les images de l’Ancien Testament qui viennent
d’être rappelées : «l’eau pure» d’Ézéchiel, «l’eau de
purification» et «l’eau de séparation» du livre des Nombres. Elles
nous parlent de la mort de Christ, non dans sa valeur pour Dieu, mais dans son
action sur l’homme. C’est la Parole de Dieu qui apporte à l’âme la mort de
Christ dans son pouvoir séparateur et purificateur.
Les paroles du
Seigneur confirment dans d’autres chapitres cette interprétation qui voit dans
l’eau le symbole de la Parole de Dieu. Il dit : «Vous êtes déjà nets, à
cause de la parole que je vous ai dite» (Jean 15:3). Lorsqu’il lave les
pieds de ses disciples, il montre qu’il faut avoir été une fois entièrement
lavé pour être «tout net» (Jean 13:10-11), allusion probable à la
nouvelle naissance. Une confirmation supplémentaire se trouve en Éphésiens
5:26, où l’eau et la Parole apparaissent comme étant identiques.
Pour entrer dans
le royaume de Dieu, il faut donc être né de la Parole de Dieu aussi bien que de
l’Esprit. La Parole apporte la vertu purifiante de la mort de Christ et l’Esprit
l’applique à l’âme. La Parole est le moyen utilisé, l’Esprit est celui qui
l’utilise.
Le Seigneur ne
parle qu’une fois à Nicodème de l’action de l’eau. Il insiste plutôt sur «être
né de l’Esprit» pour montrer qu’il s’agit d’une question de nature. Quiconque
est né de nouveau, est en fait né de l’Esprit. Il acquiert une nature
spirituelle, divine, et en porte les caractères.
L’apôtre Pierre
insiste sur l’action de la Parole : «Ayant
purifié vos âmes par l’obéissance à la vérité,... vous qui êtes régénérés...
par la vivante et permanente parole de Dieu» (1 Pi. 1:22-23). Puisqu’il
faut l’obéissance, notre responsabilité est impliquée dans cette purification.
Toutefois celle-ci n’est pas liée à nos capacités, mais s’effectue par le
travail en nous de la Parole de Dieu, cette semence incorruptible qui nous
communique une nature divine.
«Le sang précieux de Christ» nous a rachetés. C’est une action
devant Dieu, extérieure à nous. Par contre, la Parole a opéré en nous et nous a purifiés. Elle nous a
communiqué la nature divine caractérisée à la fois par la vie, l’éternité et
l’incorruptibilité.
La nouvelle
naissance est nécessaire à cause de notre nature corrompue. Il ne suffisait pas
qu’une oeuvre fut accomplie en notre faveur comme
pour la justification et la réconciliation. Il ne fallait pas moins qu’un
travail de purification morale, une régénération par rapport à notre état de
corruption et le don d’une nouvelle nature, jaillissant d’une source
incorruptible et divine. En tant qu’enfants d’Adam, nous sommes nés d’une
semence corruptible et, de fait, corrompue. Maintenant, enfants de Dieu, nous
sommes nés de nouveau, étant régénérés par «une semence incorruptible», la vivante et permanente Parole de
Dieu.
Dans l’épître à
Tite nous trouvons l’expression «le
lavage de la régénération» (Tite 3:5). Le terme traduit par «régénération»
se trouve deux fois dans le
Nouveau Testament (Matt. 19:28 et Tite 3:5).
Il évoque un nouvel ordre de choses, comme celui du millénium. «Le lavage de la régénération» correspond,
lui, à la nouvelle naissance et rappelle «les
eaux pures» du passage d’Ézéchiel. Il est d’ailleurs associé à l’action de
l’Esprit, puisqu’il est ajouté l’expression : «et le renouvellement de l’Esprit Saint».
Il n’est pas
nécessaire d’attendre la «régénération», c’est-à-dire le millénium, pour profiter du lavage utile pour y
entrer. Déjà ce lavage avait atteint individuellement les Crétois qui s’étaient
tournés vers le Seigneur. Ils étaient purifiés et pouvaient vivre «sobrement
et justement et pieusement». Nous bénéficions également de ce
lavage, nous qui sommes régénérés par la Parole de Dieu.
Dans sa première
épître, l’apôtre Jean remonte toujours aux principes essentiels. Il
affirme : «Quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché, car la
semence de Dieu demeure en lui, et il ne peut pas pécher, parce qu’il est né de Dieu» (1 Jean 3:9). Il n’est fait mention ni
du moyen employé, la Parole de Dieu, ni de l’agent, le Saint Esprit, qui
effectue le travail dans l’âme. L’attention est toute reportée sur Dieu
lui-même, comme source de tout. Du fait que nous sommes nés de Dieu, nous
participons de sa nature exempte de péché qui demeure en nous. Celui qui est né
de nouveau est présenté comme ne pouvant pas pécher, simplement parce qu’il est
né de Dieu.
L’apôtre Jean
envisage le croyant d’une façon abstraite en mettant en évidence le caractère
essentiel de la nouvelle nature. Il peut parler ainsi puisque nous serons
réellement sans péché, quand Dieu aura achevé son oeuvre
en nous. La dernière trace de notre nature déchue aura disparu quand nos corps
seront glorifiés. L’apôtre Jean considère aussi le croyant d’un point de vue
pratique et insiste sur le fait que nous avons le péché en nous et que nous
péchons effectivement (1 Jean 1:8 à 2:2). Cette présentation plus pratique est
naturellement bien nécessaire, mais le point de vue abstrait ne l’est pas
moins. Il permet de comprendre les principes divins et en particulier le fait
que la nouvelle nature en nous ne peut absolument pas pécher.
Cette nature
n’est pas seulement sans péché, mais elle comporte des caractères plus
positifs. Elle est juste, aimante, obéissante, elle se signale par la foi et
par sa victoire sur le monde (1 Jean 2:29 ; 3:10-11 ; 5:1 et 5:4).
La nouvelle
naissance étant une opération divine, quelle est la responsabilité de l’homme
dans celle-ci ? Cette question difficile a souvent été débattue. Il s’agit
en fait de concilier dans nos esprits la souveraineté de Dieu et la
responsabilité de l’homme. Ce n’est pas le raisonnement qui nous y aidera mais
la soumission à la Parole de Dieu. À maintes reprises, celle-ci déclare tout à
la fois que Dieu est souverain et que l’homme est responsable. Nous devons tout
simplement accepter ces deux affirmations sans être troublés par le fait que
nous n’arrivons pas à en faire une synthèse parfaite. De même, nous n’arrivons
pas à expliquer que le Seigneur Jésus soit à la fois parfaitement Dieu et
homme, sans que cela nous inquiète outre mesure.
