La doctrine de Paul

Patterson F.G.- Le Messager Evangélique 1894

 

CONTENU :

Chapitre 1 : Le corps de Christ

UN SEUL CORPS ET UN SEUL ESPRIT

LE MUR MITOYEN DE CLOTURE a été détruit.

La Tête du corps dans le ciel

L'union avec Christ

Il y a un seul corps formé par le baptême de l'Esprit Saint.

La Cène du Seigneur

Vous appliquant à garder l'unité de l'Esprit

La discipline de l'Assemblée

La réception des frères

Chapitre 2 «La maison du Dieu vivant» (1 Timothée 3)

« La Maison de Dieu» -  « L'habitation de Dieu par l'Esprit»

«La maison du Dieu vivant» (1 Timothée 3)

Chapitre 3 : Les derniers jours

 

Chapitre 1 : Le corps de Christ

 «Aux saints et fidèles dans le Christ Jésus.»

C'est un fait admis, depuis plusieurs années, parmi les chrétiens sérieux que, de tous les apôtres, le seul qui parle de «l'Assemblée de Dieu», est l'apôtre Paul. Jean, dans sa troisième épître, mentionne bien une église ou assemblée locale (voyez 3 Jean 9), et Jacques écrit: «Quelqu'un parmi vous est-il malade, qu'il appelle les anciens de l'assemblée» (5: 14), mais le sujet même de l'Assemblée de Dieu n'est traité que par Paul. Il faut naturellement excepter aussi le passage où le Seigneur, durant sa vie ici-bas, annonce la future existence de «son Assemblée», en ces mots: «Sur ce roc je bâtirai mon assemblée» (Matthieu 16: 18).

Lorsque le grand apôtre des gentils reçut d'abord son appel du Seigneur, quand il se rendait de Jérusalem à Damas, pour y persécuter les saints, les grands traits des doctrines qu'il devait plus tard annoncer furent exprimées dans ces paroles du Seigneur: «Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu?» Les saints sur la terre étaient identifiés avec Christ — ils étaient Christ lui-même! «Je suis Jésus que tu persécutes». «Mais lève-toi», dit encore le Seigneur, «et tiens-toi sur tes pieds, car je te suis apparu pour te désigner pour serviteur et témoin et des choses que tu as vues, et de celles pour la révélation desquelles je t'apparaîtrai». Nous trouvons ici, dès l'abord, une indication non seulement que les sujets de son ministère seraient les choses qu'il avait vues — Christ dans la gloire et tout ce qui lui appartenait, mais que des révélations subséquentes et spéciales lui seraient faites par le Christ monté en haut et glorifié, qui lui apparaîtrait de nouveau pour les lui communiquer.

D'une manière générale, je remarque quatre révélations distinctes qui furent plus tard communiquées à Paul, et indiquées positivement comme telles. Ces quatre révélations nous présentent un court abrégé de tout le caractère, de l'occupation, de la vérité de l'existence de l'Assemblée de Dieu ici-bas, et de son départ de la scène actuelle.

Voici les révélations auxquelles je fais allusion:

  1.  Le corps mystique de Christ, dont celui-ci est la Tête — corps formé par le Saint Esprit envoyé du ciel le jour de la Pentecôte.
  2.  L'expression de l'unité de ce corps sur la terre, dans la Cène et par la Cène du Seigneur.
  3.  La première résurrection — celle des saints qui se sont endormis durant la formation de l'Assemblée et son séjour ici-bas.
  4.  L'enlèvement des saints vivants et des saints ressuscités qui la composent, au retour du Seigneur, pour être «toujours avec lui».

On peut voir d'un coup d'oeil que ces sujets sont complets en eux-mêmes, mais je montrerai maintenant comment Paul appelle l'attention sur le fait que chacun lui fut spécialement révélé par le Seigneur.

Quant au premier, nous lisons: «Par révélation, le mystère m'a été donné à connaître lequel, en d'autres générations, n'a pas été donné à connaître aux fils des hommes, comme il a été maintenant révélé à ses saints apôtres et prophètes par l'Esprit savoir que les nations seraient cohéritières et d'un même corps et coparticipantes de sa promesse dans le Christ Jésus, par l'évangile duquel je suis devenu serviteur, etc.» (Ephésiens 3: 3, 5-7).

Quant au second: le Seigneur exalté dans le ciel — Chef ou Tête de l'Assemblée, qui est son corps — donne à Paul une nouvelle révélation concernant la Cène, ajoutant à celle-ci certains traits caractéristiques qu'elle n'avait pas, comme donnée par le Christ sur la terre à ceux qui à ce moment étaient ses disciples. Paul nous l'indique par ces paroles: «J'ai reçu du Seigneur ce qu'aussi je vous ai enseigné: c'est que le Seigneur Jésus, la nuit qu'il fut livré, prit du pain, etc.», puis suit la Cène (1 Corinthiens 11: 23). Dans le chapitre précédent, versets 16 et 17, la Cène est caractérisée comme étant la figure du «seul corps» de Christ sur la terre, exprimée par le «seul pain».

En troisième lieu, parlant de la première résurrection, il commence en ces termes: «Voici, je vous dis un mystère», puis il développe les vérités concernant la résurrection d'entre les morts des corps des saints qui avaient été membres du corps de Christ sur la terre, et qui s'en étaient allés vers lui pour être avec lui jusqu'au jour de sa gloire (voyez 1 Corinthiens 15: 51 et tout le chapitre).

Quatrièmement, l'enlèvement hors de la scène présente, de tous les saints — endormis ou vivants à ce moment — caractérisé par Paul comme une révélation nouvelle: «Car», dit-il, «nous vous disons ceci par la parole du Seigneur», puis suit la description de l'enlèvement des saints pour être toujours avec le Seigneur.

Or, quoique nous sachions que Paul, dès le commencement, enseignait ces vérités, comme le prouvent abondamment ses premières lettres et son ministère, il est cependant remarquable que ce ne soit qu'à la fin de sa carrière, lorsqu'il était prisonnier à Rome, que la vérité de l'unité de l'Assemblée de Dieu soit enseignée par lui dans son plein caractère, comme nous le voyons dans l'épître aux Ephésiens.

A ce moment, l'apôtre pouvait déjà voir l'ennemi battre en brèche l'édifice dont, comme un sage architecte, il avait posé le seul fondement, et sur lequel il avait veillé avec toute la sollicitude et l'énergie de son coeur dévoué. La ruine menaçait, ainsi qu'il l'avait, prévu et qu'il l'annonçait aux anciens de l'assemblée d'Ephèse, en les exhortant à veiller sur le troupeau qui leur était confié. Dans l'assemblée de Colosses à qui, vers le même temps, il adressait aussi une lettre de sa prison, de faux docteurs, semblables à des loups dévorants, cherchaient à s'introduire et à séduire les saints au moyen d'une science faussement ainsi nommée, qui tendait à les séparer de Christ, la Tête du corps — «ne tenant pas ferme le Chef». Aux Philippiens, il écrivait de cette même prison à Rome: «Tous cherchent leurs propres intérêts, non pas ceux de Jésus Christ», et à ces mêmes saints de Philippes, il disait: «Plusieurs marchent, dont je vous ai dit souvent et dont maintenant je le dis même en pleurant, qu'ils sont ennemis de la croix du Christ».

Tous les éléments et les symptômes de la ruine étaient donc là, quand Paul écrivit sa lettre aux Ephésiens. Elle a tous les caractères d'une lettre circulaire. Elle n'est pas adressée à l'assemblée de Dieu à Ephèse (*), mais «aux saints et fidèles dans le Christ Jésus», et ainsi dès ce moment-là jusqu'à la fin, cette lettre présente à la foi un terrain divin, si mauvais que puissent jamais être les jours qui ont suivi. Elle enseigne que l'Assemblée de Dieu est «selon le propos des siècles», manifestée dans le temps, pour séjourner un moment sur la terre, sans être du monde, et pour avoir une place dans les choses éternelles quand le monde aura passé.

L'épître aux Ephésiens fut écrite lorsque la ruine menaçait déjà, elle est destinée à l'encouragement de la foi et à être une direction dans un jour de ruine, «jusqu'à ce que nous parvenions tous à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l'état d'homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ» (Ephésiens 4: 13).

(*)     Dans l'Apocalypse, les lettres sont adressées à certaines assemblées locales, mais jamais à l'assemblée de Dieu.

Quant à son aspect extérieur, le corps de Christ a été dispersé à tous les vents; jamais il ne sera possible que l'unité du corps soit encore conservée; mais l'Esprit de Dieu la garde intacte, et la ruine ne sera jamais telle que les saints et fidèles ne puissent avoir part avec l'Esprit Saint, qui demeure dans l'Assemblée et avec l'Assemblée pour toujours, en puissance pratique et en communion. Ainsi, jamais il ne pourra venir un moment où cette vérité d'un «seul corps» puisse devenir inutile, et ne doive être gardée comme le principe d'action positif et divin, par ceux qui sentent que les jours sont fâcheux, et qui s'appliquent à garder l'unité de l'Esprit, en un seul corps, jusqu'au retour de Christ.

UN SEUL CORPS ET UN SEUL ESPRIT

J'examinerai maintenant ce que l'Ecriture enseigne touchant la formation de ce «seul corps» de Christ sur la terre. Je ne toucherai pas la question du corps de Christ selon le conseil de Dieu, comme il en est parlé en Ephésiens 1: 23, corps qui se compose de tous ceux qui lui appartiennent depuis le commencement de sa formation jusqu'à la venue de Christ. Je m'occuperai seulement du côté pratique de ce fait, qu'il y a : UN SEUL CORPS ET UN SEUL ESPRIT (Ephésiens 4: 4).

Il est bon de bien saisir la position distinctive des Juifs et des gentils devant Dieu, dans les jours de l'Ancien Testament, avant la formation du corps d'un Christ ressuscité et glorifié dans le ciel. Deux passages suffiront pour marquer clairement la différence de cette position.

Au sujet d'Israël, il est dit: «Qui sont Israélites, auxquels sont l'adoption, et la gloire, et les alliances, et le don de la loi, et le service divin, et les promesses auxquels sont les pères, et desquels, selon la chair, est issu le Christ, qui est sur toutes choses Dieu béni éternellement. Amen!» (Romains 9: 4, 5).

Quant aux gentils, nous lisons: «C'est pourquoi souvenez-vous que vous, autrefois les nations (ou les gentils) dans la chair, qui étiez appelés incirconcision par ce qui est appelé la circoncision faite de main dans la chair, vous étiez en ce temps-là sans Christ, sans droit de cité en Israël, et étrangers aux alliances de la promesse, n'ayant pas d'espérance, et étant sans Dieu dans le monde» (Ephésiens 2: 11, 12).

La simple lecture de ces passages montre que toutes les bénédictions, tous les privilèges, toutes les promesses, et toutes les espérances que Dieu a données, appartenaient exclusivement à Israël, la nation élue, et que, pour participer à ces bénédictions, un gentil devait y être introduit et ne pouvait y avoir part que d'une manière subordonnée aux Juifs, en qui elles se trouvaient placées et qui étaient le vase de la bénédiction.

En 1 Corinthiens 12: 12, 13, nous lisons: «Car de même que le corps est un, et qu'il a plusieurs membres, mais que tous les membres du corps, quoiqu'ils soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi aussi est le Christ. Car aussi nous avons tous été baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit hommes libres; et nous avons tous été abreuvés pour l'unité d'un seul Esprit». Or avant que la formation d'un tel corps, composé à la fois de Juifs et de gentils, pût avoir lieu, il fallait que Dieu lui-même, qui avait entouré Israël d'un «mur mitoyen de clôture», enlevât ce mur. Que le mur de séparation dont Dieu avait entouré les Juifs, eût été presque renversé par l'infidélité de ceux qui avaient été ainsi enclos, ne l'empêchait pas d'exister aussi pleinement dans la pensée de Dieu et pour la foi, que s'il n'y eût jamais eu un seul Juif infidèle sur la terre, Dieu avait établi ce mur, et Dieu devait l'enlever lui-même, avant de former le corps dont il est question dans ce passage des Corinthiens.

Les prophètes avaient parlé d'un jour dont il était dit: «Réjouissez-vous, nations, avec son peuple, etc.», mais même dans cette condition de bénédiction, les nations restaient «les nations», et son peuple restait «son peuple». Ils n'ont jamais parlé de ce «corps», dans lequel Juifs et gentils ont également perdu leur position nationale — où il n'y a ni Juifs, ni Grecs, ni esclaves, ni hommes libres. Il y a devant Dieu trois choses dans le monde, que Paul énumère en 1 Corinthiens 10: 32. Ce sont: «les Juifs, les Grecs et l'assemblée de Dieu». Dans cette dernière, les Juifs et les Grecs ont cessé d'être tels devant Dieu, les croyants d'entre eux ayant été incorporés dans le corps dont nous parlons. Les prophètes parlent de l'époque où le millénium, ou plus exactement le «royaume», aura été établi sur la terre. Alors les Juifs seront la nation centrale, et les nations se réjouiront avec le peuple de Jéhovah, état de choses qui sera introduit après que l'Eglise aura été retirée de ce monde, et sera avec Christ dans le ciel.

On voit fréquemment dans le ministère du Seigneur Jésus, tel que nous le présentent les évangiles, comme des anticipations de l'enlèvement du mur de séparation; par exemple, la femme de la Samarie, qui ne pouvait pas comprendre comment le Seigneur, lui-même un Juif, pouvait dire: «Donne-moi à boire», à elle une femme samaritaine, parce que les Juifs n'avaient pas de communications avec les Samaritains (voyez Jean 4, et aussi le cas de la femme Syrophénicienne, en Matthieu 15). Mais avant que «le mur mitoyen de clôture» eût été enlevé, c'était «une chose illicite pour un Juif de se lier avec un étranger, ou d'aller à lui» (Actes des Apôtres 10: 28).

LE MUR MITOYEN DE CLOTURE a été détruit.

Ce qui précède étant bien compris, nous allons voir comment LE MUR MITOYEN DE CLOTURE a été détruit.

Cet obstacle à la formation du corps de Christ ressuscité et monté en haut, fut détruit formellement par Dieu lui-même à la croix de notre Seigneur Jésus Christ, où il opéra la rédemption pour son peuple. Nous lisons en effet: «Car C'est lui qui est notre paix, qui des deux en a fait un, et a détruit le mur mitoyen de clôture, ayant aboli dans sa chair l'inimitié, la loi des commandements, qui consiste en ordonnances, afin qu'il créât les deux en lui-même pour être un seul homme nouveau, en faisant la paix; et qu'il les réconciliât tous les deux en un seul corps à Dieu par la croix, ayant tué par elle l'inimitié» (Ephésiens 2: 14-16).

La croix donc, en même temps qu'elle était la scène où le Seigneur opérait la rédemption, détruisait l'obstacle, ou le mur de séparation qui existait entre les Juifs et les gentils. Elle était la base ou le fondement pour la formation de ce corps — le corps de Christ — et pour réconcilier à Dieu un peuple tiré des Juifs et des gentils — donnant accès, aux uns et aux autres, par un seul Esprit auprès du Père (verset 18), nom par lequel Dieu s'est révélé lui-même à chaque membre du corps, en son Fils Jésus Christ, de même qu'autrefois il s'était révélé à son peuple élu — les Juifs — sous le nom de Jéhovah (Exode 6: 3).

Tout cela, cependant, ne constitue pas un corps. C'est seulement ce qui détruit l'obstacle, et c'est la base ou le fondement de toute l'oeuvre posée, comme aussi celle de la rédemption. La seconde chose nécessaire est d'avoir la Tête du corps dans le ciel, ressuscitée d'entre les morts — un Homme glorifié. C'est ce dont nous allons nous occuper.

La Tête du corps dans le ciel

La citation remarquable que fait Paul du Psaume 8, dans Ephésiens 1: 22, nous aidera à comprendre ce sujet. Lisons les versets 19 à 23: «L'opération de la puissance de sa force, qu'il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d'entre les morts; et il l'a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes… et il a assujetti toutes choses sous ses pieds (citation du Psaumes 8), et l'a donné pour être chef sur toutes choses à l'assemblée, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous».