Si l’on considère
le côté divin des choses, la nouvelle naissance est le résultat du travail
souverain de Dieu en nous. Nous étions dans un état de mort spirituelle ;
aussi il n’y aurait eu aucune espérance pour nous si Dieu n’avait entrepris le
travail. Dans l’histoire du salut, Dieu a commencé d’agir et non pas l’homme.
Dans sa
souveraineté, sa sagesse et sa préconnaissance, il prit l’initiative pour
chacun de nous. Son Esprit commença à agir dans nos coeurs,
comme ce fut le cas à la création, quand il planait sur la face des eaux. Cette
première action divine en l’homme n’est pas encore la nouvelle naissance qui
est quelque chose de plus grand et de plus complet. L’Esprit doit continuer
d’agir et de purifier, mais cette opération de l’Esprit ne peut être comprise
par l’intelligence humaine. C’est comme le vent que nous ne pouvons saisir avec
la main (Jean 3:8).
La responsabilité
de l’homme a aussi sa part dans la nouvelle naissance qui ne se limite pas à un
simple travail de l’Esprit en lui. Elle est le résultat de la prédication et de
la réception de l’évangile. «Vous... êtes
régénérés... par la vivante et permanente Parole de Dieu .... C’est cette parole
qui vous a été annoncée» (1 Pierre 1:23, 25). L’évangile est
présenté à des hommes tenus pour responsables de leur choix et les invite à
croire et se repentir.
Après avoir
montré à Nicodème qu’il lui faut être né de nouveau, le Seigneur le place sur le
terrain de sa responsabilité. Il lui parle de la nécessité de recevoir son
témoignage, c’est-à-dire de croire. «Comment
croirez-vous, si je vous parle des choses célestes ?» L’homme va-t-il
accepter la révélation divine ? Voilà la véritable question aux immenses
conséquences, car «quiconque croit» a la vie éternelle. Ainsi, la nouvelle
naissance est directement associée à la foi. «Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de
Dieu ;... est engendré de lui» (l Jean 5:1).
Par la naissance
naturelle, un enfant vient au monde et vit. De même, par la nouvelle naissance,
un homme devient enfant de Dieu et possède la vie éternelle. En effet, la
Parole déclare : «À tous ceux qui
l’ont reçu (le Christ), il (Dieu) leur a donné le droit d’être enfants de Dieu,
savoir à ceux qui croient en son nom ; lesquels sont nés... de Dieu» (Jean
1:12-13). Ainsi, ceux qui croient sont enfants de Dieu. C’est un nouvel état,
et c’est aussi un titre de noblesse que Dieu leur donne le droit de porter.
Ce titre
merveilleux d’enfant de Dieu découle du fait que l’on a la même nature que lui
et évoque des relations d’affection et de communion. Il est différent du titre
de «fils» qui est largement présenté dans les
épîtres de Paul (Gal. 4:6-7 ; Rom. 8:14-17 ;…). Enfant se rapporte à
la nature, fils à la position devant Dieu.
Quelle somme de
bénédictions présentes et futures découle de la nouvelle naissance !
L’Esprit donne l’assurance de celle-ci (Rom. 8:16), et nous permet de jouir dès
ici-bas de ces bénédictions. L’amour de Dieu étant à la source de tout,
l’apôtre Jean s’écrie — et chacun de nous peut faire de même — : «Voyez
de quel amour le Père nous a fait
don, que nous soyons appelés enfants
de Dieu !» (1 Jean 3:1).
Quelle est la différence entre la purification par
le sang de Christ (1 Jean 1:7) et la purification par la Parole de Dieu ?
«Le sang est la vie» (Deut. 12:23). Le sang de Christ, c’est sa
vie sainte livrée à la mort pour nous. Par ce moyen, nous sommes purifiés
judiciairement devant Dieu. C’est un acte qui est extérieur à nous.
La purification
accomplie à la nouvelle naissance est opérée à l’intérieur de nous, par le
moyen de la Parole de Dieu représentée par l’eau. Elle nous donne une nouvelle
nature et modifie notre comportement. Elle nous purifie moralement.
Nous avons besoin
de l’une et de l’autre de ces purifications et nous les avons toutes les deux
par la grâce de Dieu.
Différentes
expressions ont été placées devant nous :
«né de nouveau», «né d’eau et de l’esprit», «né de Dieu». Sont-elles toutes équivalentes ?
Nous pensons que
toutes ces expressions se rapportent à la même oeuvre
de Dieu effectuée en nous par son Esprit. Rien dans la Bible ne laisse penser
qu’il existe deux sortes différentes de «nouvelles naissances», par
exemple, comme si quelqu’un pouvait être «né de nouveau» suivant Jean 3
et non «né de Dieu» selon 1 Jean 3.
Cependant,
chacune de ces différentes expressions a sa propre signification et sa propre
force. La première met l’accent sur le caractère nouveau et original de la
naissance ; la deuxième sur les moyens employés ; la troisième sur la
source de laquelle tout découle.
Lorsque nous
considérons l’ampleur des dégâts causés par le péché, nous entrevoyons alors la
plénitude de la réponse divine apportée par l’évangile.
Le péché a
provoqué
la culpabilité qui demande le
pardon ;
la condamnation qui appelle la
justification ;
l’esclavage qui nous fait désirer la
rédemption ;
l’éloignement et l’inimitié quant à Dieu
qui rendent nécessaire la réconciliation ;
les dangers de toutes sortes qui
requièrent le salut ;
la profanation et la souillure pour
lesquelles il nous faut la sanctification ;
la corruption qui a affecté les ressorts
les plus profonds de notre nature et nécessite la nouvelle naissance.
Enfin le péché
nous a plongés dans la mort spirituelle. Pour que notre vie puisse être pour
Dieu, il nous faut être vivifiés.
Cette
vivification radicale ne se trouve pas dans l’Ancien Testament. L’homme était
encore à l’épreuve sous la loi. La vie sur la terre était proposée comme
résultat d’une parfaite obéissance à cette loi. Dans le Nouveau Testament,
cette période d’essai est terminée : l’homme est officiellement déclaré
mort dans ses péchés. Alors peut être révélée la doctrine de la vivification.
L’épître aux
Éphésiens dévoile notre véritable condition : «Vous étiez morts dans
vos fautes et dans vos péchés» (Éph. 2:1). Le verset suivant montre que, malgré cet
état de mort, nous marchions activement dans ces fautes et ces péchés. Il en
est ainsi parce que la mort dont il est question est la mort quant à Dieu. Ceux
qui sont morts quant à Dieu sont pourtant vivants relativement au «train de ce monde» et au «chef de l’autorité
de l’air, de l’esprit qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance» (Éph. 2:2). Cette absence de vie pour Dieu est tout à
fait compatible avec le fait d’être actif dans le monde sous l’influence de
Satan. L’homme ne vit pas quant à Dieu, parce qu’il vit dans le mal.