Le Psaume 8 parle d'un «fils de l'homme», auquel est donnée la domination sur toute la création. Nous lisons en Genèse 1: 26, que Dieu donna à Adam et à sa femme conjointement, la suprématie sur toute la création, mais cette suprématie fut perdue par le péché, quand l'homme tomba. Toute la création maintenant est en travail et soupire, assujettie qu'elle est à la vanité par la chute de l'homme (Romains 8: 19-23). Cette suprématie, nous dit le Psaume 8, est donnée à un «fils de l'homme». Et nous apprenons, par Hébreux 2: 6, etc., qui est ce Fils de l'homme. L'apôtre, dans ce passage, citant le Psaume 8, ajoute que nous ne voyons pas encore le grand résultat du fait que toutes choses lui sont assujetties. Il dit: «Car en lui assujettissant toutes choses, il n'a rien laissé qui ne lui soit assujetti; mais maintenant, nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties; mais nous voyons Jésus, qui a été fait un peu moindre que les anges à cause de la passion de la mort, couronné de gloire et d'honneur, en sorte que, par la grâce de Dieu, il goûtât la mort pour tout». Nous découvrons ainsi qui est ce Fils de l'homme: c'est Jésus, et nous sommes ramenés à Ephésiens 1, où Paul cite ce Psaume. Christ donc, après avoir été ressuscité d'entre les morts par la puissance de Dieu, est assis «dans les lieux célestes»; là, comme Homme glorifié, il est «Chef (ou Tête) sur toutes choses à l'assemblée, qui est son corps», et attend la manifestation publique de sa suprématie. Pendant ce temps, le corps est ici-bas.

Nous avons donc maintenant la Tête du corps dans le ciel, un Homme glorifié, aussi bien que le mur de séparation détruit; mais cela ne constitue pas encore le corps. Avant que nous nous en occupions, il nous faut voir ce que l'Ecriture nous dit de l'union avec Christ.

 

L'union avec Christ

Dans les temps de l'Ancien Testament, les saints étaient nés de nouveau, mais non pas unis à Christ. Les Abraham, les David, etc., avaient la vie de Dieu par la puissance de l'Esprit Saint au moyen de la parole de Dieu; ils étaient sauvés par la foi, et vivaient et mouraient dans la foi aux promesses de Dieu qui leur annonçaient un Sauveur à venir. Mais la foi en elle-même n'est pas l'union. Nous ne pouvons pas dire d'un patriarche qu'il était uni à un Homme placé à la droite de Dieu, par le Saint Esprit envoyé ici-bas. En effet, il n'y avait pas alors un Homme dans le ciel auquel on pouvait être uni, et «l'Esprit Saint n'était pas encore, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié» (Jean 7: 37-39). Même lorsque Christ était ici-bas, un Homme parmi les hommes, il n'y avait pas d'union entre des hommes pécheurs et le Seigneur. C'est pour cela qu'il dit: «A moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit» (Jean 12: 24). Sur la croix, le Seigneur entre en grâce dans le jugement sous lequel l'homme se trouvait. Là, il subit la colère et tout ce que requérait la justice de Dieu, et, dans sa mort, il pose la base suivant laquelle Dieu peut amener à lui-même, dans une nouvelle condition, ceux qu'il sauve. Après avoir satisfait la justice de Dieu en subissant la colère, il ressuscite d'entre les morts, monte au ciel, et est glorifié — un Homme à la droite de Dieu. Le Saint Esprit est alors envoyé, et demeure dans l'Eglise (Actes des Apôtres 2). Il fait du corps de chaque croyant son temple (1 Corinthiens 6: 19). Il le scelle, après qu'il a cru, pour le jour de la rédemption (Ephésiens 1: 13; 4: 30). Il l'unit à Christ: «Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec lui» (1 Corinthiens 6: 17); il l'oint, le scelle, le baptise avec tous les autres saints en un seul corps (1 Corinthiens 12: 13; 2 Corinthiens 1: 21). Ainsi l'union avec Christ a lieu par l'Esprit Saint demeurant dans le croyant et l'unissant à Christ dans le ciel, et cela depuis que la rédemption a été accomplie.

L'union n'existait pas, et nous ne la voyons pas même dans les conseils de Dieu pour les saints de l'Ancien Testament. En Jean 7: 37-39, nous voyons la ligne très distinctement tracée entre ce qui existe maintenant, et ce qui était alors. Le Seigneur ne pouvait pas se montrer au monde, parce que son temps n'était pas «encore venu». Les Juifs n'avaient pas cru en lui, ils l'avaient rejeté, et ainsi il ne pouvait pas se rendre à la fête des tabernacles, qui est toujours une figure du royaume. L'établissement de celui-ci est donc renvoyé à un autre temps. Pour Jésus, au lieu d'aller avec ses frères, il monta à la fête, non pas publiquement, mais comme en secret, et le dernier jour de la fête — la grande journée — «il se tint là, et cria, disant: Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive. Celui qui croit en moi, selon ce qu'a dit l'Ecriture, des fleuves d'eau vive couleront de son ventre. Or il disait cela de l'Esprit qu'allaient recevoir ceux qui croyaient en lui, car l'Esprit n'était pas encore, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié». Le don du Saint Esprit pour demeurer dans le croyant est ainsi annoncé, et le royaume, que les Juifs ont refusé, est renvoyé à un autre temps. Alors Jésus se montrera au monde.

Après sa résurrection d'entre les morts, le Seigneur commanda à ses disciples de rester à Jérusalem et d'y attendre la promesse du Père, qu'ils avaient entendue de lui (Actes des Apôtres 1: 4, 5). Nous trouvons cette promesse faite et répétée aux disciples, en Jean 14: 16, 17-26; 15: 26; 16: 7-15. L'Esprit Saint, cet «autre Consolateur», devait être donné, et pour cela il était positivement avantageux que Jésus s'en allât (16: 7), car autrement l'Esprit Saint ne viendrait point. Le Seigneur dit aux disciples: «Jean a baptisé avec de l'eau; mais vous, vous serez baptisés de l'Esprit Saint, dans peu de jours» (Actes des Apôtres 1: 5). Le Seigneur se montre à eux durant quarante jours après sa résurrection d'entre les morts (Actes des Apôtres 1: 3), et il s'écoula dix jours depuis son ascension, jusqu'à l'accomplissement du jour de la Pentecôte. En ce jour (Actes des Apôtres 2), la promesse fut accomplie; et Pierre dit aux Juifs: «Ce Jésus, Dieu l'a ressuscité, ce dont nous, nous sommes tous témoins. Ayant donc été exalté par la droite de Dieu, et ayant reçu de la part du Père l'Esprit Saint promis, il a répandu ce que vous voyez et entendez» (Actes des Apôtres 2: 32, 33).

Il y a un seul corps formé par le baptême de l'Esprit Saint.

Nous venons de voir que la promesse faite aux disciples: «Vous serez baptisés de l'Esprit Saint dans peu de jours», eut son accomplissement le jour de la Pentecôte. A la petite compagnie de disciples, d'abord d'environ cent-vingt (Actes des Apôtres 1: 15), se joignirent les 3000 convertis à la prédication de Pierre (Actes des Apôtres 2: 41). Le nombre des croyants s'accrut ensuite grandement (Actes des Apôtres 4: 4). Tous furent baptisés du Saint Esprit, selon la promesse du Seigneur; mais jusqu'alors les Juifs seuls avaient eu part à la bénédiction. Au chapitre 10 des Actes, Pierre ouvre la porte aux gentils, les introduisant dans la même position et les mêmes privilèges — non pas seulement comme individus — mais comme étant un avec ceux qui avaient été ainsi baptisés du Saint Esprit. Lorsque ceux de Judée apprirent ce qui était arrivé (Actes des Apôtres 11), Pierre fut appelé à rendre compte de ce qu'il avait fait, et il en fit le récit «depuis le commencement».

Nous voyons donc, de la manière la plus claire, les Juifs et les gentils formés en un seul corps par le baptême de l'Esprit Saint.

Nous avons déjà fait remarquer qu'à Paul, seul de tous les apôtres, fut confiée la révélation de ce mystère, qui, auparavant, avait été «caché en Dieu», non pas même dans les Ecritures, mais «en Dieu». C'était son dessein éternel «que les nations fussent cohéritières, et d'un même corps (avec les Juifs), et coparticipantes de sa promesse dans le Christ Jésus, par l'évangile» (Ephésiens 3: 6, etc).

L'apôtre décrit au long ce corps, en 1 Corinthiens 12: 12-27. Il dit: «De même que le corps est un, et qu'il a plusieurs membres, mais que tous les membres du corps, quoiqu'ils soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi aussi est le Christ» (Ce nom «le Christ» est appliqué ici aux membres et à la Tête, de même que le nom Adam est appliqué à l'homme et à sa femme, en Genèse 5: 2). «Car aussi nous avons tous été baptisés d'un seul Esprit, pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit hommes libres; et nous avons tous été abreuvés pour l'unité d'un seul Esprit. Car aussi le corps n'est pas un seul membre, mais plusieurs, etc». Ici, Juifs et gentils perdent leur place comme tels, et sont amenés à être ensemble un seul corps, unis par l'Esprit Saint l'un à l'autre et à Christ, la Tête, l'Homme glorifié.

Or ce corps est dans le monde, de même que l'Esprit Saint qui le constitue. Il n'est pas dans le ciel. La Tête est dans le ciel, et les membres ont une position céleste en union avec lui; mais de fait, ils sont dans le monde. Ce corps passe ici-bas en traversant le monde; son unité étant maintenue aussi parfaitement que le jour où la présence du Saint Esprit l'a constituée. Rien n'a jamais altéré cette unité. Il est vrai que la manifestation extérieure du corps, par l'unité de ceux qui le composent, n'est plus; il est vrai que la «maison de Dieu», telle qu'elle apparut au commencement dans ce monde, est devenue ce qui est semblable à une «grande maison» (2 Timothée 2: 19-22); il est vrai que tout ce qui a été confié à la responsabilité a failli, comme toujours. Mais le corps de Christ était alors dans le monde, il était ici-bas durant les sombres jours du moyen âge, et il y est maintenant; demeurant à travers toute la ruine de l'église professante, son unité étant parfaitement maintenue par l'Esprit Saint qui, par sa présence et son baptême, le constitue; car il a toujours maintenu l'unité du corps de Christ.

Je me servirai d'un simple exemple qui aidera mes lecteurs à comprendre le fait que le nombre total des saints en qui habite le Saint Esprit, et qui sont dans le monde à un moment donné (comme par exemple celui où vous lisez ces lignes), est ce que Dieu reconnaît comme le corps de Christ. Supposons un régiment composé, mettons d'un millier d'hommes, et qui est envoyé aux Indes pour plusieurs années. Tous ceux qui composent ce régiment meurent ou sont tués, et d'autres les remplacent, de sorte que la force numérique reste la même. Après des années de service, le régiment est rappelé dans la mère-patrie; pas un des hommes qui partirent d'abord ne s'y trouve plus, et cependant c'est bien le même régiment qui est de retour, avec son même nombre d'hommes, et sans changement dans son apparence et son identité. Il en est ainsi du corps de Christ. Ceux qui le composaient dans les jours de Paul, ne sont plus ici-bas, cependant le corps a continué d'exister à travers les dix-huit siècles derniers; les membres qui le composent et qui moururent, étant remplacés par d'autres, et, maintenant, à la fin du voyage, le corps est ici-bas, le Saint Esprit qui constitue son unité y étant aussi, et il est aussi parfait dans son unité qu'il l'a jamais été.

Il y a, sur cette grande vérité, plusieurs notions très vagues dans l'esprit des chrétiens. Quelques-uns pensent que le corps de Christ est dans le ciel; d'autres qu'il est en formation depuis la descente du Saint Esprit le jour de la Pentecôte — qu'ainsi c'est un corps qui se forme graduellement, dont une partie est au ciel, une partie sur la terre, et dont une troisième partie (si le Seigneur tarde) n'est pas encore rassemblée; que cette formation continue jusqu'à un certain moment (la venue du Seigneur), où le corps sera complet, et où ce qui est sur la terre sera pris pour être avec le Seigneur.

Il est très vrai que tous les saints entre ces (deux grands événements — la descente du Saint Esprit et la venue de Christ — font partie du corps de Christ, de ce corps tel qu'il est dans la pensée et le conseil de Dieu. Mais ceux qui sont morts ont quitté leur relation présente et effective avec le corps, se trouvant en dehors de la sphère où est l'Esprit Saint, quant à sa place personnelle. Ils ont cessé d'être dans son unité. Les corps des saints qui sont morts, et qui autrefois étaient les temples du Saint Esprit, sont maintenant dans la poussière, et leurs esprits sont auprès du Seigneur. Leurs corps n'étant pas encore ressuscités, ils n'entrent pas en compte à présent dans le corps, comme maintenant reconnu de Dieu. Tels que ceux qui ne sont plus sur le registre de l'armée, ils ont passé dans la réserve, ils sont libérés du service, pour ainsi dire, ils sont hors de la scène maintenant occupée par le Saint Esprit envoyé du ciel. Nous lisons: «Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui» (1 Corinthiens 12: 26); les morts ne souffrent pas. Le passage traite de ceux qui sont vivants ici-bas; dans un lieu où ils peuvent souffrir.

Ainsi le corps de Christ, tel qu'il est maintenant reconnu de Dieu, embrasse tous les croyants qui sont sur la terre, au moment où j'écris, comme à tout autre moment donné. 1 Corinthiens 12, traite de l'assemblée sur la terre: car, dans le ciel, il n'est pas question de guérisons, de miracles, etc. La difficulté pour plusieurs vient de ce qu'ils ne lisent pas la parole de Dieu comme étant la pensée de Dieu à un moment donné quelconque — comme parlant d'une chose qui est sous ses yeux. Les apôtres parlent d'une chose qui était sous leurs yeux; ils ne s'attendaient jamais à une longue durée de l'Eglise; ils attendaient la venue du Seigneur. Tout était considéré en vue de cet événement, bien que prophétiquement la ruine fut annoncée, et sentie lorsqu'elle commença.

Quelle merveilleuse vérité! Tandis que l'union que demandait le Seigneur dans sa prière, en Jean 17, a presque disparu; tandis que l'infidélité de l'homme — hélas! celle du peuple de Dieu, bien qu'il possédât les plus grandes bénédictions qui lui eussent jamais été accordées dans le monde s'est montrée en annulant presque entièrement cette union que le Fils demandait au Père; il y a une chose qui ne change jamais, qui ne manque pas, et qui ne peut être gâtée, parce que, disons-le à notre honte, il n'est pas en notre pouvoir de le faire, car cette chose est gardée, de même qu'elle est constituée, par la présence et le baptême de Dieu le Saint Esprit — cette chose, c'est le corps de Christ dans le monde.

Nous voyons, en Actes 2 et 4, de quelle manière admirable Dieu a répondu à la prière de Christ pour l'union des croyants. Là nous lisons: «Ils élevèrent d'un commun accord leur voix à Dieu». «La multitude de ceux qui avaient cru était un coeur et une âme». La prière de Jésus: «afin que tous soient un», reçut ainsi une réponse; mais cet état d'union ne dura qu'un instant bien court: celui où ils étaient un en pratique. Bientôt cette union pratique manqua. Et alors, au chapitre 9 des Actes, nous voyons Saul de Tarse, plus tard l'apôtre Paul, appelé pour nous révéler quelque chose qui ne pouvait jamais manquer, jamais être altéré l'unité de l'Esprit — le corps de Christ.

Il est important de remarquer la différence entre union et unité; parce que nous sommes exhortés à nous appliquer «à garder l'unité de l'Esprit par le lien de la paix»; à garder pratiquement ce qui existe en fait par la présence de l'Esprit de Dieu. Nous ne sommes pas exhortés à nous appliquer à faire une unité, mais à garder, par le lien de la paix, cette unité qui existe par le Saint Esprit.

 

La Cène du Seigneur

Nous nous occuperons maintenant de la Cène du Seigneur.

Comme nous l'avons vu plus haut, l'apôtre Paul reçut aussi une révélation spéciale touchant la Cène du Seigneur. Il était le vase choisi de Dieu pour nous révéler le mystère de Christ et de l'Assemblée. Lui seul de tous les écrivains sacrés parle du corps de Christ. Or il est écrit en 1 Corinthiens 10: 16, 17: «La coupe de bénédiction que nous bénissons, n'est-elle pas la communion du sang du Christ? Le pain que nous rompons, n'est-il pas la communion du corps du Christ? Car nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain». Ici nous apprenons que, dans la Cène du Seigneur, nous avons le symbole ou l'expression de la communion du corps de Christ. (Il faut bien comprendre que nous en parlons comme étant la table du Seigneur, selon la vérité de la révélation qui la concerne). Cette vérité est d'une importance immense; nous y apprenons en effet que, bien que l'église professante ait faussé la signification de la Cène, et en ait fait un moyen de grâce et un sacrement qui procure la vie, et aussi un sacrifice renouvelé, — en somme tout, sauf ce qu'elle est, — cependant si la table du Seigneur est dressée selon la pensée de Dieu, elle exprime la communion du seul corps de Christ, qui est ici-bas dans le monde.

Supposons que seulement deux ou trois chrétiens dans un endroit, soient réunis au nom du Seigneur Jésus comme membres du seul corps de Christ, par un seul Esprit, pour prendre la Cène du Seigneur, ils sont, quoique si faibles, une vraie expression du seul corps de Christ. C'est comme étant dans la communion du seul corps, qu'ils rompent le seul pain, symbole de la communion du corps entier sur la terre.

Plusieurs ont pensé qu'ils pouvaient de nos jours se réunir simplement comme individus, pour rompre le pain. Mais se placer sur ce terrain, est une chose tout à fait inconnue à l'Ecriture, depuis que la révélation de la vérité concernant l'Eglise de Dieu, a été donnée par le moyen de l'apôtre Paul. Le terrain de l'unité de l'Esprit de Dieu dans le corps de Christ, est le seul que nous puissions occuper, à moins d'ignorer la volonté révélée de Dieu, ou de désobéir à cette volonté. Ou bien je dois reconnaître comme un fait ce que je sais être ici-bas — exister dans le monde — c'est-à-dire le seul corps de Christ, formé par le seul Esprit de Dieu; ou bien je dois le renier, ce qui certes est une chose très sérieuse. Se réunir seulement comme disciples a pu être fait dans l'ignorance de ces principes divins, et le Seigneur use envers nous de grande patience en nous supportant dans notre lenteur à apprendre quelle est sa pensée. Mais lorsqu'une fois j'ai appris la vérité, et que mon intelligence a été ouverte pour voir ce que je suis aux yeux de Dieu, un membre du corps, par le seul Esprit, ce n'est pas choisir un nouveau terrain de rassemblement que de nous réunir comme tels, c'est plutôt définir dans son sens complet ce que nous sommes en réalité, c'est découvrir en même temps toutes les responsabilités qui se rattachent à cette merveilleuse vérité. J'apprends que ma responsabilité est de reconnaître tous ceux qui reconnaissent la grande vérité d'un seul corps, par un seul Esprit, et qui agissent (si faiblement que ce soit) selon cette vérité. J'ai trouvé ainsi une place selon Dieu, où je puisse poser mes pieds, au milieu de la confusion de la chrétienté; j'ai une réalité qui gardera mon âme et la rendra capable de tenir ferme, quelle que soit la ruine. C'est aussi la seule chose qui puisse le faire. Se réunir simplement comme chrétiens individuellement pour rompre le pain, est impossible, si l'on veut obéir au Seigneur. Qu'on le fasse dans l'ignorance, c'est bien — mais si l'on a la connaissance de l'unité du corps de Christ, agir ainsi serait renier la plus grande vérité divine, après Christ. Se réunir pour rompre le pain comme membres du seul corps de Christ, n'a nullement la prétention de reconstruire quoi que ce soit; le corps de Christ ne demande pas à être reconstruit de mes mains. L'Esprit de Dieu le constitue, par sa présence et son baptême, et son unité n'a jamais failli. En rompant le pain sur ce terrain, je reconnais donc simplement en pratique ce que je sais être ici-bas en fait; mais je ne puis le faire comme individu là où se trouvent d'autres membres du corps de Christ. Il nous faut être ensemble, si la grâce nous en est donnée, comme le corps de Christ, c'est-à-dire sur le terrain et le principe de ce corps. Mais être ainsi ensemble et reconnaître ce grand fait, ce n'est pas prétendre manifester quelque chose. Une manifestation serait envers le monde. Je ne cherche pas à manifester, mais à exprimer ce que je suis en commun avec tous les autres membres, c'est-à-dire le corps de Christ, dans le symbole de son unité qui est la fraction du seul pain.

Vous appliquant à garder l'unité de l'Esprit

Examinons maintenant le sens de ces paroles: «Vous appliquant à garder l'unité de l'Esprit». L'apôtre écrit aux Ephésiens: «Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d'une manière digne de l'appel dont vous avez été appelés; avec toute humilité et douceur, avec longanimité, vous supportant l'un l'autre dans l'amour; vous appliquant à garder l'unité de l'Esprit par le lien de la paix. Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés pour une seule espérance de votre appel. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême. Il y a un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tout, et partout, et en nous tous» (Ephésiens 4: 1-6).

On emploie souvent, pour présenter une pensée juste, une expression qui ne se trouve pas dans l'Ecriture, c'est-à-dire «l'unité du corps». «Il y a un seul corps», dont l'unité est constituée par l'Esprit Saint lui-même, et nous sommes exhortés à nous appliquer à garder cette «unité de l'Esprit (non pas l'unité du corps) par le lien de la paix». Si nous étions exhortés à nous appliquer à garder l'unité du corps, nous serions dans l'obligation de marcher avec tout membre du corps de Christ, n'importe dans quelle association il serait, ou quelle que fût sa marche pratique, nul mal en lui ne nous autoriserait à nous séparer de lui. Nous appliquer à garder l'unité de l'Esprit nous maintient nécessairement dans la compagnie d'une Personne divine ici sur la terre, et associé avec elle.

Si l'Eglise de Dieu était en bon état, il n'y aurait pratiquement aucune différence entre les expressions «unité du corps» et «unité de l'Esprit». L'Esprit Saint demeurant dans l'Eglise constitue son unité, et embrasse pratiquement tous les membres de Christ. Si l'Eglise marchait dans l'Esprit, l'action salutaire de l'ensemble serait inaltérée, dans toute sa vigueur. Cependant l'unité demeure, parce que l'Esprit demeure, même quand l'union et la saine vie pratique du corps, comme ensemble, n'existent plus. L'unité d'un corps humain subsiste quand un membre est paralysé — mais où est alors l'union? Le membre n'a pas cessé de faire partie du corps, mais il a cessé d'être dans une saine articulation avec le corps. C'est pourquoi beaucoup de chrétiens, bien que membres du corps de Christ, ne s'appliquent pas à garder l'unité de l'Esprit dans le lien de la paix.

Comment donc l'unité de l'Esprit doit-elle être gardée? Qu'est-ce que s'appliquer à la garder? En quoi consiste la fidélité à la nature de l'Eglise, au corps de Christ, dans un mauvais jour? C'est d'abord dans la séparation d'avec le mal. Mon premier devoir est de me «séparer de l'iniquité». Ce peut être un mal moral, ou un mal doctrinal, le mal prenant plusieurs formes; mais je dois m'en séparer pour Christ. Ainsi séparé, je me trouve dans la communion de l'Esprit de Dieu, associé avec l'Esprit Saint ici-bas, sur la terre. Il glorifie Christ et me sépare de tout ce qui est contraire à Christ, pour m'associer avec tout ce qui est selon lui. Ainsi ce n'est plus du tout une question de membres de Christ, c'est uniquement et entièrement une question de Christ et de l'Esprit de Dieu qui glorifie Christ. La notion que je puisse sciemment être associé avec un principe mauvais, ou avec une doctrine qui n'est pas saine, ou une marche qui n'est pas pure, est un principe profane. Je puis être exempt du mal personnellement, mais en m'associant pratiquement avec lui, j'ai abandonné la communion du Saint Esprit.

Ainsi séparés dans la communion de l'Esprit Saint — l'Esprit de sainteté et de vérité — nous trouvons d'autres frères qui ont fait comme nous, et nous pouvons être heureux ensemble dans l'unité de l'Esprit de Dieu.

Le tout premier pas doit donc être d'obéir à l'injonction: «Qu'il se retire de l'iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur» (2 Timothée 2: 19). Des membres de Christ se trouvent mêlés de tous côtés avec beaucoup de mal. Je dois me séparer de ceux qui sont tels, pour marcher dans la communion et dans l'unité de l'Esprit, qui me garde en association avec Christ, la Tête.

Dans un jour mauvais, lorsque le fidèle s'applique, par grâce, à garder l'unité de l'Esprit dans le lien de la paix, il trouve que la pratique de la communion et de l'unité de l'Esprit conduit nécessairement dans un sentier étroit, entièrement à part du mal, et excluant le mal de son milieu, tandis que, dans la largeur des principes de cette unité, il embrasse l'Eglise de Dieu tout entière. Large assez, pour recevoir tout membre de Christ sur la terre; assez étroit pour exclure soigneusement tout mal. Tout ce qui n'a pas cette largeur est un principe sectaire et cesse d'être du Saint Esprit, car la largeur du principe embrasse chaque membre de Christ. Ceux qui sont ainsi rassemblés dans l'unité de l'Esprit, sont nécessairement jaloux d'une sainte jalousie, de peur que quelque chose ne soit admis, en doctrine ou en pratique, ou en association consciente avec de telles choses, qui placerait ceux qui l'admettent pratiquement en dehors de la communion de l'Esprit.

Or, s'appliquer à garder l'unité de l'Esprit ne se borne pas à ceux-là seulement qui se sont réunis en se séparant du mal et dans la communion de l'Esprit Saint. Elle n'est pas simplement à garder l'un envers l'autre. Elle concerne et a en vue tout membre du corps de Christ, dans quelque association qu'il puisse se trouver — même parmi ceux qui ne sont pas rassemblés dans la communion de l'Esprit. Ceux qui maintiennent ainsi la vérité, montrent par là l'amour le plus vrai et le plus sincère à ceux qui ne sont pas pratiquement avec eux. Demeurer dans la lumière, dans une fidélité inébranlable à Christ, et dans la communion de l'Esprit Saint, est le plus réel témoignage de leur vrai amour pour leurs frères. Ils ne compromettent pas la lumière où ils sont et la vérité de leur position en l'abandonnant pour les ténèbres; mais s'ils ont de la grâce, ils gagnent leurs frères à la lumière, pour marcher aussi avec eux dans la vérité.

Par la grande miséricorde du Seigneur, il a accordé à ses saints d'avoir «à garder l'unité de l'Esprit par le lien de la paix», et plusieurs, en voyant ce sentier, ont eu de la foi pour y entrer. Lorsque de tels fidèles existent, l'effort que plusieurs ont fait pour prendre une place en dehors et indépendante de ceux qui ont été ainsi conduits par le Seigneur, n'est autre chose que la propre volonté de l'homme, et doit être traité comme tel.

Si des saints tout à fait simples, ont été, comme le cas s'est souvent présenté, conduits à s'assembler au nom du Seigneur, même sans aucune intelligence de ce qu'est le terrain d'un seul corps, d'un seul Esprit, ils se trouvent ainsi nécessairement liés à tous ceux qui, partout ailleurs, sujets à la même action de l'Esprit de Dieu, ont été avant eux dans ce chemin, et qui peuvent avoir appris plus complètement ce qu'est le terrain divin de rassemblement. Ils peuvent très aisément en sortir et se lier avec le mal, s'ils ne sont pas vigilants, et l'ennemi travaille sans cesse à arriver à cette fin. Mais on ne saurait absolument pas supposer qu'ils puissent, d'une manière intelligente, maintenir un terrain divin de rassemblement, et ignorer ce que le même Esprit a opéré parmi d'autres avant eux.

L'Ecriture n'admet pas cette indépendance. Maintenir une position indépendante, c'est accepter ce qui place pratiquement hors de l'unité de l'Esprit. Très probablement, ceux qui agissent ainsi s'étaient d'abord réunis dans l'énergie de l'Esprit Saint, en toute simplicité, comme rassemblés au nom du Seigneur. Mais en entrant dans une voie d'indépendance, ils ont cessé d'être associés et en communion avec le Saint Esprit. Ils avaient commencé par l'Esprit, et ont fini, ou sont en voie de finir par la chair.

Marcher dans la communion et dans l'unité de l'Esprit suppose une séparation distincte et positive de tous ceux qui, en pratique, ne marchent point ainsi. C'est une position souvent très éprouvante pour les saints. L'ennemi s'en sert pour alarmer ceux qui sont faibles. On crie tout de suite au manque de charité. Mais quand il s'agit d'être dans la communion de l'Esprit de Dieu, ce n'est plus simplement une question de fraternité. S'il est des chrétiens qui, d'ailleurs saints en pratique, ne veulent pas y marcher, et que d'autres aient la lumière et la grâce pour le faire, cela nécessite la séparation des derniers d'avec les premiers. Pour la chair, c'est une chose terrible. Mais il ne faut pas s'y tromper et prendre l'amour humain pour l'amour divin, et la communion du chrétien pour la communion de l'Esprit Saint. Le Saint Esprit ne veut pas se plier à nos voies, ou être en communion avec nous; c'est nous qui devons diriger nos voies dans une communion pratique avec lui. C'est pourquoi Pierre nous dit d'ajouter «à l'affection fraternelle, l'amour» (2 Pierre 1: 7 ) La bonté et la bienveillance fraternelles en viendront à être simplement de l'affection pour les frères; nous les aimerons, parce que leur société nous plaît, si nous ne sommes pas gardés par le lien divin qui conserve l'amour fraternel comme étant de Dieu. Dieu est amour et Dieu est lumière; et «si nous marchons dans la lumière, comme lui-même est dans la lumière, nous avons communion les uns avec les autres». Vouloir l'amour fraternel, de manière à exclure les exigences de la nature de Dieu (or il demeure dans l'Eglise par son Esprit) et ses droits sur nous, c'est exclure Dieu; les motifs qui font agir peuvent sembler très plausibles, mais, de fait, c'est exclure Dieu pour satisfaire nos propres coeurs.

Je supplie mes frères, pour autant qu'ils apprécient et aiment le précieux Seigneur, qui s'est donné lui-même pour son Eglise, de juger toute position où ils pourraient être, et qui, pratiquement, les placerait en dehors de l'unité de l'Esprit de Dieu. Le Seigneur Jésus est mort pour vous racheter, et, non seulement cela, mais «pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés» (Jean 11: 52). Nous devrions constamment garder dans nos coeurs, que c'est pour rassembler ce qui est dispersé que Christ est mort. Il les rassemblera certainement dans le ciel, mais il est mort pour les rassembler en un, maintenant. Cela ne peut être qu'en gardant l'unité de l'Esprit de Dieu, et si l'on veut rassembler autrement, ce n'est pas pour effectuer cela qu'il est mort. Ce n'est pas rassembler avec Christ, c'est disperser, quelque plausible que ce soit, ou quelque belle apparence que cela ait aux yeux des hommes. Dieu agit en grâce en plusieurs lieux; mais l'ennemi agit aussi pour troubler et tromper des âmes qui viennent de sortir des ténèbres, et pour les rattacher à des principes de neutralité, d'indifférence et d'indépendance — en résumé à tout, sauf à la vérité,

 

La discipline de l'Assemblée

Je désire maintenant dire quelques mots sur la discipline de l'Assemblée, et montrer la divine compétence des saints réunis sur les principes énoncés plus haut, pour l'exercer, pour tenir à distance tout ce qui n'est pas de l'Esprit de Dieu.

Nous lisons, en 1 Corinthiens 5: 12, 13, ces paroles: «Qu'ai-je à faire de juger ceux de dehors aussi? Vous, ne jugez-vous pas ceux qui sont de dedans? Mais ceux de dehors, Dieu les juge. Otez le méchant du milieu de vous». Or la compétence de l'assemblée exprimée dans ces paroles reste maintenant la même. Bien plus, elle lie les saints. Le Seigneur les tient pour responsables de cela. Quelques-uns ont pensé: «N'est-ce pas là mettre hors du corps, quand cependant nous sommes réunis comme membres du corps, sur le terrain de son unité?» Je réponds, non. Il n'y a à cet égard aucune difficulté dans l'Ecriture. Elle dit: «Otez du milieu de vous-mêmes», et non pas: «Otez du corps», ce qui ne se pourrait pas. Autrement — c'est-à-dire si ôter était séparer du corps — il n'y aurait aucun moyen d'exclure le mal du milieu des deux ou trois réunis au nom du Seigneur Jésus. Paul, par l'autorité du Seigneur, pouvait livrer le méchant à Satan, pour la destruction de la chair; le devoir de l'assemblée est de l'ôter du milieu d'elle-même, et cet acte ne va pas plus loin.