Cet état de mort
spirituelle est à la base de la déclaration : «il n’y a personne qui ait de l’intelligence, il n’y
a personne qui recherche Dieu» (Rom. 3:11). Le verset précédent
avait affirmé qu’il n’y a pas même un seul juste, ce qui est extrêmement
fâcheux, mais moins grave que le fait qu’il n’y ait personne qui comprenne, personne
qui soit intelligent dans les choses de Dieu. Il ne s’agit pas seulement
d’absence d’actes justes, mais d’une complète incapacité spirituelle. Pis
encore, à cette incapacité s’ajoute une absence de désir : il n’y a
personne qui désire comprendre ou rechercher Dieu. L’homme naturel ne trouve en
Dieu rien qui soit désirable. Quel triste état : l’homme n’est pas juste,
il ne s’en rend pas compte et il ne languit pas après Dieu. En un mot, l’homme
est mort quant à Dieu.
Dès que nous
prenons conscience de ces faits solennels, nous réalisons que notre unique
espérance est en Dieu. Lui seul peut prendre l’initiative de nous relever, dans
sa souveraine miséricorde, et c’est ce qu’il fait. Nous pouvons prendre
l’initiative pour le mal, mais, étant morts spirituellement, nous ne le pouvons
pour le bien selon Dieu. Il faut que ce soit lui qui agisse. Et comment peut-il
le faire ? Par une réforme, par l’éducation, par la morale ? Rien de
tout cela, car nous sommes totalement morts quant à Dieu. Rien ne peut être amélioré
avant qu’il ne nous ait donné la vie. Le terme traduit dans l’Ancien Testament
par «vivifié» est composé du substantif «vie» et
du verbe «faire», ce
qui aboutit à «faire vivre». C’est
la vivification que Dieu seul peut produire.
Si le chapitre 36
d’Ézéchiel donne une idée de la nouvelle naissance, le chapitre suivant
présente davantage la vivification. Nous y trouvons la vision des ossements
secs qui se rassemblent, sont recouverts de chair et reviennent à la vie. Cela
représente Israël dans son état de mort spirituelle et l’action future de Dieu
en vivification avant les bénédictions millénaires. Dieu les tirera de leurs
tombeaux parmi les nations où ils se trouvent. Il y aura une résurrection nationale,
et, comme le dit le Seigneur : «vous vivrez, et je vous placerai sur
votre terre ; et vous saurez que c’est moi, l’Éternel, qui ai parlé et qui
l’ai fait» (Éz. 37:14). Dès qu’ils seront
vivifiés, ils comprendront et chercheront l’Éternel.
Ces deux
chapitres montrent l’étroite relation qui existe entre la nouvelle naissance et
la vivification. En nous communiquant une nature divine, la nouvelle naissance
répond à l’état de déchéance morale, alors que la vivification répond plutôt à
celui de mort spirituelle. Les deux sont toutefois le résultat de l’opération
de l’Esprit de Dieu dans l’homme.
Dans la Parole on
trouve d’ailleurs des expressions similaires pour décrire ces deux actions de
l’Esprit. En Ézéchiel 37, le «souffle», identifié à l’Esprit (par
comparaison des versets 9 et 14) communique la vie à Israël. En Jean 3, «le
vent qui souffle où il veut» est une image de l’Esprit qui produit la
nouvelle naissance. Il convient donc de ne pas séparer ces deux opérations de
l’Esprit, bien que nous puissions les distinguer pour en saisir les
bénédictions variées. La Parole de Dieu le fait dans ces chapitres d’Ézéchiel
et dans l’évangile selon Jean où nous trouvons la nouvelle naissance au
chapitre 3 et la vivification au chapitre 5.
Le chapitre 5 de
Jean commence par la guérison d’un homme infirme. Un courant de vie semble
pénétrer dans ses membres, il prend son petit lit et marche. Le Seigneur, étant
alors obligé de répondre à l’opposition des juifs, parle des oeuvres qu’il fera et qui seront beaucoup plus grandes que
cette guérison. D’abord, il vivifiera ceux qu’il veut (verset 21), et ensuite
il ressuscitera tous les hommes en son temps (versets 28 et 29).
La vivification
est différente de la résurrection (encore appelée réveil au verset 21). La
vivification concerne uniquement ceux qui entendent la voix du Fils de Dieu.
Sur le plan spirituel, ils passent «de la mort à la vie». Par contre, la
résurrection est pour tous ceux qui sont dans les sépulcres et qui
redeviendront des êtres animés. Ils entendront cette même voix et sortiront à
des moments différents, certains en résurrection de vie et d’autres en
résurrection de jugement.
À la lumière de
ce chapitre 5 de l’évangile selon Jean, la vivification apparaît comme l’aspect
le plus profond de l’oeuvre de Dieu en nous. Son
importance est telle que le Père et le Fils agissent ensemble pour
l’opérer : «comme le Père réveille les morts et les vivifie, de même
aussi le Fils vivifie ceux qu’il veut» (verset 21). Le jugement par contre
est entièrement laissé entre les mains du Fils parce qu’il est devenu homme.
Dans le don de la
vie, le Fils agit conformément à sa propre volonté, sur un pied d’égalité avec
le Père et, s’il est utile de l’ajouter, dans la plus parfaite communion avec
lui. Comme le Père, il a «la vie en lui-même» (verset 26 ; voir aussi Jean
1:4). Il est un «Esprit vivifiant» (1
Cor. 15:45) ; il vivifie par le moyen de sa Parole. Les hommes
entendent la voix du Fils de Dieu, croient au Père qui l’a envoyé et vivent. La
vie est réellement son don, mais elle nous parvient en entendant sa voix dans
sa Parole : seuls «ceux qui l’auront
entendue vivront» (verset 25).
La vivification
est aussi attribuée à l’Esprit Saint. En Jean 6, alors que certains disciples
semblent rebutés par son enseignement profond, le Seigneur affirme : «C’est
l’Esprit qui vivifie ; la chair
ne profite de rien : les paroles que moi je vous ai dites sont esprit et
sont vie» (verset 63). Si riche que soit l’enseignement du Seigneur, il
s’accompagne d’une action de l’Esprit pour que s’accomplisse la vivification
des auditeurs.