L'apôtre place les Corinthiens sous cette responsabilité, mais sa lettre s'adresse à «tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, et leur Seigneur et le nôtre» (1 Corinthiens 1: 2); par conséquent la même responsabilité les lie, et il les reconnaît d'ailleurs (1 Corinthiens 12: 27) comme rassemblés sur le terrain et les principes du seul corps de Christ, et à moins d'effacer de la parole de Dieu ce qui est dit au chapitre 5, la compétence divine et l'autorité de l'assemblée pour exercer cette discipline restent intactes.

 

La réception des frères

Qui recevoir? telle est maintenant la question. Le simple titre pour être à la table du Seigneur, est «la confession de Christ, le fait d'être membre de son corps et la sainteté dans la marche». Il n'y en a point d'autre, il n'y a point de cercle plus intime. L'intelligence chez ceux qui sont reçus, quelqu'utile qu'elle soit à sa place, n'a rien à faire avec leur réception. Ceux qui reçoivent devraient avoir l'intelligence de ce qu'ils font, et du fait que ceux qu'ils reçoivent sont membres du corps de Christ. Mais du moment qu'ils recherchent l'intelligence chez ceux qui désirent entrer en communion, ce sont eux-mêmes qui cessent d'être intelligents. Cependant il y a une distinction à observer avec un zèle jaloux pour le nom du Seigneur, quand il s'agit de personnes engagées dans des associations qui tolèrent le mal: il y a ceux qui sciemment sont associés avec le mal, et d'autres qui s'y sont trouvés associés d'une manière inconsciente. Jude nous dit à leur sujet: «Sauvez-les avec crainte, les arrachant hors du feu, haïssant même le vêtement souillé par la chair» (verset 23).

La base et le principe de l'unité de l'Esprit, considérés ainsi, embrassent l'Eglise de Dieu tout entière. Le fait qu'il y en a qui, ayant été mêlés avec le mal, ou s'étant trouvés dans des systèmes mondains, cherchent à entrer en communion, montre qu'ils se sont séparés eux-mêmes pour le Seigneur. Dans ce cas, il est nécessaire qu'il y ait une prompte réponse. Plus les saints ont profondément la conscience du caractère divin de la place à laquelle ils ont été appelés par la grâce du Seigneur, plus prompte sera la réponse de leur coeur envers tous les membres de Christ. En même temps, ils croîtront en force et dans la conviction de la sainteté qui appartiennent à l'habitation de Dieu par l'Esprit, et, par sa grâce, ils veilleront contre les ruses de l'ennemi qui cherche à introduire ce qui contristerait l'Esprit de Dieu, et empêcherait le Seigneur de manifester sa présence au milieu d'eux.

Que le Seigneur, dans sa miséricorde, garde ses saints dans la vérité et dévoués à lui dans ces mauvais jours. Ils peuvent n'être qu'un résidu, mais deux choses ont toujours caractérisé le résidu fidèle en tout temps: d'abord, le dévouement au Seigneur, et ensuite, la plus stricte attention à garder les principes fondamentaux. Nous trouvons aussi qu'ils ont toujours été les objets de son attention spéciale et de tous ses soins. Leur faiblesse même rend cela d'autant plus frappant. C'est avec eux que le Seigneur s'est identifié le plus particulièrement. Ils n'ont que «peu de force», mais, par sa grâce, ils s'en sont servis, et elle les a amenés là où il est. Que le Seigneur leur accorde de garder sa parole, et de ne pas renier son nom — de tenir ferme ce qu'ils ont, afin que personne ne prenne leur couronne. Amen!

Chapitre 2 «La maison du Dieu vivant» (1 Timothée 3)

Le témoignage dans lequel les fidèles sont appelés à marcher, aux derniers jours, a un double caractère: premièrement, c'est un témoignage à l'unité du corps de Christ, formé par l'Esprit Saint, envoyé du ciel le jour de la Pentecôte; et secondement, l'Eglise entière ayant manqué, c'est le caractère d'un résidu, qui maintient ce témoignage, et cela au milieu de la grande masse des baptisés, qui est semblable à une grande maison, et qui est le corps responsable sur la terre, en un mot, ce qui est nommé ordinairement «la chrétienté». Ce témoignage ne peut jamais prétendre à être plus, ni autre chose, qu'un témoignage à la chute de l'Eglise de Dieu telle que Dieu l'avait établie. Plus le résidu de son peuple sera fidèle à Christ, plus il sera un témoignage à l'état présent de l'Eglise de Dieu, c'est-à-dire à ce qu'elle est, et non à ce qu'elle était au commencement.

Or on trouve dans la parole de Dieu, pour l'exemple et la consolation de ceux qui font partie de ce résidu, une foi qui compte sur Dieu et sur sa divine intervention, lorsque l'homme a manqué; une foi qui est soutenue de Dieu selon la puissance et les bénédictions de la dispensation où l'on est, et qui répond aux premières pensées de son coeur, lorsqu'il avait tout établi dans le premier déploiement de sa puissance. Il rattache cette puissance et la présence même du Seigneur, à la foi du petit nombre qui agissent selon la vérité donnée pour le moment actuel, même lorsque l'administration de l'ensemble n'est pas en action selon l'ordre que Dieu avait établi. Par exemple, la bénédiction de Moïse pour Aser se termine par ces paroles de grâce: «Ton repos sera comme tes jours» (Deutéronome 33: 25). Or tout en Israël était tombé en ruines, comme le prouve son histoire. Mais à la première venue de Christ, quand le résidu pieux de son peuple «attendait la consolation d'Israël», nous trouvons parmi ce résidu «Anne, une prophétesse, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser, veuve d'environ quatre-vingt-quatre ans, qui ne quittait pas le temple, servant Dieu en jeûnes et en prières, nuit et jour», dans la jouissance et la puissance de cette bénédiction de Moïse — comme il dit: «Ainsi sera ton repos». Le Seigneur Jésus Christ lui-même s'identifie avec ce résidu obscur, dont elle faisait partie, comme étant ceux que son coeur pouvait reconnaître, et qui étaient prêts à le recevoir quand il vint.

Au résidu de ceux de Juda revenus de captivité aussi, dans toute la faiblesse où ils se trouvaient, ne prétendant à autre chose qu'à se placer sur le terrain divin qui convenait au peuple terrestre de Dieu, sont adressées ces paroles d'encouragement: «Je suis avec vous, dit l'Eternel des armées. La parole selon laquelle j'ai fait alliance avec vous, lorsque vous sortîtes d'Egypte, et mon Esprit, demeurent au milieu de vous; ne craignez pas» (Aggée 2: 4, 5). Leur foi est ramenée à ces glorieux jours de puissance, lorsque l'Eternel des armées portait les fils d'Israël «sur des ailes d'aigle» et les amenait à lui, et enlevait de dessus leurs épaules le fardeau de l'esclavage d'Egypte (Exode 19: 4). Sa puissance n'était pas diminuée, et dans cette puissance, il était avec eux, pauvres captifs revenus de la transportation, le même Dieu, dont la foi pouvait se réclamer, et sur qui elle pouvait compter. Il n'y avait pour eux aucun déploiement extérieur de puissance; mais sa parole et son Esprit, qui manifestait sa présence à la foi, agissaient dans ces quelques-uns si faibles. C'est à eux qu'est révélé l'ébranlement de toutes choses (voyez Aggée 2: 6; comparez Hébreux 12: 26, 27), et la venue de Celui qui ferait que la «dernière gloire» de sa maison, serait plus grande que «la première». Ils sont ainsi le lien entre le temple des glorieux jours de Salomon, et celui du jour de la gloire à venir, quand le Seigneur «s'assiéra, et dominera sur son trône, et sera sacrificateur sur son trône», et que le conseil de paix sera, entre Jéhovah et lui, et il portera la gloire (Zacharie 6: 12, 13).

«Il renversera le trône des royaumes» et ébranlera «les cieux et la terre» (Aggée 2: 21-23), identifiant ainsi toute sa puissance avec le dernier résidu de son peuple qui marche selon sa pensée. Il fera venir tous ceux qui s'opposent et les fera se prosterner devant les pieds des siens, et ils connaîtront que lui les a aimés.

Il en est aussi de même de ceux qui répondent à l'appel qui est selon sa pensée, et que nous voyons représentés en Philadelphie (Apocalypse 3), qui, bien que l'état des choses ne soit pas parfait, sont fidèles à ce qui convient dans l'état de chute que le Seigneur considère. Il les fait être le lien, la corde d'argent, qui unit l'Eglise du passé, telle qu'elle fut établie le jour de la Pentecôte, à l'Eglise de la gloire (Apocalypse 21: 9). Le vainqueur sera une colonne «dans le temple de mon Dieu», dit le Seigneur, dans «la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel».

Que l'on me permette de faire remarquer ici qu'il n'y a jamais eu, et qu'il ne peut jamais y avoir un moment, où ce qui répond à cet appel (Philippiens) puisse cesser d'exister jusqu'à ce que le Seigneur vienne. Dans le tableau moral présenté aux chapitres 2 et 3 de l'Apocalypse, nous trouvons les sept caractères de ce tableau se conservant ensemble à tout moment donné (comme ils étaient lorsque le Seigneur envoya les messages) et restant tels, aussi longtemps que les Ecritures demeurent. Dans les sombres temps du moyen âge, dans ceux qui suivirent avec plus de lumière, de même que maintenant dans les temps de la fin, avant que le Seigneur ne vienne, tous ceux qui partout, en quelque lieu que ce soit, répondent d'un coeur parfait à la mesure de vérité qu'il leur a donnée, sont moralement Philadelphie. D'autres peuvent avoir plus de lumière, mais le coeur vrai qui marche avec Christ dans ce qu'il connaît, est connu de lui, et il est ce que nous voyons en Philadelphie. Historiquement, il y a un développement — puisque le Seigneur a tardé — développement que nous voyons dans l'état de chacune des sept églises — chaque trait principal venant en évidence à son tour, et ainsi se présentent successivement les différents traits saillants de l'église professante, jusqu'à ce que l'Eglise devienne un résidu dans le message adressé à Thyatire, et se développe alors dans ce qui suit. Mais moralement, Philadelphie représente ceux qui répondent au coeur de Christ dans tous les temps et dans toutes les circonstances, puisque le Seigneur donne ces messages jusqu'à ce que sa menace soit finalement exécutée: «Je te vomirai de ma bouche». Philadelphie peut, historiquement, venir après Sardes, et entendre, comme sa ressource, l'exhortation que le Seigneur vient promptement, et celle de ne laisser personne prendre sa couronne; mais aussi longtemps que sa voix est entendue par des âmes fidèles, celles-ci forment maintenant, comme toujours, et partout où elles se trouvent, le lien entre l'Eglise à la Pentecôte, et l'Eglise, l'épouse, la femme de l'Agneau, dans les jours de la gloire (Apocalypse 3: 12).

Ainsi les épîtres aux sept églises ne sont pas simplement des messages envoyés à sept assemblées existant à ce moment-là; elles ne sont pas non plus simplement un développement historique de toute la période chrétienne pendant que Christ est caché dans le ciel, et que le Saint Esprit est ici-bas; mais elles ont une signification morale (et rien n'est plus important que cette vue-là), selon laquelle, tous les sept traits et états moraux se trouvent ensemble à tout moment donné, depuis le jour où ces messages ont été envoyés, jusqu'au jour où Celui qui les a adressés, reviendra du ciel. Il en est comme de l'arc-en-ciel, dans lequel on voit les diverses couleurs du prisme, bien que l'une ou l'autre domine plus à un certain moment. Chaque état moral présenté dans les sept messages demeure, depuis le commencement jusqu'à la fin. On trouve, en ce moment-ci, comme au commencement, ceux qui ont abandonné leur premier amour, ceux qui souffrent pour Christ, et ceux qui sont fidèles là où Satan a établi son trône, et ainsi de suite jusqu'à ce que tout soit consommé.

Indépendamment de tout cela, il ne faut pas oublier que Jean voit la ruine de ce que Paul avait présenté et développé, et nous dit ce que Christ fera de ce qui porte son nom. Pour notre propre sentier, nous n'avons d'autres directions données que d'écouter «ce que l'Esprit dit aux assemblées», car le terrain de l'Assemblée n'est pas présenté ici. Ce n'est pas ce qui a été confié à Jean; il ne traite jamais des choses qui se rapportent au «corps»: il parle des individus, et jamais de l'Eglise de Dieu. Quand donc nous sommes fondés et établis sur ce qui ne manque jamais — l'unité du corps de Christ, maintenue par l'Esprit de Dieu sur la terre, ainsi que l'enseigne Paul, alors nous pouvons nous tourner avec un grand profit vers Jean, lire les messages adressés aux assemblées, et apprendre ce que Christ fera de tout ce qui porte son nom sur la terre. Mais c'est de Paul seul que je puis apprendre ce que j'ai à faire au milieu de la scène où je me trouve, et comment je dois être un «vainqueur» selon la pensée du Seigneur, ce qui ne peut jamais avoir lieu en abandonnant ce que son Esprit maintient sur la terre.

Combien n'est-il donc pas important d'être tout à fait fondés dans les vérités qui concernent l'Eglise de Dieu, laquelle subsiste aussi longtemps que l'Esprit de Dieu et sa Parole demeurent: «Jusqu'à ce que nous parvenions tous à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l'état d'homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ» (Ephésiens 4: 13).

 

« La Maison de Dieu» -  « L'habitation de Dieu par l'Esprit»

Je vais maintenant examiner un autre côté de la vérité touchant l'Eglise de Dieu, ainsi que la présente la doctrine de Paul; non pas la vérité du corps de Christ, uni à sa Tête dans le ciel, et maintenu en unité par l'Esprit Saint sur la terre; mais celle de la «Maison de Dieu de «l'habitation de Dieu par l'Esprit».

Au jour de la Pentecôte, l'ensemble des disciples qui furent baptisés du Saint Esprit et qui formaient ainsi le corps uni à Christ dans le ciel, cet ensemble était aussi, sur la terre, «une habitation de Dieu par l'Esprit». L'un coïncidait avec l'autre. Les deux expressions comprenaient les mêmes personnes. Ceux qui composaient le corps, formaient aussi la maison, et nuls autres.

Mais à chaque relation appartient une pensée différente. Dans le corps, il y a une union absolue entre Christ et ses membres; il est la Tête, et eux sont le corps; il pouvait dire d'eux, lorsqu'ils étaient persécutés: «c'est moi que tu persécutes». Dans la maison, il n'y a aucune pensée d'union, et c'est une chose très importante à saisir. Quelqu'un habite une maison, mais les murs ne sont nullement en union avec lui, de sorte qu'il ne peut pas dire d'eux: «c'est moi». C'est pour cette raison qu'il n'est pas dit que l'Esprit Saint habite dans le «corps», tandis qu'il habite dans la maison.

Dans les premiers chapitres des Actes (3-7), nous voyons que Dieu fait encore, pour ainsi dire, une tentative auprès d'Israël, et lui présente Christ qu'ils avaient mis à mort, mais qui reviendrait avec «les grâces assurées de David», s'ils se repentaient. Lui qui connaît la fin dès le commencement, savait bien quel serait le résultat de cette nouvelle offre; néanmoins il fallait, selon ses desseins, faire ressortir pleinement la responsabilité et la culpabilité de ce pauvre peuple, dans son rejet final de Christ dans la gloire. Et derrière cette scène, Dieu agissait pour accomplir son dessein formé «dès les siècles», à l'égard de l'Eglise.

Lorsqu'Israël eut refusé finalement son Messie glorifié, et que le sang du martyr Etienne eut porté témoignage que tout était fini, Saul de Tarse était là «consentant à sa mort, et gardant les vêtements de ceux qui le tuaient». Mais Etienne avait prié au moment de sa mort, et sa prière fut merveilleusement exaucée à l'égard de Saul. «Seigneur», avait dit Etienne, «ne leur impute pas ce péché». Saul de Tarse fut la réponse à cette prière. Mais les écluses de la grâce, une fois ouvertes en justice par la croix, ne pouvaient pas maintenant être fermées, et le fleuve qui jusqu'alors avait coulé dans «la cité du grand Roi», y ayant été méconnu et refusé, son cours fut détourné et dirigé vers la Samarie.