Ainsi nous
pouvons dire à la lumière de ces chapitres 5 et 6 de l’évangile selon Jean que
les trois personnes de la déité — Père, Fils et Saint-Esprit — sont impliquées
dans la vivification d’êtres tels que nous.
En Éphésiens 2:5
et Colossiens 2:13, nous lisons que nous avons été vivifiés ensemble avec le
Christ. Nous étions morts dans nos fautes et nos péchés (Éph.
2:1), nous étions morts dans nos fautes et dans l’incirconcision de notre chair
(Col. 2:13). Il ne fallait pas moins que la vivification pour régler notre cas.
Toutefois, il n’était pas nécessaire que nous fussions vivifiés ensemble avec
le Christ. Cette association avec Christ est un fruit des conseils d’amour de
Dieu.
La vie «ensemble avec» Christ démontre
l’intérêt de Dieu pour nous. Il ne nous offre pas seulement la délivrance d’un
fâcheux état, il nous donne une vie et la meilleure qui soit. La vie avec
Christ est la plus élevée qu’une créature rachetée puisse connaître. Pour cette
raison, la vivification est présentée comme résultant de la riche miséricorde
de Dieu et de son grand amour pour nous (Éph. 2:4).
Nous avons été
rendus vivants en association avec Christ. Étant donné que notre vie de
vivifiés est sa propre vie, il nous est alors possible d’être ressuscités et
nous sommes qualifiés pour siéger ensemble avec lui dans les lieux célestes. La
merveilleuse histoire de notre vivification trouve sa conclusion dans notre
séance dans les lieux célestes, tous ensemble intimement unis à Celui qui nous
a vivifiés.
Cette bénédiction
suprême, d’avoir la vie de Christ et d’être unis à lui, nous est donnée dès le
début de notre vie chrétienne. Cependant, nous sommes longs à en comprendre
l’importance. Cela ne change en rien l’effet de cette vie en nous, car la
vivification est le fruit de l’opération divine en nous, alors que la
compréhension que nous en avons résulte d’un
enseignement divin. Mais, au fur et à mesure que nous croissons dans cette
compréhension, nous cherchons à laisser cette vie s’épanouir davantage et nous
réalisons combien il est important d’être dépendants du Seigneur qui est
réellement notre vie (Col. 3:1-4).
Si l’épître aux
Éphésiens présente notre position «en Christ» devant Dieu, celle
aux Colossiens montre plutôt Christ agissant en nous, en témoignage dans le
monde. Cela est vrai individuellement dans chaque croyant, «Christ... en
tous» (Col. 3:11), et collectivement dans l’assemblée, «Christ en vous (ou parmi vous) l’espérance
de la gloire» (Col. 1:27). Cette vie de Christ en nous est un immense
privilège. La saisir par la foi, transforme la vie du croyant qui doit pouvoir
dire avec l’Apôtre : «Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi»
(Gal. 2:20 ; voir aussi Éph. 3:16-17 ; Jean
14:20 ; 15:4 ;..)..
En Christ, nous
avons été vivifiés, mais nous gardons encore nos corps mortels. Leur
vivification, comme leur rédemption, est encore future. Dieu vivifiera nos
corps mortels à cause de son Esprit qui habite en nous (Rom. 8:11). Cela aura
lieu lorsque le Seigneur reviendra, soit par la résurrection, pour les croyants
passés par la mort, soit par la transmutation, pour ceux qui seront encore
vivants.
Cette
vivification n’est pas une guérison passagère mais une transformation radicale
qui nous donnera des corps glorieux et immortels (Phil. 3:21). L’Esprit de Dieu
agit déjà dans nos corps, mais ceux-ci restent mortels. Ils ont besoin d’être
vivifiés.
Le Seigneur Jésus
est un esprit vivifiant, il est donneur de vie. Nous étions morts
spirituellement, il nous a communiqué sa propre vie, à nous qui sommes
maintenant sa race. De même, il vivifiera nos corps pour qu’ils soient revêtus
d’immortalité et portent son image. Nous soupirons après ce moment, car dans
nos corps mortels, la vie divine ne peut pleinement s’exprimer. Nous désirons
avec ardeur que tout notre être soit «absorbé par la vie» (2 Cor.
5:2-4).
Quand cela
s’accomplira, la mort sera «engloutie en victoire» (1 Cor. 15:54). Alors
l’oeuvre de la vivification atteindra pour nous son
achèvement final : nous régnerons «en vie par un seul, Jésus
Christ» (Rom. 5:17).
Sans force, sans
aucune énergie pour faire le bien... tel est l’état où le péché a abaissé
l’homme. Non seulement il est tombé sous l’esclavage du péché, ce qui nécessite
sa rédemption, mais il est réduit à un état d’impuissance, ne pouvant ni plaire
à Dieu ni le servir.
Pour compenser
cette absence de force, nous devons posséder une puissance. Elle nous est
indispensable, tant pour nous délivrer de notre paralysie interne produite par
le péché, que pour nous permettre de servir le Seigneur dans les diverses circonstances
extérieures. Dieu nous a donné cette puissance, et, ce qui est merveilleux,
c’est qu’il a envoyé pour cela son Esprit afin qu’il habite en nous. Quelque
chose de moindre nous aurait paru suffisant, mais dans son amour et sa sagesse,
Dieu a voulu que le Saint Esprit, personne divine, soit l’énergie active du
croyant. Le Seigneur ressuscité, sur le point de monter au ciel, avait dit aux
disciples : «Vous recevrez de
la puissance, le Saint Esprit venant sur vous, et vous serez mes témoins» (Actes
1:8). Cette haute bénédiction fut accomplie dix jours plus tard, le jour
de la Pentecôte.
En Ézéchiel 36 et
37 sont présentées des prophéties concernant la nouvelle naissance et la
vivification qui seront réalisées dans le résidu d’Israël pour le préparer à la
bénédiction millénaire. Dans ces deux chapitres, il est question également du
don du Saint Esprit. «Je mettrai mon
Esprit au-dedans de vous et je ferai que vous marchiez dans mes statuts et que
vous gardiez mes ordonnances» (Éz. 36:27),
et «Je mettrai mon Esprit en vous et vous
vivrez» (Éz. 37:14). Il en résultera pour Israël
une vie spirituelle se manifestant par une obéissance active à la volonté de
Dieu.
D’autres passages
de l’Ancien Testament contiennent de semblables promesses. Ainsi l’apôtre
Pierre expliqua le jour de la Pentecôte que ce qui venait de se produire était
une réalisation de la prophétie de Joël. Toutefois le don de l’Esprit à la
Pentecôte comporte une plénitude et une permanence, peu envisagées dans
l’Ancien Testament.