C'est dans ce pays que bien peu d'années auparavant, le Seigneur de la moisson avait dit «Levez vos yeux, et regardez les campagnes; car elles sont déjà blanches pour la moisson». Samarie est maintenant conquise par l'évangile, et l'ancienne inimitié entre «cette montagne» et «Jérusalem» est effacée par les eaux paisibles de la grâce, au moins dans les âmes de ceux qui acceptaient l'eau de la vie, coulant ainsi librement et gratuitement vers eux. Mais Philippe doit quitter son fertile champ de travail et suivre le courant du fleuve, s'il le faut, «jusqu'aux extrémités de la terre». C'est dans le désert sablonneux près de Gaza que coule le canal de la grâce de Jésus. Là, un enfant de la race maudite de Cham, le père de Canaan, un Ethiopien, officier de la reine Candace, est assis dans son chariot, lisant le prophète Esaïe. Il était venu du coeur de l'Afrique pour adorer à Jérusalem, et il s'en retournait avec un coeur non satisfait. Les jours de la visitation de Jérusalem étaient passés. Les paroles de Jésus pleurant sur la ville coupable retentissaient une fois de plus: «Oh! si tu eusses connu, toi aussi, au moins en cette tienne journée, les choses qui appartiennent à ta paix; mais maintenant elles sont cachées devant tes yeux!» (Luc 19: 42). Mais Celui «qui est le rémunérateur de ceux qui le cherchent», suivait cet «arbre sec» et, après quelques paroles de Philippe qui lui annonce Jésus, il reçoit le message de la part du Dieu et Père de Jésus, et l'Ethiopien «continua son chemin tout joyeux», apportant cette connaissance de Jésus dans les demeures de la race de Cush.

L'assemblée tout entière est brisée à Jérusalem; «tous furent dispersés… excepté les apôtres». Mais la prière d'Etienne, semblable à un pur encens, montait devant Dieu; et «Saul, respirant encore menace et meurtre contre les disciples du Seigneur», est converti au milieu de sa carrière de persécuteur par les paroles venant de Christ dans la gloire: «Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu?» Il était un vase choisi pour porter le nom de Christ qu'il persécutait, «devant les nations, les rois, et les fils d'Israël».

Mais, comme Paul nous le dit, Dieu avait aussi fait de lui «un sage architecte», pour développer dans ses doctrines, le mystère de Christ et de l'Eglise. Il avait posé le fondement, et d'autres bâtissaient dessus. A l'homme donc, à ses serviteurs, Dieu avait commis l'administration de cette maison, la sienne, composée de ceux qui étaient reçus dans le lieu où le Saint Esprit habite. D'un côté, l'oeuvre de Dieu pour former et maintenir le «corps de Christ» progressait; il était constitué par le baptême du Saint Esprit. D'un autre côté, nous avons l'administration de la maison placée entre les mains de l'homme, et ceux qui entraient, y étaient introduits par le baptême d'eau. Au commencement, comme nous l'avons vu, Dieu l'avait constituée en venant faire sa demeure dans les disciples à la Pentecôte; ils étaient ainsi sa maison ou son habitation. Ensuite, tous ceux qui acceptaient le témoignage étaient reçus là où l'Esprit demeurait. Les apôtres et ceux qui au commencement furent ainsi constitués sa maison, ne furent jamais baptisés: ils n'étaient pas reçus de cette manière dans ce qu'ils formaient déjà. Mais tous ceux qui vinrent ensuite furent reçus ainsi, faisant profession par le baptême, qu'ils étaient «ensevelis» pour «la mort de Christ» (Romains 6). Pierre, le jour de la Pentecôte, insiste sur ce point que tous devaient entrer par le chemin assigné: «Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés; et vous recevrez le don du Saint Esprit» (Actes des Apôtres 2: 38). La nation juive était près de tomber sous le jugement, coupable maintenant du sang de leur Messie, ajouté à toute leur autre culpabilité. Mais il restait un lieu consacré où le meurtrier pouvait s'enfuir: c'était la maison de Dieu (non plus le temple) prête à recevoir tous ceux dont les coeurs étaient touchés de componction à cause de leur culpabilité, et qui étaient les bienvenus dans la maison de Dieu, bâtie en son nom. La promesse était à eux et à leurs enfants, et à tous ceux «qui étaient loin» (les gentils), «autant que le Seigneur notre Dieu en appellera». Quelle bénédiction pour le pauvre Juif de savoir qu'il entrait ainsi dans la maison de Dieu, que ses enfants ne seraient pas laissés en arrière dans un monde dont Satan était le prince et le dieu! Quel écho des jours lointains de Moïse, lorsque Dieu tira son peuple hors d'Egypte, et que toutes les familles des fils d'Israël délivrées, et tout ce qui leur appartenait, devaient passer dans le lieu des privilèges et des bénédictions, et que pas un ne devait être laissé en arrière, Pharaon pensait — comme Satan le fait toujours — les séparer les uns des autres, en disant: «Allez donc, vous, les hommes faits». Mais Moïse refuse de rien changer à sa demande. «Nous irons», dit-il, «avec nos jeunes gens et avec nos vieillards, nous irons avec nos fils et avec nos filles… car nous avons à célébrer une fête à l'Eternel» (Exode 10: 9-11). Et nous lisons comment «tous furent baptisés pour Moïse, dans la nuée et dans la mer» (1 Corinthiens 10: 2). C'est ainsi qu'il fut dit à un autre fidèle, dans des temps plus reculés: «Entre dans l'arche, toi et toute ta maison».

Bientôt après un beaucoup plus grand nombre furent ajoutés à cette maison de Dieu (Actes des Apôtres 4: 4); mais tous étaient Juifs. Dieu sauvait ainsi le résidu d'Israël.

Samarie tombe au son de la trompette de l'évangile qui lui est annoncé, et l'ennemi qui d'abord commença à agir au «dedans» par Ananias et Sapphira, cherche maintenant à introduire de méchantes personnes du «dehors» — «de l'ivraie» fut semée parmi le froment pendant que les hommes dormaient. «Du bois, du foin, et du chaume», furent introduits dans la maison de Dieu; Simon, le magicien, fut reçu au moment de la grande joie qui remplissait le coeur d'un grand nombre à Samarie (Actes des Apôtres 8). Ainsi la Maison, qui, au commencement, coïncidait avec le corps, commence, sous la responsabilité de l'homme, à s'agrandir d'une manière disproportionnée au corps, que Dieu maintenait intact au dedans d'elle. Mais l'Esprit de Dieu ne quitta point la Maison, et il ne l'a point quittée jusqu'à ce jour, bien que, s'agrandissant, elle soit devenue ce que nous voyons autour de nous, semblable à «une grande maison», ce à quoi Paul la compare, contenant des «vases d'or et d'argent, de bois et de terre; les uns à honneur et les autres à déshonneur» (2 Timothée 2).

Comme Israël dans le désert se trouvait dans une relation d'ordonnances avec Moïse, tous étant baptisés pour Moïse dans la nuée et dans la mer, tous mangeant du même pain spirituel, et buvant du même breuvage spirituel, il en est de même aujourd'hui. Tous ceux qui professent être chrétiens sont avec Christ dans une relation d'ordonnances, ainsi que le montre l'analogie tirée par Paul (1 Corinthiens 10: 1-11).

Au milieu de cette scène, dispersé extérieurement au dedans d'elle, se trouve ce qui, extérieurement, aurait toujours dû être un, de même qu'il est maintenu intérieurement un par le Saint Esprit, je veux dire le corps de Christ.

Il y a plusieurs années, quelqu'un, en parlant du travail des serviteurs de Christ, me dit une parole que je n'oubliai jamais: «Notre affaire est d'amener les chrétiens à la conscience de leur position, au milieu de la grande maison des baptisés». Il voulait dire, leur donner la connaissance qu'il y a une Assemblée de Dieu sur la terre, un corps de Christ dont ils sont les membres vivants. Ces paroles furent d'un grand sens et d'une grande puissance pour mon âme.

«La maison du Dieu vivant» (1 Timothée 3)

Examinons maintenant de plus près et plus complètement dans l'Ecriture, la vérité de la Maison de Dieu. La saisir d'une manière intelligente est très nécessaire à notre sentier et à notre service pour le Seigneur.

Dans la 1re épître aux Corinthiens, nous trouvons deux grandes divisions. La première va du chapitre 1 au chapitre 10: 14; la seconde comprend le reste de l'épître. Dans la première, nous avons ce qui concerne la Maison; dans la seconde, le corps; le chapitre 12 les rattachant l'un à l'autre tout en les distinguant. Le mot «assemblée» comprend l'un et l'autre, bien qu'ayant une application distincte à chacun des deux. Si nous regardons à Christ en haut dans la gloire, «l'Assemblée» est son «corps» (Ephésiens 1: 22, 23), et si nous regardons ici-bas le lieu où l'Esprit habite, l'Assemblée est «la maison de Dieu» (1 Timothée 3: 15).

L'adresse de l'épître aux Corinthiens comprend un domaine d'une vaste étendue: «A l'assemblée de Dieu qui est à Corinthe, aux sanctifiés dans le Christ Jésus, saints appelés, avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, et leur Seigneur et le nôtre» (1 Corinthiens 1: 2). Nous voyons par là que l'apôtre écrit à l'église professante. Il va sans dire qu'il suppose que tous ceux qui composent cette profession ont la réalité de ce qu'ils professent, à moins que le contraire ne soit prouvé. Mais c'est à tous ceux qui professent le nom de Christ que l'épître est adressée, car telle est dans l'Ecriture la signification de l'expression: invoquer le nom du Seigneur. L'invocation seule du nom du Seigneur ne prouve pas la réalité de la foi; mais la réalité doit se prouver dans ceux qui invoquent. Cette épître s'adresse donc à l'église professante, dans un temps où elle est supposée avoir tout entière, en principe, la réalité de sa profession, mais une autre chose se présente quand la ruine est venue. L'église professante en s'agrandissant est devenue ce cercle plus vaste, que nous nommons la chrétienté. Néanmoins, ne l'oublions pas, l'église professante est liée par ce que Paul a écrit.

L'importance de ce qui vient d'être exposé se voit presque à chaque pas dans le sentier des saints, et dans le ministère de ceux qui ont reçu un don du Seigneur. Combien l'intelligence des serviteurs du Seigneur diffère, suivant qu'ils comprennent ou non la condition des choses au milieu desquelles ils travaillent! Prenez un évangéliste, Il désire prêcher l'évangile; mais à qui prêchera-t-il? Je réponds: il fait, ou cherche à faire ce que même un apôtre n'a jamais fait; il prêche à des chrétiens. Paul, Pierre, ou les autres, ont-ils jamais fait cela? Ils allaient vers les Juifs; ils les accusaient d'avoir mis à mort leur Messie, et leur annonçaient la grâce de Dieu qui apportait le salut à des pécheurs comme eux. Ils allaient vers les gentils; ils les trouvaient adorant du bois et de la pierre, et leur annonçaient un Créateur bienfaisant qui a fait les cieux et la terre, qui est devenu un homme et un Sauveur, et les pauvres gentils se tournaient «des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils». Le Juif ou le gentil qui acceptaient ce témoignage, devenaient des chrétiens. De nos jours et dans nos contrées, un homme, je le répète, vient prêcher l'évangile à des chrétiens. Tous sont chrétiens de profession, dans la maison de Dieu sur la terre, là où l'Esprit habite et opère. Je ne dis pas que tous soient des «croyants», ni «des enfants de Dieu», ni «des membres de Christ», mais tous professent être chrétiens; c'est à eux que prêche l'évangéliste, et c'est ce qu'un apôtre ne fit jamais. Eh bien, la première chose qu'il ait à faire, est de leur prouver qu'ils n'ont ni part, ni lot en Christ, sauf que son nom est invoqué sur eux, ce qui les laisse sans excuse. Cela fait ressortir leur culpabilité, car ils sont des chrétiens sans Christ. Si on les accusait de n'être pas des chrétiens, ils en seraient très offensés et diraient: «Pour qui me prenez-vous? Suis-je donc un païen?» Je ne puis leur contester leur titre, car je crois qu'ils sont chrétiens de profession, et s'ils sont perdus, ils seront jugés comme chrétiens, et non comme païens, car ces derniers n'ont jamais entendu l'évangile.

Combien la pensée du coeur de l'évangéliste différera de celle qu'il aurait eue, s'il eût vécu au commencement, lorsqu'il insistera sur la responsabilité qui incombe aux chrétiens de nom, et qu'il cherchera à agir sur leur conscience dans un tel état! Lorsque ceux auxquels il s'adresse, viennent à croire, il ne se transporte pas en fait et en pensée, à l'état de choses que nous trouvons dans le livre des Actes. Il n'agit pas en recevant ceux qui croient la Parole comme s'ils sortaient du paganisme ou du judaïsme. Il sait qu'ils sont déjà des baptisés chrétiens, et bien que, par grâce, ils aient cru maintenant, ils n'ont pas (sauf dans quelques cas anormaux) à être reçus dans la profession du nom de Christ.

La sagesse de l'Esprit de Dieu a prévu et annoncé tout ce qui aurait lieu pour nous. En effet, si nous lisons 2 Timothée 3, nous verrons comment il a été pourvu prophétiquement pour «les derniers jours», qui commencèrent lorsque le don d'apôtre n'exista plus dans l'Eglise. L'épître se divise en trois parties: 1° La préface (chapitre 1: 1-14). 2° Ce qui était déjà survenu durant la vie de l'apôtre (chapitre 1: 15; 2), commençant par ces paroles: «Tu sais ceci…» Et 3°, les chapitres 3 et 4, commençant par: «Or, sache ceci», dans lesquels l'apôtre prévoit ce qui allait venir. Ecoutons ses paroles: «Or, sache ceci, que, dans les derniers jours, il surviendra des temps fâcheux; car les hommes seront égoïstes, avares, vantards, hautains, outrageux, désobéissants à leurs parents, ingrats, sans piété, sans affection naturelle, implacables, calomniateurs, incontinents, cruels, n'aimant pas le bien, traîtres, téméraires, enflés d'orgueil, amis des voluptés plutôt qu'amis de Dieu, ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance». Telle est la description que fait l'apôtre de la profession de christianisme; c'est la sphère dans laquelle les fidèles allaient se trouver, le terrain où les serviteurs de Christ auraient à travailler. Et dans cette sphère, avec de tels matériaux devant lui, le serviteur Timothée avait à faire «l'oeuvre d'un évangéliste» (2 Timothée 4: 5).

Combien cette vérité, annoncée prophétiquement, est solennelle! Au lien d'être l'habitation de Dieu sur la terre, répondant, par l'Esprit de Dieu, à la gloire de Christ dans le ciel, la profession chrétienne a tellement déshonoré le nom béni de Christ, que ce qui la compose est décrit en paroles presque semblables à celles qui présentent l'état des païens, du milieu desquels (avec les Juifs) l'Eglise a été tirée! La seule différence frappante est que, dans la description de l'état des païens, en Romains 1: 28-32, les mots «ayant la forme de la piété» ne se trouvent pas. Ils sont ajoutés en 2 Timothée 3, pour marquer un état bien pire, parce qu'il existe sous le couvert du nom de Christ!

Il n'est pas nécessaire d'en dire davantage. Rappelons seulement les paroles de Paul aux Philippiens: «Tous cherchent leurs propres intérêts, non pas ceux de Jésus Christ», et aussi: «Plusieurs marchent, dont je vous ai dit souvent, et dont maintenant je le dis même en pleurant, qu'ils sont ennemis de la croix du Christ, dont la fin est la perdition, dont le dieu est le ventre, et dont la gloire est dans leur honte, qui ont leurs pensées aux choses de la terre». Les épîtres aux Colossiens, aux Galates, et même aux Ephésiens, font allusion à ces maux qui s'étaient introduits, et contre lesquels les fidèles sont mis en garde. Outre tout cela, il y a encore la tendance chez les saints de tomber dans un état d'âme anormal, au-dessous du niveau qui était commun à tous au commencement. Les différents états d'âme que nous voyons aujourd'hui autour de nous, sont des témoins parlants que, dans la maison de Dieu, il y a nombre de personnes qui sont réellement à Christ, mais qui n'ont pas conscience de ce qu'est l'état chrétien — l'union avec Christ dans la gloire.

Cependant l'Esprit de Dieu demeure. Il habite encore la maison de Dieu sur la terre. Il y reste jusqu'à ce que, tous ceux qui sont de Christ ayant été appelés par sa grâce, le Seigneur lui-même vienne. Ce nom — la maison de Dieu — est encore applicable en responsabilité à ce qui est son habitation ici-bas, quoique ce soit aussi le lieu où se trouve le mal; exactement comme Jésus disait du temple d'autrefois «la maison de mon Père», bien que l'homme en eût fait «une caverne de voleurs». Ainsi la maison de Dieu reste la maison de Dieu, aussi longtemps que l'Esprit de Dieu y demeure. Plus tard elle est abandonnée, comme «une cage remplie de tout oiseau impur et haïssable».

Il est évident que les deux ordonnances essentiellement chrétiennes, le baptême et la cène, s'appliquent à deux états de choses très différents. Le premier est le rite observé pour la réception de ceux qui entrent dans la maison de Dieu sur la terre; le second est le symbole de l'unité du corps de Christ. Par le premier, non seulement la personne était reçue, mais administrativement, elle était lavée de ses péchés. Sans aucun doute, Paul, à sa conversion, fut effectivement lavé de ses péchés devant Dieu; cependant Ananias lui dit: «Lève-toi et sois baptisé, et te lave de tes péchés, invoquant son nom»; c'est ainsi que Pierre disait aux Juifs le jour de la Pentecôte: «Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés, et vous recevrez le don du Saint Esprit» (Actes des Apôtres 2: 38). La personne une fois reçue, la chose ne pouvait pas être répétée. Supposons maintenant que, comme il arrive parfois autour de nous, la chose eût été faite irrégulièrement, cependant, si elle a été faite au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, en vain voudrait-on la répéter, cela ne serait pas possible. Comment quelqu'un pourrait-il se déchristianiser, ou sortir de la profession chrétienne, pour y rentrer, comme on le pense, plus correctement, mais en effaçant un acte historique de sa vie précédente — de quelque manière qu'il ait été accompli? C'est tout simplement impossible. La chose a été faite, et elle demeure, bien que faite irrégulièrement. La responsabilité en incombe à la personne qui l'a faite, et non à la personne envers qui elle a été faite; car le baptême est l'acte du baptiseur et non du baptisé. «Allez, et faites disciples toutes les nations, etc.», dit le Seigneur. Cette commission fut donnée par le Seigneur ressuscité et encore sur la terre, et non pas après son ascension. C'est du ciel que, comme chef glorifié du corps, il envoya ensuite le Saint Esprit. La commission fut confiée à Pierre et aux autres apôtres sur la terre, puis la Maison fut formée, et l'oeuvre de réception dans la Maison suivit, longtemps avant que Paul fût converti. Lorsqu'il le fut, il fut reçu dans la Maison comme tout autre, par le baptême. Cependant il affirme positivement qu'il «n'a pas été envoyé pour baptiser». Il trouve le baptême établi, et non mis de côté par la commission céleste qu'il reçoit subséquemment, et il baptise parfois pour la réception de quelques-uns, tels que Crispus et Gaïus, et la maison de Stéphanas, ne faisant en cela que ce qui était nécessaire, bien que cela ne fût pas compris dans sa mission.

Or de la Cène du Seigneur, il est dit: «Toutes les fois que vous mangez» etc… «vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne». Bien différente du baptême, elle fut révélée de nouveau à Paul par Christ dans la gloire, et, par le moyen de cet apôtre, elle revêtit des caractères inconnus lorsqu'elle fut instituée d'abord par le Seigneur. Elle devient, lorsqu'on y participe selon la pensée divine, le symbole de l'unité de l'Eglise de Dieu ici-bas. Elle est aussi le grand centre visible du rassemblement de cette Eglise sur la terre. Là, d'une manière spéciale, est réalisée la présence du Seigneur «au milieu» de ceux qui sont assemblés, ne fussent-ils que «deux ou trois» (Matthieu 18: 20). C'est le centre moral en vue duquel chaque membre de Christ se juge lui-même, afin qu'il puisse en manger d'une manière digne et qui convienne à la sainteté et à la vérité de Celui à qui il est uni par le Saint Esprit qui lui a été donné. C'est en rapport avec la cène que la participation, ou l'abstention, montre si la personne confesse et professe la réalité de la part qu'elle a en Christ. C'est en rapport avec la cène que, si quelqu'un a manqué au jugement de soi-même et de ses voies, les saints assemblés doivent agir à l'égard de celui qui est tombé dans le mal, et «ôter du milieu d'eux le méchant». C'est à cause de la cène que le Seigneur, comme établi sur sa propre Maison, en avait retiré plusieurs par la mort, et avait mis sa main sur d'autres, par la maladie et la faiblesse du corps (1 Corinthiens 11), parce que l'individu avait manqué à se juger lui-même et que les saints assemblés avaient manqué d'agir à l'égard de ce qui déshonorait Christ et la table du Seigneur.

De fait, la cène est le grand symbole moral et le centre, d'une manière expresse et extérieure, de l'existence de l'Eglise de Dieu ici-bas.

C'est aussi, mais d'une manière plus précieuse, lorsqu'on y participe dans la puissance de l'Esprit Saint non attristé, le plus touchant de tous les «services de foi» du peuple du Seigneur. C'est là que la présence du Seigneur est réalisée avec le plus de douceur, c'est là qu'est rappelé ce que Dieu ni son peuple n'oublieront jamais, le moment où le Seigneur s'est livré lui-même pour la gloire de Dieu, et pour notre éternel salut.

Le ministère de l'évangile venant du coeur dé Dieu envers le monde, est doux à l'âme. Les âmes sont bénies, la puissance de l'Esprit est ressentie, et Dieu se fait ainsi connaître dans un monde qui ne le connaît point. Le ministère de Christ pour ses saints est doux aussi. Les nourrir, les édifier, produire dans leurs coeurs l'adoration pour toute son ineffable bonté, cela est touchant pour l'âme et sonde la conscience; et la fraîcheur de son amour est ainsi versée dans les coeurs. Tout cela est bon et précieux. Mais, à la cène du Seigneur, l'âme et Dieu se rencontrent, comme nulle autre part. Le coeur des saints est en communion avec les souffrances de Christ; on goûte son amour, on se nourrit de ses perfections; enfin, le Seigneur lui-même est là d'une manière telle, qu'après le ciel, il n'est rien de semblable ici-bas. L'homme n'est pas devant nous dans un tel moment. Tout est mis de côté en la présence de Celui qui conduit les louanges des siens.

Ne devrions-nous donc pas chercher à nous assurer de la pensée de Dieu à l'égard de cette fête? Ne devrions-nous pas chercher à la dépouiller de toute pensée ou pratique qui pourrait altérer la vraie félicité que le Seigneur y a attachée pour nous? Bientôt nous serons assis au festin des noces de l'Agneau. Nous n'avons aucune description détaillée de cette scène. L'Esprit Saint la caractérise par un seul mot: «Bienheureux!» «Bienheureux ceux qui sont conviés au banquet des noces de l'Agneau!» Et il ajoute: «Ce sont ici les véritables paroles de Dieu!» Mais ici, au souper du Seigneur, chacun est assis avec d'autres, semblables à lui-même, encore dans des corps d'humiliation, bien que sauvés par grâce et propres pour la gloire, afin de se nourrir de nouveau de Christ dans sa mort, et de faire le mémorial de cet instant où tout le monde était contre lui, où Dieu l'abandonna, où tous les siens, qui cependant l'aimaient vraiment, le quittèrent et s'enfuirent. Lorsque toute la puissance de Satan s'exerçait sur les âmes des hommes, notre parfait et précieux Sauveur passait cette dernière nuit avec ses disciples, et mangeait avec eux cette Pâque dont il disait, en termes si touchants: «J'ai fort désiré (littéralement: désiré avec désir) de manger cette pâque avec vous avant que je souffre» (Luc 22: 15).

De ce repas pascal, et après avoir institué la cène, il passe à l'agonie de Gethsémané, et y reçoit de la main de son Père la coupe des douleurs. La tenant, pour ainsi dire, dans ses mains, il est trahi par son «ami», celui qui ayant mangé le pain avec lui avait levé son talon contre lui.

Plus loin, il est «renié» avec imprécations par celui qui pensait qu'aucune puissance n'aurait la force d'atteindre son amour pour son Maître. Ensuite, après sa «belle confession», il est exposé aux moqueries, revêtu du manteau d'écarlate et couronné d'épines. De là, il passe en d'autres mains pour être fouetté et condamné. Enfin vient la croix, supplice des malfaiteurs; il est mis au nombre des iniques, et les choses qui le concernaient ont leur fin.

Abandonné de Dieu, nous le voyons dans les ténèbres qui couvrent cette scène, où nul rayon de lumière n'a pénétré pour soulager son âme. Il crie à Dieu à l'heure de la prière (la neuvième heure) et il n'est «pas entendu». Quelles profondeurs de souffrances d'âme dans ce cri qui n'était pas entendu! Mais lui, en vue de tout cela, «rendait grâces» deux fois en instituant la cène, connaissant bien la lumière et l'amour qui étaient derrière cette scène: les profondeurs de cet amour de Dieu le Père, amour qu'il partageait de toute éternité.

Ce sont là quelques-uns des traits placés devant nous, lorsque nous nous souvenons de lui. Nous ne pourrions-nous «souvenir» de quelqu'un que nous ne connaîtrions pas; nous nous souvenons de Celui que nous connaissons. Nous ne le connaissons que dans une pauvre, faible mesure, mais c'est le Seigneur qui nous aime que nous connaissons et dont nous nous souvenons dans l'heure de sa mort et dans la honte de son humiliation — résultat de sa première venue en ce monde de péché.

Or la simplicité est ce qui doit caractériser les saints assemblés, quant à leur ligne de conduite dans ce «service de foi», sous la direction de l'Esprit. C'est-à-dire que nous rappelons le souvenir du Seigneur la nuit qu'il fut livré, et ce mémorial n'a aucun caractère spécial qu'il faille observer.

Cependant il faut nous rappeler que le Seigneur dit: «Au milieu de l'assemblée, je chanterai tes louanges». Nous devrions donc, à un tel moment, être occupés plus spécialement de sa présence. Quand Christ conduit les louanges des siens, ce n'est pas le lieu d'être remplis de pensées touchant notre état précédent, touchant nos péchés et notre délivrance. C'est de lui-même dans sa mort que nous rappelons le souvenir, et en même temps tout ce qui a trait à ce souvenir. Je craindrais beaucoup de voir les âmes pensant trop à leur propre bénédiction, au côté qui les concerne. Il me semblerait qu'elles ne se sont pas rassemblées avec des pensées justes touchant la cène.

Heureusement nous savons que «les petits enfants connaissent le Père»; c'est l'Esprit d'adoption qui les caractérise; ils se réjouissent plus dans leur propre bénédiction, qu'en Celui qui les a bénis. Les pères en Christ connaissent Celui qui est dès le commencement. Je suis certain aussi que, dans la cène du Seigneur, les cordes de tous les coeurs sont touchées, afin que chaque coeur, béni par Christ, puisse sentir ces choses et s'en réjouir. Aucune fibre n'a jamais vibré dans un coeur qui n'ait trouvé là une réponse, et tandis que chaque âme qui vient participer à la cène du Seigneur est sans aucun doute dans un état spirituel différent des autres, les cordes de chacune sont divinement tendues, et lorsque Christ est devant l'âme, elles doivent produire de l'harmonie.

Dans les diverses offrandes du Lévitique, nous avons les divers aspects de Christ dans sa vie parfaite et dans sa mort, comme holocauste, victime pour le péché, ou sacrifice de prospérité (voyez Lévitique 1-8), donc plusieurs offrandes pour représenter le seul Christ. De même, dans la cène, nous trouvons ce qui répond au cantique de chaque coeur, même si la corde frappée résonne plus du côté des choses qui nous concernent.

Toutefois, je pense que le vrai culte est toujours nourri de Christ et l'a pour objet: «Ils lui rendirent hommage» (Apocalypse 5: 14). Il révèle le Père et le fait connaître, et quand le Fils le révèle, le Père est adoré dans le Fils; or «le Père cherche de tels qui l'adorent». Lorsque Dieu est vu dans le Fils, et que le Père est connu en lui, l'Esprit est libre de déployer en nous les choses de Christ; alors le culte est à son véritable, à son propre niveau, et Christ habite au milieu des louanges de son Eglise, de même qu'auparavant Jéhovah habitait au milieu des louanges d'Israël.

Ce qui, dans les offrandes du Lévitique, préfigurait la communion de l'Eglise, le sacrifice de prospérités vient en troisième rang dans l'ordre de ces offrandes; cela nous montre que notre culte est fondé sur ce que Christ était pour Dieu comme victime offerte en holocauste et comme offrande de gâteau, l'homme parfaitement saint et pur dans sa vie ici-bas. Ces deux sacrifices étaient des offrandes de «bonne odeur». Ils indiquaient tout ce que Christ était pour Dieu dans son dévouement jusqu'à la mort, le glorifiant quant au péché là où le péché était, et s'offrant entièrement à Dieu. C'est là ce que typifiait l'holocauste. Ce sacrifice était accompagné d'une offrande de gâteau, appelée son «offrande», ainsi qu'il est dit «l'holocauste et son offrande de gâteau». Celle-ci représentait la personne de Christ dans sa pureté et sa grâce; elle était non sanglante et non expiatoire, bien qu'elle accompagnât ce qui l'était; le mémorial, c'est-à-dire une partie de l'offrande, était offert à Dieu avec tout l'encens. Ensuite, là où étaient les cendres de ces deux offrandes, sur l'autel des holocaustes, était consumé le sacrifice de prospérités, ou son mémorial (voyez Lévitique 3: 5). La quatrième et la cinquième offrande représentaient ce que Christ a été fait pour nous, et non ce qu'il était en lui-même personnellement. Ces deux sacrifices sont placés après celui de prospérités qui indique la paix et la communion (chapitre 3).

Toutes ces choses n'ont-elles pas une voix? Ne voyons-nous pas que celui qui entre le plus dans ce que Christ était en bonne odeur pour Dieu, comme holocauste et offrande de gâteau, peut aussi le mieux soutenir et conduire le culte des saints assemblés, puisqu'il est sur le vrai terrain de la puissance d'adoration du Père?

C'est une cause de profonde joie et qui ne doit jamais être oubliée, de savoir que Christ a porté nos péchés et nous a amenés dans cette place de bénédiction où nous sommes; mais ce n'est pas la pensée prééminente dans la louange. Est-ce que le prodigue pensait beaucoup au pays éloigné, à ses haillons et à sa misère, lorsqu'il mangeait le veau gras avec son père? Le coeur, la maison et la joie du père, les lui faisaient oublier. Ce n'aurait pas été une note en harmonie avec la réjouissance du père, si son fils lui eût rappelé ses haillons et ce qu'il lui devait. Il avait, quoi qu'il en fût, à se réjouir dans la joie de son père. Ce sont de telles louanges que Christ peut chanter et conduire au milieu de ses saints.

Est-ce qu'une âme, incertaine de son salut, peut avoir sa place à une telle fête? Non. Dans la conscience et dans la foi, nous sommes seuls. Mais quand nous sommes scellés par l'Esprit, il met nos âmes en communion avec le Père et avec le Fils, et les uns avec les autres dans la lumière.

Mais toutes les âmes converties n'en sont pas là. Plusieurs sont vivifiées, mais n'ont pas la paix. La vie même qu'elles possèdent leur fait sentir leurs péchés et leur misère; mais lorsqu'elles ont cru, Dieu les scelle du Saint Esprit de la promesse (Ephésiens 1: 13, etc.).

Jusque-là donc, elles ne sont pas membres de Christ, ni unies à lui, la Tête de son corps dans les lieux célestes. Combien donc n'est-il pas nécessaire de voir si la personne a «reçu le Saint Esprit après avoir cru?» (Actes des Apôtres 19). La cène donc est seulement pour ceux qui sont tels — membres de son corps, de sa chair et de ses os. Elle est célébrée, selon l'Ecriture, par eux, comme étant l'expression de tout le corps de Christ sur la terre.