La nouvelle
naissance est produite par le Saint Esprit. Il en résulte une nouvelle nature
qui est esprit dans son caractère essentiel. Cela doit être pourtant distingué
de l’habitation de l’Esprit au-dedans d’hommes déjà nés de nouveau.
Il est bien utile
de comprendre que la puissance pour le croyant est liée, non à sa nouvelle
nature, mais à l’habitation effective de la personne du Saint Esprit en lui. Le
chapitre 7 de l’épître aux Romains expose l’expérience de quelqu’un qui est né
de nouveau, puisqu’il possède «l’homme
intérieur», lequel prend plaisir
à la loi de Dieu (v.22). Par conséquent, il approuve ce qui est bon et le
désire ardemment, mais il se voit incapable de le pratiquer. Ce n’est qu’au
chapitre 8, après que le croyant ait regardé à Jésus Christ son Seigneur
(7:25), que nous lisons : «La loi
(ou autorité) de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus m’a affranchi de la loi
(ou autorité) du péché et de la mort».
La force qui délivre se trouve en Christ et dans Son Esprit. En nous-mêmes,
nous n’avons aucune puissance, bien que nous ayons une nouvelle nature.
Cela est
particulièrement vrai pour rendre témoignage au Seigneur ressuscité. En Luc
24:49 et Actes 1:8, le Seigneur indique clairement à ses disciples qu’ils
devront attendre d’être revêtus de puissance avant d’être ses témoins. Ils
l’avaient pourtant suivi pendant trois ans et un travail de l’Esprit avait eu
lieu en eux. De plus, ils avaient reçu une instruction exceptionnelle de la
bouche même du Seigneur. Cependant, tous ces privilèges ne leur conféraient pas
une force suffisante. Quel qu’ait pu être leur empressement à s’engager dans le
témoignage, ils étaient sans efficacité jusqu’à ce que l’Esprit ait été donné.
Mais à partir de ce moment-là, leurs bouches furent ouvertes et avec quels
résultats remarquables !
Le jour de la
Pentecôte, les disciples ne reçurent pas simplement l’Esprit pour demeurer en
eux, mais «ils furent tous remplis
de l’Esprit Saint» (Actes 2:4).
Quand un croyant est rempli de l’Esprit, la chair en lui est inactive, et rien
ne peut s’opposer à Sa puissance. Nous voyons cela en Etienne qui était plein
de foi et de l’Esprit Saint, «plein de
grâce et de puissance». Ses
adversaires ne pouvaient s’opposer à la sagesse et à l’Esprit par lesquels il
parlait (Actes 6:5, 8, 10 et 7:55). Incapables de lui résister, ils eurent la
violence comme seul recours.
Être rempli de l’Esprit
n’est pas un état permanent, contrairement à être habité de lui. En effet,
Pierre fut au moins deux autres fois rempli de l’Esprit (Actes 4:8,31).
Pourtant, tous les croyants sont exhortés à être «remplis de l’Esprit» (Éph. 5:18). Il peut paraître étonnant qu’une telle
condition soit mise en contraste avec le fait d’être enivrés de vin. Le vin a
une influence sur le comportement ; celui qui en abuse est agité et ne se
maîtrise plus. L’action de l’Esprit n’a rien à voir avec une telle influence.
Celui qui est rempli de l’Esprit contrôle ses actions tout en étant dirigé
d’une façon convenable et divine. En fait, dans ce passage, comme ailleurs dans
l’épître aux Éphésiens, ce qui est très mauvais est mis en opposition avec ce
qui est très bon.
Lorsqu’un homme
est rempli de l’Esprit, toute action charnelle est exclue. Toutes les choses
qui occupent nos pensées, notre temps et notre énergie limitent la puissance de
l’Esprit. Ce sont non seulement les choses positivement mauvaises, mais aussi
toutes celles qui sont profanes et sans profit. De là, l’exhortation : «N’attristez pas le Saint Esprit de Dieu» (Éph. 4:30). Quand nous l’attristons, il continue à
demeurer en nous, puisqu’il nous est dit que nous avons été scellés par le
Saint Esprit pour le jour de la Rédemption, mais la joie et la puissance
spirituelle sont perdues. Nous ressentons tristement cet état jusqu’au jour où
ce qui a attristé l’Esprit est jugé et mis de côté. Ce peut être le mensonge,
la colère, les mauvaises paroles, l’amertume, les injures (Éph.
4:25-31). Toutes ces choses sont contraires à l’action de l’Esprit dans le
domaine soit individuel, soit collectif.
Comment
pouvons-nous connaître la puissance victorieuse de l’Esprit dans nos
vies ? L’épître aux Galates fournit la réponse résumée dans cette
exhortation : «Marchez par l’Esprit» (Gal. 5:16). Après que nous avons
cru à l’évangile, Dieu nous donne son Esprit, il nous scelle, montrant ainsi
que nous sommes sa propriété. Ensuite nous devons marcher par l’Esprit. D’une
façon pratique, il doit être la source et l’énergie de notre vie. La marche est
une expression figurée de nos activités. Pensées, paroles et actions, tout doit
être soumis au contrôle de l’Esprit. Ainsi, nous n’accomplissons pas les désirs
de la chair qui sont annulés par la puissance de l’Esprit.
D’une manière
imagée, nous pouvons dire que nos vies sont faites de semailles et de moissons.
Chaque jour, nous sortons avec deux corbeilles de semences différentes. Nous
pouvons mettre la main dans la corbeille de la chair et semer pour la chair, ou
la mettre dans la corbeille de l’Esprit et semer pour l’Esprit. Nous pouvons
céder à des choses qui ne font que satisfaire la chair, ou bien nous occuper
des choses de l’Esprit et répandre ainsi des semences productives pour la
gloire de Dieu (Gal. 6:7-9). Pratiquement, c’est en étant occupés du Seigneur
et en nous nourrissant de lui que nous «marchons
par l’Esprit».
Les chutes graves
ne sont pas les seules à nous priver de la puissance de l’Esprit. Souvent, il suffit
d’un manque de concentration dans les choses de Dieu. L’Esprit prend de ce qui
est à Christ et nous le communique ; mais il peut être attristé par notre
paresse spirituelle. Si vous alliez apporter des nouvelles importantes à un
ami, mais qu’il vous interrompe sans cesse pour parler de banalités, vous
arrêteriez là votre récit, attristé et déçu. De même, l’Esprit est sensible à
tout ce qui touche à la gloire de Christ. L’inattention l’attriste autant qu’un
péché positif. Demandons à Dieu de nous montrer jusqu’à quel point nos manques de puissance spirituelle ne viennent pas de
cela.