La table du Seigneur doit être dressée et rassembler pour exprimer cela. Les tables des diverses sectes et divisions dans l'église professante ne peuvent pas être reconnues comme la «table du Seigneur». Une secte avec un système a ses dogmes propres, ses règlements, sa profession de foi et son ministère — généralement formés pour le monde ou les inconvertis, aussi bien que pour les sauvés. Peut-être y a-t-il là un ministère humain, ou une seule personne qui absorbe ostensiblement en elle-même toutes les fonctions des membres du corps de Christ? La libre action de l'Esprit Saint dans les membres, est exclue. Ces choses et d'autres semblables écartent de la communion d'une telle table les âmes pieuses et montrent que ce n'est pas la table du Seigneur.

Quand donc la table du Seigneur est dressée selon Dieu, elle doit être:

Premièrement, l'expression du corps entier de Christ sur la terre, dans toute son étendue.

Secondement, il ne doit rien y avoir de toléré sciemment, parmi ceux qui sont rassemblés, qui empêche d'une manière doctrinale ou morale, un seul membre du corps de Christ de s'y trouver. Sans cela, elle cesserait d'être la table du Seigneur. Elle deviendrait la table d'une secte ou d'un parti dans la chrétienté. Cela ne veut pas dire que chacun soit forcé de voir et de comprendre toutes les vérités et chaque vérité comme les autres; nullement, car ce serait faire de l'intelligence des membres de Christ et de leur unanimité en doctrine, une condition de communion, au lieu qu'ils soient simplement membres du seul corps, sains dans la foi et purs dans leur conduite. Bien plus: les grandes vérités fondamentales de la sainte parole de Dieu doivent être maintenues dans leur pureté. Telles sont celles qui concernent la sainte personne de Christ, le Fils de Dieu, son incarnation, son oeuvre expiatoire, sa résurrection et son ascension, sa relation éternelle de Fils auprès du Père, sa venue en chair. Les doctrines aussi des peines éternelles, de la présence de l'Esprit Saint dans l'Eglise, de la Trinité de Personnes dans la Déité, toutes doivent être clairement définies dans l'âme. Les petits enfants en Christ connaissent toutes ces choses; lorsque l'Esprit Saint habite dans un saint, il a reçu l'onction qui les lui enseigne. Il y est aussi sensible: toucher à Christ d'une manière quelconque, c'est toucher à la prunelle de son oeil. Qu'il soit vrai et fondé dans la foi en la personne de Christ, et vous pouvez compter qu'en général, il est sain dans tout le reste. Qu'au contraire, il y ait dans une âme des pensées fausses à l'égard de Jésus, et elle sera plus ou moins remplie d'erreur. Il est la vraie pierre de touche de la vraie foi. A côté de tout cela, il faut qu'il y ait la paix avec Dieu et la possession de l'Esprit Saint demeurant dans l'âme.

Troisièmement, le «premier jour de la semaine» est celui de la célébration de la cène, comme de tous les grands rassemblements des membres de la Tête ressuscitée de l'Eglise. Lorsque l'Eglise fut formée le jour de la Pentecôte, ses membres «persévéraient tous les jours d'un commun accord dans le temple, et rompaient le pain dans leurs maisons, louant Dieu, etc.» Mais après que l'assemblée eut été brisée à Jérusalem (Actes des Apôtres 8), et que ceux qui la composaient eurent été dispersés et ne furent plus en relation avec le centre juif, l'Esprit de Dieu les conduisit à se rassembler habituellement le premier jour de la semaine dans le but exprès de rompre le pain, ainsi que nous le lisons: «Et le premier jour de la semaine, lorsque nous étions assemblés pour rompre le pain» (Actes des Apôtres 20: 7). Et cela du consentement de l'apôtre, qui resta là pour être avec eux à ce festin.

Combien le saint, dont les pensées sont spirituelles, ne sent-il pas ce qu'a de précieux ce centre merveilleux du rassemblement de l'Eglise! Combien l'on a besoin d'être spirituel, pour se hasarder, dans la présence bénie du Seigneur, à conduire le culte de Dieu! Plus celui qui le fait, pensera à la présence de son Seigneur et Maître, plus il sera attentif qu'un mot ne sorte de sa bouche, qu'une note ne soit touchée qui ne serait pas en harmonie avec le coeur du Seigneur, en communion avec ce en quoi l'Esprit présent dans l'assemblée, conduit les louanges des saints. Combien vivement le coeur sent à ce moment une note discordante, quand l'oreille de l'âme est attentive pour que la note résonne vraiment dans les coeurs des saints en accord avec celui du Seigneur. Cette note discordante peut être une hymne mal choisie, une mélodie qui ne convient pas aux paroles d'un cantique spirituel; quelquefois c'est la hâte de l'un, d'autres fois la lenteur d'un autre, ou la verbosité de quelques-uns. Quels exercices d'âme produisent ces choses, et combien elles gâtent la réunion qui devrait rafraîchir et nourrir l'âme! Il arrive aussi fréquemment que l'on a négligé de se juger soi-même jusqu'au moment où la présence du Seigneur est sentie, et alors l'âme éprouve qu'elle n'est pas dans un état de puissance spirituelle; elle doit penser à elle-même, au lieu de penser à Christ.

Oh! que mes frères puissent peser ces choses, et que, pauvres et faibles comme nous sommes, nous puissions croître dans le sentiment de ce que c'est que d'être rassemblés autour du Seigneur, de réaliser sa présence, de nous oublier nous-mêmes, de nous attendre à lui, d'avoir notre force renouvelée, de porter en sa présence des vaisseaux purs, quoique vides, de les trouver remplis et débordants de Celui dont la plénitude est inépuisable, si remplis que la coupe débordante retourne à lui, comme des eaux vives rafraîchissent l'âme fatiguée et retrouvent leur niveau en sa présence et dans la présence du Père.

Je suis sûr aussi que parfois, il y en a plusieurs dont les coeurs rafraîchiraient leur Seigneur et leurs frères par «cinq paroles» de louanges, et qui les retiennent et «éteignent l'Esprit», obligeant quelque autre à parier en dehors du vrai ordre de l'Esprit de Dieu (parce que cela lui est imposé), et perdant ainsi beaucoup pour leurs propres âmes, aussi bien que pour les âmes de leurs frères.

Le coeur désire ardemment de voir les assemblées des saints de Dieu remplies de l'Esprit, et dans cette fraîcheur de puissance et d'adoration qui met l'homme de côté, et laisse la place à Christ seul, ou à ce qui est de l'Esprit de notre Dieu.

Quelle consolation et quel bien pour l'âme, de savoir que chaque «premier jour de la semaine» nous amène de sept jours plus près du glorieux jour en vue duquel nous annonçons la mort du Seigneur! Combien la première aussi bien que la seconde venue du Seigneur est placée d'une manière précieuse devant l'âme dans cette fête du premier jour de la semaine! Lorsque ce jour de son retour viendra et que nous le verrons, lui verra du fruit du travail de son âme, et sera satisfait. Tous nos désirs spirituels, comme aussi les siens, trouveront alors leur réponse, et nous entrerons sur cette scène de laquelle il est dit: «Et ils ne cessent jour et nuit, disant: Saint, saint, saint, Seigneur, Dieu, Tout-puissant, celui qui était, et qui est, et qui vient». C'est son Etre saint qui touche le coeur, même dans cette scène, et qui conduit ceux qui entourent le trône à oublier leur propre bénédiction et leur propre gloire; à laisser l'une et à se dépouiller de l'autre, dans l'occupation plus douce de jouir de la sienne, et de dire: «Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu» (Apocalypse 4).

«Bienheureux ceux qui habitent dans ta maison; ils te loueront incessamment!» (Psaumes 84: 4).

Chapitre 3 : Les derniers jours

 «De la même manière dont Jannès et Jambrès résistèrent à Moïse, ainsi aussi ceux-ci résistent à la vérité» (2 Timothée 3: 8).

Les dernières paroles d'un serviteur de Dieu ont un caractère profondément sérieux, surtout lorsque nous pensons qu'elles ont été écrites ou dites à la fin de son service terrestre, comme fruit de ses diverses et nombreuses expériences, et sont accompagnées du mûr jugement sur toutes choses, que la communion avec Dieu durant de longues années lui faisait porter. Quel poids plus grand encore doivent-elles avoir, lorsqu'elles sont inspirées par l'Esprit de Dieu, comme celles que Paul écrivait à Timothée, son enfant bien-aimé, son véritable fils dans la foi?

D'une manière générale, les Ecritures contiennent les vérités révélées pour l'éternité; mais elles renferment aussi des vérités qui n'auront point d'application lorsque le temps aura fini son cours, bien que les résultats de ce qu'elles enseignent doivent avoir leur portée dans l'histoire éternelle de tous ceux à qui elles ont été adressées ou dites. Telle est la seconde épître de Paul à Timothée, qui contient les dernières paroles de cet homme de Dieu. Eternelles dans leurs résultats, elles furent écrites pour le temps, et ont maintenant leur application particulière, avant que le temps ait achevé son cours.

Combien est aussi solennelle la pensée que, dans chaque cas où les dernières paroles des grands conducteurs du peuple de Dieu se font entendre dans l'Ecriture, nous trouvons invariablement le déclin total et la ruine absolue de tout ce qui les entourait. Ce pour quoi leur coeur avait travaillé avec amour, était déchu pour ne jamais se relever, et bien qu'il y eût pour la foi un sentier assuré, tracé par Dieu lui-même au milieu de la ruine, il n'y avait aucune espérance de restauration. Le regard, dégoûté des choses d'ici-bas, se tourne alors vers le Seigneur, et attend son intervention, son retour, comme la seule joie pour le coeur, l'unique ressource pour l'âme, la seule espérance qui nous soit laissée.

Contemplons la fin de la carrière de Moïse, et lisons le touchant récit du terme de sa course, clos par son cantique prophétique, pour apprendre à connaître le coeur et les sentiments de cet homme de Dieu, avant qu'il eût passé de la scène de ce monde (Deutéronome 31; 32).

Il en est ainsi des dernières paroles de David, de son cantique, quand il voyait les débris du naufrage de ses espérances dispersés autour de lui. Son coeur se tourne alors vers ce matin sans nuages, vers le juste Dominateur parmi les hommes, qu'il contemple par l'Esprit — le Christ des pensées de Dieu, selon qu'il pouvait être connu alors.

Quels devaient être aussi les sentiments de Paul, au milieu de la corruption de la chose la plus excellente qui eût jamais été vue sur la terre après Celui qui seul est parfait. Oh! que notre coeur à tous, enseigné par l'Esprit de Dieu, puisse apprécier ces dernières paroles de Paul, avec les sentiments qui remplissaient l'âme de l'apôtre, lorsqu'il écrivait à Timothée, son bien-aimé fils dans la foi, le seul dont il pût dire: «Je n'ai personne qui soit animé d'un même sentiment avec moi». Lorsque, regardant autour de nous, nous rencontrons journellement dans l'Eglise de Christ ces hommes charnels et mondains — charnels et mondains, bien qu'ils soient siens — nous nous étonnons moins de l'angoisse de Paul, et nous comprenons mieux combien le Christ qu'il avait cru lui devenait toujours plus précieux. Lorsque, se détournant de toutes ces choses dans lesquelles son coeur avait vécu sur la terre, et pour lesquelles, au milieu de souffrances sans égales dans l'histoire d'un homme, il avait travaillé et s'était dépensé durant tant d'années, il se tourne vers Celui qui seul était digne de tout le dévouement de son coeur, il dit: «J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé la course, j'ai gardé la foi: désormais m'est réservée la couronne de justice que le Seigneur juste juge me donnera dans ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui aiment son apparition».

Ecoutez aussi ce cri qui sortit du plus profond de l'âme du Législateur, quand Dieu lui eut dit: «Monte sur cette montagne d'Abarim, et regarde le pays que j'ai donné aux fils d'Israël. Tu le regarderas, et tu seras recueilli vers tes peuples, toi aussi, comme Aaron, ton frère, a été recueilli» (Nombres 27: 12, 13). Alors Moïse dit: «Que l'Eternel, le Dieu des esprits de toute chair, établisse sur l'assemblée un homme qui sorte devant eux et entre devant eux, et qui les fasse sortir et les fasse entrer; et que l'assemblée de l'Eternel ne soit pas comme un troupeau qui n'a pas de berger» (versets 16, 17).

Combien le coeur du fidèle répète en esprit cette parole! Comme il se tourne vers le Seigneur, afin que lui, le Berger de ses brebis, agisse en les gardant selon sa nature, son caractère et ses voies! Comme Paul aussi se tourne vers le Seigneur qui se tenait près de lui et le fortifiait, qui l'avait délivré et le délivrerait encore! Le vieux serviteur épanche alors ses pensées dans le sein de Timothée, à l'heure que nous présente cette seconde épître adressée à son enfant bien-aimé, avant que l'apôtre servît «de libation» (4: 6) et quand le temps de son «départ» était proche.

Il y a, dans les paroles qui ouvrent l'épître, quelque chose de frappant, qui n'est pas selon le témoignage général de ses autres écrits; c'est qu'il parle de lui-même comme étant apôtre, «selon la promesse de la vie, qui est dans le Christ Jésus». Il fait allusion d'une manière plus explicite à cette vie, dans sa lettre à Tite, écrite avant la seconde à Timothée; là il dit: «La vie éternelle, promise avant les temps des siècles». Mais ici aussi, il est apôtre «selon cette promesse de la vie dans le Christ Jésus». Cela a une importance très marquée dans toute l'épître. Les exhortations ici deviennent aussi beaucoup plus individuelles, alors que les choses en étaient arrivées à la ruine qui est maintenant devant nous.

La tendance de l'homme, des saints aussi, est toujours d'aller d'un extrême à l'autre, et cela presque en toutes choses, mais en aucune davantage que dans les choses spirituelles. Plusieurs âmes, qui soupiraient après la vérité, ayant trouvé les vérités qui les avaient délivrées des systèmes des hommes dans l'église professante, ont été désappointées par les manquements et la faiblesse de ceux qui, comme elles, avaient cherché et trouvé la délivrance et marchaient dans les divines vérités de l'Eglise de Dieu, invoquant le Seigneur d'un coeur pur. Ils ont été découragés et ont perdu toute espérance quant à la possibilité d'une marche collective parfaite; ils ont alors passé à l'autre extrême, estimant que tout est tellement brisé et ruiné que rien ne subsiste sinon la piété individuelle, et le sentier de personnes isolées attirées l'une vers l'autre par des besoins spirituels communs. N'avons-nous pas entendu parfois des paroles telles que celles-ci: «Le témoignage collectif n'est plus, mais nous avons la parole de Matthieu 18: 20, sur laquelle nous pouvons nous appuyer», faisant une fausse application de ce passage: «Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d'eux»? De telles pensées sont de l'incrédulité. Lorsque nous sommes découragés touchant l'état de l'Eglise de Dieu, nous montrons que nous ne sommes pas, ou que nous n'avons jamais été sur un terrain vrai.

C'est la tendance constante de l'âme d'être occupée du mal, et de se décourager à la pensée qu'il surmonte le bien. Penser ainsi suppose que le mal est plus grand que Dieu! C'est une grande chose de compter sur Lui, de sentir que Lui est au-dessus de tout, et qu'il veut remplir nos coeurs de la puissance de cette grâce qui est dans le Christ Jésus. Il n'y a pas d'épître où nous voyons une puissance de mal plus variée que dans la seconde à Timothée, et cependant il n'en est aucune qui insiste davantage sur la hardiesse et le courage que doit revêtir le serviteur au milieu de tout ce mal. «Fortifie-toi dans la grâce qui est dans le Christ Jésus». — «N'aie pas honte du témoignage de notre Seigneur». — «Prends part aux souffrances de l'évangile». — «Prends ta part des souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ». — «Sois sobre en toutes choses, endure les souffrances». — «Accomplis pleinement ton service», etc.

Je voudrais maintenant examiner cette pensée de «la vie» qui occupe tant l'esprit de l'apôtre. Il parle de lui-même comme étant «apôtre selon la promesse de la vie qui est dans le Christ Jésus». Nous sommes ramenés à ce qui était avant que le monde fût: «La vie éternelle que Dieu, qui ne peut mentir, a promise avant les temps des siècles», mais qu'il a manifestée par l'Evangile quand le temps fut venu, quand l'homme, ayant été pleinement éprouvé, fut déclaré complètement ruiné. Dieu «nous a sauvés et nous a appelés d'un saint appel, non selon nos oeuvres», ou selon notre responsabilité, d'après laquelle nous n'avions à attendre que le jugement, «mais selon son propre dessein et sa propre grâce, qui nous a été donnée dans le Christ Jésus, avant les temps des siècles, mais qui a été manifestée maintenant par l'apparition de notre Sauveur Jésus Christ, qui a annulé la mort et a fait luire la vie et l'incorruptibilité par l'évangile». Ici, «les temps des siècles», ceux de l'histoire du premier homme, sont passés sous silence; mais la grâce était donnée avant qu'ils commençassent; elle a été manifestée — quand l'histoire du premier homme eut pris fin — et a été mise en évidence dans la Personne, la marche et l'apparition de Jésus Christ ici-bas. La vie éternelle qui était auprès du Père a été manifestée dans le Fils — un homme sur la terre; une vie dont chaque expression et chaque mouvement étaient la communion entre le Père et le Fils.

Une seule volonté — la volonté du Père — était accomplie par Celui qui était l'homme sans volonté et qui cependant, de droit, aurait pu en avoir une. Il abandonnait sa volonté, toujours parfaite, et ne la faisait jamais. «La volonté de celui qui m'a envoyé», était sa vie. Sentier magnifique de lumière et de bénédiction, dans un monde éloigné de Dieu, à cause de la propre volonté de l'homme qui agissait sous l'instigation de l'ennemi. Dans la mort, et par la mort, où s'est montrée la perfection de son obéissance sans laquelle tout le reste était imparfait, il a annulé la mort. Lui, en qui il n'y avait aucune nécessité de mourir, descendit dans la mort, ayant la capacité de le faire, car en grâce il était devenu un homme. Il laisse sa vie parfaite par obéissance au commandement de son Père — prenant sur lui, dans la pureté sans tache de sa Personne, les péchés de son peuple, les péchés dont le salaire était la mort. Mais plus que cela: il répondit à tout ce que la sainteté de Dieu requérait contre le péché et à cause du péché. Il changea la mort, salaire du péché, en un sentier de la vie, annulant son office comme précurseur du jugement à venir. L'âme et le corps étaient en son pouvoir, et au lieu de la mort de l'âme et de la corruption du corps, il fit luire la vie de l'une et l'incorruptibilité de l'autre, par la bonne nouvelle de la victoire sur la mort! Cette vie était promise avant les siècles, elle fut manifestée en lui, comme Homme sur la terre, et maintenant elle brille dans l'évangile.

«Certaine est sa parole» pour les siens: «Si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui; si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui» (chapitre 2: 11, 12). Et nous lisons encore: «Tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus, seront persécutés» (chapitre 3: 12). La vie de Paul en présente un exemple frappant, et maintenant à la fin de sa course), il s'adresse à Timothée et la lui rappelle en ces mots: «Tu as pleinement compris ma doctrine, ma conduite (ou manière de vivre), mon but constant, ma foi, mon support, mon amour, ma patience, mes persécutions, mes souffrances, telles qu'elles me sont arrivées à Antioche, à Iconium et à Lystre, quelles persécutions j'ai endurées; — et le Seigneur m'a délivré de toutes».

Je ferai remarquer ici que les chapitres 3 et 4 de cette épître, sont les avertissements de l'Esprit de Dieu relativement à l'état de choses qui surviendrait immédiatement après que le service apostolique dans l'Eglise aurait pris fin.

«Les derniers jours» commencèrent dès que Paul ne fut plus. Jean qui lui survécut, nous dit: «Petits enfants, c'est la dernière heure» (1 Jean 2: 18). Jacques parle ainsi: «Vous avez amassé un trésor dans les derniers jours… Le juge se tient devant la porte» (Jacques 5: 3, 9). Pierre aussi nous dit: «Un salut qui est prêt à être révélé au dernier temps». «Le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu» (1 Pierre 1: 5; 4: 17). «Aux derniers jours des moqueurs viendront» (2 Pierre 3: 3). Ces mots: «Les derniers jours», ne désignent pas simplement le temps où nous vivons, à la fin du dix-neuvième siècle; c'est une expression employée par tous les apôtres, pour décrire l'état moral qui existait alors ou qui s'introduisait.

Mais maintenant remarquez ce qui vient après. Cette vie dans le Christ que possèdent ceux qui lui appartiennent: «Christ est votre vie», devait rencontrer l'opposition de «la forme de la piété» dans le corps professant en ruine. J'ai déjà cité les paroles de l'apôtre (2 Timothée 3), disant ce que les hommes deviendraient tout en portant le nom de chrétiens: «Ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance». De telles gens, le coeur fidèle devait se détourner, se séparer d'une manière positive de tout ce qui ne portait pas l'empreinte, en puissance pratique, de cette vie vécue et exprimée.

Cette résistance à la vérité se montrerait d'une manière remarquable dans une contrefaçon qui irait bien loin afin de séduire les âmes. Le vieil apôtre fait allusion aux premiers jours de l'histoire d'Israël, lorsque ce peuple était en Egypte, avant sa délivrance, captif sous la puissance de Satan.

Dieu avait envoyé Moïse pour être le libérateur des fils d'Israël, et Aaron devait être sa bouche et son prophète. Ils allèrent donc vers le Pharaon, ainsi que l'Eternel le leur avait commandé, et Aaron, ayant jeté par terre sa verge, à la demande du Pharaon de lui donner une preuve de leur mission divine, la verge devint un serpent. La verge, signe de la puissance, était devenue satanique, et c'était sous cette puissance que le peuple était tenu captif. Il en est ainsi dans la profession de christianisme où la forme de la piété tire toute sa puissance de l'ennemi, et n'a aucune puissance de vie par la vérité. Lorsqu'au désert, Dieu montra pour la première fois ce prodige à Moïse, celui-ci s'enfuit de devant le serpent. Ainsi doit faire maintenant le fidèle: le fuir ou s'en détourner.

Pharaon appelle alors ses sages et ses magiciens, les Jannès et Jambrès qui résistaient à la vérité. Ils jetèrent aussi par terre leurs verges, qui devinrent des serpents. Ainsi le témoignage du Seigneur fut annulé par le pouvoir de Satan, «et le coeur du Pharaon s'endurcit».

L'Eternel montre ensuite d'autres signes de puissance. Aaron, à son commandement, prend sa verge et l'étend sur les eaux d'Egypte, et les eaux sont changées en sang. Ce qui était pour le rafraîchissement de l'homme, devient le symbole du jugement et de la mort. Tout cela porte la pensée vers un temps futur où ce signe terrible reparaîtra pour la seconde fois, quand «le second ange» versera sa coupe remplie de la colère de Dieu «sur la mer, et qu'elle deviendra du sang, comme un corps mort», et que «le troisième ange» versera «sa coupe sur les fleuves, et sur les fontaines des eaux, qui deviendront du sang». Tout devient mortel, frappé de mort, non seulement les masses des nations et les hommes, mais les sources d'influence sur toutes les choses humaines dans ce jour-là. Combien elle est solennelle la pensée qu'aujourd'hui tout se précipite vers cette fin — l'océan du jugement qui va se déverser sur la terre!

Un autre signe est donné à Pharaon: «Etends ta main, avec ta verge, sur les rivières, et sur les fleuves, et sur les étangs, et fais monter les grenouilles sur le pays d'Egypte. Et Aaron étendit sa main sur les eaux de l'Egypte; et les grenouilles montèrent, et couvrirent le pays d'Egypte». Mais de nouveau la puissance de Satan se manifeste: «Les devins firent de même par leurs enchantements, et firent monter des grenouilles sur le pays d'Egypte». Un répit suivit. A l'intercession de Moise, la plaie fut retirée, et lorsque «le Pharaon vit qu'il y avait du relâche, il endurcit son coeur» encore plus. Combien il est frappant de voir que le seul moyen d'être délivré de la plaie reposait sur Moïse devant l'Eternel; ceux qui maniaient la puissance de Satan, étaient impuissants pour cela, et ils tombaient eux-mêmes sous ce pouvoir.

Or nous voyons ici la résistance terrible et persistante à la vérité, non par la persécution et la force ouverte, mais d'une manière plus destructive que toute autre — par l'imitation — en présentant une contrefaçon du vrai. Les serviteurs de Dieu donnent une preuve de leur mission divine, et aussitôt l'ennemi la neutralise. Jannès et Jambrès imitent le miracle, et le spectateur est confondu. Satan et Dieu étaient d'accord, semblait-il; il ne devait donc pas être permis à Israël de sortir d'Egypte. Il en est ainsi aujourd'hui. Qu'entendons-nous de tous côtés? «Oh!» dit-on dans les églises mondaines qui nous entourent, «l'Evangile qui est prêché parmi nous est tout aussi bon que le leur; il n'est pas nécessaire de se séparer pour entendre les mêmes choses», et c'est ainsi que l'ennemi a le dessus. «Nous trouvons», dit-on encore, «que dans telle ou telle église, on parle de la présence du Saint Esprit sur la terre; il n'est donc nul besoin de sortir d'une section de l'église professante pour entendre cela». Il en est de même des doctrines relatives à l'Eglise de Dieu, à la venue du Seigneur, etc. Chacune des vérités spéciales primitivement révélées par le Seigneur, pour former son peuple, est ainsi accaparée par les églises mondaines, et l'auditeur — le spectateur — est déçu par la contrefaçon de l'ennemi; sa conscience s'endort sous l'action soporifique de la forme sans la puissance.

Ensuite vient un autre signe. «Et l'Eternel dit à Moïse: Dis à Aaron: Etends ta verge, et frappe la poussière de la terre, et elle deviendra des moustiques dans tout le pays d'Egypte. Et Aaron étendit sa main avec sa verge, et frappa la poussière de la terre, et elle devint des moustiques sur les hommes et sur les bêtes; toute la poussière de la terre devint des moustiques dans tout le pays d'Egypte. Et les devins firent de même par leurs enchantements, pour produire les moustiques; mais ils ne le purent» (Exode 8: 16-18).

Que mon lecteur fasse bien attention à cette dernière victoire de Dieu, obligeant les instruments de Satan à reconnaître «le doigt de Dieu» (Exode 8: 19). Leur folie est ainsi rendue manifeste à tous. La puissance de séduction de Satan, ses contrefaçons spécieuses, tout cela n'a aucune valeur en présence de la vie; les réalités vivantes parlent pour Dieu plus que toute autre chose. Les magiciens ne peuvent y atteindre. L'imitation peut être complète, la contrefaçon peut être si semblable à la vérité, que tous sont déçus. Mais la vie de Christ vécue sur la terre — Christ vivant dans les siens — montre la profonde réalité de ce à quoi nulle imitation ne peut jamais atteindre, et la folie de ceux qui résistent à la vérité sera ainsi manifeste pour tous, comme l'a été celle de Jannès et Jambrès.

Cette «conduite» — cette vie de la vie de Christ — a été vue en Paul, un homme qui avait «les mêmes passions que nous». Il était, dans sa vie, l'interprète de son enseignement. Son but constant, sa foi, son support, sa patience, les souffrances qui lui étaient arrivées à Antioche, à Iconie et à Lystre; les persécutions qu'il avait endurées et dont le Seigneur l'avait délivré; tout cela nous montre quelle était la carrière de cet homme. Elle était telle qu'elle réduisait à néant la fausse imitation de ceux qui résistaient à la vérité, apprenant toujours, mais n'étant jamais capables d'arriver à la connaître.

S'il y eût jamais un temps où les hommes pieux devraient vivre pour Christ, c'est celui où nous sommes. C'est le seul moyen pour couvrir de honte les contrefaçons de l'ennemi dans lesquelles souvent même des saints se laissent prendre, et pour forcer l'ennemi et le monde qu'il gouverne, à dire: «C'est le doigt de Dieu». Dieu seul peut produire la vie, et donner à ceux qui la possèdent grâce et force pour la vivre ici-bas. Ce qui est agréable à ses yeux, c'est «la vie de Jésus manifestée dans notre corps mortel». Puissions-nous être saisis et remués dans les profondeurs de nos âmes, à la pensée de cette victoire que nous pouvons lui donner sur l'ennemi, savoir notre foi, étant victorieux du monde à travers lequel il a passé dans la perfection qui lui appartenait. «J'ai vaincu le monde» dit-il. C'est un ennemi vaincu. Notre foi en lui nous garde dans sa dépendance, et «c'est ici la victoire qui a vaincu le monde, savoir notre foi» (1 Jean 5: 4).

Ainsi «la vie» qui marche avec Dieu, qui attend Christ et le sert en l'attendant, est le sujet qui nous initie ici (2 Timothée 1: 1) dans l'enseignement de Paul. Elle avait été promise dans le Christ Jésus avant que le monde fût; manifestée en lui sur la terre (2 Timothée 1: 10); mise en lumière par la bonne nouvelle de son oeuvre et de sa victoire. «Ceux qui sont morts avec lui, vivront aussi avec lui», si nous regardons vers l'avenir (2: 11). Elle était vue en Paul comme une chose actuelle, dans sa marche et son service constants (2 Timothée 3: 10). L'ennemi aurait voulu l'annuler par ses contrefaçons, mais il déjouait ses efforts par sa marche humble, séparée du monde, une marche dévouée avec Dieu (3: 8, 9). Et tous ceux qui veulent vivre ainsi pieusement, auront à souffrir la persécution (3: 12).

Cependant le serviteur de Dieu devait suivre l'exhortation de l'apôtre: «Toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises». Jamais il ne peut venir un temps où ces choses doivent être abandonnées. La «doctrine de Paul» était la dernière révélation qui dût être donnée; elle était le secret de Dieu pour ceux qui le craignent et qui ont une oreille pour entendre. Elle demeurera, jusqu'à ce que nous soyons tous parvenus à l'unité de la foi, aussi longtemps que le Saint Esprit restera sur la terre. Elle est la dernière vérité retrouvée par l'Eglise de Dieu, de même qu'elle était la dernière qui lui fut donnée. Lorsqu'au commencement elle eut été perdue, la ruine survint, et si maintenant on la rejette, ou qu'on en abuse, en n'en prenant que la forme sans la puissance, elle sonne comme le glas de tout progrès à venir pour ceux qui sont ainsi trompés par l'ennemi.

Les Ecritures de Dieu sont complétées par la doctrine de l'Eglise donnée par le moyen de Paul. «Maintenant», dit-il, «je me réjouis dans les souffrances pour vous, et j'accomplis dans ma chair ce qui reste des afflictions du Christ pour son corps qui est l'assemblée, de laquelle moi je suis devenu serviteur selon l'administration de Dieu qui m'a été donnée envers vous, pour compléter la parole de Dieu» (Colossiens 1: 24, 25). Un segment du cercle complet de la révélation manquait encore lorsque Paul fut appelé, et maintenant, avec sa doctrine, tout nous a été dit; il n'y a plus rien au delà. Jean développera ce qui avait été déjà présenté, mais aucune nouvelle vérité n'est révélée. Vouloir aller au delà, et nous «mener en avant», quand les Ecritures sont complétées par la doctrine de Paul, c'est l'esprit de l'antichrist. Jean dit à la dame élue et à ses enfants que «plusieurs séducteurs sont sortis dans le monde, ceux qui ne confessent pas Jésus Christ venant en chair: celui-là est le séducteur et l'antichrist… Quiconque vous mène en avant et ne demeure pas dans la doctrine du Christ, n'a pas Dieu». De quelle manière absolue l'Esprit de Dieu se prononce contre tout ce qui prétend être un progrès, contre tout développement, contre tous ceux qui voudraient ne pas demeurer dans ce qui était «dès le commencement», c'est-à-dire dans la révélation complète de la vérité en Christ, donnée à connaître par le Saint Esprit par le moyen des apôtres. Jean disait encore: «Celui qui connaît Dieu nous écoute; celui qui n'est pas de Dieu, ne nous écoute pas: à cela nous connaissons l'esprit de vérité et l'esprit d'erreur» (1 Jean 4: 6).

Dieu, dans ces derniers jours, rappelle aux siens que les Ecritures sont leur seule ressource: «Je vous recommande à Dieu, et à la parole de sa grâce, qui a la puissance d'édifier et de vous donner un héritage avec tous les sanctifiés» (Actes des Apôtres 20: 32), dit l'apôtre aux anciens d'Ephèse, auxquels il avait annoncé que «des loups redoutables» entreraient parmi eux, et «n'épargneraient pas le troupeau». «Demeure», dit-il à Timothée, comme à nous tous, «dans les choses que tu as apprises, et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises, et que, dès l'enfance, tu connais les Saintes lettres… Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli, et parfaitement accompli pour toute bonne oeuvre» (2 Timothée 3: 14-16).