L’apôtre Paul est
un exemple pour les croyants. Regardons donc les résultats de l’action de
l’Esprit dans sa vie de service. En l’espace d’environ 25 ans, il avait
évangélisé des peuples différents, habitant sur d’immenses territoires. Une
telle oeuvre n’aurait pu se réaliser sans l’énergie
communiquée par l’Esprit de Dieu. Sa prédication était marquée par la
simplicité (1 Cor. 2:1-5), tous les ornements de l’éloquence humaine étant mis
de côté, afin que le fait central de la croix apparaisse clairement. Ses
paroles étaient en «démonstration de
l’Esprit et de puissance». Ainsi les personnes converties par son moyen
avaient une foi qui ne reposait pas sur «la
sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu».
En lui-même il
n’était qu’un «vase de terre», mais
au travers duquel reluisait «la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Christ» (2 Cor. 4:6-7). Par l’Esprit, son service avait un caractère
vivifiant (2 Cor. 3:6). Dans les rudes combats pour l’évangile, ses armes
étaient spirituelles. Il renversait les puissances sataniques retranchées dans
les esprits des hommes sous forme de pensées orgueilleuses et de raisonnements
opposés à Dieu.
Les croyants
issus de ce ministère étaient «la lettre de Christ... écrite... par l’Esprit du Dieu vivant» (2
Cor. 3:3). L’évangile n’était pas venu à eux «en parole seulement, mais aussi en puissance, et dans
l’Esprit Saint, et dans une grande plénitude d’assurance» (1 Thes.
1:5).
L’Esprit Saint
est «un Esprit... de puissance et
d’amour et de conseil» afin que le croyant puisse servir le
Seigneur en prenant «part aux
souffrances de l’évangile, selon la puissance de Dieu», tout en gardant un sain équilibre dans son activité (2 Tim. 1:7-8 et 14). Pour le
serviteur de Christ, le Saint Esprit est source à la fois de puissance et de
fidélité.
Le jour de la
Pentecôte, le Saint Esprit est venu dans l’Église qui devint ainsi «l’habitation
de Dieu par l’Esprit» (Éph. 2:22). Le Saint Esprit fait également son habitation
dans chaque croyant (2 Tim. 1:14 et 1 Cor. 6:19). Ces deux habitations, quoique
très liées, doivent être distinguées.
Les bénédictions
que nous avons étudiées jusqu’alors, résultent de l’habitation de l’Esprit dans
le croyant. Elles sont très précieuses ; pourtant, celles liées à son
habitation dans l’Église conduisent sur un terrain plus élevé, celui du corps
de Christ, celui de l’union des croyants à Christ et entre eux. L’Esprit est
une puissance d’unité : «Nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit... nous avons tous été abreuvés
pour l’unité d’un seul Esprit» (1 Cor. 12:13 ; voir aussi 2
Cor. 1:21-22).
L’Esprit permet
le fonctionnement harmonieux du corps de Christ (1 Cor. 12:11). En particulier,
il accorde une douce communion parmi les saints (Phil. 2:1) et crée entre eux
un amour puissant qui est à la source de tout service (2 Tim. 1:7). Après avoir
exposé les beaux résultats de cet amour manifesté par la libéralité entre les
croyants, l’apôtre Paul s’écrie : «Grâces à Dieu pour son don inexprimable» (2
Cor. 9:14-15). Bien sûr, c’est le don de Jésus qui est inexprimable,
mais c’est aussi le don de l’Esprit pour chaque croyant comme pour l’Église,
une «surabondante grâce de Dieu» qui repose sur nous.
«Selon sa promesse, nous attendons de nouveaux
cieux et une nouvelle terre» (2 Pi. 3:13). Espérance suprême de tous les rachetés, la nouvelle
création est le point ultime auquel l’évangile nous conduit. Elle sera bientôt
établie en gloire, mais déjà nous avons le privilège d’en faire spirituellement
partie.
Dieu introduit la
nouvelle création parce qu’elle répond à sa propre nature. Nous avions besoin
d’être pardonnés, justifiés, restaurés par rapport à tous les ravages causés
par le péché, mais nous pouvons difficilement dire que nous avions besoin
d’être «créés dans le Christ Jésus» (Éph. 2:10). Ce merveilleux événement s’insère dans le plan
de Dieu pour satisfaire son coeur.
Comme pour les
autres aspects de l’évangile, nous découvrons quelques lueurs de la nouvelle
création dans l’Ancien Testament. Des prophéties annoncent cette vérité qui
n’est pleinement révélée que dans le Nouveau Testament. Ainsi, nous
lisons : «Voici je crée de nouveaux cieux et une nouvelle terre» (És. 65:17, voir aussi És. 65:18 ;
66:22). En examinant le contexte, nous voyons pourtant que ce passage effleure
à peine les visions d’Apocalypse 21:1-5 : Le prophète parle surtout de la
gloire de Jérusalem et des nouvelles conditions qui y prévaudront dans la
période millénaire, alors que la mort sera encore possible, tandis que
l’Apocalypse décrit les scènes de l’état éternel lorsque la mort aura disparu
pour toujours. Dans l’Ancien Testament, la nouvelle création est présentée
d’une façon limitée en rapport avec la terre, ce qui convenait à cette époque
où le gouvernement de Dieu concernait principalement les choses matérielles.
La première
mention de la nouvelle création dans le Nouveau Testament est
catégorique : chacun de ceux qui sont «en Christ» est une nouvelle
création (2 Cor. 5:17). Non pas une nouvelle créature, mais une nouvelle
création. Le style de l’Apôtre est très vigoureux. Il omet complètement le
verbe et s’exclame avec joie : «En sorte que si quelqu’un est en
Christ, nouvelle création !» Notre position en Christ n’implique rien
de moins que cela.
L’épître aux
Romains présente clairement la position du croyant dans le Christ Jésus, placé
au-delà de toute condamnation. Cependant, nous ne pouvons vraiment comprendre
cette position, sans introduire la nouvelle création. Nous sommes en lui, parce
que nous sommes créés en lui. «Nous sommes son ouvrage, ayant été créés dans
le Christ Jésus» (Éph. 2:10). La vieille création
était l’ouvrage de Dieu. Elle fut créée par le Fils, mais non créée en lui. Le
péché a pu s’y introduire, mais il n’entrera jamais dans la nouvelle, parce que
c’est de Christ qu’elle reçoit sa vie et sa nature.
La fin de 2
Corinthiens 5 montre qu’il existe un rapport étroit entre la réconciliation et
la nouvelle création (voir aussi Éph. 2:15-16). La
réconciliation consiste à amener toutes choses en harmonie avec Dieu. Cela
n’est possible que par une nouvelle création qui tire tout de Dieu, une
création en Christ. Celle-ci ne peut être toutefois établie que sur une base
juste, après qu’a été jugé le péché qui a marqué la vieille création . La
nouvelle création, comme la réconciliation, a sa source dans l’amour de Dieu et
se fonde sur sa justice.
Si la
réconciliation est l’oeuvre de Christ pour nous,
la nouvelle création est l’oeuvre de Dieu en nous
comme le montrent les deux chapitres de 2 Corinthiens 5 et Éphésiens 2 :
Nous étions tous spirituellement morts, c’est le même constat (2 Cor.
5:14 ; Éph. 2:1). Dieu nous a donné une vie
nouvelle et nous a établis en Christ ; telle est l’oeuvre
de Dieu en nous, «nous sommes son ouvrage». La nouvelle création a pour
fondement la résurrection de Christ. Dieu opère merveilleusement dans les
croyants qui seront un témoignage éternel à sa justice (2 Cor. 5:21) et aux «immenses
richesses de sa grâce» (Éph. 2:7).
La nouvelle
création n’est pas un «rapiéçage» de l’ancienne. Les choses vieilles
disparaissent et font place aux nouvelles qui sont entièrement de Dieu. Cela
est même vrai pour Christ. Il s’est abaissé une fois dans les circonstances de
la vieille création, étant parmi nous «selon la chair». Au terme de sa
vie parfaitement sainte, il mourut comme sous la sentence qui frappait
l’ancienne création, «le juste pour les injustes». Puis, il posa les
fondements de la nouvelle création en lui-même, ressuscité d’entre les morts.
Il prit ainsi un caractère nouveau et céleste.
Pour nous aussi,
toutes choses sont devenues nouvelles. Nous avons d’abord reçu une vie d’une
nature différente. La vie de l’homme naturel est basée sur l’égoïsme, il vit
pour lui-même. Fondamentalement, notre vie de croyant a pour centre
Christ : nous ne vivons plus pour nous-mêmes, mais pour lui, étant
étreints par son amour (2 Cor. 5:14-15).
Ensuite, cette
vie nouvelle conduit à de nouvelles relations. Pour comprendre cela, comparons
les disciples dans les Évangiles et dans les Actes. Entre ces deux situations,
le Seigneur a soufflé en eux l’Esprit Saint, opération de la nouvelle création
(Jean 20:22) et l’Esprit est venu lui-même dans l’Église. Dans les Évangiles,
les disciples connaissent le Seigneur «selon la chair» ; dans les
Actes, ils le connaissent selon l’Esprit. Certes, il y avait eu un changement
dans la condition du Seigneur, mais il faut noter le grand changement dans la
condition des disciples. En effet, l’Apôtre déclare : «Nous ne
connaissons personne selon la chair» (2 Cor. 5:16). Pourtant, leurs
relations habituelles n’avaient pas changé, l’unique changement était en
eux-mêmes. Du fait que nous sommes une nouvelle création en Christ, nous
connaissons chacun d’une façon nouvelle. Pour ainsi dire, nous regardons tout
homme et toutes choses avec des yeux de la nouvelle création.
Nous sommes «créés
dans le Christ Jésus pour les bonnes ouvres que Dieu a préparées à l’avance,
afin que nous marchions en elles» (Éph. 2:10).
C’est l’aspect pratique de la nouvelle création. Étant créés dans le Christ Jésus,
nous avons la capacité d’accomplir des oeuvres bonnes
selon Dieu. Ces bonnes oeuvres furent réalisées par
Christ au suprême degré, mais nous pouvons aussi en accomplir. Pour nous, Dieu
les a préparées à l’avance. En restant dépendants, nous avons à marcher dans
ces bonnes oeuvres, c’est-à-dire à nous laisser
diriger vers elles et à les faire par la foi.
Ayant dépouillé
le vieil homme, nous avons été renouvelés et nous avons «revêtu le nouvel
homme, créé selon Dieu» (Éph. 4:21-24 ; voir
aussi Col. 3:10). Ces opérations ont été effectuées en nous une fois pour
toutes. Avant cela, nous appartenions à l’ordre du vieil homme et portions ses
caractères corrompus. Maintenant, nous appartenons à l’ordre du nouvel homme et
portons ses caractères, marqués par la sainteté, la justice, la vérité.
Le nouvel homme
fait partie de la nouvelle création, il est «créé selon Dieu». Bien
qu’il nous soit demandé de le revêtir, il ne concerne pas seulement l’extérieur
des choses mais la profondeur de notre être, en particulier l’esprit de notre
entendement. Revêtus de ces caractères de la nouvelle création, nous devons
nous comporter d’une manière conséquente. Il y a des choses à répudier
complètement : la colère, la malice, les injures. Il y en a d’autres qu’il
convient de cultiver : la bonté, l’humilité, la douceur et par-dessus tout
«l’amour qui est le lien de la perfection» (Col. 3:14).
L’épître aux
Galates insiste sur la position des croyants en développant leur unité en
Christ «vous êtes un dans le Christ Jésus», «ni la circoncision, ni
l’incirconcision ne sont rien, mais une nouvelle création» (Gal.
3:28 ; 6:15). Les ordonnances légales sont aujourd’hui hors de propos car
elles font appel à l’homme naturel, considéré à tort comme capable de plaire à
Dieu. Les différences d’origine entre les croyants disparaissent aussi car,
étant créés en Christ, ils tirent tout de lui. Il est le «commencement, le
premier-né d’entre les morts» (Col. 1:18). Christ est entré dans le ciel
avec son humanité ressuscitée. Maintenant nous sommes ressuscités en lui ;
participant de sa vie, avec lui nous sommes «tous d’un» (Héb. 2:11).
L’Église
elle-même est un résultat de la nouvelle création. Par l’évangile, Christ
appelle des juifs et des hommes des nations et il créé «les deux en lui-même
pour être un seul homme nouveau» (Éph. 2:15). L’Église est le corps de Christ ; en elle,
il est exprimé corporellement. Nous pouvons donc parler des croyants
individuellement aussi bien que de l’Église entière, comme étant une nouvelle
création dans le Christ Jésus.
L’accomplissement
final de la nouvelle création n’aura lieu que dans l’état éternel (Apoc.
21:1-8). Alors, il n’y aura «ni deuil, ni cri, ni peine». Le péché, la
souffrance et la mort seront étrangers à la nouvelle création. Tout le mal se
trouvera sous le jugement de Dieu, en son lieu désigné, à jamais séparé et
éloigné des rachetés.
Sur la terre
actuelle les nations n’existent que comme résultat de la dispersion des hommes
de Babel par le jugement de Dieu. Aussi, elles disparaîtront et Dieu reviendra
à son dessein initial : il habitera avec les hommes. Il habitera là, comme
leur Dieu, dans une sainte liberté parce que la justice y habitera également (2
Pi. 3:13). Pendant le millénium la justice n’habitera pas avec les hommes, elle
régnera seulement aussi longtemps que sa suprématie sera contestée. Après le
dernier affrontement, à la fin du millénium (Apoc. 20:8-10), elle habitera en
un repos qui ne sera plus troublé.
Ainsi les nations
n’existeront plus sur la nouvelle terre. Il subsistera pourtant une différence
entre les hommes qui seront dans les cieux et ceux qui seront sur la terre.
L’Église gardera toujours une place de bénédiction particulière. Représentée
par la sainte cité, la nouvelle Jérusalem, elle est vue descendant du ciel
d’auprès de Dieu. Céleste dans son origine, elle établit une relation entre le
ciel et la terre. Elle sera le «tabernacle de Dieu» ; en elle,
semble-t-il, Dieu habitera avec les hommes.
La première
création n’est que pour un temps. La nouvelle création, elle, est permanente,
aussi stable que Christ, portant ses caractères à tous égards, car il est la
source dont elle procède. Moralement, elle est «selon Dieu» ; toutes choses sont nouvelles, et de plus «toutes sont de Dieu» (2 Cor. 5:18). Les choses inanimées elles-mêmes seront d’une
perfection divine. Tout sera permanent et inaltérable. Nous porterons
alors «l’image du céleste» (1
Cor. 15:49). Ce sera une chose merveilleuse : tout notre être sera
rendu semblable à celui du Seigneur. Plus rien ne pourra troubler la félicité
des rachetés, tous les ennemis seront vaincus et tout sera dans une harmonie
parfaite. Dieu sera «tout en tous»
(1 Cor. 15:28).
Lorsque nous parlons de la nouvelle création,
avons-nous raison de donner au terme «créé» le même sens littéral que celui que nous attribuons à la création en
Genèse 1 ?
Nous croyons
qu’il faut donner le même sens au mot «créer» pour les deux créations. La difficulté que nous avons à
comprendre cela, provient du fait que l’oeuvre de Dieu
en nouvelle création n’a touché jusqu’à présent aucune des choses matérielles
qui nous entourent.
Actuellement, le
travail de la nouvelle création est spirituel : nous sommes renouvelés
dans l’esprit de notre entendement. Nos corps ne sont pas encore concernés.
C’est probablement pour cette raison que l’Écriture par le du renouvellement de
«l’esprit de l’entendement» (Éph. 4:23),
car l’entendement ne peut pas être complètement dissocié du cerveau qui fait
partie de notre corps. Quand nous serons dans nos corps glorifiés et que nous
habiterons les nouveaux cieux et la nouvelle terre, nous verrons qu’aucun terme
moindre que «création» ne pouvait convenir pour la nouvelle
création. Nous en bénéficions aujourd’hui pour nos esprits. C’est Dieu qui le
dit, et nous pouvons le croire avec bonheur.
Arrivés au terme
de notre étude sur les différents aspects du salut, nous sommes à même de mieux
comprendre pourquoi la Parole de Dieu parle d’un «si grand salut».
«Un si grand salut» est d’abord
nécessaire pour répondre à la complète perdition où le péché nous avait amenés.
Coupables, condamnés, esclaves, perdus, corrompus, déchus, morts quant à Dieu,
sans force, appartenant à une création souillée et limitée dans le temps, autant
d’aspects des ravages causés par le péché. Mais Dieu y répond par «sa grande
miséricorde» et «les richesses
de sa grâce» (1 Pi. 1:3 et Éph. 1:7 et 2:7).
«Un si grand salut», car il est basé sur une oeuvre divine
réalisée pour nous, et se poursuit par un travail divin en nous. Le Seigneur a
accompli une oeuvre parfaite, unique, indépendante de
l’homme mais en faveur de ceux qui croient. Cette oeuvre
de la croix nous confère une position bénie devant Dieu. Il nous voit en Christ
pardonnés, justifiés, rachetés, réconciliés et sanctifiés. Ensuite, une
opération divine intérieure à chacun de nous est nécessaire pour que notre
condition morale et notre conduite soient également transformées. Ainsi, nous
devenons libres, renouvelés dans nos pensées et séparés pratiquement du mal.
Nous sommes possesseurs de la nature divine, de la vie de Christ et du Saint
Esprit. Nous faisons partie de la nouvelle création.
«Un si grand
salut», parce qu’il concerne toutes les étapes de notre vie, le passé, le
présent et le futur. À notre conversion, nous avons été sauvés une fois pour
toutes ; c’est un fait passé aux conséquences éternelles. Pourtant, des
dangers nous menaçant chaque jour, le Seigneur nous accorde un salut présent
pour nous délivrer du mal et nous faire jouir de sa communion. Enfin, nous
attendons une délivrance future. Nous ne serons parfaitement sauvés que dans la
gloire. Ce sera la rédemption finale qui atteindra tout notre être. La
réconciliation aura alors son plein effet et la nouvelle création s’épanouira
sans limite.
«Un si grand
salut», car aux bénédictions individuelles — sujet de cette brochure — le
Seigneur ajoute de riches bénédictions collectives. Nous sommes sauvés un à un,
mais nous sommes bénis tous ensemble, étant unis à Christ pour former l’Église,
le corps de Christ, l’Épouse, un royaume de sacrificateurs, une famille bientôt
rassemblée dans la maison du Père.
«Un si grand salut», parce qu’enfin, raison suprême, il a sa source dans l’infini de l’amour de Dieu. Quelle oeuvre glorieuse a été réalisée pour nous sauver ! Dieu envoie son Fils unique pour être le Sauveur du monde. Le Fils laisse sa vie pour les hommes, en sacrifice à Dieu. Le Père est glorifié ; il le ressuscite, lui donne la gloire et l’établit Souverain Sacrificateur pour nous. L’Esprit de grâce (Héb. 10:29) vient former l’Église, habite en elle et révèle les gloires du Fils. Ainsi, la véritable grandeur de notre salut résulte du travail divin qui l’a opéré. Quelle source aurait pu être plus élevée que l’amour de Dieu ? Quel moyen plus profond que le sacrifice de Jésus Christ ? Quel auteur plus grand que le Fils bien-aimé du Père, notre merveilleux Sauveur ?